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3,45

sur 313 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu fin janvier 2018-----

"Nos vacances n'avaient aucun nom, aucune justification, elles ne correspondaient à rien de connu. Cette manie ambulatoire était suspecte. Elle inquiétait les conformistes de masse par son côté excentrique ; elle paraissait grossière et rebutante aux enfants de l'élite. Nous bougions
tout le temps, nous étions des SDF de l'été. Instables. Nomades. Nous avions des choses en commun avec les gens du voyage. Bref, quelque chose ne tournait pas rond dans ma famille."

De prime abord... ce récit n'était pas spécialement dans mes centres d'attraction !!
Je n'ai jamais eu la moindre attirance ni pour le camping ni pour le
camping-car ...mais ce texte personnel avait le mérite double d'offrir les
souvenirs "croquinolesques" de la jeunesse de l'auteur , tout en analysant
un phénomène socio-culturel de sa jeunesse...dans les années 80 !

A travers une période et un pays donnés (La France) , on aborde à la
fois les souvenirs d'adolescence, les rapports familiaux de l'écrivain,
accompagné du regard contrasté, perplexe de ses camarades de classe,
qui ressentent autant de fascination qu'une certaine condescendance,
envers ses échappées estivales en camping-car, de leur copain ...!!

Par contre pour le père de Ivan Jablonka, comme pour le fils...ces voyages
en camping-car étaient une vraie philosophie de vie ainsi qu'une façon
des plus amusantes de se cultiver , tout autant qu'un fort désir paternel
de rendre heureux ses fils...!!:

"Mon père n'était pas un "baba-cool cradoque", mais il acceptait, il voulait que ses enfants dorment sous une tente, mangent par terre, courent dépenaillés sur les dunes, pissent dehors, se lavent un jour sur trois, ignorent les conventions, oublient d'être déférents avec leurs parents. Il professait qu'un enfant n'a pas à respecter son père et, d'ailleurs, le fait de voyager, d'être quotidiennement dépaysé, était un défi à toute autorité. Lui qui avait grandi sans père, il avait choisi de garder le meilleur de la
paternité. "(p. 116)


"Grâce au camping-car, j'ai pu découvrir le monde, la lecture, mais aussi l'histoire, c'est-à-dire le raisonnement historique : étonnement, question, collecte, expériences, déplacements, rencontres, écriture. L'histoire de notre enfance, mais aussi celle de nos étés, avec sa morale d'oisiveté, sa révocation des emplois du temps, sa dynamique des corps offerts à la nature. Une histoire à pleins poumons; des sciences sociales ressourcées au contact d'Hérodote. Et cela, ce n'est certainement pas en khâgne qu'on l'apprend. "(p. 147)

Lorsque je regarde plus avant les autres écrits de cet historien-sociologue- éditeur, ces échappées nomades familiales ont dû être un terreau infini d'observations et d'apprentissages... qui , sans doute, préparaient, alimentaient les curiosités présentes et à venir de l'observateur et "futur chercheur" !!

© Soazic Boucard- Janvier 2019
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« Ce livre est né de la confrontation de deux événements qui se sont produits à 40 ans d'intervalle: la guerre et mes vacances. » Dans ce court essai, qui se présente comme le souvenir émerveillé des vacances en camping-car de l'auteur, Jablonka prétend réfléchir à l'influence que ces vacances ont eu sur la construction de sa personnalité mais surtout à ce qu'elles révèlent de son époque. Enfant de survivant, il intitule son premier chapitre « Soyez heureux! », « Soyez heureux! » comme le cri de guerre du père pour qui les Nazis ont forcément gagné s'il a l'impression que ses enfants s'ennuient. C'est aussi la Shoah, pense-t-il, qui explique le choix du combi Volkswagen dans lequel ses parents lui firent découvrir le monde: un camping-car pour être toujours en route (car l'expérience a prouvé qu'un Juif qui s'avise de ne plus être errant finit toujours débusqué par les Barbares), et de marque Volkswagen car comment résister à la rationalité allemande dès lors qu'elle optimise les rangements plutôt que la solution finale?
Jablonka est aussi un enfant des Trente Glorieuses et je trouve très jolie son analyse des vacances de riches qui jouent aux pauvres que furent ses pérégrinations minimalistes dans toute l'Europe et au-delà: assez aristocratiques pour être associées au « grand tour » des fils de bonne famille du XIX° siècle mais assez bohèmes pour susciter le mépris des bourgeois fidèles à leur résidence secondaire, elles permirent aux enfants de prolos de rester fidèles à leurs origines et de bénéficier de l'ascenseur social sans se sentir transfuges de classe.
Alors sans doute ce livre plaira-t-il surtout à ceux dont l'enfance s'est déroulée au XX° siècle, dont l'enfance, par conséquent, n'est que pure négativité puisque « caractérisée par l'absence d'objets qui nous sont devenus indispensables: pas d'ordinateur, pas d'imprimante, pas d'Internet ni de mail, pas d'appareil photo numérique ni de téléphone portable, pas de compte Facebook pour poster en temps réel ses photos de vacances, pas de hashtag #VanLife pour dire sur Instagram la jubilation de la vie en camping-car, pas de siège-auto pour les enfants, pas d'airbags, pas de freinage ABS ni de guidage GPS. »
… Donc à tous ceux qui ont déjà monté une tente canadienne, pissé dans les bois, lu à la lampe de poche, joué aux cow-boys et aux Indiens et pris des douches exclusivement à l'eau froide pendant leurs vacances.
… Et finalement à tous ceux qui ne voudraient pour rien au monde passer pour d'affreux réactionnaires nostalgiques et qui remercient infiniment M. Jablonka d'avoir fourni la caution intellectuelle de cette délectable madeleine.
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Sans doute influencé par la couverture, en ouvrant ce livre je m'attendais à trouver une ribambelle de références aux plaisirs modestes du camping-car et que ça.

J'étais loin du compte.

Ivan Jablonka, que je découvre ici, avec son style clair et sincère, donc agréable, nous évoque bien l'histoire du camping-car, ce paradoxe ambulant, à la fois bourgeois à cause de son prix et bohème à cause du mode de vie qu'il nécessite ; Bobo en somme.
Il évoque aussi ces plaisirs uniques: liberté, spots, proximité de la nature, oubli des contraintes, suspension du temps, éloge de la parcimonie

Mais « En camping-car » est surtout un ouvrage à tiroirs et nous plongeons dans une introspection, une autobiographie, une quête du père, une sorte de thérapie sans pathos profond, une compréhension chargée de doux reproches et, finalement, un remerciement énorme à ses parents de lui avoir donné une enfance heureuse en partie faite de quelques semaines de vacances en camping-car qui comblaient la rigueur du reste de l'année.

J'ai été très sensible à cette liberté qui inonde l'enfance d'Ivan.
« Ma liberté n'était pas licence, anarchie, dissidence, fugue, mutinerie, impulsion, arbitraire, caprice, paresse, ni même intelligence, car mon esprit, lent à la compréhension, peinait déjà à se mouvoir ; j'avais si bien intégré les règles qu'elles pouvaient être suspendues sans que je songe à les transgresser. Non, la liberté que le camping-car a engendré état plutôt émerveillement, disponibilité, allergie à toute forme de servitude et de fixité – une sorte de dérive insouciante ».

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Les vacances de globetrotteurs.

Faut-il avoir connu ces transhumances estivales pour se projeter dans les souvenirs de Ivan Jablonka? Je suppose que ça aide, même si pour moi, elles étaient plutôt «toile de tente, piquets et sardines».

J'ai donc lu amusée et un brin nostalgique, retrouvant ces sensations grisantes de découvertes et de liberté. Il est pourtant une blague familiale régulièrement évoquée concernant mon antipathie solide envers les camping-cars (pour des raisons qui n'ont pas d'intérêt ici). Quand mon entourage m'a vue plongée dans ce livre pour un jury, l'incompréhension a été goguenarde.

Le concept des vacances de l'auteur est teinté de contre-culture, de bonheur populaire, écolo avant l'heure. On est naturiste, on cherche les endroits cachés et sans tourisme, on apprend sur tout en s'amusant d'un rien. On vit serrés et en communauté dans des combis Volkswagen, véhicule emblématique, baba cool et farfelu, métaphore d'une maison qu'on transporte avec soi, tel le Juif Errant.

C'est toute une époque qui se dessine où l'autonomie estivale devient possible, Guide du Routard en poche, alliant découvertes géographiques et historiques, esprit sain dans un corps sain, et des figures parentales jeunes, sportifs et dynamiques comme des grands adolescents, aux valeurs «socle» pour l'adulte en devenir.

« Soyez Heureux »! Étonnant commandement d'un père, qui indique la voie vers l'essentiel.

Sympathique lecture, cette chronique familiale teintée de philosophie et d'histoire sociale.
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Durant une dizaine d'années, j'ai été adepte du camping-car. Mon père avait eu la lubie d'en acheter un à la soixantaine et nous en avons largement profité avant qu'il ne se décide à le revendre.
Aussi ce récit empreint d'une certaine nostalgie m'a beaucoup parlé et m'a remémoré les souvenirs de nos voyages avec nos enfants et l'un ou l'autre de leurs copains comme la fois où les petits faisaient des parties endiablées de Uno alors que nous faisions une halte à Avignon.
- « Allez, les enfants, préparez-vous, on va visiter le Palais des Papes ».
- « ça pue le Palais des papes ».
Et ils sont restés dans le camping-car à jouer aux cartes !

Ivan Jablonca décrit bien cette ambiance particulière où se mêlent simplicité, liberté et relation à la nature, dans la lignée de la contre-culture post-soixantehuitarde quand d'autres y voient un marché, une mode, une nouvelle forme d'asservissement de bobos friqués ou de retraités pantouflards qui sortent la parabole, les boules de pétanque et déplient les fauteuils en arrivant sur le spot.

Le combi VW de la famille Jablonka a parcouru l'Europe et l'on voit à quel point cela fut important pour l'auteur dans sa construction et dans son ouverture au monde. L'enfant qu'il était consignait ses expériences dans des carnets de voyage dont il se sert abondamment dans cet essai. Il y associe des réflexions philosophique, politiques ou sociologiques qui permettent de nourrir notre propre réflexion sur ce phénomène de société.

« Ce mélange de luxe et de populaire, ces vacances entre confort et aventure, loin d'une propriété qu'on n'a pas, mais dont on ne voudrait pas de toute façon, convenaient bien au couple d'origine modeste à trajectoire sociale ascendante que formaient mes parents ».

Lecture intéressante.

Challenge Multi-Défis 2023
Challenge Riquiqui 2023.
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On se prend à envier cet Européen pour qui les plus grandes oeuvres d'art de l'Antiquité et leur charge culturelle sont à un jet de pierre de sa résidence à Paris.
Ivan Jablonka, historien, ne nous sert pas un ouvrage banal sur des périples touristiques de masse mais une analyse sociologique et familiale de ses vacances estivales avec sa famille, sur les routes des plus beaux endroits du continent européen, à une époque, hélas révolue, où le camping sauvage était permis et toléré.
Parsemé de références historiques et d'anecdotes personnelles reliées au voyage, ce récit n'exsude pas de nostalgie mais plutôt la pleine conscience d'un homme qui ignorait être heureux et libre lorsque, enfant, il se promenait en sécurité dans le camping-car familial. J'ai bien aimé!
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Avec une famille adepte du camping-car, Ivan Jablonka a connu des « road trip » proches de la nature./en osmose avec la nature.
Après avoir brossé un bref portrait de ses parents, l'auteur revisite les vacances estivales de son enfance tout en portant, avec le recul, un regard de sociologue sur ce mode de vie. Récit irrigué par le journal qu'il tenait,des photos, mais aussi par les réminiscences de leurs compagnons de route.

L'écrivain voyageur commence par nous faire visiter tous les recoins de ce nouveau combi avant de nous embarquer sur les routes d'Europe et des États-Unis. Habitée par un esprit communautaire , sa famille part toujours avec d'autres couples avec enfants. Parmi eux, un expert «  ès spots » qui sait débusquer le coin idyllique, sauvage, «  hors des sentiers battus ».

Il fait défiler ses souvenirs , s'étonnant du vide avant sa sixième année.
Pour garder des traces de ses périples, il a pris goût à réaliser des « scrapbooks » de voyage où il thésaurise tout ce qu'il collecte ( tessons d'amphores). Comme Jean Chalon , il ramasse des écorces d'arbres.
Le romancier détaille leur quotidien : les mères ne sont pas exemptées des «  tâches ancillaires », les hommes à la vaisselle, et la liberté totale pour les kids qui ne manquent pas d'imagination pour inventer des jeux, des mots.
Le mode d'ordre du père ? «  Soyez heureux ». Ce qui n'empêche pas «  petit Ivan » de «  mougliter » ( s 'ennuyer), de renoncer à des visites.

Ivan Jablonka nous frustre quand , par exemple, il évoque la traversée de la Grèce, car aucune couleur locale nous parvient. Par contre en « gamin-Poséidon », il nous immerge dans le monde sous-marin, nous fait partager leurs jeux aquatiques. Toutefois, sa mère l'a initié à la culture grecque,aux légendes et le chapitre consacré au voyage dans l'Antiquité suscite l'intérêt.

L'auteur convoque un chapelet de faits marquants : en Sicile, l'ascension de l'Etna.En Turquie, une séance au hammam. Il se souvient comme Perec de toutes les sources d'émerveillement qui ont contribué à son épanouissement.
D'aucuns peuvent envier cette liberté de stationner où l'on souhaite maintenant que la réglementation en vigueur en France est tout autre. Et de déplorer,avec nostalgie, les plages privées, les interdictions .

L'historien brosse une fresque de l'époque, encore habitée par le courant hippie et décline la genèse de cet engouement pour le combi, ajoute des informations sur l'usine Volkswagen, en pleine expansion, boostée par les ventes.
Cette rétrospective de ses étés baignés de lumière met en évidence le bagage culturel que l'écrivain a engrangé, le réconciliant avec l'étude du grec que sa mère lui a imposé en 4ème. Il rend hommage à ses parents, rappelant leur « background » : «  l'humanité blessée » pour son père, « les humanités triomphantes » pour sa mère. N'est-il pas devenu un « European gentleman » ?
C'est pétri de gratitude, pour lui avoir offert ces « bourlingages » initiatiques, qu'il analyse avec acuité comment cette école de vie l' a forgé, lui a ouvert l'horizon, lui a permis de résister aux attaques des camarades.

Ivan Jablonka signe une ode à la liberté, une odyssée ensoleillée. Ce voyage
immobile pour le lecteur, à bord du « bus » est enrichissant pour le lecteur sédentaire, et réveillera chez le globe trotter l'envie de prendre la route sur les traces de l'auteur, d'y débusquer «  des spots » ! ( mot dont il fait un emploi abusif!). Une carte insérée dans le livre aurait été bienvenue.

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L'auteur raconte ses vacances en camping-car avec ses parents et des amis. Il fait une sorte d'histoire sociale de ce moyen de transport et même une socio-histoire de son enfance. C'était un style de vie, par toujours bien compris par les autres. Une famille récemment montée dans l'échelle sociale, le père d'Ivan étant ingénieur et sa mère professeur de lettres classiques. C'était donc une famille à la fois bourgeoise par sa vision du monde, mais encore très prolétaire dans son comportement. Dès lors, c'est un livre qui me paraît aussi particulier que le phénomène social décrit.

Ivan Jablonka est actuellement un historien dont j'apprécie les travaux. Il a une écriture très différente de celle habituelle en sciences humaines. Il a un style littéraire, avec un sérieux très universitaire. Son ouvrage sur L'histoire est une littérature contemporaine (Seuil, 2014, et en poche aux éditions Points, 2017) fut un livre très rafraîchissant. Il y aborde la question de la relation entre histoire et littérature. Il y a un style universitaire de base : des phrases courtes, un mélange subtil de mots simples et compliqués, une sorte de "froideur" (je n'ai pas d'autres mots pour décrire mon impression).

Ivan Jablonka a un style très plaisant, qui change. Dans En camping-car, il écrit à la première personne, s'intègre dans le récit, tout en proposant une analyse socio-historique très intéressante. Par exemple, pourquoi un ingénieur français qui a travaillé aux Etats-Unis, dont les parents ont été déportés et assassinés par les nazis, a-t-il choisi comme camping-car un combi Volkswagen, marque de Ferdinand Porsche (qui a collaboré activement avec Hitler) ? Ce récit s'intéresse donc à la signification de tel ou tel comportement dans une histoire familiale. Il aborde aussi la question du temps qui passe et des sources. Car il s'appuie à la fois sur ses carnets de voyage de l'époque et sur les témoignages de son père et amis. En cela, c'est un récit qui peut intéresser le sociologue ou l'historien.

Jablonka remet sa propre enfance dans le contexte des années 70 et 80, en s'appuyant sur les sources qu'il a conservé et sur les témoignages des proches, tout en se racontant lui-même. C'est une forme d'autobiographie que je trouve très originale, car Jablonka écrit à la première personne - ce qui donne au récit un côté très personnel - tout en se détachant de son objet en essayant de l'analyser avec le regard de l'enfant devenu adulte et, surtout, devenu parent à son tour. Il ajoute la touche de l'historien, et cela donne à ce texte un réel charme.

La particularité de ce récit - pour moi du moins - m'empêche de le résumer et de l'analyser correctement. Sa lecture est toute fraîche dans mon esprit. Je crois que c'est un livre à lire tout simplement. Dès lors, je suis vraiment désolé. Si ce résumé n'est pas très clair, ni très avenant, c'est que j'aurais raté mon objectif : vous inciter à le lire car il est bien écrit, agréable et instructif.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Je déteste les camping-cars, ils se trouvent toujours devant moi sur une route de Lozère ou d'ailleurs et roulent à 30 à l'heure dans le meilleur des cas quand ce n'est pas 10 quand Christian a vu un beau paysage et qu'il veut que Françoise en profite aussi... Donc, à priori, le titre de cet ouvrage n'était pas pour moi... Et pourtant...
Ivan Jablonka évoque ses vacances avec ses parents et des amis à eux durant les années 80. Embarqués dans des combis Volkswagen, ils ont sillonné divers pays méditerranéens, alliant culture et liberté.
Ce qui peut apparaître comme juste un récit de souvenirs d'enfance dans un milieu relativement privilégié ( mère prof d'histoire, père ingénieur ), ce qu'il est bien sûr, devient en fait sous la plume de l'auteur une introspection intime sur ses rapports avec son père mais aussi une étude autant sociologique qu'historique sur les vacances en général et cette décennie, la dernière, qui permettait encore de vivre un semblant de liberté lorsque l'été fut venu.
Dans un langage simple et direct, Ivan Jablonka nous ouvre autant les portes coulissantes du combi que celles de sa mémoire, un intime, qui au fur et à mesure des pages, va tendre vers l'universel. le lecteur gambade avec lui sur les rochers ou dans la mer mais regarde et essaie aussi de comprendre ce père qui veut à tout prix que ses enfants soient heureux. Abordant un récit de l'intime par le biais des vacances et d'un moyen de transport qui à l'époque signifiait "liberté", pas loin dans le regard, par cette descente au plus profond de lui-même d'une Annie Ernaux, " En camping-car " devient une lettre d'amour à son père, un hymne nostalgique à une époque révolue, la parfaite photographie d'un type de vacances à jamais perdu.
On oscille constamment entre le prosaïque et l'analyse, entre la mer, le vent, la route et la précision sociologique. Ivan Jablonka caresse la partie intelligente du lecteur, lui donnant autant à comprendre qu'à réfléchir mais il ne laisse pas de côté la partie sensible, qui vibrera indubitablement devant les paragraphes consacrés à cet amour paternel. ( " J'ai eu l'enfance que mon père a voulue pour moi, ..., j'ai été heureux à travers le bonheur qu'il m'organisait, si bien qu'à la fin je ne sais plus qui, de nous deux, a vécu mon enfance. " )
Ni roman, ni réelle autobiographie, "En camping-car" gambade sereinement dans les terrains joyeux de l'enfance et des vacances inorganisées. Il sent bon la liberté, l'intelligence et la tendresse, trois valeurs essentielles dans lesquelles on plongera avec autant de plaisir que dans une mer bleu-électrique chauffée par le soleil
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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J'aime bien Ivan Jablonka. Déjà il a mon âge (si si, ça compte !), et puis un homme qui se questionne sur sa masculinité et la place qu'elle lui apporte dans notre société, ça me parle aussi.
Cette fois-ci Ivan nous plonge dans ses souvenirs personnels avec « En camping-car », sorti en 2018. Il nous raconte ses vacances magiques passées avec ses parents, sa frangine et des amis aux quatre coins de l'Europe, dans ce fameux combi Wolfwagen si emblématique. Il nous décrit ainsi chacun de ces voyages et les souvenirs qu'il en a gardés, en les mettant ensuite en parallèle avec sa vie actuelle et son analyse de petit-fils de déportés. C'est en fait un élément capital dans sa construction d'adulte, qui a même influencé les vacances dont il a bénéficié et forcément la personne qu'il est devenu.
J'ai beaucoup aimé, déjà parce que c'est autobiographique, et puis aussi parce que ce livre m'a fait voyager, tout en me faisant réfléchir : cette époque je l'ai moi aussi vécue au même âge, je peux donc confronter son ressenti avec le mien. Bref, très chouette.
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