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Citations sur Les grands cerfs (94)

Je découvrais "l'effet affût" : le monde arrive et se pose à nos pieds comme si nous n'étions pas là. Comme si nous n'étions pas, tout court. On constate que le monde se passe de nous. Et même davantage : il va mieux sans nous.
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Page 73.
C'était devenu une obsession.
Contempler des cerfs.
J'aurais aimé approcher leur présence,
connaître leurs pensées,
pénétrer leurs méditations,
dormir dans leurs yeux,
écouter dans leurs oreilles,
me glisser dans leur mufle,
être leur salive verdie du suc des herbes...
P 73
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(...) ne pas m'en faire si je rapportais rien, le processus l'emportait sur le résultat, car ce rituel, je le devinais, n'était pas tant fait pour contempler un cerf que pour m'extraire avant tout de moi-même. C'était ça, le but. Le but et le délice. Le délice de ne pas me sentir assignée à résidence dans le genre humain, mais de m'en affranchir pour m'élargir, m'augmenter dans une sorte de bond vers la nuit. (p. 61)
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Je me disais c'est moderne la joie. Qu'est-ce que c'est moderne. D'ailleurs, c'est tout ce qui nous reste. Parce que la joie n'est pas un plan de vie comme le bonheur. Elle vous tombe dessus dans les pires catastrophes. Aujourd'hui, en plein désastre, en plein deuil, il n'y a que la joie de possible. Laissons de côté le bonheur. Préparons-nous à la joie d'être encore en vie.
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Cet été-là, je les ai souvent entrevus, couchés dans les prés, au repos, ventres empoussiérés de pollen, ou cloutés de poux sombres, ou tressaillants de mouches. Je les regardais dormir ou méditer, je ne sais pas, on ne peut pas savoir, les cerfs gardent les yeux ouverts quand ils dorment.
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Moi, je n'arrivais pas, et n'arrive toujours pas, à séparer intrus et intrus. Proies et proies. Vivants et vivants. Les bêtes ne sont-elles pas une extension de nous-mêmes ?
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Quand on me demande, c'est comment, vivre dans les montagnes ? Je réponds, c'est autrement. Plus difficile. Evidemment, vivre dans les montagnes, c'est plus difficile, voilà pourquoi on y est moins nombreux. Mais plus décidés.
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Chaque matin les journaux titraient une nouvelle extinction. Une nouvelle catastrophe. C'était l'été des catastrophes. Et personne ne s'émouvait. Comment la jeunesse, qui n'avait pas appris à écouter les oiseaux, pourrait-elle regretter leur musique?
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Il manque les adultes, des grands cerfs. Il faut des vieux cerfs, des vieilles biches expérimentées pour transmettre leur savoir aux plus jeunes. Mais tout ce suivi d'un chasseur est ruiné par quelques autres chasseurs ou par leurs enfoirés d'invités. Il y en a qui s'en fichent. Alors, malgré les cartons rouges que la fédération met à ces abrutis, ceux-ci continuent à tirer des grands cerfs à peine adultes pour leur trophée dont la valeur surpasse de dix fois cette amende. [...] Je savais que les ramures des cerfs tués à la chasse étaient exposées chaque printemps dans des salles communales où, faisant un seul bloc avec le crâne blanchi et devenues "trophées", elles étaient présentées à la cotation, et récompensées de médailles de bronze, d'argent ou d'or, revenant à ceux qui les avaient abattus. C'est leur couronne puissante qui transforme ces grands mâles en rivaux des chasseurs, évidemment en rivaux, en pères possédant toutes les femelles, en rois de la forêt. Comme les éléphants, les rhinocéros, les élans. Parce que, qu'est-ce que c'est ce "trophée" si ce n'est un mirage donnant l'illusion à celui qui s'en empare de posséder enfin ce qu'il lui manque, lui manquera toujours : une souveraineté perdue avec l'acquisition du langage.
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Trois heures d'observation. On n'est qu'à ce qui se passe. On devient ce qui se passe. Parfums d'urine et de genêt froissé. Flancs gris, presque blancs. Encolures hautes, dressées, branchées. Museaux scarifiés par les épines, barrés de cicatrices. Mâchoires mâchant rêveusement. Regards assoupis sous des rêveries d'herbages, d'écorces, de vent. Poils secs, haillons gelés. Corps en méditation, épars. Qui soudain se rassemblent d'un seul mouvement. Bondissent.
Disparaissent.
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