Une auteure que je ne connaissais pas, ...Pol Pot...Il n'en fallait pas plus pour m'attirer, pour découvrir ce livre : deux destins parallèles mis en page.
Tout d'abord celui de Saloth Sâr, jeune gamin cambodgien, un gamin qui fait pipi au lit, et dont les autres gamins du village se moquent : il a une peau blanche, une peau de fille. Élève dans une école de curés français au Cambodge pour laquelle son frère Suong transfert des fonds pour payer sa scolarité... Parmi ces curés le père Mahé, un curé qui se prend d'affection pour le gamin. Je ne vous en dit pas plus.... le gamin obtient son certificat d'études à 18 ans, enfin... Un âge où l'on n'est plus un gamin. Ce fut laborieux mais suffisant pour permettre une scolarité tout aussi nulle en France afin de passer un diplôme de radioélectricité. Une scolarité qui lui permet de découvrir Paris, le marxisme.
Et puis il y a cette gamine américaine, Dorrit, fille d'un professeur dans un petit lycée du New Hampshire. Un père flirtant avec le milieu hippie, hostile à la guerre du Vietnam, Dorrit autre nom de plume de
Nancy Huston
Deux destins mis en parallèle, dans deux parties distinctes du livre. Deux hasards qui m'ont troublé
Comment ne pas être troublé par une certaine forme d'empathie (...oui je sais je vais faire bondir...) face au destin du gamin Saloth Sâr, gamin allant d'échec en échec, sans doute peu doué mais aussi victime des curés...ceci ne pardonne pas cela, loin de là. Empathie qui se transforme en haine quelques pages plus loin quand il devient le sinistre Pol Pot, des pages fortes et terribles...
Indifférence presque face au destin de cette gamine américaine, une parmi des millions, sa vie familiale heurtée...
Parallèle aussi des destins de deux peuples, l'un invente Weigtwatcher, pour retrouver la ligne, l'autre invente la faim pour dresser et punir des opposants, des paysans, dont plus d'un million mourront dans d'atroces souffrances.
Un peuple fabrique des bombes, et des "B-52 (ces monstres volants que leur équipage appelle affectueusement Buff, pour Big Ugly Fat Fucker2)" des sinistres avions qui "ont fait [..] 228 sorties et lâché 25 000 bombes" ..Des bombes qui retomberont sur la tête d'un autre peuple, celui du Cambodge.
Curieux ouvrage, curieux rapprochement qui m'ont à la fois laissé perplexe et intéressé.
Un livre né dans l'esprit de l'auteure à la suite de la contemplation de photos vues sur un livre acheté d'occasion au Cambodge, livre du photographe irlandais Nic Dunlop "The Lost Executioner (Le Bourreau perdu) dans lequel se côtoient deux sourires, celui de Bouddah, et celui de Pol Pot...deux sourires énigmatiques
Mais n'est-ce pas l'une des forces de la littérature et des livres...à la fois nous étonner, nous donner à réfléchir, nous informer...nous surprendre
Alors gardons en mémoire cette phrase de
William Shakespeare : “On peut sourire et sourire et pourtant être un scélérat.”
L'histoire nous l'a confirmé.
Et si une partie de l'Histoire était partie du sourire scélérat d'un curé.....?
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