C'est un premier roman, et l'on y trouve certaines erreurs de débutant qui gâchent un peu la lecture. D'abord, cette étonnante scène où le commissaire Erlendur Sveinsson agresse violemment un jeune homme, certes pas très recommandable, puis oblige son adjoint, Sigurdur Oli, à mentir pour habiller cette attaque en légitime défense. D'entrée le futur héros récurrent apparait comme colérique et peu sympathique. Ça me semble maladroit. Il y a aussi le long moment de l'écoute des cassettes, là c'est franchement pénible et j'ai commencé à sauter des pages, et puis ensuite le dialogue entre Palmi et Kiddi Corbeau dont certaines répliques font plus d'une page!! Enfin l'interminable épisode pseudo scientifique final, là aussi j'ai sauté des pages. C'est curieux parce que ces trois sections se situent vers la fin du récit, à un endroit où d'habitude les auteurs de roman policier accélèrent l'action et donc évitent ces longueurs.
Si on ne tient pas compte de ces maladresses, on se trouve face à une enquête sur meurtre assez classique, mais qui amène à découvrir un passé déroutant et peu vraisemblable. Et ça finit en délire scientifique. Difficile de vraiment accrocher à cette histoire, donc. Notons que le personnage qui occupe le premier plan n'est pas Erlendur, comme on pourrait s'y attendre, c'est Palmi, libraire en livres anciens, frère d'un suicidé, qui enquête de son côté sur les derniers moments de son frère. Son enquête va finalement rejoindre celle d'Erlendur. Mais si l'intrigue m'a laissé sur ma faim, ce roman présente toutefois quelques points intéressants.
D'abord, il aborde la question des classes de niveau homogène qui semblent n'engendrer, pour le niveau le plus bas, que des adultes qui vont rater leur vie. Remarquons quand même, que dans le roman, le système est perverti, puisque la ‘classe des cancres' est constituée en tenant compte seulement du lieu d'habitation des parents et non en tenant compte du potentiel des élèves. La discussion sur les avantages et inconvénients des deux systèmes (niveau homogène/ niveau hétérogène) est toujours d'actualité. Et puis on voit apparaître de manière fugace deux thèmes qui vont être repris et développés dans les romans suivants d'
Arnaldur Indridason: les disparitions inexpliquées en Islande et les femmes qui se retrouvent dans ‘la situation'. Heureusement pour nous, ses romans suivants sont mieux construits et plus émouvants, avec sans doute un sommet atteint avec
La femme en vert. Finalement, on a du mal à comprendre ce qui a poussé l'éditeur français à publier en 2018 ce roman raté de 1997.