Liane arborescente, le lierre est étudié dans le dernier fascicule de la Hulotte depuis la graine jusqu'à son plein épanouissement au faîte des arbres. Adapté aux forêts tropicales humides de l'ère tertiaire, le lierre fructifie en hiver, jadis saison chaude et humide, aujourd'hui période vouée aux gels et frimas divers. Toxique pour l'homme, le fruit mûr, noir et amer est consommé massivement en février par les passereaux quand les autres baies sauvages qui lui ont été préférées ont disparu. Les quatre à cinq graines contenues dans chaque fruit vont prendre l'oiseau-taxi pour aller germer ailleurs, depuis les fientes éjectées. Commence la longue et lente reptation au sol de la liane sensible aux excès de lumière et de froid qui la cantonne géographiquement. Quand un support vertical se présente enfin, la montée va imposer adaptation et métamorphose avec notamment l'apparition de crampons poilus aux extrémités nanties d'une glu exceptionnelle qui attise la curiosité des chercheurs. Les multiples lierres convergeant finissent par se greffer, constituant un réseau de tiges élastiques, apte à desserrer leur prise quand l'arbre grossit.
Une suite aux aventures du lierre est prévue dans un prochain fascicule de la Hulotte. Pierre Déom est un artiste pédagogue averti. Il assimile des informations scientifiques et les restitue sous forme ludique, les dessins finement réalisés aérant un texte nourri mais vif et fluide. Quelques photographies noir & blanc en fin d'ouvrage décillent le regard et donnent envie d'aller musarder dans la nature en tant que « reportlierre » afin d'y relever quelques lierres exceptionnels . En entretenant un va-et-vient entre la lecture et la balade, La Hulotte enrichit le regard et poétise le monde.
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Toujours un plaisir de lire un numéro de la Hulotte !
Des données scientifiques disséminées au fil d'une histoire agrémentée d'humour... un bonheur !
Cette fois, le sujet est le lierre : une plante, que l'on connaît tous... enfin... que l'on a tous déjà vue plutôt ! Car finalement, on ne la connaît pas vraiment.
Ce numéro nous explique sa vie à partir de son petit fruit, et tord le cou à des idées reçues qui ont la vie dure.
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Le moment est venu néanmoins de tordre le cou à une horripilante légende qui a été colportée sur mon compte pendant des milliers d'années, et qui continue à avoir la peau dure aujourd'hui encore : certains ignorants me traitent de plante parasite …........Rien de plus faux : si je me sers de l'arbre, c'est comme support, rien de plus. Je suis autonome, j'ai mon propre système de racines. Certes, mes crampons se collent à l'écorce, mais ils se gardent bien de pénétrer à l'intérieur de l'arbre. Et la preuve que je ne suis pas un parasite, c'est qu'un Lierre peut fort bien passer sa vie entière sur un poteau électrique en ciment – essayer-donc de lui sucer de la sève à celui-là. La seule chose que je demande, c'est que quelqu'un me fasse la courte échelle pour monter vers le ciel. Pour le reste je ne réclame rien, pas un verre d'eau, pas un gramme de chlorophylle, pas la plus petite goutte de sève.
Entre mon arbre et moi, désormais, c'est quasiment "à la vie, à la mort" :: zéro divorce possible. Le Lierre était d'ailleurs autrefois la plante symbole de la fidélité en amour, celle dont la devise est : "je meurs où je m'attache"!
Pour étudier ces poils de plus près, il faut changer de microscope et prendre un modèle de luxe : le microscope électronique. On constate alors que chaque poil ressemble à un doigt de E.T interminable, avec, tout au bout, de drôles de verrues. Ces verrues sont en fait des petites ampoules pleines de glu de Lierre, une des colles naturelles les puissantes au monde.