Klara et le soleil.
Kazuo Ishiguro.
J'avais lu avec un grand intérêt
les vestiges du jour et particulièrement apprécié le style rigoureux, précis, subtil que nous rencontrons de moins en moins en littérature. C'est donc sans hésitation et malgré une PAL épaisse, que j'ai entrepris la lecture du dernier roman de cet écrivain si talentueux et si peu prolifique. Au plaisir de lire s'est ajouté la surprise de l'histoire et du personnage.
Klara est une AA. Les AA sont des amis artificiels. Ce sont des robots d'avant dernière génération achetés par les familles aisées pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. C'est Klara elle-même qui raconte son vécu, depuis le magasin où elle était exposée jusqu'à la fin du roman. Elle décrit avec force détails, son apprentissage et son expérience aux côtés de Josie, l'adolescente malade, de sa mère, et de Rick, voisin et ami d'enfance de Josie. Tous les personnages du livre passent un peu au second plan. Klara nous confie ses perceptions des sentiments humains . Elle promène son regard sur notre humanité, toujours avec sensibilité, compassion et bienveillance. Avec son langage particulier, elle relate la maladie de Josie, les efforts de la mère et de Rick. le soleil occupe une grande place, lui qui fournit le nutriment nécessaire à la survie des AA. Klara va l'invoquer et le supplier pour guérir son amie. Comme faisaient les incas avec Inti, la force divine du soleil.
Le dévouement du robot, rappelle un peu celui de James Stevens, le majordome des vestiges du jour, magistralement interprété par Anthony Hopkins. Comme pour ce précédent roman, Ishiguro, tout en nuances, écrit à la manière du peintre qui réussit le tour de force de combiner la précision des traits et la douceur des contours.
C'est une fiction. Mais si peu. C'est aussi matière à revisiter nos craintes : de l'IA et ses boîtes noires, de la pollution et ses effets, de la société, de la solitude. Mais sous la plume de l'auteur, les menaces sont atténuées, comme le virus dans le vaccin.
Si Gaspard Koenig le philosophe nous laisse partagés entre espoir et inquiétude,
Kazuo Ishiguro l'écrivain, nous laisse plus d'espoir que d'inquiétude.
Ce roman profond, exquis et bien traduit va indéniablement combler ceux qui sont à la fois passionnés par la littérature et par l'intelligence artificielle.
Kourde Yacine. 15 septembre 2021.
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