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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Lèvres de Pierre, façade lisse, "ah! Surprenante démarche de l'auteur dont j'ai lu beaucoup d'ouvrages : "Cantique des plaines" , "Lignes de failles " L'empreinte de l'ange, " Une adoration " .etc.....Curieux ouvrage !
" Ton sourire s'étire, s'étend,,et finit par devenir une deuxième peau "

" Sourire au dehors , le sourire des moines du Vat Botum Vaddei , le sourire du Bouddha " ....

Un masque qui protège comme les Bouddhas de Pierre ? Un troublant miroir tendu ? Rapporté à l'histoire violente d'un pays ? Un vertige bien commode ?

Qu' y a- t-il de commun ?
Quels sont les points de convergence entre une femme de lettres Canadienne et un certain Saloth Sār, garçon discret cambodgien grandissant à la campagne , faisant longtemps pipi au lit , moqué par ses frères, aux mues extrêmement douloureuses devenu un dictateur cambodgien connu pour avoir massacré près d'un million de ses concitoyens , le responsable du plus grand génocide du 20 ème siècle ?
Dans son livre elle s'adresse à " Cet Homme Nuit " , retrace son parcours et les étapes cicatricielles qui fabriqueront un Monstre ......


Je dois avouer que j'ai été déstabilisée , incrédule par le parallélisme entre Dorrit , double de la romanciére , son propre parcours , son vécu, un récit d'apprentissage en deux parties bien construites et la jeunesse de Saloth Sār, à la personnalité méconnue, à peine adulte qui prendra bîentôt le nom de Pol Pot .....
À partir d'une série de similitudes entre ces deux parcours l'auteur tisse des fils fantômes , brosse les portraits troublants de deux êtres aux contours fragiles " dévorés d'abord par la peur , puis par la rage ".
Sār se réfugie dans l'échec scolaire , grandit dans l'ombre de son pére , se révèle dans la discipline de la foi Bouddhiste " Dominer, contrôler et , à terme faire disparaître le soi, cette illusion. "
" Personne n'a le droit de pleurer , de parler, de rire ni de sourire , car les émotions sont illusoires au même titre que le reste ..."
Il émigre à Paris , fréquente l'intelligentsia Khmère ..
Dorrit , elle,,se réfugie dans la réussite scolaire mais l'un et l'autre se sentent seuls. Elle découvre la fureur militante et le marxisme dans les rues de la capitale au quartier latin.
Son éducation politique , son penchant pour l'extrême gauche , le contexte familial , la radicalité de ses années étudiantes sont décrites avec précision, comme chroniqueuse et auteur féministe ....
L'écriture est somptueuse , la construction brillante , où l'on croise la poésie de Paul Verlaine , André Malraux, le banquet de Platon, Molière ....

Bercés par leurs douleurs, leurs fantômes d'enfants brisés se croisent et esquissent une ultime réflexion sur les chemins de Pierre cahoteux qui ménent à l'engagement .

Du politique sanguinaire , tyrannique à la Romanciére écorchée vive , y- aurait- il un pont improbable jeté façonnant les chemins de la destruction ou de la création entre deux " "Monstres" qui sourient ?
Cet ouvrage singulier est une interrogation sur l'engagement et le pouvoir du hasard , le masque du sourire impénétrable , indélébile pour mieux cacher des secrets ....

Je dois avouer que l'écriture sublime m'a permise de réfléchir lucidement à ces échos et ces sillages .
Je reste perplexe à propos de ces correspondances entre les parcours de ces deux êtres que , à priori tout oppose ....
Un ouvrage riche , surprenant .....
Il fallait oser !
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Je découvre l'écriture de Nancy Huston avec Lèvres de Pierre et je trouve que c'est une auteure exceptionnelle. Une autobiographie bien différente de toutes celles que j'ai lues (d'accord je n'en ai pas lu beaucoup). Les lèvres de pierre de bouddha partagées par Saloth Sâr et par Dorrit son double littéraire.
La première partie, avec ce tutoiement qui permet de découvrir de l'intérieur la montée en puissance d'un monstre est un récit dynamique et historique.
La seconde, avec la troisième personne du singulier permet de découvrir la vie de l'auteure avec un recul sans apitoiement comme dans bien des (auto)biographies.
Apparaissent alors les troublantes similitudes entre les deux destinées. Nancy Huston signe ici une oeuvre originale, elle apporte une vraie dimension littéraire à son histoire.
Lecture vivement conseillée.
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Lèvres de pierre de Nancy Huston raconte deux histoires en parallèle, la montée de cette auteure vers le féminisme sous le nom de Dorrit et de Saloth Sâr (Pol Pot) un des pires dictateurs du XXe siècle. L'histoire de la jeune vie de l'auteure me semble crédible mais pour Pol Pot que l'auteure assure que ce dictateur avait une érection a la pensée de la mort de ses ennemis me laisse pantois. Deux destins vers l'extrême gauche une comme chroniqueuse et auteure féminisme et l'autre en tant que despote et assassin de masse, environ 20% de son peuple exécuté pour purifier le pays de sa bourgeoisie décadente et des intellectuels corrompus qui ne comprenne rien à la pureté des paysans. Je me souviens à l'émission le Point en fin de soirée à Radio-Canada de Madeleine Poulin journaliste en reportage à Phnom Penh au Cambodge pleurée dans le musée du génocide de Tuol Sleng et il y a de quoi car les victimes étaient photographiées avant la mise à mort.


https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/87978/musee-du-genocide-a-phnom-penh-tuol-sleng-l-ecole-des-supplices
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Une auteure que je ne connaissais pas, ...Pol Pot...Il n'en fallait pas plus pour m'attirer, pour découvrir ce livre : deux destins parallèles mis en page.
Tout d'abord celui de Saloth Sâr, jeune gamin cambodgien, un gamin qui fait pipi au lit, et dont les autres gamins du village se moquent : il a une peau blanche, une peau de fille. Élève dans une école de curés français au Cambodge pour laquelle son frère Suong transfert des fonds pour payer sa scolarité... Parmi ces curés le père Mahé, un curé qui se prend d'affection pour le gamin. Je ne vous en dit pas plus.... le gamin obtient son certificat d'études à 18 ans, enfin... Un âge où l'on n'est plus un gamin. Ce fut laborieux mais suffisant pour permettre une scolarité tout aussi nulle en France afin de passer un diplôme de radioélectricité. Une scolarité qui lui permet de découvrir Paris, le marxisme.
Et puis il y a cette gamine américaine, Dorrit, fille d'un professeur dans un petit lycée du New Hampshire. Un père flirtant avec le milieu hippie, hostile à la guerre du Vietnam, Dorrit autre nom de plume de Nancy Huston
Deux destins mis en parallèle, dans deux parties distinctes du livre. Deux hasards qui m'ont troublé
Comment ne pas être troublé par une certaine forme d'empathie (...oui je sais je vais faire bondir...) face au destin du gamin Saloth Sâr, gamin allant d'échec en échec, sans doute peu doué mais aussi victime des curés...ceci ne pardonne pas cela, loin de là. Empathie qui se transforme en haine quelques pages plus loin quand il devient le sinistre Pol Pot, des pages fortes et terribles...
Indifférence presque face au destin de cette gamine américaine, une parmi des millions, sa vie familiale heurtée...
Parallèle aussi des destins de deux peuples, l'un invente Weigtwatcher, pour retrouver la ligne, l'autre invente la faim pour dresser et punir des opposants, des paysans, dont plus d'un million mourront dans d'atroces souffrances.
Un peuple fabrique des bombes, et des "B-52 (ces monstres volants que leur équipage appelle affectueusement Buff, pour Big Ugly Fat Fucker2)" des sinistres avions qui "ont fait [..] 228 sorties et lâché 25 000 bombes" ..Des bombes qui retomberont sur la tête d'un autre peuple, celui du Cambodge.
Curieux ouvrage, curieux rapprochement qui m'ont à la fois laissé perplexe et intéressé.
Un livre né dans l'esprit de l'auteure à la suite de la contemplation de photos vues sur un livre acheté d'occasion au Cambodge, livre du photographe irlandais Nic Dunlop "The Lost Executioner (Le Bourreau perdu) dans lequel se côtoient deux sourires, celui de Bouddah, et celui de Pol Pot...deux sourires énigmatiques
Mais n'est-ce pas l'une des forces de la littérature et des livres...à la fois nous étonner, nous donner à réfléchir, nous informer...nous surprendre
Alors gardons en mémoire cette phrase de William Shakespeare : “On peut sourire et sourire et pourtant être un scélérat.”
L'histoire nous l'a confirmé.
Et si une partie de l'Histoire était partie du sourire scélérat d'un curé.....?
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Quelque chose en elle avait un lien avec l'histoire du Cambodge. Mais quoi. Parfois la gestation d'un roman prend du temps, voire toute une vie.

Un jour, Nancy Huston trouve enfin l'homme qui fait écho à sa vie : Pol Pot le despote, ni plus ni moins.

Les résonances entre eux sont multiples : leur sentiment d'exclusion durant l'enfance, la précoce instrumentalisation sexuelle de leur corps, leurs voyages incessants comme la découverte de Paris au même âge, et surtout, leur militantisme marxiste sont les piliers sur lesquels s'est basée l'auteure pour élaborer ce roman passionnant en deux parties : « L'homme nuit », l'origine du chef communiste, et « Mad girl » , celle de l'écrivaine qui nous offre des romans foisonnants depuis plus de trente ans.

Saloth Sâr était un petit garçon incompris, féminin, différent. Un cancre, la honte de la famille, volant d'échec en échec. Apprivoisé par les femmes du roi (mortes d'ennui), il est devenu très jeune leur objet sexuel. La cour, son royaume et sa luxure, et tout autour, la violence. Un jeune garçon en perdition qui se retrouvera à Paris, apprivoisera l'ennemi pour plus tard faire éclater la haine chez lui.

De son côté, Dorrit, le double de l'auteure, abandonnée par sa mère, entourée d'une multitude de frères et soeurs, tombe amoureuse très jeune de son prof d'anglais, part sur les routes avec un père très moderne, déménage mille fois. Comme Pol pot, on se sert de son joli corps, elle essaie même de le vendre pour payer ses études. L'argent qu'elle gagnera sera emprunté par son père et jamais rendu. Elle restera longtemps à Paris, les hommes de sa vie continueront de la trahir. Ce n'est que plus tard qu'elle comprendra d'où est né son militantisme féministe, ou encore son anorexie.

Car un des grands sujets du roman est celui-ci : deux vents contraires soufflaient sur les femmes de l'époque : le vent très libertin des années 70 et d'un autre l'immobilisme du schéma patriarcal. « Ce n'était plus du tout à la mode de dire non aux hommes ».

En quelque sorte, ce Non, c'est ce qu'a essayé de dire Pol Pot; et l'auteure l'a compris. Ce roman pourrait prêter à une juste contestation, Nancy Huston se ferait-elle l'avocate du diable sous prétexte de quelques similitudes ? C'est tellement bien amené que l'on ne peut, à la fin du roman, que comprendre sa démarche.

Les lèvres de pierre sont celles du sourire figé, immobile, de celui qui cache les traumatismes, celui derrière lequel on se cache pour continuer à vivre masqué, celui des statuts de Bouddha, religion de Saloth Sâr.

Mon avis
Quel roman, foisonnant, documenté et dense psychologiquement ! L'auteure pose ici ses blessures intimes, réussit avec brio ce qu'on aime tant : faire coïncider la petite avec la grande Histoire.


Lien : https://agathethebook.com/20..
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"Lèvres de pierre" met en parallèle deux sourires qui recouvrent des tourments et dévastations intimes : dans une première partie c'est l'enfance chaotique du futur Pol Pot que nous découvrons avec des échecs nés sans doute de traumatismes premiers à la fois sexuels et culturels. À la formation auprès des moines bouddhistes se superpose l'éducation d'une école catholique, la séduction par un jeune prêtre et la trahison de ce dernier. Partout l'enfant, puis l'adolescent est un raté dans un pays et une famille où la réussite scolaire et universitaire est mise en exergue. Il subit ces échecs avec son éternel sourire et sous le regard de son défunt ancêtre, patriote et héros. Grâce aux appuis de sa famille, il obtient une bourse pour étudier en France. Les études continuent de le bouder, par contre, il enfile le vêtement de la politique qui lui va comme un gant, lui donne ce statut de héros dont il rêve depuis toujours. Il sourit comme sourient les visages de pierre des temples d'Angkor bâties dans le sang. Dans ce récit narré à la deuxième personne du singulier, ingrédients personnels et historiques se mêlent pour aboutir à une mayonnaise amère, sanguinaire et mortifère. Dans une seconde partie, c'est l'histoire de Dorrit qui nous est contée, jeune fille au sourire charmant qui masque les affres d'une vie sentimentale désastreuse, d'expériences douloureuses et dévastatrices qui la conduisent aux excès dans la relation de la jeune femme avec elle même et dans les opinions féministes, radicales et inhumaines qu'elle exprime et défend au mépris de son propre équilibre. Par ce récit nous découvrons les contradictions, les vices et perversions d'une certaine société occidentale aux côtés schizophrènes qui soutient l'insoutenable avec des hommes qui sont l'inverse de ce qu'ils prétendre être de même que les États-Unis, sous le prétexte de défendre la démocratie commet les pires horreurs en bombardant, détruisant le Vietnam puis le Cambodge de manière massive, jetant dans les bras des communistes les plus extrêmes, une population mutilée. . le roman, "Lèvres de pierre" nous livre le destin de cette jeune femme en lien avec celui de Pol Pot et du Cambodge.
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J'ai beaucoup aimé les 2 parties de ce livre: la jeunesse de Pol Pot (partie 1), puis celle de Dorit, l'héroïne et sans doute l'auteure (partie 2). Toujours ce style plein de finesse. J'ai moins compris le parallèle entre les 2 protagonistes mais ce n'est pas très grave. J'ai beaucoup aimé.
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Excellent récit qui zigzague entre la vie de l'auteure est celle de Pol Pot tout en retombant toujours sur ses pieds.
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L'histoire du Cambodge raconté au travers de la vie romancé de Pol Pot, on le suit depuis son enfance jusqu'à sa chute politique. L'auteur nous donne sa version des événements survenus par la vie de ce jeune homme, objet sexuel de biens des hommes et des femmes. En parallèle, elle nous raconte sa propre vie et les similitudes qui ont fait aujourd'hui ce qu'elle est devenue.
La partie Pol Pot est intéressante, on découvre le Cambodge sous un autre aspect, celle de Dorrit l'est moins pour moi, le parallèle est un peu"tiré par les cheveux".
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J'ai autant détesté la première partie qu'adoré la seconde partie de ce roman.
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