Monsieur Han

Petit livre remarquable. Grand auteur.
Je viens de terminer la lecture du roman-récit - Monsieur Han - de l'écrivain coréen Hwang Sok-Yong et déjà l'envie de le retrouver dans d'autres de ses ouvrages me taraude.
Cette histoire, c'est celle de membres de sa famille et celle de son oncle en particulier.
À Séoul, à la fin des années soixante, un vieillard, un mendigot alcoolique, fermé au monde, prend possession d'une chambrette dans une maison que se partagent deux familles, dont celle qui occupe le rez-de-chaussée ( la partie la plus spacieuse ), lorgne avec avidité sur ces quelques mètres carrés.
Le vieil homme réduit à jouer les croque-morts pour survivre, buvant plus que mangeant fait deux attaques, dont la dernière met fin à une vie... que quelques parents retrouvés vont alors raconter dans un flash-back qui ramène le lecteur à la fin de la Seconde Guerre mondiale et au début de celle entre la Corée du Nord stalinienne et la Corée du Sud sous la tutelle essentiellement américaine.
À Pyongyang ( ville du nord ) vit avec sa famille Monsieur Han, gynécologue obstétricien. C'est un être de principes, de valeurs, d'une éthique et d'une probité irréprochables. Un être pur dont la vie va basculer dans l'enfer d'une guerre où la violence n'est pas que celle des armes, de la mort et du sang, mais celle aussi et surtout de la corruption, de la délation, des trahisons, du mensonge, de l'injustice.
Ce candide qui refuse, au risque de sa vie, les compromissions, va devoir se séparer de sa famille et fuir pour trouver refuge à Séoul ( ville du sud ).
Contraint d'y "refaire sa vie" contre tous ces idéaux, il va tomber dans le piège que vont lui tendre des escrocs, être dénoncé comme espion opérant pour le nord et connaître une inexorable déchéance... jusqu'à sa mort pitoyable dans cette chambre exiguë au milieu d'étrangers.
Monsieur Han, c'est l'histoire de ces centaines de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards emportés dans le tourbillon infernal de la rivalité géopolitique des deux grandes puissances de l'époque, qui ont trouvé en Corée un terrain de jeux à leurs convenances pour confronter leurs différences et affirmer leurs prétentions.
Monsieur Han est un récit bouleversant d'où l'auteur a exclu tout pathos pour laisser les faits s'exprimer, car la violence de la réalité n'est jamais aussi forte, aussi convaincante que lorsqu'elle nous est montrée nue... simplement nue.
Monsieur Han, c'est l'antihéros, un homme brillant au destin broyé par les caprices de la machine infernale de l'Histoire. C'est un homme, seulement un homme exemplaire... et comme l'a dit René Char : " les hommes exemplaires sont faits de vapeur et de vent."
À lire absolument !

Lorsque monsieur Han décéde,dénué de tout, ses voisins ne savent absolument rien de la vie de ce vieillard discret et solitaire, et pourtant.....il porte en lui l'histoire douloureuse de la Corée.
Monsieur Han, c'est l'histoire vraie d'un médecin: Professeur de Gynécologie à Pyongyang, il gagne le Sud quand la guerre éclate en1950, il se voit contraint à l'exil.....commencent alors des tribulations incroyables et impitoyables, il quitte le nord, où on l'accuse d'être du sud pour aller vers le sud où on le suspecte d'être un agent du Nord, comme tous les coréens il est quelqu'un de déchiré, déboussolé...du jour au lendemain ou presque, les Coréens deviennent étrangers dans leur propre pays. La division est une profonde blessure: elle fait de parents, de frères, de personnes qui parlent la même langue, ont la même histoire, les mêmes chansons, la même culture...des ennemis irréductibles.
Les gens du nord qui sont passés au sud dans le désordre invraisemblable de la guerre se sont trouvés dans le piége de la suspicion et de la division, ils sont harcelés, rejetés, toujours suspects dans la Corée du Sud obnubilée par une paranoïa idéologique......
Monsieur Han, intègre,scrupuleux, se retrouve ainsi incarcéré puis torturé sans aucune raison valable, en proie à la terreur , victime d'une bande d'exploiteurs qui profitent de cette situation pour régler leurs comptes....les petites gens sont condamnés dans l'érrance et la déréliction à se taire et à subir.....
Tout est incompréhension, mensonges, dérobades, divisions, infortunes, corruptions , suspicions et cruautés...
L'auteur dresse un portrait au plus prés , sans concessions, de cette scission de la Corée.
Monsieur Han, confronté à cet univers est la victime d'un pays déchiré, car il porte en lui comme bien d'autres les contradictions liées à cette époque.
Monsieur Han est l'histoire d'un homme qui croyait dans son obstination, naïvement.....qu'il suffisait de ne pas se mêler de politique pour que la politique ne se mêle pas de vos affaires, candide bien malgré lui, pris dans les tourments de l'histoire.
Ce petit ouvrage est un voyage à la beauté poignante et saisissante au coeur de la Corée, un récit sobre, instructif, entre témoignage et protestation......

C'est avec un poids sur le coeur que je quitte Monsieur Han, médecin pendant la guerre de Corée, Monsieur Han qui a été trahi, torturé et mal aimé.
Monsieur Han n'a pas trouvé sa place dans cette Corée divisée en deux où la suspicion est à chaque coin de rue et la corruption bien assise.
On fait connaissance avec Monsieur Han, ce vieux monsieur pauvre, solitaire et taiseux. Puis l'auteur, Hwang Sok Yong, revient vingt ans en arrière et nous relate l'histoire de ce médecin. Comme il est indiqué dans la préface, ce livre est plus un récit qu'un roman puisqu'il s'agit d'une histoire vraie ce qui renforce la noirceur de cette vie.
Ce climat de corruption et de torture fait froid dans le dos, je ne le découvre pas ici, mais à chaque fois que je suis amenée à lire des situations telles, je suis saisie et bouleversée.

Je pense que c'est la première fois que je me lance dans la littérature coréenne mais pas la dernière...
Ce récit est inspiré par la vie de l'oncle de l'auteur et je l'ai perçu plus comme documentaire que roman car j'étais assez ignorante de l'histoire contemporaine de la Corée .

Les événements se passent pendant la guerre de Corée et les années qui l'ont suivi et mettent en scène, un homme, Monsieur Han, professeur de gynécologie à Pyongyang qui va subir la guerre civile et la partition de son pays .
C'est un homme honnête , d'abord avec lui-même, probe, avec des valeurs morales qu'il ne voudra jamais abandonnées , faisant confiance aux autres par candeur.

L'auteur commence son histoire à Séoul, par la fin de vie d'un vieillard, seul, renfermé et démuni de tout .
Il va mourir dans une petite chambre d'une maison partagée par plusieurs familles et, en fouillant dans ses papiers une des habitantes de la maison va trouver des noms de personnes.
Cela permet de remonter vers les années 1950 et évoquer le traumatisme de l'arrivée des communistes au Nord et des Américains au Sud , la fuite et la séparation des familles , la suspicion d'un coté comme de l'autre d'être un agent au service de l'ennemi, les trafics et les dénonciations. Monsieur Han, balloté entre deux mondes sera une victime toute trouvée .

Édifiant et instructif. Je vais continuer avec cet auteur

« La vieille maison, qui avait naguère appartenu aux japonais, était maintenant occupée par quatre ménages en copropriété. »

Dans ce petit roman, on y raconte la vie de Monsieur Han. Et, à travers lui, on découvre également l'Histoire de la Corée … La guerre (1950-1953) et la partition du pays. HWANG Sok-Yong, est un écrivain engagé qui s'est toujours battu contre la dictature et qui a connu la prison. Ce livre c'est l'histoire d'une population tiraillée entre le nord et le sud, des familles brisées, des délations qui engendrent la mort, … C'est écrit sans parti prit mais tout est chuchoté entre les lignes.

Très beau roman !

Roman historique coréen de l'auteur Hwang-Sok-Yong à qui l'on doit aussi : "le vieux jardin".
L'histoire d'un médecin Nord coréen qui doit partir en exil pour sauver sa vie; se retrouve en Corée de Sud avec pour toute famille une soeur chez qui il va pouvoir vivre quelques temps, avant de connaître de nouveau les geôles après dénonciation, subir la torture et l'humiliation.
Un homme plein d'humanité qui pense que ses contemporains sont aussi bons que lui et qui en paye les frais, au Nord comme au Sud des deux Corée en guerre.

Monsieur Han s'ouvre sur les médisances du voisinage envers un vieil homme dépenaillé dont personne ne sait rien...A sa mort, son histoire se dévoile peu à peu ; et quelle triste histoire ! Ballotté entre les deux Corées, accusé d'aider le Nord, de soutenir le Sud, empêché d'exercer sa profession de médecin correctement, attaqué en justice pour avoir naïvement fait confiance à des escrocs...Les péripéties de Monsieur Han sont toutes plus tristes les unes que les autres, on le voit happé par les pièges sans qu'il ne parvienne à les éviter ; on croirait même qu'il y plonge volontairement.

Si le personnage principal peut agacer par sa niaiserie et son entêtement, le récit de la guerre de Corée et de la situation chaotique entre Nord et Sud m'a passionnée, tant par la tension que l'on ressent face aux rumeurs quant aux lignes de front fluctuante que par cette fermeture totale entre deux régions d'un même pays durant autant d'années. Plus que les aventures du personnage principal et de sa pauvre soeur, c'est donc plutôt le contexte et le témoignage d'une époque qui m'a intéressée dans ce livre, et je compte bien lire d'autres ouvrages de Hwang Sok-yong dont la vie semble réellement extraordinaire. Une belle découverte pour cette première rencontre avec la littérature coréenne !

Dans la Corée des années 50, partagée entre deux camps qui s'affrontent dans une guerre fratricide, Monsieur Han est un vieux monsieur qui meurt dans l'oubli, la misère et l'indifférence. Pourtant il fut un personnage emblématique de la guerre qui a déchiré son pays. Médecin exerçant au Nord, il n'a pas été mobilisé , sans doute à cause de son peu d'enthousiasme pour le conflit qui s'engageait. Passé au Sud, où il exerce son métier auprès de personnages peu scrupuleux, il est suspect aux yeux des deux camps : traître ? Espion ? Monsieur Han subit l'emprisonnement, la torture, deux procès sommaires pour des fautes imaginaires.
Il finit misérablement : seule la soeur de l'auteur (Monsieur Han est vraisemblablement l'oncle de Sok-Yong Hwang) s'intéresse encore à lui.
le vieux médecin déchu est une des victimes, parmi tant d'autres, d'une guerre atroce qui a divisé pour des décennies le peuple coréen.

Corée du Nord, 1950, guerre civile : un paisible médecin décide de tenter sa chance au Sud pour pouvoir pratiquer la médecine telle qu'il l'entend, au service de tous et pas seulement au service des gens du Parti. Il laisse sa femme et ses enfants, pensant qu'ils se retrouveront un peu plus tard, mais... il ne les reverra jamais et restera exilé au sud, accusé d'espionnage pour le Nord...
Une tragédie qui touche probablement un grand nombre de Coréens dans ce pays divisé de façon atroce.
Un court récit, intéressant, sobre et instructif

Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Monsieur Han ?
"Je nourris chaque jour un peu plus mon obsession pour la Corée du Sud et ma première passion étant la lecture, je ne pouvais pas ne pas me pencher sur sa littérature. C'est avec celui-ci que j'ai commencé mon exploration, apparemment incontournable et assez court pour être une parfaite entrée en matière."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Monsieur Han était médecin pendant la guerre de Corée, d'abord au Nord, puis finalement au Sud, avec tout ce que cela a pu comporter d'atrocités et de traumatismes..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"La forme du récit est saisissante. On commence par la mort du personnage, vieux, pauvre et délaissé, pour en apprendre ensuite plus sur ce qui l'a mené à ce point précis de son existence. Et si la pudeur est un trait caractéristique de la littérature asiatique, on est ici dans une retenue totale, un récit presque sans affect, qui rend peut-être tout cela encore plus difficile, à condition d'être soi-même capable de se projeter. C'est un livre qui me marquera peut-être plus par son propos et le courage qu'il a fallu à son auteur pour relater ces faits, notamment le traitement des transfuges du Nord par la Corée du Sud, que véritablement par le plaisir de lecture mais c'est sûrement son objectif. C'est un livre militant à sa manière, dans toute sa simplicité et toute la force que peut receler la vérité nue et je suis consciente de sa valeur essentielle."

Et comment cela s'est-il fini ?
"Je pense que la littérature coréenne ne viendra pas remplacer dans mon coeur la littérature anglaise mais j'ai très envie de continuer mon exploration et même de lire un autre roman de cet auteur."

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