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Je n'ai pas les mots pour décrire ce livre, pour dire à quel point je l'ai aimé. Je ne sais pas vous expliquer comment il m'a complètement touché, bouleversé, retourné.
Je ne sais pas comment vous convaincre de lire ce livre, mais il faut le lire. Il est juste incroyable, magnifique, poignant. Et surtout il faut tout lire ! Les notes et les explications de l'auteur à la fin sont aussi importantes que le récit en lui-même.
Vous l'aurez compris ce roman a été pour moi une magnifique découverte et un énorme coup de coeur.
Je ne veux pas vous en dire trop sur ce livre, parce que je me suis lancé dedans sans rien en savoir et c'était juste génial.
IL FAUT LIRE CE LIVRE !!!!!!!
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La bibliothécaire d'Auschwitz d'Antonio G.Iturbe
Dita est une des nombreuses victimes du régime nazi. En 1939 les nazis occupent la Tchécoslovaquie et persécutent les juifs. En 1942, Dita qui a alors 13 ans est au ghetto de Theresienstadt. Puis, plus tard avec ses parents à Auschwitz, où son père Dr. Hans Polach décédera le 05 février 1944. Elle sera avec sa mère Liesl envoyée au camp de concentration de Bergen-Belsen. Sa mère le 29 juin 1945, n'y survivra pas succombant à une épidémie de Typhus alors que le camp avait été libéré par l'armée anglaise et que son rapatriement a été retardé de deux mois. C'est son histoire que je vous invite à lire dans ce livre la bibliothécaire d'Auschwitz de G. Iturbe. A quatorze ans dans ce camp de concentration d'Auschwitz, Dita, tente malgré l'horreur de trouver un semblant de normalité. Quand Fredy Hirsch, éducateur juif lui propose de conserver, alors que cela est strictement interdit et condamner de mort, huit précieux volumes que les prisonniers ont réussi à dissimuler aux gardiens. Elle devient ainsi la bibliothécaire d'Auschwitz. Ce livre est un document remarquable sur la survie dans ce camp et un témoignage sur le courage de cette jeune fille qui dans les conditions dantesques ou elle fût immergée, a accompli avec un héroïsme que je vous laisserai découvrir, cette tâche qui parait utopique, celle de permettre à des adultes puis à des enfants d'apprendre aussi bien la géographie que la géométrie les mathématiques et d'entendre via des « livres vivants » l'histoire d'Edmond Dantes d'Alexandre Dumas, entre autres. L'on ne sort pas indemne de ce roman. J'ai encore en tête que lors de l'arrivée des trains en provenance de tous les pays, l'on triait les personnes hommes, femmes enfants, conduisant les uns immédiatement vers les chambres à gaz ou le Zyklon B (produit par le consortium Bayer qui a racheté Mosanto) et les autres vers le tatoueur et les baraquements ou ils étaient entassés, avant qu'ils rejoignent les travaux qui leur étaient assignés. Dans le camp d'Auschwitz un baraquement spécial LE BLOC 31 est un lieu familial mis en place par les SS pour tromper les instances De La Croix rouge, si celles-ci venaient visiter le camp et ainsi leur cacher le fait qu'Auschwitz était un site de génocide. Dans ce bloc 31 dirigé par Freddy Hirsch par petit groupe selon leur âge les enfants recevaient des cours secrets et improvisés, chantaient et comme le disait dans un interview Dita Kraus, « Alors qu'ils avaient faim, aucun des enfants n'est mort de malnutrition en allant à l'école. Ils avaient trouvé un semblant d'oasis ». Dans ce lieu Freddy Hirsch ordonné que les enfants soient lavés. La propreté et l'hygiène étaient essentielles. Freddy Hirsch éducateur sportif est mort à Auschwitz, dans des circonstances troublantes, alors qu'il avait été invité par la Résistance à prendre la tête du soulèvement de ce camp, après avoir appris la mort de milliers de personnes, vous le lirez. Trois mois après cette expérience de bloc familial, et alors que la Croix rouge avait visité un autre camp, tous les enfants ont été chargés dans des camions puis gazés dans la nuit. Les autorités du camp ayant décidé la fermeture immédiate de B31. « Ça valait la peine. Rien n'a été vain. Vous souvenez-vous comment ils riaient ? Vous souvenez-vous à quel point ils avaient les yeux écarquillés lorsqu'ils chantaient « Alouette » ou écoutaient les histoires des livres vivants ? Vous souvenez-vous comment ils sautaient de joie lorsque nous mettions un demi-biscuit dans leurs bols ? Et l'excitation avec laquelle ils préparaient leurs pièces ? Ils étaient heureux… » Je vous parlais des phrases qui resteront dans ma mémoire : « Dans la nuit du 8 mars 1944, 3792 prisonniers en provenance du camp familial BIIb furent gazés puis incinérés dans le crématoire III d'Auschwitz-Birkenau comme tous les six mois, pour faire de la place aux arrivants, ou une sélection mortifère était opérée par le Dr Mengele et les responsables du camp. Dans ce livre la bibliothécaire d'Auschwitz, vous serez en présence de Rudi Rosenberg qui s'est évadé d'Auschwitz et qui s'empressa de rédiger un premier rapport pour les dirigeants juifs de la ville de Zilina pour dire ce qu'il arrivait réellement aux déportés d'Auschwitz et qui n'avait rien à voir avec les mensonges nazis ; d'Elisabeth Volkenrath promue SS-Oberaugseherin ; de Rudolf Höss commandant d'Auschwitz ; de Adolf Eichmann ; de Peter Ginz ; de David Schmulenski chef Polonais de la Résistance à Auschwitz ; Siegfried Lederer camarade d'évasion du caporal-chef SS Viktor Pestek ; d'Hans Schwarzhuber responsable du secteur masculin d'Auschwitz qui reconnu avoir envoyé en chambre à gaz au moins 2400 personnes ; Joseph Mengele le docteur qui pratiquait sur des êtres vivants des opérations sans anesthésie et inoculait des maladies… de Seppl Lichtenstern qui périt lors de la marche de la mort ; de Margit Barnai amie de Dita. A la lecture de ce livre Dita dit à G I buturne car sous sa plume le personnage de Dita apparait comme une héroïne. « Pour moi les héros ne sont pas les individus baraqués des films. Ceux sont eux qui tombent, se relèvent, ceux qui après être tombés cent fois, continuent d'aller de l'avant cent fois. » Je vous invite à découvrir le destin exceptionnel de Dita Kraus qui vit à Netanya en Israël. Bien à vous.
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Depuis sa sortie en poche (en 2021 alors que le livre original en espagnol est sorti en 2012), j'étais tentée par la lecture de ce livre dont je lisais des critiques dithyrambiques. Et puis, je suis tombée sur la publicité de l'autobiographie de Dita Kraus (parue en 2020 pour le titre original et en 2021 pour l'édition française en poche), la bibliothécaire d'Auschwitz dont il est question dans ce roman et j'ai fait le choix de commencer par l'autobiographie avant de lire le roman. Grand mal m'en a pris car, du coup, je n'arrêtais pas de comparer et j'avais le sentiment que le propos de l'auteur (Antonio J. Iturbe) était trop romancé (donc au final entâché d'un manque de crédibilité quand à la réalité des faits) mais aussi que la figure de son personnage principal, ici Dita, était par trop héroïque (et ne correspondait pas de fait à la personnalité plus atténuée que j'avais ressentie à la lecture de son autobiographie).
Bref, si j'ai un conseil à donner, c'est de commencer par le roman pour s'en imprégner totalement et ressentir pleinement ce qu'il y a à ressentir, puis de continuer avec l'autobiographie (dont on verra d'ailleurs qu'il existe très peu de pages relatant le rôle de Dita au sein de la bibliothèque, d'où une réelle frustration).
Il n'en reste pas moins que cette histoire de bibliothèque cachée dans le bloc 31 du "camp des familles" de Birkenau est réelle et confirmée tant par la principale intéressée que par quelques survivants qui ont écrit à ce sujet. Pendant plusieurs années, des centaines d'enfants ont pu y recevoir quelque instruction mais surtout s'ouvrir à des activités ludiques leur permettant de s'évader d'une réalité insupportable. La façon dont les quelques livres disponibles sont protégés est remarquable ainsi que le rôle déterminant des adultes qui en tant que "livres vivants" racontaient aux enfants les histoires qu'ils connaissaient et dont ils gardaient la mémoire vive.
Il n'en reste pas moins que les conditions de survie des détenus de ce camp et les événements qui y sont relatés sont réels et étayés par de nombreux témoignages... Au bémol près que ce "camp des familles" était le moins pire des camps d'Auschwitz puisque devant servir de "vitrine" pour la propagande et pour leurrer les associations caritatives, telle la Croix Rouge internationale sur la réalité de ce qui se passait dans les camps de concentration.
Le dernier tiers de l'ouvrage est particulièrement intéressant. Il montre la débâcle des Allemands et les conditions dans lesquelles les détenus ont été soit exterminés, soit trimbalés d'un camp à l'autre jusqu'à leur libération.
Et puis, les dernières pages se terminent sur l'évocation du devenir de certains personnages-clés du récit (tant du côté allemand que du côté des déportés) ainsi que les contacts qui, depuis 10 ans, se sont établis entre l'auteur et Dita Kraus, toujours vivante.
Et, enfin, j'ai eu la surprise de lire, en fin d'ouvrage, que mon ressenti était finalement le bon puisque l'auteur écrit cela en dernière page :
"Dita se fâche car, sous ma plume, son personnage apparaît comme une héroïne. Pour moi, les héros ne sont pas les individus baraqués des films. Ce sont ceux qui tombent et se relèvent, ceux qui, après être tombés cent fois, continuent d'aller de l'avant une fois. Elle est la plus grande héroïne que j'ai connue."
Et c'est clair que de la savoir encore alerte à plus de quatre-vingt dix ans et oeuvrant toujours pour la transmission de la mémoire, après tout ce qu'elle a vécu, on ne peut que lui tirer notre chapeau.



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Un livre inspiré fortement de la réalité (ne pas oublier de lire la postface). La futilité ce certaines actions, de certains attachement, de certains signes culturels, au final, sont tout sauf futiles, ils sont l'essence même de l'humanité. Tout comme l'est ce brave soldat Svejk.
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Les récits "tirés d'une histoire vraie" sur la Seconde Guerre mondiale en général et l'Holocauste en particulier pullulent. Certains sont médiocres, d'autres un peu meilleurs, quelques-uns sont bons. Plus rares toutefois sont ceux qui peuvent réellement être qualifiés de littérature.

La bibliothécaire d'Auschwitz en fait partie. Car au delà de l'aspect documentaire et témoignage, il s'agit d'un roman extrêmement bien écrit, avec certains passages d'une ironie douce ou d'une poésie désespérée. Antonio Iturbe a su trouver le dosage parfait entre retranscription de faits avérés et extrapolation des pensées et émotions des différents protagonistes. Et il le fait avec un véritable talent de conteur. Il nous emporte dans la vie quotidienne de cette anomalie au sein d'Auschwitz, ce bloc 31 où plusieurs centaines d'enfants se sont vu offrir une illusion de normalité des mois durant, dans une école illicite tenue à bout de bras par quelques adultes passionnés et motivés, conscients de la soif d'apprendre des petits. Évidemment, le couperet finit par tomber, les Nazis ne faisant jamais rien sans bonne raison.

Tout au long du roman, l'auteur sème des messages d'espoir, de résilience, grâce aux livres et aux mondes insoupçonnés dans lesquels ils peuvent nous transporter, quelle que soit la situation. Dita, Fredy et les autres tiennent bon plus grâce aux livres que grâce à ce Dieu dont ils considèrent qu'il les a abandonnés, d'autant plus qu'ils savent que le régime nazi interdit les livres et les craint. Aussi révérés que des ouvrages saints, les pauvres huit livres qui composent en tout et pour tout la bibliothèque du bloc 31 deviennent les symboles d'une forme de rebellion secrète et opiniâtre, malgré leur état de délabrement (une demi-douzaine d'autres ouvrages s'y joignent, mais je vous laisse découvrir par vous-mêmes de quoi il s'agit). Ils deviennent le symbole du refus des déportés de se laisser abattre et dépouiller de leur humanité.

Jamais Iturbe ne tombe dans le piège de l'accumulation de pathos ou d'empilement nauséeux de scènes insupportables. Au contraire, il contrebalance systématiquement les passages les plus durs de petites phrases d'une candeur presque enfantine, qui n'adoucissent pas la cruelle réalité mais qui permettent de continuer la lecture. On se surprend même à sourire à plusieurs reprises de cette forme d'humour très spécifique aux déportés.

Même si le propos arrache le coeur et entortille les tripes, la beauté simple de l'écriture bouleverse pour de bonnes raisons. Iturbe nous narre le destin extraordinaire de personnes ordinaires jetées sans ménagement dans la plus incompréhensible des situations. Qu'il s'agisse des juifs déportés ou des SS (les passages sur Viktor ou la gardienne en chef de Bergen-Belsen prêtent à réflexion). Héros malgré eux ou bourreaux par hasard.

De plus, en cette période inédite que nous vivons, où l'accès à la culture est interdit pour des raisons sanitaires, les mots d'Iturbe, son vibrant plaidoyer pour l'importance des livres et de l'éducation prennent une résonance particulière (toutes proportions gardées, évidemment). Son insistance sur la solidarité et le fait de garder son humanité également.

Comme il l'écrit si justement :

Une personne qui vous attend quelque part est comme une allumette que l'on craque dans un bois au coeur de la nuit. Peut-être qu'elle ne pourra pas éclairer toute l'obscurité, mais elle vous montrera tout de même le chemin pour rentrer à la maison.



La plus belle revanche de ces millions de morts sur la machine de mort allemande n'est-elle pas qu'aient pu d'abord survivre, puis tout simplement vivre, aimer, se retrouver, certains des déportés ? La moindre parcelle de rire, la moindre étincelle de bonheur ou d'amour étaient précieuses et savourées à leur juste valeur. Pendant leur passage en enfer et depuis.

Avec Si c'est un homme de Primo Levi, La bibliothécaire d'Auschwitz est probablement ce que j'ai lu de meilleur sur la vie au quotidien en camp de concentration.


Lien : http://www.phenixweb.info/Bi..
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Peut-être aurez-vous la même réaction que moi en lisant le titre : une bibliothécaire dans un camp de concentration ?

Oui, il y en a bien eu une mais clandestine : Dita, jeune adolescente de 14 ans.

Les nazis avaient installé, à 3 km du camp de concentration principal, un camp familial BIIb dans lequel vivaient des familles juives. Les parents travaillaient, les enfants fréquentaient une sorte d'école, dirigée par un éducateur juif, Fredy Hirsh. Ce camp devait servir de vitrine dans l'hypothèse où des représentants de la Croix Rouge viendraient à Auschwitz. Les nazis pourraient ainsi faire croire que les Juifs étaient bien traités alors que l'extermination battait son plein.

Les livres sont formellement interdits dans le camp, mais Fredy Hirsh a réussi à en faire entrer clandestinement. C'est Dita qui est en charge de les sortir, de les prêter aux professeurs, et de les cacher tous les soirs. Et ce, au péril de sa vie.

En effet, toute personne surprise en possession d'un livre était aussitôt condamnée à mort :

» Ces engins, tellement dangereux que leur possession justifie la peine maximale, ne tirent pas de projectile et ne sont pas non plus des objets pointus coupants ou contondants (…) Mais les nazis les traquent, les chassent et les bannissent d'une façon qui tourne à l'obsession. Au cours de l'Histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu'ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n'importe quelle couleur de peau, qu'ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont très dangereux, ils font réfléchir. »

Dita voue un profond amour aux livres et va prendre grand soin de ceux qui lui sont confiés : » Ce n'était pas une grande bibliothèque. En réalité, elle était constituée de 8 livres, et certains en mauvais état. Mais c'étaient des livres. Dans cet endroit obscur où l'humanité avait atteint sa propre noirceur, la présence de livres était un vestige d'époques moins lugubres, plus douces, où les mots avaient plus de force que les mitraillettes. Un temps révolu. »

Il y a aussi deux ou trois professeurs qui sont classés comme livres vivants car ils sont capables de raconter un roman en entier, notamment « le merveilleux voyage de Nils Andersen » de Selma Lagerloff.

S'il y a des passages terribles dans ce roman, la lecture n'en est ni effrayante ni démoralisante. Au contraire, l'auteur nous fait découvrir le courage de belles et grandes âmes qui avaient à coeur d'instruire et de distraire les enfants, de vivre comme des êtres humains jusqu'au bout.

Tous les personnages ont réellement existé. Dita Kraus est maintenant âgée de 91 ans et vit en Israël. (cf son témoignage ci-dessous).

Pour terminer cette chronique, j'ajouterai que ce roman n'a fait que renforcer ma conviction : les livres sont absolument essentiels!!

https://youtu.be/2JQ-lfHIvnw
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L'athlète le plus fort n'est pas celui qui atteint la ligne d'arrivée avant les autres. Ça, c'est le plus rapide. le plus fort, c'est celui qui se relève chaque fois qu‘il tombe. Celui qui ne s'arrête pas quand il sent une douleur au côté. Celui qui n'abandonne pas quand il voit que la ligne d'arrivée est encore très loin. Quand ce coureur-là atteint la ligne d'arrivée, même s'il arrive le dernier, il a gagné. Parfois, vous avez beau le vouloir, il n'est pas entre vos mains d'être le plus rapide, parce que vos jambes ne sont pas aussi longues qu'il le faudrait ou parce que vos poumons sont trop étroits. Mais vous pouvez toujours choisir d'être le plus fort. Cela ne dépend que de vous, de votre volonté et de vos efforts. Je ne vais pas vous demander d'être les plus rapide, mais je vais exiger de vous que vous soyez les plus forts.
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La bibliothécaire d'Auschwitz - Antonio Iturbe

Première lecture de mes vacances, ce roman espagnol, paru originalement en 2012, nous plonge dans le camp d'Auschwitz, sur les pas de Dita. Dita est une jeune fille juive et a été deportée avec ses parents de camp en camp. de Terezin, elle arrive à Auschwitz où le bloc 31 sert d'école clandestine. Ce bloc est toléré par les geôliers allemands car il permet aux parents de travailler pendant que leurs enfants sont gardés. Il permet aussi et surtout de préparer une visite éventuelle de la Croix Rouge qui pourrait ainsi vérifier le traitement tout à fait « correct » des prisonniers du camp. Dita est la bibliothécaire chargée de cacher, de réparer, de donner aux professeurs les 8 livres qui ont atterri par chance ici. Elle devra tout faire pour mener à bien cette mission, échapper à Mengele par exemple, aux kapos, à la maladie et à la folie.
Le sujet est bien entendu extrêmement poignant et j'ai aimé suivre cette jeune héroïne dans son parcours. Il est impossible de décrire ici en quelques lignes les conditions de vie des déportés et la nausée qui ne vous quitte pas à la lecture. Il est des moments de grâce néanmoins lorsque Dita s'évade grâce à l'atlas ou permet à une classe entière de rire franchement à la lecture des «Aventures du brave soldat Švejk » de l'écrivain tchèque Jaroslav Hašek (je ne dévoile pas les autres livres ici, je vous laisse le découvrir).
J'ai malgré tout été un peu déçue par l'écriture et par la construction du livre. Je recommande tout de même, ne serait-ce que pour la découverte de cette histoire, tellement incroyable qu'elle est vraie.
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Ce livre est bouleversant, déchirant, poignant et on aurait aimé que cet épisode glaçant de l'histoire n'ait jamais eu lieu, mais je ne veux retenir qu'une chose de ce livre, la force de cette jeune fille.
Cette volonté de protéger les livres, cette mission
qu'elle s'est imposée, cette rage de sortir de ce cauchemar font de Dita une héroïne qu'on ne peut qu'admirer. Comme quoi, la lumière est toujours quelque part !
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C'est en lisant l'adaptation graphique de Salva Rubio et Loreto Aroca que j'ai éprouvé le besoin d'en savoir plus sur le "camp familial" d'Auschwitz-Birkenau. La BD, assez elliptique, soulevait de nombreuses questions que son traitement prioritairement destiné à la jeunesse laissait en suspens : des déportés autorisés à garder leurs vêtements et leurs cheveux ? Une école secrète à Auschwitz ? Des livres, du papier, des crayons ? le docteur Mengele venant inspecter le baraquement des enfants ? Des SS applaudissant après avoir écouté des enfants juifs entonner un chant ? Des enfants, vivants, à Auschwitz ?

Le récit d'Antonio G. Iturbe est remarquablement précis et documenté. Il décrit dans sa première partie le quotidien du camp, mais aussi et surtout celui de l'école secrète, sa mise en place, son fonctionnement, ainsi que le travail de Dita Kraus, chargée d'entretenir, de protéger, de soigner avec amour les huit livres de la minuscule bibliothèque clandestine et de les mettre à disposition des enseignants tout en les dissimulant aux SS. On respire, durant la lecture de cette première partie, au rythme des émotions de Dita, qui parvient par intermittence à s'évader de la dure réalité du camp : son imagination nous propulse régulièrement dans les souvenirs de sa vie d'avant et la lecture lui permet d'accéder à un autre monde. Aux côtés de Dita, nous apprécions de conserver un peu d'humanité dans un lieu aussi inhumain.

Mais les évènements du 8 mars 1944 orientent la seconde partie du récit vers davantage de noirceur. On suit alors avec intérêt la trajectoire d'autres personnages, qui ont tous réellement existé. Les faits sont réels mais les fils de la fiction font s'entrecroiser leurs dramatiques destins. La minuscule flamme de l'espoir, vacillante, se maintient tant bien que mal jusqu'à la dernière partie, à Bergen-Belsen, où les ténèbres s'épaississent jusqu'à devenir irrespirables.

"- Moi, je viens d'Auschwitz. Rien ne peut être pire.
Les autres ne disent rien. Elles n'en sont pas convaincues. Elles se montrent réticentes face à un tel raisonnement logique. Elles ont découvert ces dernières années que l'horreur n'avait pas de fond. (...) Elles se méfient. Mais le plus terrible, c'est qu'elles vont avoir raison."

On ressort bouleversés, secoués par cette lecture. La plume d'Antonio G. Iturbe n'y est pas étrangère : la consistance des personnages, l'agencement efficace du récit, la fluidité de l'écriture, rythmée, tendue, travaillée, donnent à la vérité documentaire du récit une force extraordinaire.

Les dernières pages achèvent d'étoffer l'ouvrage en relatant quelques entrevues de l'auteur avec Dita Kraus, actuellement âgée de 94 ans. Merci à Antonio G. Iturbe de m'avoir permis de faire ainsi connaissance avec l'une des dernières survivantes d'Auschwitz.
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