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EAN : 9782866810931
Editions Les Deux Océans (01/10/2001)
5/5   4 notes
Résumé :
Toshihiko Izutsu présente non seulement la structure de base de la mystique islamique par l'analyse de ses deux concepts clefs à travers Ibn Arabi et Ayn al-Quzat Hamadani mais fonde une métaphilosophie en établissant des points de comparaison entre l'Advaïta-Vedanta, le Taoïsme, le Bouddhisme Zen.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le monde phénoménal est le monde de la Multiplicité. Bien qu'en définitive la Multiplicité ne soit rien d'autre que la Réalité absolue elle-même dans son aspect épiphanique, celui qui ne connaît la Réalité que sous la forme de la Multiplicité ne connaît la Réalité qu'à travers ses formes diversement articulées et n'arrive pas à percevoir l'Unicité.

L'expérience directe de la Réalité à travers la « réalisation de soi » consiste précisément à connaître directement la Réalité absolue dans l'« état qui précède celui où elle est articulée en différentes choses ». Pour voir la Réalité dans son indétermination absolue, l'ego doit aussi dépasser sa propre détermination essentielle.

Il est ainsi certain qu'il y a un aspect humain dans l'expérience du fanâ', dans la mesure où celle-ci implique un effort conscient de la part de l'homme qui veut se purifier de toutes les activités de l'ego.

Abd al-Rahman Jâmî, célèbre poète iranien du XV siècle, dit : « Éloigne-toi de ton propre ego et libère ton esprit de la vision des autres », le mot « autres » signifiant ici tout ce qui est autre que la Réalité absolue.

Les efforts que l'homme fait pour atteindre le fanâ sont désignés par le terme technique de tawhîd, qui signifie littéralement « ramener le multiple à l'un » ou « unification », c'est-à-dire une concentration absolue de l'esprit en profonde méditation.

Comme Jâmî l'explique, cela veut dire que l'homme purifie son esprit (takhlîs) de tout rapport avec quoi que ce soit d'autre que la Réalité absolue, soit en tant qu'objet de désir et de volonté, soit en tant qu'objet de savoir et de cognition.

En sorte qu'à la fin même la conscience de son propre fanâ' disparaît de la conscience.
(...)
Le fanâ' en tant qu'expérience humaine est l'expérience que fait l'homme de l’extinction totale de son propre ego et en conséquence de toutes les choses liées à l'ego comme objets de cognition et de volition.

On peut rapprocher cette expérience de celle que les Bouddhistes zen appellent « l'esprit-et-corps-en-chute » (shin jin datsu raku), c'est-à-dire l'unité composée « esprit-et-corps », qui n'est autre que l'ego où le soi perd la solidité apparente de son fondement et disparaît dans l'abîme du néant métaphysico-épistémologique.

Cependant, pas plus dans le Bouddhisme zen qu'en Islam, cet état ne représente le sommet ultime de l'expérience mystique.

Après être passé par cette étape cruciale, le philosophe est censé s'élever encore d'un degré, que le zen appelle « l'esprit-et-corps-tombés » (datsu raku shin jin) et l'Islam l'expérience du baqâ' ou la « subsistance », c'est-à-dire la permanence éternelle dans et avec la Réalité absolue.
(...)
L'homme est extérieurement toujours le même homme, mais c'est un homme qui a transcendé sa propre détermination. Il reprend sa conscience normale quotidienne et, de même, le monde phénoménal quotidien de la multiplicité recommence à se dérouler devant ses yeux.

Cependant, puisqu'il a déjà rejeté sa propre détermination, le monde de la multiplicité qu'il perçoit est également au-delà de toutes les déterminations.

On peut comparer cette nouvelle vision du monde à la vision du monde que pourrait avoir une goutte d'eau si tout à coup elle pouvait prendre conscience qu'avoir été une goutte d'eau indépendante n'était qu'une pseudo-détermination dont elle s'était revêtue, et qu'elle n'avait jamais été rien d'autre que l'océan illimité.

De la même façon, le philosophe qui a atteint l'état de baqâ' se voit lui et toutes les choses qui l'entourent comme autant de déterminations de la seule et unique Réalité. Le monde agité du devenir se transforme sous son regard en une multitude de formes différentes. (pp. 20-23)
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Ainsi, en employant toujours la même terminologie philosophique, Ibn 'Arabî donne la réponse suivante à cette question : les « accidents » (tables, fleurs, leurs formes et leurs couleurs) sont tous des accidents de la Substance ultime, qui seule trouve en elle-même sa propre subsistance et qui n'est autre que l'Absolu.

Tout ce qui existe dans le monde, que ce soit ce qu'on appelle substance ou ce qu'on nomme accident, est en réalité un accident qui apparaît et disparaît sur la surface de la Substance ultime, tout comme des bulles innombrables sur la surface de l'eau.

Elles sont toutes des « accidents » parce que même les choses que les philosophes reconnaissent comme substances, pour les distinguer des accidents, ne sont dans l'optique d'Ibn 'Arabî simplement que des déterminations spécifiques de la Substance ultime.

Ainsi Ibn 'Arabî conclut : Inna al-'âlam kulla*hu majmû a'râd, « Le monde dans sa totalité est un tout composé d'accidents ». (p. 118)
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