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sur 388 notes
Dans ce premier roman autobiographique Violaine Huisman commence par raconter le séisme qui a bouleversé sa vie le jour de la chute du mur de Berlin en 1989. Ce jour là, Violaine a dix ans et sa mère Catherine est internée brutalement, rien n'est dit à Violaine et à Elsa sa soeur de douze ans si ce n'est que leur mère est maniaco-dépressive. Les fillettes sont recueillies chez des amis, "leurs familles de substitution, leurs familles en kit, à monter soi-même".

Catherine, une femme de la haute bourgeoisie d'une époustouflante beauté, vivait avec ses deux filles, séparée de son mari qui leur rendait visite tous les soirs pour leur raconter sa vie "Maman et papa n'avaient que faire de nos désirs ou de nos besoins dans le cérémonial qu'ils avaient établi. Nous étions les instruments de leur jeu", un père qui voyait ses filles comme sa cour en admiration devant lui... Catherine, une femme excentrique à l'impressionnante consommation de médicaments et d'alcool, une femme qui n'avait que faire des conventions et qui menait une vie sexuelle débridée laissant ses petites filles assister au défilé d'amants tous plus bizarres les uns que les autres, une femme aux multiples troubles du comportement...
Violaine et Elsa ont été élevées sans règles ni limites dans la crainte permanente de ne pas retrouver leur mère vivante au réveil ou en rentrant de l'école. Les petites filles ont grandi trop vite, mêlées aux problèmes des adultes, mais ont développé un magnifique lien entre elles, elles ont vécu des moments d'angoisse mais aussi de magnifiques moments de gaieté avec leur mère fantasque et surtout elles ont porté le pouvoir fantastique de maintenir leur mère en vie dans une impressionnante inversion des rôles mère/filles.

Dans la seconde partie de son roman Violaine Huisman annonce vouloir rendre son humanité à sa mère en devenant la narratrice de l'histoire de sa mère, son texte devient alors une biographie de sa mère qui nous permet de mieux comprendre Catherine. On découvre alors son histoire et celle de sa mère Jacqueline et c'est alors le portrait de trois générations de femmes qui apparaissent avec Violaine, Catherine et sa mère Jacqueline. On comprend alors les failles et les blessures d'enfance de Catherine ,écorchée vive, en apprenant les carences affectives dans sa tendre enfance, on comprend mieux les fondements de sa personnalité et de son mal être caché derrière "sa folle vie de luxe et de luxure".

Dans la dernière partie Violaine Huisman reprend le récit à la première personne pour relater le décès de sa mère.

C'est l'histoire d'un amour fou que nous raconte Violaine Huisman "Maman et ma soeur s'aimaient comme des sauvages, elles se seraient entretuées pour se le prouver", du besoin pathologique de preuves d'amour d'une mère et d'un amour inconditionnel de deux enfants pour une mère défaillante, d'une vie passée à s'aimer à la folie et à "s'embrasser avec ivresse". "Non il n'y a rien de normal dans cette famille, mais il y a de l'amour à revendre."

J'ai aimé ce roman autant pour son fond que pour sa forme. La construction du récit est très habile, d'abord témoignage d'une drôle de vie, il devient une biographie de sa mère que l'auteure rédige avec une réelle mise à distance. Une construction tellement habile qu'à la fin de la biographie de sa mère j'ai eu envie de relire la première partie. La dernière partie sur la mort de Catherine est sublimée par l'insertion du poème que Violaine a écrit à sa mère lors de son hospitalisation brutale lorsqu'elle avait dix ans. "Maman, Maman, Toi qui m'aimes tant, Pourquoi partir sans me prévenir..."
L'écriture est tout aussi magnifique que le titre, Violaine Huisman accomplit la prouesse de mêler à son écriture très élégante des éléments de langage de sa mère qui avait son franc parler haut en couleurs.
J'ai lu d'une traite l'histoire de cette femme certes libre mais surtout en proie à une terrible souffrance. J'ai aimé cette histoire d'un amour inconditionnel de deux filles envers une mère vécue comme leur héroïne, histoire où très certainement l'auteure mêle le vrai et le faux. Un bel hymne à la vie et à l'amour.
Violaine Huisman, une auteur à suivre !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un très beau roman d'amour entre une mère et ses filles. Une mère "décalée", fantasque, éprise de liberté.

Dans la première partie,  une petite fille nous raconte la vie avec sa soeur et sa mère. Les mariages, les divorces, les coups de folie, les emportements et les actes d'amour pour ses enfants, tout y est narré. Souvent, on s'interroge, on s'indigne de certains comportements qui frôle l'irresponsabilité.

Dans la seconde partie, on découvre l'histoire de cette mère, son enfance, ses parents, sa passion et son désir fou d'anticonformisme dans un monde qui ne sera pas toujours le sien.

On comprend ce qui, peut-être, explique ce comportement si différent, choquant peut être parfois. On découvre comment c'est construit la vie de cette femme, de cette mère.

J'aime ce portrait sans concessions ni artifices d'une mère, d'une femme et des fragilités qui ont fait ce qu'elle est. Il y a quelque chose de très fort qui se dégage de ce roman. Au delà de la "folie", il y a l'amour.
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Un amour maternel fou, passionnel, toxique, inconditionnel, étouffant, immuable.

Si, au cours de la première partie, je me suis souvent dit « Olala les pauvres gamines. », « Olala, comment se construire après avoir eu une mère si illuminée, extrême, lunatique ? » , la seconde partie m’a fait ressentir tout autre chose envers Catherine, cette femme trimballée par la vie, mal née, mal aimée, mal grandie, mal écoutée voire muselée.
Une étrange tendresse, beaucoup de compassion, et énormément de sympathie pour cette femme certes bancale, certes souffrante, sans aucun doute excessive dans toutes ses émotions.
Démesurée dans la tristesse comme dans l’allégresse, qui aime violemment et éperdument ses filles, leur père volage, et son père malgré tout.

L’histoire aurait-elle été la même à une autre époque ? Aurait-on davantage écouté ce qu’elle avait à dire, ce qui la brisait, ce qui la torturait ?
C’est un livre sur la relation absolue entre une mère et ses filles, qui frise parfois le délire, mais ô combien magnifiquement écrit par sa cadette, l'autrice, Violaine Huisman.
Et je ne pense pas oublier Catherine de sitôt.
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Dans ce premier roman autobiographique, Violaine Huisman raconte son enfance et sa vie de jeune femme, en parallèle de celles de sa mère, fantasque, solaire, furieuse, déraisonnable, malade. L'histoire, construite en trois parties, emporte le lecteur dans le quotidien décousu de cette famille, d'abord à travers les yeux d'enfant de l'auteur et de sa grande soeur, puis directement raconté par la voix de femme de leur mère.
Chaque page alterne entre l'intensité des moments joyeux et l'impossibilité du quotidien, entre l'amour fou et la sensation de chute. Ce livre, que j'ai beaucoup aimé, m'a d'ailleurs fait penser au roman d'Olivier Bourdaut ''en attendant Bojangles'' dans son thème et son format. Malgré la tristesse et la sensation de désordre, de gâchis, l'amour et la joie triomphent. Superbe lecture!
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Le premier de Violaine Huissman, un roman autobiographique, un roman de femme, écrit pour une autre femme, plébiscité par des femmes (prix Marie-claire mais aussi prix Françoise Sagan) ça raconte l'amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures & sa défaillance !

C'est en feuilletant ce bouquin que l'on prend conscience du poids des mots... Violaine est crue , elle est directe, elle va tout de go ! Et ne ménage pas ses mots ! Aucun cérémonial ! Elle conte, relate, retrace son enfance, leurs vies, sa soeur Elsa & elle, au contact de cette mère, Ô combien originale, extravagante, têtue, déséquilibrée, dépressive !
Il y a quelque chose de dérangeant, quelque chose qui ne colle pas à l'image qu'on se fait de "la mamma".
Catherine est avant tout femme. Elle gueule sur ses filles, oublie de les ramener de l'école, se tape des hommes, des femmes, les deux a la fois, fume, boit, se drogue & conduit comme un chauffard ! Cette mère est une calamité, une force de la nature ! le tout Détaillé dans trois parties.

C'est tellement puissant, qu'on n'en peut plus de cette femme excessive, mais on s y attache & on l'aime ! Parce qu'il n'y a pas de mode d'emploi pour être maman, parce qu'on fait toutes comme on peut ! Parce que, outre sa détresse, elle aime Elsa & Violaine d'un amour infini.
J'ai eu envie de serrer Catherine contre moi, mais j'ai aussi eu envie de détaler. Une ambivalence bien traduite !

C'est assez brut, sans aucune pudeur, un vocabulaire riche & choisi mêlant des expressions d'une grossièreté saisissante ! Qu'il est pénible d'avoir mal à l'être ! Bref c'est beau, tragique, scabreux & surtout Humain !
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"Qu'est-ce qu'on garde d'une vie?"
La maladie ? Les hospitalisations? Les crises de démence? Les déchirures ? La douleur? L'absence ? Les absences? La maternité ? L'amour? La foi? L'humanité ? "Comment la raconter? Qu'en dire?" Violaine nous raconte sa mère.
Les souffrances, les blessures, les déchirures.
Sa conception dans la souffrance, sa naissance dans la douleur.
Sa maladie, sa longue hospitalisation enfant. La douleur, encore. Physique et morale.
Son enfance, son adolescence, sa rencontre avec son père, sa rencontre avec le père, qui lui donnera deux petites filles.
Sa vie, dissolue et borderline, fait de hauts et de bas. D'élévation et de chute. Toucher le ciel puis retomber en enfer.

Violaine Huisman nous raconte La Mère.
Celle qui ne peut s'attacher à sa fille car cette dernière symbolise la violence et la douleur
Celle qui souffre de carences affectives, de l'absence de figure d'attachement.
Celle qui manque, qui angoisse, qui délaisse.
Celle qui trouve sa place dans la société par la maternité.
Celle qui se construit en opposition avec sa propre mère.
Celle qui guide, entoure, encourage, aime.
La mère de ses filles. La fille de sa mère. "Est-ce qu'une vie compte autant dans l'enfantement ou la création ?"
Comment définir son rôle de mère?
Comment se construire en tant que mère ? Lorsque votre plus grande blessure est l'absence de figure d'attachement ?
Devenir mère. Être mère
Rester mère. Garder sa dignité, son humanité.
Être mère de droit divin. "Quelle vie vaut la peine d'être retenue? de qui se souvient - on? de qui se souviendra-t-on?"
D'une Médée moderne, fugitive parce que trahie, bafouée, blessée, humiliée ?
D'une absente, défaillante , destructrice, auto-destructrice.
Des désirs de fugue comme échappatoire d'une quotidien trop douloureux ?

D'une mère aimante, protectrice.
D'une danseuse émérite éprise de liberté , de rêves , d'amour.

D'une femme, d'une mère, d'une compagne, d'une amante, d'une amie, d'une fille.
D'une femme.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Fugitive parce que reine, c'est l'histoire d'amour entre une mère et ses filles. Une mère fragile, maniaco-dépressive mais une mère exceptionnelle par son parcours et sa façon d'être à la vie.

Violaine Huisman dresse ici le portrait de sa propre maman avec poésie et justesse.
Elle raconte la vie avec cette mère fragile, excentrique, malade et singulière. Elle met des mots sur l'indicible.

J'ai trouvé que la construction du récit ressemblait probablement au chemin que l'auteure a du faire en elle-même : la première partie du récit est assez dure, violente, avec une mère parfois cruelle dans ces mots avec ses enfants. Elle nous brosse un portrait qui ne fait pas dans la complaisance et qui m'a mise parfois mal à l'aise face à cette mère.

Puis dans un second temps, l'auteure remonte le fil de la vie de sa mère et on comprend mieux alors pourquoi cette femme en est arrivée à la dépression et à une certaine violence verbale avec ses proches.

Enfin dans la dernière partie du roman, on sent une forme d'apaisement, d'acceptation de ce qui fut et de ce qui ne sera jamais dans la vie de l'auteure.

Il parait qu'on devient adulte une fois qu'on a pardonné leurs errements à nos parents et ici j'ai eu le sentiment de voir l'auteure devenir adulte sous mes yeux : elle est d'abord dans la colère, puis la recherche et la compréhension et enfin dans l'acceptation.

Pour des raisons purement personnelles, je suis incapable de parler de ce roman sur le fond, sur ce qu'il a fait résonner en moi. Je l'ai à la fois beaucoup aimé car il est d'une grande justesse dans la description de cette maladie, (l'auteure a une capacité à mettre des mots sur l'indicible) et en même temps, il m'a hérissé le poil par moment car je trouve que l'impact psychologique sur les enfants est bien trop passé sous silence.

C'est le cri d'amour d'une enfant à sa mère, un message d'acceptation et de compréhension. C'est beau. Mais en vrai je doute que cela soit aussi facile.

Ceci étant sur la forme, j'ai trouvé que Violaine Huisman avait une plume à la fois très juste, parfois sensible, parfois cruelle mais toujours pleine de poésie et d'amour.

Ce fut donc un joli moment de lecture suscitant divers sentiments, confus et contradictoire, mais un vrai régal littéraire !

L'auteure nous touche au coeur et nous permet en tant que lecteur de pardonner aussi à cette maman fragile et c'est là un bel hommage rendu à sa mère.
Lien : https://www.lespetiteslectur..
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Hier a paru aux Editions Gallimard un très bon premier roman : « Fugitive parce que Reine » de Violaine Huisman que j'ai eu la chance de pouvoir lire avant (merci à C.D qui se reconnaîtra).

Dès sa réception (surprise), j'ai trouvé d'emblée le titre de bonne augure parce que très beau.

Et dès l'entrée dans les lignes, j'ai su très vite que c'était un livre qui allait (me) marquer…

Non seulement par l'histoire (l'amour maternel quoi qu'il arrive, quoi qu'il est dit et l'amour filial malgré les imperfections de cette mère parce qu'elle fait de son mieux : deux amours permanents, constants, inconditionnels) mais aussi par la construction que j'ai trouvée originale (point de vue des filles, biographie de la mère puis la mort de celle-ci) et l'écriture (aussi douce et bienveillante que « brut de décoffrage »).

Portrait d'une femme aussi beau que tragique, mère aimée adorée à qui l'on pardonne tout, ce roman ne pourra pas vous laisser indifférent de par ces qualités indéniables et je prédis à ce nouvel écrivain un bel avenir.

Lien : https://arthemiss.com/fugiti..
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J'avoue ne pas avoir accroché dès le début à cette histoire de mère fantasque qui, durant la moitié du livre, n'a pas trop de sens... La deuxième partie revient sur son histoire, depuis son enfance jusqu'à cette fameuse période fantasque... On comprend un certain nombre de choses... Pour autant, j'ai trouvé très très long ce livre qui se veut être une ode à sa mère de l'autrice
Pas convainquant
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Pour ce livre, j'ai d'abord été attiré par le titre. Je ne savais pas que c'était une autobiographie et je n'ai vérifié ce fait qu'après avoir fini ma lecture pour ne pas altérer ce que je ressentais.

Au début, j'ai eu un peu de mal à me plonger dans l'histoire à cause du style d'écriture de la partie un. C'est assez dense avec des paragraphes plutôt longs et une façon de parler qui n'est pas la mienne. Cela dit, je trouvais le récit très intéressant et j'ai donc continué. La partie deux a été beaucoup plus facile à lire car on revient sur un style d'écriture descriptive plus commun disons. En lisant les dernières pages, les larmes me sont un peu montées aux yeux. On ressent tout l'amour qu'a Violaine, et sa soeur, pour leur mère et c'est très touchant. Une jolie ode à l'amour maternelle, bien qu'imparfait.

Je recommande à tous ceux qui cherchent une lecture poignante

4/5
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