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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Toute la beauté vient de notre coeur, tant que ce coeur est plein de joie. »

Kyra est la soeur de Dragomir. Kyra et Dragomir, adolescents, sont enlevés. Dragomir devint Stavro le Forain. L'histoire commence... Je me tais et j'écoute Stavro le Forain raconté son histoire. Dans un pays lointain vivait...

Et la suite... ?! Je ne peux la raconter. Cela ne serait que médiocrité car « dans le détail réside le plus souvent la beauté. » Je dirai juste que la plume de Panaït Istrati est belle : « son état d'âme était tout disposé maintenant à cette lointaine évocation – mais il en est toujours ainsi quand on veut toucher aux écluses rouillées qui barrent le passage aux eaux du passé » et qu'il a de la mansuétude, « mille ignominies souffertes ne nous donnent pas le droit de cracher sur l'humanité tout entière » et de la clairvoyance « l'homme sans coeur, mes enfants, c'est un mort qui empêche les vivants de vivre ».

Il prône la tolérance, le respect de l'autre car « chacun a sa vie, ses blessures, sa propre philosophie » et nous délivre des vérités qui m'enchantent « la bonté d'un seul homme est plus puissante que la méchanceté de mille ; le mal meurt en même temps que celui qui l'a exercé ; le bien continue à rayonner après la disparition du juste. » Pour autant, il fait montre de fragilité et c'est en nuance qu'il précise « où et quand la vie nous gratifie-t-elle de joies complètes ?... »

« Il n'y a pas de souvenir sans présent. »
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Adrien, pris par le démon de l'aventure, abandonne sa mère, et part en voyage. Et, s'il embarque le lecteur avec lui, c'est avant tout parce qu'il rencontre un homme étrange, à la gaieté trop forcée pour être honnête. Stavros, que le narrateur perd de vue puis retrouve, se met à raconter ses multiples vies. Son premier récit est cruel mais drôle, à la manière grivoise d'un fabliau du moyen-âge: empêtré dans les préparatifs d'un mariage dont il ne veut pas, Stavros qui ne désire que les garçons mais aime sa fiancée, tente d'expliquer à sa future belle-famille qu'il n'est peut-être pas l'homme de la situation. le deuxième récit est tragique et envoûtant qui raconte l'enfance de Stavros, petit garçon préférant jusqu'au désastre attendu la volupté des femmes à la morale patriarcale. Seul le troisième m'a déçu, faux conte sans cocasserie ni réalisme, et bien larmoyant.
Mais nul doute que je retenterai l'aventure avec Istrati, ne serait-ce que pour comprendre comment un homme qui a appris notre langue en lisant Romain Rolland (wtf???) peut écrire un français aussi poétique qu'authentique.
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Ah, je me souviendrai toujours de ce jour où un libraire m'a dit « comment ça, jamais lu ? Alors ne perdez pas de temps ! » Alors qui a-t-il dans ce livre très particulier, ce conte initiatique où la bassesse humaine rôde à tous les coins de rue ?

Il y a le roman de mille vies portées par Stratvo qui ne cesse de croire en l'être humain même si, … même si, … même si… Et même si… Ce récit à la manière d'un conte des Mille-et-une nuits nous embarque d'une péripétie à l'autre avec une verve hors du commun ou le comique jouxte le tragique !

Panaït Istrati est un conteur-né, il a ça dans le sang. Il a parcouru pendant vingt ans les routes, de l'Egypte à la Syrie, en passant par la Grèce, Jaffa, Damas, Beyrouth, et tout ça en exerçant des tas de métiers, garçon de cabaret, domestique, peintre...

Le résultat est époustouflant et unique dans son genre, d'une poésie surprenante, ensorcelante, et l'on suit nos protagonistes Stratvo, sa soeur Kyra et le jeune Adrien avec un plaisir fou !

Joseph Kessel lui a déjà accroché une plume à ce « récit aérien et lumineux comme un vol de papillon au soleil », alors, moi, ne me reste plus qu'à souffler dessus pour vous la faire parvenir !

4/5
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J'aime les Multi-Défis qui me font découvrir des auteurs que je n'aurais certainement jamais lus sans eux. Lorsque les organisatrices m'ont annoncé que mon "item mystère" est "lire un livre d'un auteur roumain", je suis restée perplexe. Où pourrais-je trouver un livre d'un auteur roumain qui puisse me plaire ? (Les préjugés me mènent la vie dure parfois !!!)
C'était sans compter l'aide enthousiaste et immédiate d'un ami qui m'a procuré Kyra Kyralina en me disant : "Tu verras, ça devrait te plaire".
Il avait évidemment raison ! Il me connaît si bien !

Kyra Kyralina m'a séduite après quelques chapitres. Au début, j'ai été un peu perdue par la densité des paysages, l'incompréhension des mots étrangers et la complexité des personnages et ma fatigue qui m'empêchait de lire plus de trois pages à la fois.
Et puis, rapidement, j'ai décidé de ne pas m'en faire. J'ai lâché prise sur la compréhension de l'histoire pour me concentrer sur la poésie des mots, les émotions ressenties et les descriptions lumineuses d'un Moyen-Orient captivant.
Et un vaste monde captivant s'est ouvert devant moi.
Je me suis laissé ensorceler.
J'étais la petite fille enchantée, dans son lit, à qui on raconte une histoire palpitante.
J'étais le scout au coin du feu tremblant devant les aventures extraordinaires d'un personnage qui lui ressemble.
J'étais une princesse dans la cour des mille et une nuits écoutant son prétendant lui narrer une histoire aux mille éclats, aux mille diamants.

L'histoire n'est pas drôle. Au contraire, elle est très dure parfois.
J'ai pleuré aux côtés de l'enfant qui traverse la première partie de sa vie sous les coups, les épreuves et les trahisons. J'ai eu envie de l'aider mais il ne m'a pas écouté. Il a ainsi appris à devenir un homme. Mais à quel prix !

Panaït Istrati est un conteur hors pair.
Il sait décrire le beau au coeur de l'horreur, la passion au coeur de l'abandon, l'amitié au coeur de la méchanceté humaine, la beauté d'un paysage sous les flots de la misère, les inégalités sociales à travers le regard d'un ado au coeur de l'empire ottoman.
Sa plume est noble, belle, riche et cultivée. Elle a charmé mon âme.
Quelle découverte sublime !
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J'avais lu de Panait Istrati Les chardons du Baragan il y a fort longtemps et ce roman m'avait marqué.

J'ai eu envie de lire à nouveau Istrati et j'ai choisi de me tourner vers "Les récits d'Adrien Zograffi" qui compte 4 tomes. le premier est donc Kyra Kyralina.

Adrien part avec Mikhael et le limonadier Stavro appelé encore Dragomir. Les trois compères font halte dans une auberge pour passer la nuit avant de rejoindre le marché sur lequel Ils vendront dès crêpes et de la limonade pour.

Pendant la nuit, Stavro aura une attitude ambiguë envers Adrien. Stavro s'emploie alors à expliquer ses gestes en racontant sa jeunesse.

Un père et un frère aîné violents, une mère et une soeur gaies et qui aiment la compagnie d'hommes souvent artistes.

Un jour que le père et le frère aîné rentrent et découvrent qu'une fête a été organisée par la mère, le père se déchaîne sur la mère à qui il crève un oeil. Kyra et Stavro (ou Dragomir) font également l'objet de coups.

Après des péripéties et notamment le meurtre du frère, la fuite des trois et une rencontre fatale, Dragomir est séparé de sa mère et surtout de sa soeur adorée.

Il ira de Turquie en Egypte en passant par le Liban et plus encore recherchant Kyra et sa mère avec un oeil en moins. Il rencontrera la méchanceté comme la bonté et l'amitié.

Ce livre est un conte comme sait les écrire Istrati. Au même titre que pour Les chardons du Baragan, je me suis laissée entraîner par cette belle histoire si triste mais qui laisse une belle place à l'amitié. L'être humain peut être cruel comme bon de même que Stovra a deux face comme le remarquera Adrien. Malgré tous les obstacles l'espoir reste toujours présent.
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Chef d'oeuvre méconnu de Panait Istrati, le roumain qui écrivait en français, de littérature roumaine, que je ne trouve guère dans les librairies ou bibliothèques, enfin rarement, pourtant.. Il fait parti des romans d'apprentissage, de mise en abîme, et de fresque avec la suite "Oncle Anghel", "Présentation des haïdoucs", et Domnitza de Snagov, qui constituent le cycle des Récits d'Adrien Zograffi.
Les récits se déroulent dans l'empire ottoman, entre la Roumanie et la Turquie, Adrien jeune homme voyage avec Stravo, qui lui contera ses déboires et expliquera ses vaines tentatives pour retrouver sa soeur Kyra, enlevée pour elle, rejoindre un harem, et son frère Stravo devenir forain.
Déchirures, épreuves, souffrance, poésie..


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L'histoire commence sur le bord du Danube à Braila, à une époque incertaine, fin du 19ème siècle(? )quand l'Empire Ottoman s'étendait du Delta du Danube au Liban où mènent les tribulations de Stavro.
Conte oriental où se mêlent les langues: le Roumain, le Grec, le Turc, l'Arménien ou l'Arabe, se mêlent
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Coup de coeur de jeunesse dont le nom flotte encore dans ma tête comme une musique.
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« Kyra Kyralina » est le premier roman d'ISTRATI, mais aussi le premier du cycle en quatre tomes « Les récits d'Adrien Zograffi » (deux autres cycles comprenant ce personnage seront écrits par la suite). Il est peut-être plus judicieux de le qualifier de conte. Au XIXe siècle du côté de la Roumanie, L'Adrien en question rencontre Stavro, un homme ayant souffert, qui va lui décliner non seulement son identité mais son parcours d'adolescent tourmenté. Frère de Kyra, de quatre ans son aînée, pour laquelle il voue un amour sans bornes. Et comme toute la famille vit sous le joug d'un père violent et dément, il racontera comment sa mère sera victime de violences conjugales, y perdant un oeil. D'ailleurs lui et sa soeur subiront aussi des coups lourds et intensifs. Sa mère tant aimée est bien plus riche que son père, la violence n'en est que plus régulière, d'autant que la dame, sexuellement libérée, s'offre de nombreux amants. « Tout le bonheur a son revers ; la vie même, nous la payons avec la mort… C'est pour cela qu'il faut la vivre. Vivez-la, mes enfants, selon vos goûts, et de façon à ne rien regretter, le jour du Jugement dernier ».

Cette mère va s'évaporer en pleine nature. Stovra et Kyra vont alors être recueillis par deux oncles, puis Kyra va être forcée de rejoindre un harem. Stovra, alors appelé Dragomir, va errer dans tout le Moyen-Orient (on voyage beaucoup dans ce livre) à la recherche de sa soeur disparue et de sa mère peut-être morte. Mais c'est surtout la Liberté qu'il va tenter de trouver, oui, avec un grand L, car ce roman est une ode à la liberté absolue. Stovra se considère lui-même comme un être immoral et malhonnête. Son vagabondage va être émaillé de picaresques rencontres, souvent philosophiques. Il va connaître la faim, la peur, la prison après avoir pénétré dans un harem. « L'abjection humaine était telle qu'on ne pourrait la comparer qu'à elle-même, car seul le genre humain, de toutes les créatures de la terre, peut se dégrader à ce point ». Il fera la connaissance d'un sage, Barba Yani, puis sera déporté.

Malgré les indices donnés dans cette chronique, le roman est loin d'être sombre ou triste, car le talent d'ISTRATI est, à la manière des contes orientaux, de susciter l'humour et la cocasserie. Jamais en panne d'anecdotes flamboyantes, ISTRATI déroule son scénario avec légèreté et pourtant avec une immense profondeur philosophique, regardant « sans cesse dans le gouffre de l'âme humaine ».

https://deslivresrances.blogspot.com

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C'est l'histoire d'un enfant qui fut forcé de grandir plus vite que d'ordinaire contraint par un environnement malsain où règne la violence. C'est le récit d'un adulte avec ses yeux d'enfants quelque part dans lequel on sent l'auteur et sa douleur; on vibre avec Panaït Istrati.

Ce que j'ai adoré dans ce livre est sans doute le ton oriental et moyen-oriental qui fait vraiment voyager le lecteur. On s'imagine des paysages, on les fantasme avec ces personnages abimés par la vie. Bien que très réaliste, ce roman ne livre pas de descriptions très longues : Panaït Istrati sait instaurer une ambiance, un ton à travers quelques éléments descriptifs qui situent juste l'histoire. Cela me rappelle parfois l'écriture du grand Amin Maalouf.

Enfin ce roman est équilibré parcourant les thèmes d'une vie : amour, amitié, famille, richesse, trahison, culpabilité, douleur. Il n'est que trop humain quelque part et la solitude du personnage principal touche. Elle est envoutante, on s'y attache. le lecteur se retrouve mêlé à l'histoire et j'ai senti un sentiment de responsabilité naître au fur et à mesure des pages, accompagné de beaucoup de compassion.

Oh comme j'aurai aimé discuter avec Panaïs Istrati - ou Dragomir - ou Stravo.
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