+++++++ POURRIEZ-VOUS JAMAIS ME PARDONNER ? +++++++
Leonore Carol "Lee" Israel a pendant la majeure partie de sa vie (1939-2014) vécu de sa plume et elle a écrit quelques bons livres. Toutefois, après une série d'oeuvres invendues la menace d'une faillite imminente et la peur de perdre son appartement et son chat, elle a commencé à Greenwich Village (New York City) son petit business de falsifications littéraires.
Que
Lee Israel savait écrire ne fait aucun doute. Elle est l'auteure de 3 biographies à succès, à savoir : en 1972 de l'actrice américaine
Tallulah Bankhead (1902-1968) - l'héroïne du film de
Hitchcock "Lifeboat" de 1944 ; en 1980 de Dorothy Mae Kigallen (1913-1965), une journaliste et panéliste très populaire de jeux télévisés et en 1985 de Josephine Esther Mentzer, d'origine hongroise et juive mais mieux connue comme Estée Lauder (1906-2004).
Dans un fascicule très court (même pas 130 pages espacées) paru en 2008, l'artiste relate honnêtement l'histoire de ses diverses falsifications. Elle a commencé par fabriquer des lettres de célébrités, telles l'écrivaine
Dorothy Parker (1893-1967), la romancière
Edna Ferber (1885-1968), l'actrice et icône
Louise Brooks (1906-1985) - surnommée la Mona Lisa du grand écran - et sir
Noël Coward (1899-1973), le dramaturge britannique, qu'elle vendait à New York à des collectionneurs d'autographes.
Lee Israel a probablement été assez fière de ses créations, car des photocopies de certaines lettres "faites maison" illustrent son bouquin.
Le nombre exact de lettres et autres documents falsifiés par ses bons soins est impossible à déterminer avec précision. Wikipédia mentionne 400 auteurs et acteurs décédés connus qui ont fait l'objet de ses travaux. Sûrement que des faux circulent encore maintenant dans ce monde relativement clos.
Ce qui est pire c'est qu'elle s'est mise à voler des documents authentiques dans des bibliothèques et archives qu'elle a remplacées par ses faux pour vendre les originaux sur le marché de l'art parallèle. Un exemple notoire a été une lettre d'
Ernest Hemmingway.
À un certain moment, début des années 1990, elle s'est fait seconder dans son commerce illégal par un petit malfrat du nom de Jack Hock.
Ce sont finalement la grande quantité de faux, la qualité du papier utilisé par la faussaire et des filigranes anachroniques qui sont à l'origine des soupçons et d'une enquête de la police fédérale (le FBI) en 1992.
Devant la cour de justice de New York, en juin 1993,
Lee Israel a plaidé coupable et a été condamnée à 6 mois d'assignation à résidence, 5 ans de probation fédérale et un interdit d'accès aux bibliothèques et archives.
Après ce jugement son existence a été plutôt misérable et elle a succombé à une forme de cancer hématologique la veille de Noël 2014, à l'âge de 75 ans, sans laisser de descendants.
Deux ans après sa mort, en 2018, un film a été réalisé sur la vie et les exploits de
Lee Israel avec le même titre que son autobiographie et avec Melissa McCarthy qui l'y incarne. Pour ce rôle l'actrice a d'ailleurs gagné le prix de la meilleure actrice aux Academy Awards (oscars américains) en 2019.
Ce petit livre constitue une curiosité dans lequel une femme douée pour la rédaction littéraire explique comment elle en est arrivée à se servir de ce talent pour la mauvaise cause et comment elle s'y est prise, exemples concrets à l'appui.
Elle avoue (non sans ironie) qu'elle a vécu dans un état de forte anxiété, en attendant "l'arrivée des cosaques".