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J'étais resté sur ma faim après la lecture des "nuits de Reykjavik" trop sombre et lent à mon goût. "Les fils de la poussiere" m'a beaucoup plu.
L'intrigue est intéressante et les rebondissements ne manquent pas. Les thèmes abordés montrent la noirceur de la nature humaine, ce qui n'empêche pas de voir naitre des relations plus chaleureuses. le récit est bien rythmé, passant dun personnage à l'autre, et le suspense est croissant. La fin est à la limite du fantastique... Rien de bien étonnant au pays des elfes, à moins que ce soit l'effet de l'huile de foie de morue!
Je vais reprendre la lecture des livres d'Indradason qui m'ont échappés pour le vérifier.
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Premier roman de la série avec Erlendur et ses acolytes. Les ingrédients qui m'ont fait aimer cette série sont là : meurtre, mystère, enquête. C'est rapide, pas de détours. Indridason ne nous embarque pas dans des pages qui ne servent à rien. Les personnages sont des gens ordinaires, pas de chichis.
Ici, on suit l'enquête autour d'un meurtre par le feu et d'un suicide en hôpital psychiatrique. Bien évidemment, ces deux morts ont un lien. Et nous emmènent vers le sordide incroyable. Incroyable, vous êtes sûrs !!!
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J'avais lu un peu par hasard : Betty d'Indridason que j'avais bien aimé (tellement original). Ensuite, des lecteurs m'en ont reparlé et je voulais découvrir sa saga avec le commissaire Erlandur. J'ai attendu un an avant de découvrir ce premier tome (quelle perte de temps) ! Je l'ai commencé les yeux fermés ; c'est à dire sans lire le résumé et je pense avoir bien fait car l'intrigue principale est surprenante et très inattendue. C'est simple, j'ai tout aimé : le style de l'auteur, l'ambiance et surtout l'intrigue. J'ai eu un réel attachement aux personnages, notamment les victimes. Addictif et passionnant, j'ai lu ce roman en 2 jours. La fin était un peu trop incroyable mais ça l'a fait quand même.
Adepte du roman nordique, je recommande à 100% les romans d'Indridason. La 2ème enquête est bientôt programmée.
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Grâce à Eric Boury et aux éditions Métailié, nous avons enfin accès au tout premier roman d'Arnaldur Indriðason : Les fils de la poussière. On y retrouve déjà tout ce qui fait la « patte » et le génie de l'auteur.
Le roman s'ouvre sur deux affaires dramatiques : le suicide de Daniel, un homme interné en hôpital psychiatrique, sous les yeux de son frère et la mort par immolation d'un vieil homme, dans l'incendie criminel de sa maison. Très vite, ces deux histoires sont reliées ; le vieil homme ayant été le professeur de l'homme suicidé. On suit alors deux enquêtes. Celle menée par Palmi, le frère de Daniel, suite aux paroles étranges de ce dernier, prononcées juste avant de se défenestrer. Celle du jeune inspecteur Erlendur, dont les lecteurs islandais ont ainsi fait la connaissance, et de son équipe, sur l'incendie criminel. Comme dans ses autres romans, Arnaldur s'intéresse davantage aux personnages, à leur passé et à leurs blessures, qu'aux enquêtes elles-mêmes.
Côté Erlendur, on commence donc à la connaître. Sa situation familiale – séparé de sa femme, éloigné de ses enfants, qui ont sombré dans la drogue – s'impose déjà et torture le personnage. On apprend qu'il a pris une année sabbatique pour tenter de s'occuper de sa fille, mais aussi qu'il a déjà dérapé dans son travail, agressant physiquement un dealer, quelques temps avant l'action du livre. On fait connaissance aussi avec son équipe. Sigurður Oli s'impose déjà comme un personnage important, notamment en contraste avec Erlendur. Quant à Elingborg, l'enquêtrice qui conclut le trio récurrent des futurs romans, elle ne se distingue pas encore nettement. Elle est citée, intervient dans l'enquête, mais pas davantage que d'autres policiers.
Apparaissent aussi les thèmes qui jalonneront l'oeuvre d'Arnaldur. Tout d'abord, sa nostalgie de l'ancienne époque, de l'Islande de son enfance, avant que celle-ci ne soit plongée d'un coup dans la modernité. On voit un Erlendur rétif au monde nouveau et circonspect des méthodes et attitudes modernes de son collègue, le raillant quand il place quelques so anglais ici ou là. L'auteur en profite pour évoquer l'exode rural qu'a connu l'île et ses aspects négatifs, notamment le développement de banlieues misérables et impersonnelles, véritables taudis, dont les habitants, exclus de la prospérité naissante, basculent dans la délinquance, les dépendances, la prostitution et les trafics. Il dépeint ainsi une société islandaise malade. Affleure aussi le thème de la disparition, même s'il n'est pas encore fait mention du frère d'Erlendur.
D'autres sujets, qu'on retrouvera, ici ou là, dans un des romans d'Arnaldur, apparaissent déjà. S'agissant des expériences scientifiques secrètes, sur la génétique et le clonage, comment ne pas penser à La cité des jarres ? L'auteur mentionne même l'entreprise DeCode Genetics, dont les activités ont servi de base à l'histoire du troisième roman (et premier traduit en français). Il en profite pour dresser un bilan négatif des hôpitaux psychiatriques : manque de moyens et de personnel, surmédication pour « assommer » les patients et satisfaire l'industrie pharmaceutique… Est-ce uniquement pour les besoins du livre ou faut-il y voir un plaidoyer ? Les fils de la poussière aborde la pédophilie, sujet qui sera développé plus tard dans La voix. Arnaldur évoque également l'Islande de la « situation », à l'époque de l'occupation britannique ; période qui servira de décors à de nombreux romans.
Pour qui connaît l'oeuvre d'Arnaldur, et notamment les romans de la série Erlendur, ce premier livre apparaît comme annonciateur des titres suivants.
Cependant, ce roman est d'une grande originalité par rapport aux suivants. A la fin, le lecteur est entraîné dans une histoire de science-fiction. Voilà un trait de plume dont Arnaldur ne nous avait pas habitués. On découvre une voie littéraire que l'auteur, pour une raison ou une autre, n'a pas voulu poursuivre dans ses romans postérieurs.
Bien que première oeuvre, Arnaldur nous livre un roman déjà bien construit et passionnant, montrant ainsi sa maîtrise du genre policier, qui ne se démentira pas.
Lien : http://www.polardesglaces.com/
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Plus d'un an que je n'ai pas lu d'auteurs islandais. Trois ans que je n'ai pas lu un roman d'Arnaldur Indridason. Vingt-deux ans depuis l'écriture de ce premier roman.
Après tout, en Islande, les crimes sont rares. La petite délinquance, non. La drogue, les vols, non plus. Mais les crimes…

Nous avons là un crime particulièrement tragique : un professeur nouvellement retraité a été brûlé vif. Il n'avait pas d'enfants, sa soeur aînée est bien plus âgée que lui – sa demi-soeur, en fait, leur père ayant semé des enfants à travers tout le pays. Parallèlement, nous suivons une autre enquête, plus intime, celle de Palmi. Son frère, atteint de schizophrénie depuis son adolescence, vient de se suicider. Il ne prenait plus son traitement, le tout dernier de la liste, ce qui faisait penser à la mère de Daniel et Palmi, et plus tard à Palmi seuls, que les psychiatres successifs qui ont été chargés du cas de Daniel ont davantage expérimenté que soigné. Si les psychiatres français tirent la sonnette d'alarme sur ce qui se passe chez nous, que dire de l'Islande ? Je ne peux que vous recommander, sur le sujet, la lecture de Les anges de l'univers d'Einar Mar Gudmundson, un livre éclairant sur l'évolution de la manière dont on traitait les malades en Islande.
Intéressant aussi que le bilan de l'éducation islandaise – ou plutôt de son système éducatif. Certains regrettent les classes de niveau, parce que l'on pouvait mettre tous les cancres ensemble, ou ceux qui étaient estimés tels, et les oublier consciencieusement. Pour être dans une telle classe, il ne fallait pas nécessairement être très mauvais, ou très violent, non, appartenir à un milieu socialement défavorisé, être l'enfant d'une mère seule ou de parents négligents suffisait largement. Alors, qui va se préoccuper du devenir des onze gamins de cette classe ? Qui ? Ce qu'ils sont devenus est pourtant effrayant.
Dans ce premier volume des aventures d'Erlendur, nous sommes à la fois dans le roman policier pur et dur et aussi dans la dystopie, créant un présent légèrement différent du nôtre. On peut s'interroger sur beaucoup de sujets, notamment sur l'indifférence des pouvoirs publics sur certains sujets, sur les négligences qui peuvent être commises, mais aussi sur les rêves de puissance et de pouvoir que certains peuvent avoir. Si l'argent ne fait pas le bonheur, il permet d'accomplir certains rêves complètement cinglés.
Alors, oui, il y a de l'espoir, un peu, vers le dernier tiers du livre, mais combien de désespérance a-t-il fallu traverser ?
Erlendur est là, et bien là, capable d'une violence qui m'avait semblé assez inusitée chez lui. Il fait équipe avec Sigurdur Oli, Erlinborg est très en retrait. Apparaissent aussi d'autres enquêteurs que je n'ai pas vraiment eu l'impression de revoir après – ou alors, je les ai oubliés.
Allez, je ne resterai pas trois ans sans relire Indridason.
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Ce polar écrit en 1997 est une première approche de l'oeuvre d'ARNALDUR INDRIDASON avec des thèmes qui deviendront récurrents tels que la famille, la filiation mais toujours avec une incroyable noirceur.
On fait connaissance avec ce maussade, sombre Elendur et le jeune premier Sigurdur Oli Elinborg que l'on retrouvera dans les autres polars de cet écrivain.
Et bien que ce soit son premier roman policier, il n'a pas fait exception, c'est avec autant de plaisir que j'ai lu "les fils de la poussière".
ARNALDUR INDRIDASON nous initie au charme imbattable de son écriture simple et captivante.
Ce polar permet de s'accoutumer à tous les éléments qui feront le succès de son auteur traduit dans 40 langues.

Je reste une de ses ferventes lectrices.
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"Le fils de la poussière connait-il vision plus fantasmagorique que celle de la salle d'apparat des dieux lorsqu'elle brille de mille flammes?"


Réédition du premier roman d'Arnaldur Indridason paru en 1997
Erlendur, au coté du première classe Sigurdur Oli et d'Elinborg enquête sur la mort d'un vieille enseignant mort dans l'incendie de sa maison. Au même moment, Daniel qui été sont élève dans les année 60, se défenêtre.
L'enquête de l'équipe de police va lever le voile sur des morts mystérieuses de plusieurs élèves d'une classe de cancres issues des bas quartiers, et découvrir que cette classe n'était rien d'autre que les cobayes d'une firme pharmaceutique.

J'ai trouvé cette lecture dans un premier temps douloureuse par son manque d'empathie et par sa froideur. L'intrigue est longue a se mettre en place.
L'histoire en soit est bonne, mais il est dommage d'attendre la moitié de la lecture du livre pour en arrive là.

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Mon premier Arnaldur Indriðason, l'occasion de découvrir le commissaire Erlendur Sveinsson héros de quatorze de ses romans.

Dans Les Fils de la Poussière, c'est à une double enquête que nous invite l'auteur : Celle personnelle et familiale menée par Palmi dont le frère Daniel s'est suicidé devant ses yeux en prononçant des paroles énigmatiques ; et celle menée par Erlendur et son collègue Sigurdur Oli chargés d'élucider le meurtre d'un ancien enseignant qui a eu lieu le même jour.

J'ai ressenti un peu la même frustration que lors de ma récente lecture du livre de Peter Heller, le Guide.
Si la double enquête avance progressivement dans un premier temps, celle-ci finit par s'emballer dans la toute fin du roman, pour basculer dans un scénario qui perd en crédibilité.
On ne fait pas encore vraiment connaissance avec Erlendur qui deviendra pourtant le personnage principal de la série, une grande partie du roman plus sensible et introspective étant consacrée à Palmi.

Je n'ai pas été totalement convaincue par cette première rencontre avec Arnaldur Indriðason, mais il s'agit de son premier roman et semble-t-il pas son meilleur. Je pense continuer cette série avec Les roses de la nuit.

Note : J'avais choisi de suivre l'ordre d'écriture de la série plutôt que l'ordre chronologique (l'auteur ayant par la suite écrit des romans racontant les débuts d'Erlendur dans la police).
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Les fils de la poussière d'Arnaldur Indridason, présentation
Janvier, dans un hôpital psychiatrique, Palmi rend visite à son frère qui est interné. Ce dernier menace de se suicider. Daniel recevait dernièrement des visites et s'était renfermé.

Un vieil homme, ancien enseignant, meurt dans l'incendie de sa maison.

Avis Les fils de la poussière d'Arnaldur Indridason
#Erlendur4

Lorsque Palmi arrive à l'hôpital psychiatrique pour voir son frère, c'est le chaos. Les patients sont difficilement maîtrisés. Les soignants demandent à Palmi d'aller voir son frère qui ne veut rien entendre. Après quelques mots et un instant d'inattention, Danni saute et s'écrase. Il est déclaré mort.

Dans une maison délabrée, un vieil homme est attaché à une chaise. Il ne peut pas s'en sortir. le feu est mis à la maison et ravage tout. La police, dont Erlendur est appelée sur les lieux. Lors de leur enquête, ils feront connaissance à la demi-soeur de cet ancien professeur, qui tentera de leur raconter le passé de cet homme. Très vite est mis à jour que cet enseignant a des penchants inavouables envers les jeunes garçons. Cela a entraîné son départ en catastrophe d'une école.

De son côté, Palmi trouve que le suicide de son frère cache quelque chose. Il s'en ouvre à l'infirmier qui connaît bien Daniel. Palmi se rend compte qu'il allait voir son frère mais qu'il n'a jamais voulu le connaître réellement. En cause, un élément de l'enfance de Palmi qui a failli y laisser la vie. Palmi culpabilise beaucoup.

Les deux affaires vont se recouper car l'enseignant était allé voir Daniel plusieurs fois avant sa mort. Depuis, Daniel avait changé. Bien entendu, les médecins l'expliquent par rapport aux médicaments. Mais quand plusieurs personnes sont agressées, cela change la donne.

Arnaldur Indridason traite trois sujets, celui des enfants, dans les années 60, qui étaient déjà cantonnés à des classes pour cancres, ségrégation scolaire car ils étaient intenables, n'apprenaient pas et venaient de milieux très défavorisés. L'auteur avait déjà abordé ce thème dans un précédent roman. Ensuite, il y a une campagne de l'Etat pour donner, à chaque enfant, de l'huile de foie de morue, étant donné que beaucoup n'avaient pas accès aux soins au vu de leur précarité sociale. le deuxième sujet est l‘univers de l'hôpital psychiatrique. Les médecins passent et les malades restent. Ils subissent de nombreux traitements, souvent des traitements nouveaux car la médecine évolue. Mais comme dans de nombreux pays, la psychiatrie subit des coupes budgétaires qui entraînent des démissions au sein des hôpitaux, des malades de plus en plus nombreux et toujours moins suivis. le troisième sujet concerne les laboratoires pharmaceutiques qui tentent des expériences sur des humains, et notamment des enfants, cette classe de jeunes enfants, surtout des garçons, qui avaient 13 ans. Une expérience qui se solde par des résultats très performants, mais à terme, ces enfants ont subi le pire. C'est hallucinant, cela fait froid dans le dos. Les responsables s'en moquent, ils agissent en toute impunité, profitent de l'absence des lois pour réguler le tout. Les évolutions médicales, des laboratoires sont très importantes pour vivre mieux, pour donner plus de possibilités aux gens. Mais certains en profitent car ils ont des idées très arrêtées et n'en démordent pas.

Je lis dans l'ordre la série d'Erlendur. Mais ce roman est le premier paru en ce qui concerne Arnaldur Indridason, qui a mis en place le polar nordique, islandais. Mais j'ai l'impression que ces romans ne sont pas dans l'ordre pour suivre Erlendur. Même s'il a commencé sa carrière assez tard, dans ce tome, il a la cinquantaine, on en sait un peu plus sur lui au niveau personnel, familial. Il est divorcé, a deux enfants, un garçon et une fille qui sont déjà adultes et qui, soit vendent leur corps ou sont alcooliques. Ensuite, le personnage d'Erlendur ne change pas. Il a un nouveau coéquipier, jeune, instruit, diplômé et cela ne se passe pas forcément bien. Leurs caractères sont franchement opposés. D'ailleurs, lors d'une grosse dispute, suite à des fuites, Sigurdur lui assène ses quatre vérités et je dois lui dire que je le rejoins un peu sur ces paroles. Mais Erlendur en a vu passer des responsables et la Criminelle, en Islande, s'est plus ou moins développée et Erlendur est le seul à pouvoir choisir ses enquêtes.

Je vais continuer la série Erlendur puisque je la reçois, tous les mois, avec ma Kube, mais j'espère que cela va se décanter car ce n'est pas encore un coup de coeur.

Lien : https://livresaprofusion.wor..
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Voici donc le premier roman publié (en Islande dès 1997) de cet auteur islandais qui aurait été l'un des précurseurs du fameux « polar nordique » en francophonie, mais aussi l'un des derniers traduits (en 2018 !), du moins dans la série mettant en scène le policier Erlendur – série dans laquelle le troisième opus mais premier traduit en français, « La cité des jarres », semble avoir fait le succès de l'auteur. Pour moi cependant, attachée que je suis à lire les choses « dans l'ordre », c'est bien le tout premier livre de cet auteur que je lis, après même un autre livre de l'un de ses compatriotes, Ragnar Jónasson, lu très récemment aussi, cela dit.

S'ils ont l'un ou l'autre élément en commun, ils sont aussi très différents !
Ce que je retrouve dans les deux, c'est une certaine lenteur dans l'enquête, qui semble à la mesure d'un pays quand même très isolé du reste du monde (par sa position géographique), au paysage magnifique mais particulièrement hostile, et qui pratique une langue a priori aussi hermétique qu'imprononçable (même si quelques éléments germaniques plus facilement identifiables apparaissent çà et là). Ces particularités semblent avoir façonné une manière d'être, une façon de penser propres à cette île, et ajoutent une part d'insaisissable aux yeux du lecteur non-islandais.
Notons en outre que, dans un tel monde, loin de tout et sans métropole, les meurtres sont rares, c'est une constante que les deux auteurs n'ont pas manqué de relever à plusieurs reprises dans leurs livres respectifs. Ainsi, quand l'un ou l'autre crime violent survient quand même, c'est une capitale toute entière, avec ses allures de village mal dégrossi et grandi trop vite dans le béton, qui en est secouée.

Mais je ne vais pas m'attarder à relever les points communs et autres différences entre les deux auteurs !
Ici, on a en effet une enquête lente, ou plutôt deux enquêtes, sur deux morts suspectes quasi-simultanées : un meurtre (ou accident ?) et un suicide – autant dire que ce double événement est réellement très inhabituel. En outre, les deux enquêtes sont menées séparément… mais l'auteur propose d'emblée un parallèle entre les deux si bien que, sans que ce soit clairement dit, on comprend très vite que les deux vont se recouper. Or, si en théorie c'est bien la police qui chapeaute les deux parties, on a quand même une certaine distinction entre, d'un côté, le jeune trentenaire Palmi, et la police par ailleurs. Palmi vit une espèce de non-vie, sans réelle ambition (que ce soit un quelconque avenir radieux ou simplement une vie de couple ou de famille épanouie) entre sa librairie de livres d'occasion et les visites à l'hôpital psychiatrique en décrépitude où est interné son frère aîné, Daniel, nettement plus âgé et dont il n'a aucun souvenir d'enfant sain. Lorsque Daniel se suicide lors d'une visite de son jeune frère, après lui avoir tenu des propos apparemment décousus mais pas innocents, Palmi décide d'enquêter sur ce qui aurait bien pu mener son frère – qu'il craignait plus qu'il n'aimait, mais à qui il était attaché malgré tout – à un tel geste.
En parallèle, un vieil homme, Halldor, instituteur à la retraite, dont on découvrira très vite les tendances pédophiles contre lesquelles il luttait pourtant tant bien que mal, meurt dans l'incendie de sa maison, attaché à une chaise. Ce même Halldor aurait été l'instituteur de Daniel pendant quelques années, et serait venu lui rendre visite à l'hôpital quelques fois, peu avant ce double décès très suspect…

Tout part de là, donc, avec l'enquête un peu hasardeuse de Palmi d'un côté, qui apparaît comme un gentil garçon mais dont le manque d'envergure m'a quelquefois gênée – je n'accroche décidément pas à ce genre de personnage un peu trop « pâle » ; et d'un autre côté, l'enquête plus officielle et très policière à propos de l'incendie qui a tué Halldor, par le duo composé d'Erlendur, policier d'un certain âge (jamais mentionné il me semble, cependant), sûr de lui et de ses succès passés, mais attaché au terrain et refusant la langue de bois au point d'avoir été dépassé dans la hiérarchie par des collègues moins brillants mais plus proches du politique, et de son jeune collègue Sigurdur Oli, formé aux États-Unis et très sensible aux apparences – le complet opposé au précédent, et ils ne manquent pas de se confronter au quotidien, tout en étant en quelque sorte complémentaires. Ils mènent donc leur enquête d'une façon très classique, comme on retrouverait dans n'importe quel roman policier de n'importe quelle nationalité, avec cependant cette lenteur soulevée plus haut, une espèce de flegme, ce détachement qui rend l'enquête assez peu palpitante.

À vrai dire, et aussi improbable que ça puisse paraître au vu de la façon dont l'auteur envisage ses personnages, c'est vraiment Palmi qui ressort comme le personnage principal de ce roman : c'est lui qui va de découverte en découverte, qui fait le lien entre les deux « affaires », qui se mettra peut-être même en danger, tandis que les policiers semblent toujours avoir une longueur de retard… ce qui par ailleurs ne semble pas les déranger un seul instant. On n'a pas cette pression venant « d'en haut » - d'un commissaire mal embouché ou d'un quelconque ministre – comme on a dans tant et tant de policiers français, même si on retrouve bien l'une ou l'autre scène qui s'en rapproche, comme si l'auteur avait voulu faire bonne mesure mais sans en être convaincu lui-même. Plus improbable encore : Palmi partage ses avancées avec la police plus ou moins au fur et à mesure de ses propres découvertes, parfois en gardant volontairement sa longueur d'avance, mais alors sans arrière-pensée apparente, et cette « collaboration » entre celui qui n'est rien d'autre qu'un personnage fade et par hasard le frère d'une victime, et les forces de l'ordre bien entraînées, semble tout à fait normale et acceptée par la police sans aucun souci…
Une telle collaboration est quand même assez incroyable, non ? Il est difficile de dire si cette interférence civile dans une enquête policière pour meurtre, chose si rare là-bas, est typique de cette société islandaise où tout le monde se tutoie sauf un couple de personnes âgées un peu pète-sec grâce à qui on apprend indirectement que le vouvoiement existe bel et bien dans la langue islandaise, mais semble avoir presque complètement disparu des moeurs de l'île, à (presque) tous les niveaux, ou si l'auteur n'en a cure et a juste créé son histoire à double enquête sans tenir compte des réalités, mais disons dans tous les cas que ça surprend. Pour ma part, je m'attendais à tout moment à ce qu'Erlendur, ou plus probablement Sigurdur Oli, remette Palmi « à sa place » et lui interdise de continuer à prendre des risques… mais non, cela n'arrive jamais, jusqu'à la scène finale où tout le monde est rassemblé et que ça semble tout à fait « normal » !
Certes, tout cela donne une image très humaine à cette palette de personnages, mais est-ce que ça suffit vraiment à faire un bon polar ?...

À côté de cette double enquête, caractérisée donc par sa lenteur et son improbable double entrée, on a quand même, de façon très légère certes mais ça augmente insidieusement, une certaine tension, à travers quelques chapitres quelque peu mystérieux, plus courts que les autres, insérés çà et là sans ordre logique apparent. Ils ne suffisent certes pas à donner du peps à l'ensemble, mais ils entretiennent malgré tout un certain suspense, qui va même s'accentuer en prenant forme peu à peu. En effet, ces quelques chapitres retracent essentiellement des conversations téléphonique entre deux personnages dont on ne sait rien au départ, mais qui eux semblent détenir la clé de toute cette affaire.
Une affaire qui, par ailleurs, touche à des sujets extrêmement sensibles et qui, s'ils sont passés, posent question jusqu'à aujourd'hui. Il est question de ces « classes de cancres », créées en Islande dans les années 1960, ces classes où l'on parquait les enfants moins aptes à suivre une scolarité « normale », sous le prétexte alors mis en exergue de permettre à tous les autres d'avancer raisonnablement dans les différentes matières enseignées – on sait que de telles classes accentuaient bien davantage une différence de niveau social qu'une réelle différenciation dans les capacités d'apprentissage de chacun, système qui a largement existé ailleurs qu'en Islande, de façon plus ou moins criante. Je sais qu'en Belgique nous avions l'enseignement dit « spécial », vers lequel on dirigeait presque systématiquement les enfants « à problèmes », quels que soient lesdits problèmes…
Ça parle aussi, sans vouloir divulgâcher, d'essais pharmaceutiques secrets car potentiellement très controversés, dans lesquels on mêle une riche et puissante famille allemande qui serait à la base de tout cela, à travers ses rejetons islandais… comme si l'auteur avait eu besoin de rejeter « la faute » sur une nation qu'il estimait plus susceptible de commettre de telles atrocités, et ainsi dédouaner son pays ? Ce procédé m'a paru quelque peu grossier, même s'il a quelque chose de plausible. Et cela va jusqu'au coup de théâtre final où, moi lectrice pourtant habituée des polars, je suis restée bouche bée quand j'ai compris de quoi il s'agissait réellement ! Bouche bée mais pas convaincue, car on flirte alors avec la science-fiction, c'est d'ailleurs la vraie réelle originalité de ce livre… mais tellement inattendue et bizarroïde dans un polar aussi classique tout du long que ça sonne bien un peu faux. On s'attendait certes à un coup de théâtre assez « lourd », mais là on a surtout l'impression que l'auteur s'est quelque peu perdu dans un certain délire.

Ainsi, ce que je retiens de ce livre n'est pas un éblouissement face à une nouvelle façon d'envisager le polar : non, je ne peux pas dire que ce roman m'ait tout à coup exaltée en faveur de ces fameux « polars nordiques » qui connaissent un tel succès depuis plusieurs années. En réalité, ça me donne plutôt l'impression que tous les criminels du monde se ressemblent peu ou prou, et la façon de les coincer relève partout de ce même mélange de points de vue différents (professionnels ou non), de l'entêtement de certains à faire éclater la vérité coûte que coûte, et d'une certaine part de chance et/ou de hasard pour enrober l'ensemble.
En revanche, on est indéniablement entraîné dans un pays, une culture, une langue même qu'on connaît très peu ; dans une ambiance froide et bien un peu mystérieuse qui se traîne dans l'air ambiant, sans se presser (à l'image de nos policiers), comme un brouillard sur ces landes glacées qu'on a tout à coup envie de mieux connaître.
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