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EAN : 9782705661236
109 pages
Hermann (11/09/2001)
4/5   1 notes
Résumé :
Les cadres des tableaux restent, dans l'histoire de l'art, un domaine largement inexploré. Florissante aux dix-septième et dix-huitième siècles, la production des cadres sculptés et dorés a connu une décadence avec l'invention des pâtes économiques, imitant par moulage en plâtre les ornements en bois sculpté. Les cadres de style Louis XIV ou Louis XV dits en pâtisserie ont ainsi encombré le Salon, les musées et les galeries où les tableaux étaient solennellement pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si les oeuvres d'art nous parlent parfois, leur « entourage » aussi peut se faire bavard et le dix-neuvième a d'ailleurs fort mauvaise réputation dans ce domaine. « La poseuse de face » (Georges Seurat, 1887) qui agrémente la couverture de cet excellent petit ouvrage témoigne pourtant, en mode discret, d'une vision totalement renouvelée de l'encadrement à cette époque. Seurat peint directement, pour l'occasion, le motif divisionniste sur la fine bordure entourant sa toile et chargée d'opérer la transition entre son oeuvre et la moulure externe (la fameuse marie louise).

Le cadre, bordure et limite, simple accessoire ou prolongement plastique du tableau, porte également des codes de la représentation de l'oeuvre d'art. Son histoire, brièvement relatée ici, est celle de longues traditions empruntées à l'architecture et à la sculpture, autant qu'héritées de la vie des salons, galeries et musées, comme le rappelle Isabelle Kahn, complétant avec ce livre une exposition dont elle fut commissaire, présentée au musée d'Orsay en 1989, « Or et couleur : le cadre dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle ». Non, le dix-neuvième ne fut pas la période de décadence si souvent décriée, pour la production de cadres - surtout, quand, dans sa deuxième moitié, les artistes eux-mêmes décidèrent de s'en mêler.

La création de cadres partie intégrante du projet d'artiste, est une idée qui commence à faire son chemin à partir des années 1850, sous l'influence des Préraphaélites anglais. Whistler qui fréquenta Rossetti, créa ses propres bordures et fit de ses cadres une véritable marque de reconnaissance de ses oeuvres ; précurseur revendiquant même l'invention des cadres de couleur, quand les recherches des impressionnistes sur ce terrain – Degas, Pissaro et Mary Cassat – commencèrent à le concurrencer. Les carnets de Degas montrant les profils des bordures qu'il entendait créer, restent une source précieuse d'informations à ce sujet.

Les impressionnistes privilégient bientôt le cadre blanc, moins coûteux ce qui n'est pas le moindre de ses avantages. Emblématique de la « nouvelle peinture », il se banalise vers 1880. L'usage du doré, quant à lui n'est pas dédaigné, mais tend plutôt à s'assagir. Renoir n'aimait rien tant que de faire sculpter ses propres cadres et de les faire dorer, sans apprêt, à même le bois. Manet, Monet, van gogh, Gauguin, Gustave Moreau, Gustave Caillebotte, Puvis de Chavannes ou Maurice Denis et les Nabis sont quelquefois ou plus souvent les propres théoriciens, concepteurs ou artisans de leurs propres cadres. Leurs inventions colorées ou plus neutres qui perturbaient les habitudes esthétiques contemporaines, n'ont malheureusement laissé que peu de traces, collectionneurs et marchands s'empressant souvent de les supprimer, les cuistres ! On peut néanmoins en voir encore certains spécimens dans des musées ou chez des propriétaires plus avisés.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
«[…] et, encore que le cadre ne puisse rien ajouter au talent d'une œuvre, il en est cependant un complément nécessaire, un adjuvant qui le fait valoir. C'est la même chose qu'une beauté de femme qui exige certains atours, qu'un vin précieux qui demande à être dégusté dans un joli verre et non dans un bol en terre de pipe, c'est la même chose aussi que certains livres délicats et ciselés qui choqueraient les sensitifs s'ils étaient imprimés sur papier à chandelle, par des têtes de clous. Il existe, en somme, une accordance à établir entre le contenant et le contenu, entre le tableau et le cadre, et tous les indépendants l'ont si bien compris qu'en sus de M. Pissaro, tous ont, depuis longtemps, rejeté l'éternel cadre doré, à chicorées et à choux, et adopté les encadrements les plus divers, les cadres tout blancs, ou blancs et ourlés d'un sujet d'or, les cadres où l'or est appliqué à même sur les veines du bois, les granulés, comme tapissés d'un papier d'émeri d'or, les cadres couleur des planchettes des boîtes à cigares, comme celui du portrait de Duranty, exposé l'année dernière, ou bien encore la baguette de cuivre jaune ou de poirier noirci, limitant un passe-partout de carton brut, sur lequel, pour rompre la monotonie du ton trop lourd, M. Rafaëlli a jeté, à la manière japonaise, anglifiée par Kate Greenaway, un insecte, une branche, sur le passe-partout gris souris qui aide à donner toute sa valeur au gris pâle de ses ciels. » (p. 93)

L'exposition des indépendants en 1881
J.-K. Huysmans (L'art moderne, 1883)
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Videos de Isabelle Cahn (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Cahn
A la fin des années 1880, en réaction contre l?académisme et l?imitation illusionniste du réel, un groupe d?artistes se faisant appeler « les Nabis » veut abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Les plus connus sont Bonnard, Vuillard et Maurice Denis. Isabelle Cahn, co-commissaire de l?exposition « Les Nabis et le décor », revient sur le parcours de cette exposition exceptionnelle qui réunit une centaine de peintures, dessins, estampes et objets d?art et présente aux visiteurs des ensembles décoratifs aujourd?hui dispersés.
« Les Nabis et le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, ? » du 13 mars au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg.
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et les musées d?Orsay et de l?Orangerie, Paris. « Les Nabis et le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, ? » du 13 mars au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg.
#ExpoNabis
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