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sur 311 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Abonnée aux Cox (dont un cabriolet décapotable rouge tomate,  vraiment collector, dont je me suis séparée avec larmes, malgré ses trous au plancher qui faisaient défiler la route plus vite!) , je n'ai jamais connu le plaisir du camping car VW, ce Combi  de légende,  même  si nous en rêvions tous les 5...Un de mes fils a réussi à  concrétiser, à moitié, ce fantasme collectif et familial : un "camion"  est bien sa coquille d'escargot ...mais ce n'est pas le fameux Combi, qui malheureusement n'est plus fabriqué. ..

Alors quand j'ai vu qu'Ivan Jablonka (dont j'avais tant aimé Laetitia et Histoire des grands parents que je n'ai pas eus) avait écrit un livre sur le fameux véhicule, je me suis doutée que ce serait beaucoup plus qu'un bouquin de plus sur un vroum vroum légendaire. ..

La démarche est tout à fait originale et comme toujours chez Jablonka, beaucoup plus complexe, polyphonique,  qu'elle n'en a l'air.

Tout à la fois,

- c'est une sociologie des vacances itinérantes et familiales du début des années 80 jusqu'à la chute du mur;

- un récit d'enfance, une sorte d'autobiographique, de bildungsroman motorisé  dont le voyage et les vacances seraient le mode d'initiation, le médium privilégié;  

- un petit vademecum de la pédagogie active à l'honneur dans les années d'après- guerre, un manifeste pour le droit des enfants à la liberté et au bonheur, le droit à la pause, en dehors de l'école - les vacances itinérantes étant la façon la plus libre, la plus ouverte et la plus parlante d'appréhender la connaissance du monde.
 
- une recherche historique sur la résilience de monsieur  Jablonka- père , un enfant-Shoah, devenu père et  souhaitant transmettre à ses enfants l'originalité douloureuse de ses racines tout en leur permettant, sans trahir leur culture, leur origine, leurs valeurs,  d'être plus heureux que lui, mieux intégrés dans un futur espéré fraternel.

"Soyez heureux!" C'est sur cette injonction  paradoxale,  ce double bind, qui est aussi un cri de colère du père que s'ouvre l'itinéraire de l'enfant Combi . C'est sur elle aussi que se clôt le livre.

Le devoir d'être heureux dépend du  bon usage du voyage (et de celui de son tapis volant mythique,  le Combi) .

Un bonheur à la marge, vadrouilleur, baguenaudant entre culture et nature, un bonheur de tribu- les parents, les potes des parents,  la bande des gosses - , un bonheur d'aventure, de rencontres, d'improvisation, de découvertes.

Le contraire d'un bonheur organisé, balisé, sécurisé, planifié.  Comme les vacances du même tonneau.

Et ce bonheur-là , pas chiche, le livre le dispense généreusement,  à  pleines bouffées.

En ces temps de masques, de gel hydroalcoolique, de "gestes barrières" et de "distanciation sociale", il nous rappelle  notre fraternelle humanité,  pas si loin, pas si caduque, et c'est un bonheur qui fait même un peu mal...
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parfois, les titres des romans sont trompeurs. Avec En camping car, on n'est pas pris en traitre. L'auteur revient sur sa jeunesse et notamment ses vacances en...camping car.
Alors , comme ça , ça ne vend que moyennement du rêve. Et j'avoue que les premières pages ne m'ont pas envouté. Et puis....

Et puis , l'auteur sort sa plus belle plume , et philosophe autour des combis , des spots, de la liberté , de la famille, des amis . Et c'est rudement bien fait, ramenant chacun à l'expérience personnelle de sa jeunesse.
L'auteur nous vend du rêve avec ses traversées d'Europe où la naturisme côtoie l'antiquité , les barbecues succèdent aux longues routes désertes surchauffées. C'est une autre époque , celle d'une liberté accessible et non réprimée,mais aussi du 'communisme dans ce qu'il avait de meilleur" et la nostalgie de ces moments à jamais perdus affleure à chaque page.
Alors , au delà de cette biographie qui a du émouvoir intensément tous les protagonistes , il y a ces réflexions autour du mythe et de la symbolique du combi VW et de tout ce que représente ce véhicule.
La marque d'une époque d'insouciance que les parents d'Ivan ont magnifié pour apporter à leurs enfants le plus beau des cadeaux, le bonheur.

Une très belle lecture qui monte en puissance au fil des pages.
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Entre 1982 et 1988, la famille d'Ivan Jablonka a exploré l'Europe du Sud, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à bord d'un camping-car, un combi Volkswagen Transporter T3 Joker Westfalia de couleur beige durant leurs vacances d'été.
Sept étés merveilleux à une époque où il n'y avait pas Internet, les téléphones portables, les Nintendos ou autres écrans pour captiver les enfants au détriment du paysage. Sept étés merveilleux où l'auteur a connu la liberté de s'arrêter où bon leur semblait, d'organiser leurs journées comme ils le voulaient, de s'amuser, de nager, de visiter ou non les monuments, de bouder, bref, de profiter d'heures pleines sans contraintes. Sept étés merveilleux qui lui permettront plus tard de prendre conscience que ces voyages ont été ses humanités et qu'ils ont fait de lui l'être cultivé et instruit qu'il est.
Je n'ai pas parcouru l'Europe du sud, encore moins l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Je n'ai pas campé avec mes parents pour la bonne raison que même avant leur divorce, mes parents ne passaient pas leurs vacances ensemble, alors camper ! Par contre, je me souviens de l'été 1981, des six semaines passées en Italie et surtout du voyage de retour en 4L en une journée (Florence-Joigny dans l'Yonne en une seule étape) avec à l'arrière ma soeur qui passait ses cassettes d'Yves Duteil à fond. Et pour ne pas être en reste, je chantais Malicorne ou Anne Sylvestre. « En camping-car » m'a rappelé ces instants bénis de mon enfance et de mon adolescence, et dans une moindre mesure, cette sensation de liberté. Pas d'heures, pas d'obligations, pas de devoirs, juste la possibilité d'infinis. J'ai bien conscience que ma critique est très subjective mais l'ouvrage de Jablonka m'a fait penser à « Je me souviens » de Georges Pérec où, derrière les souvenirs personnels de l'auteur, se cachent les nôtres. On ressent la même chose en lisant « En camping-car ». Ce qui explique pourquoi j'ai pris du plaisir à le lire. Pourquoi lit-on ? Pour se retrouver parfois, ce fut le cas avec cet ouvrage. Je remercie les éditions Seuil et le magazine Elle de m'avoir fait ce plaisir.

Lien : https://labibliothequedeneko..
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" Je propose une autre façon de parler de soi-même. Débusquer ce qui en nous, n'est pas à nous. Comprendre en quoi notre unicité est le produit d'un collectif, l'histoire et le social. Se penser soi-même comme les autres." (Poche, p47).
Ainsi Ivan Jablonka illustre-t-il les motivations profondes de son propos ; lorsqu'il nous propose de suivre les vacances de ses années d'enfance, au fil des routes, dans le combi-Volkswagen familial, c'est en historien, sociologue, anthropologue, qu'il nous invite. Néanmoins avec finesse, le regard tient aussi du sensible, du singulier, de ce qui constitue les racines de chaque vie, dans ce qu'elle porte du passé, et dans la manière dont elle en est consciente. Jablonka illustre dans son récit, son profond attachement à l'histoire de sa famille, ses grands-parents évoqués à plusieurs reprises, sont ici présents en ombres douces, à travers l'appétit de vie de son père et son injonction « Soyez heureux ! » lancée avec fureur à ses enfants qui s'ennuient à regarder le paysage par les carreaux du combi, en 1986, au Maroc. Pour ce père, empoigner la vie et la beauté, à portée de vue, à portée de mains, en rattrapage d'un autre temps, est une nécessité vitale, qui n'a de sens que dans le partage. Ivan Jablonka et son frère, auxquels le bonheur était transmis comme une injonction incantatoire, ont eu la chance au-delà de la contrainte, d'en découvrir les joies, les surprises, les richesses jusqu'à en être pétris et s'en constituer comme adultes. Dans les pages qu'il nous livre, il en est conscient et sait faire la part entre l'impatience de l'enfance, notée souvent au fil de son journal et la joie des découvertes infinies auxquelles ces vacances lui ont permis d'accéder. de la Sicile à la Grèce, de l'Italie à la Turquie, c'est toute une culture antique qui se met à sa portée, c'est la méditerranée de Braudel à hauteur d'enfant. Au fil des pages, l'apprentissage prend forme en douceur dans la joie des instants magiques de l'été, du bruit des vagues que l'on saute, aux odeurs de grillades, le soir au creux d'un spot dégotté aux jumelles. La conscience de ce bonheur est progressive pour l'auteur mais c'est bien un message de liberté qu'il en tire :
« le camping-car a été pur sentiment d'exister, droit au bonheur ».
Avec le regard de l'enfant, l'historien livre aussi sa réflexion sur les années 80 et la civilisation des loisirs en plein essor avec les vrais débuts du tourisme de masse. Sociologue, il mesure également où se situe dans la vie sociale l'expérience familiale, l'ascenseur social a fonctionné, les parents Jablonka ont les moyens de leurs vacances et ils en ont choisi la forme en toute liberté.
Ces vacances sont un luxe paradoxal, entre simplicité du quotidien au contact avec la nature et volonté de s'affranchir de la rigidité des normes, de s'affirmer différents en privilégiant la richesse culturelle. Ivan Jablonka fait le constat de la chance qui fut la sienne à grandir au rythme de ces étés magiques, cette liberté qu'il a reçue en héritage, d'autres ont dû se battre pour la conquérir, il en convient.
Son livre propose un regard aussi tendre que lucide sur une décennie, vécue comme un carrefour entre l'histoire d'un homme et le temps qu'il traverse.
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Merci pour cette parenthèse heureuse à bord de votre Combi Volkswagen! Merci pour le récit de vacances ensoleillées au bord de la mer en Corse, en Sicile, en Grèce ou en Turquie, dans les yeux émerveillés d'un enfant, paysages que nous avons sillonnés mais où je saisis toute occasion de revoir.

Une injonction paternelle : "Sois heureux !" dans cette période bénie de l'enfance, dans l'insouciance des années 80 quand l'esprit hippie flotte encore (surtout en Californie), mai 68 est encore en mémoire. Cette injonction n'est pas gratuite, elle est sous-tendue par L Histoire (l'auteur est historien) de son père orphelin de la Déportation, et Jablonka se définit lui-même comme un "enfant-Shoah". En filigrane, on devine l'errance des Juifs

"Notre Terre promise, c'est la carriole qui nous y mènera. Fidèles au camping-car qui était lui-même une fidélité au judaïsme, mes parents n'ont jamais eu de résidence secondaire."

Auprès de ses camarades de lycée, Ivan ne se vante pas de ses voyages et de ses vacances atypiques "vacances ridicules" écrit-il qui ne correspondait à rien de répertorié

"Cette manie ambulatoire était suspecte, elle inquiétait les conformistes de masse par son aspect excentrique ; elle paraissait grossière aux enfants de l'élite. nous bougions tout le temps, nous étions les SDF de l'été. Instables. Nomades nous avions des choses en commun avec les gens du voyage"

Sans doute je suis prétentieuse, mais il me semble que ce livre a été écrit pour moi, mes semblables :

"Quels que soient mes succès et mes échecs, je n'ai jamais oublié d'où je viens. Je viens du pays des sans-pays.
Je suis avec ceux qui traînent leur passé comme une caravane. Je suis du côté des marcheurs, des rêveurs, des colporteurs, des bringuebalants. du côté du camping-car."

Et ce n'est sans doute pas un hasard qui me ramène Rue Saint Maur, quartier raflé en 1942 et près des terrasses qui furent la cible des terroristes

"on peut railler la « bobo-écolo attitude », mais, à l'heure où le populisme et le fanatisme sévissent de tous côtés, elle est le bastion de valeurs dont nous avons désespérément besoin : la culture, le progrès social, l'ouverture à autrui, une certaine idée du vivre-ensemble. Ce sont ces valeurs qui ont été visées lors des attentats de Paris, le 13 novembre 2015, "
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Entre 1982 et 1988, Ivan Jablonka et sa famille ont exploré l'Europe du Sud, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à bord de leur camping-car, un magnifique combi Wolkswagen. Sans internet, ni téléphones portables, Nintendos ou autres écrans, Ivan passe sept étés merveilleux dans des paysages somptueux. Ivre de liberté, la petite famille s'amuse, nage, visite et profite pleinement de ces heures sans contraintes. Les vacances chez les Jablonka, c'est la liberté. On organise nos journées comme on veut, on s'arrête pour se reposer où l'on veut !

Loin de son appartement parisien, Ivan Jablonka raconte ses sept étés merveilleux qu'il a passés en famille. Mais c'est plus tard qu'il a réellement pris conscience que ces voyages ont été cruciaux pour son éducation, qu'ils ont fait de lui l'homme instruit et cultivé qu'il est aujourd'hui. Ici, il remet sa propre enfance dans le contexte des années 70-80, s'appuyant sur des souvenirs qu'il a gardés mais aussi sur les témoignages de ses proches, tout en se racontant lui-même. Sous forme d'autobiographie, il tente avec son regard d'adulte d'analyser son enfance, et ajoute sa petite touche d'historien nous faisant voyager.
Lien : http://untitledmag.fr/ete-20..
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Ce n'est pas tant les étapes des voyages en elles-mêmes qui m'ont intéressées, étant donné qu'elles sont très brièvement décrites, qu'on a surtout des noms de villes ou de musées ; mais c'est par l'aventure de la vie à travers ces échappés, le rapport au bonheur (peut-il nous être quémandé par autrui ?) et la liberté, une esquisse de présentation de la pré-société consumériste qui m'ont plût... Je note bien ce bouquin parce qu'il me fut très agréable à lire, dans une toute légèreté qui s'apparenterait-elle à une certaine liberté ?
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J'ai aimé lire ce livre/essai sociologique/historique et été très touchée par les souvenirs solaires et joyeux toujours présents (notés dans les carnets, chapitrés), toutes les descriptions des sensations de chaleur, de la nourriture, de l'eau de la baignade, des "randonnées" dans les musées....
Cela m'a rendue un peu jalouse de cette enfance (qui avait l'air) parfaite!
Entre souvenirs familiaux et historiques relatifs à sa famille, Yvan Jablonka nous emmène en camping-car, de la marque allemande qui a décimé une partie de sa famille.
En sa compagnie, celle de ses parents et de ses amis, alors qu'il était encore un pré-adolescent, dans les divers pays visités.
Ses parents sont très soucieux d'inculquer la liberté à leurs enfants, ainsi qu'une culture humaniste ; ils sont décrits avec beaucoup d'amour et de respect et beaucoup de gratitude.
Ce livre n'est vraiment pas comme les autres!
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Cette lecture m'a beaucoup plu et aussi beaucoup émue. J'ai aimé la description des vacances de cette famille, l'intense sensation de liberté pour les enfants qui passent leurs journées à vivre dans la nature, se baigner, inventer des jeux ou déambuler dans les ruines antiques. C'est aussi la description sociologique d'une époque, avec des retours sur l'histoire familiale. Passionnant!
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On navigue entre l'essai sociologique, l'histoire et la biographie tout cela autour d'un camping-car. L'auteur nous happe dans son passé, nous l'explique, le décortique.
C'est un agréable moment de lecture.
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