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Nous sommes dans l'Amérique des années 50. Natalie, la narratrice, est une jeune fille de dix-sept ans en passe de faire son entrée à l'université. Lors d'un cocktail donné au domicile familial, elle va vivre un évènement traumatisant, dont elle s'évertuera à nier l'existence. Une fois à l'université, elle a bien du mal à trouver sa place et à se lier d'amitié avec d'autres étudiants. Ses questionnements récurrents et sa quête d'identité vont égarer le lecteur dans les méandres de son esprit confus.
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Le début du récit se concentre sur l'existence de Natalie au sein de sa famille, avant son départ pour l'université. Une famille patriarcale plutôt désunie, même si, d'un point de vue extérieur, rien ne semble transparaître. J'ai ressenti une certaine passivité de Natalie vis-à-vis de son entourage. Sa mère n'a de cesse de se plaindre auprès d'elle de sujets qui la rendent malheureuse, le mariage en général, son mari en particulier. Un mari écrivain, condescendant et narcissique, qui ne fait aucun cas de l'opinion des autres. Alors, comme une échappatoire, Natalie remplit ses cahiers d'histoires, en s'inspirant de son quotidien. Des écrits qui, chaque jour, sont soumis à l'approbation paternelle, seul maître et juge en la matière.
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Une première partie déjà déstabilisante, où Natalie s'échappe de sa réalité grâce à l'imaginaire. Un imaginaire fantasmé qui peut survenir à des moments inattendus, au détour d'une conversation.
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La partie consacrée à l'université est celle que j'ai trouvé le plus intéressante. A la figure du père se substitue celle du professeur de littérature, Langdon, tout aussi égocentrique. Et à la figure de la mère, celle de l'épouse de Langdon, tout aussi malheureuse en ménage. J'ai beaucoup aimé la description du milieu universitaire à cette époque. Ici, un milieu plutôt littéraire et féminin, où la compétition sociale est rude. Mal à l'aise, plutôt introvertie, Natalie ne sait quelle attitude adopter ni comment s'intégrer parmi ces jeunes femmes, dont certaines sont particulièrement opportunistes et superficielles.
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Sous le poids de cette situation oppressante, la tension monte, jusqu'à l'arrivée de Tony, une étudiante hors des clous et affirmée, qui va entraîner Natalie dans son sillage. Une cassure dans le ton, un changement qui s'opère, une ambivalence qui peut s'avérer effrayante pour le lecteur.
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Hangsaman est un roman obsédant, qu'il est difficile de placer dans un genre en particulier. Si j'ai beaucoup aimé cette histoire, elle m'a plongée toutefois dans une certaine perplexité, car je n'ai pas vraiment ressenti d'émotions lors de ma lecture. Ce voyage dans la tête de Natalie n'est cependant pas dépourvu d'intérêt et l'écriture de Shirley Jackson y est pour beaucoup.
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Ma chronique complète est sur le blog.
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Hangsaman de Shirley Jackson
C'est avec ce livre que je découvre Shirley Jackson et je suis impressionnée !
Natalie a dix-sept ans. Elle va intégrer l'université que son père a choisie. Elle se destine aussi à l'écriture et écrit déjà. Elle est déterminée à rencontrer la réussite qu'elle mérite. D'ailleurs son père est également écrivain et il corrige tout ce qu'elle écrit même les lettres qu'elle lui adresse de l'université. Entre son père omniprésent, très critique, orgueilleux et sa mère soumise, malheureuse en mariage, l'université aurait dû représenter une bouffée d'air.
Arrivée à l'université, elle apprécie l'indépendance, la solitude mais quelque chose cloche, elle a du mal à se positionner par rapport aux autres. Et il faut dire que dans les résidences, les filles ne sont pas tendres. Elle se rapprochera de la femme d'un de ses enseignants mais se ne sera que le début d'autres embarras.
J'aime beaucoup les histoires qui se déroulent dans les milieux universitaires américains. Avec une héroïne comme Natalie que j'ai adorée, déterminée malgré tout le poids psychologique que représente ses parents. Ce livre a été un pur bonheur.
C'est un livre immersif car l'auteure nous offre la moindre des pensées ou divagations de Natalie et réussit à nous embarquer savamment dans son univers, qui oscille entre réalité et imagination. Nathalie peut nous faire glisser dans une autre réalité quand celle qu'elle vit n'est pas à la hauteur. J'ai parfois eu du mal à déterminer de quel côté de la frontière j'étais. Ce qui ajoute un côté intrigant très intéressant.
Et le tout a été une excellente surprise!
Je poursuivrai sans faute ma découverte de l'auteure.
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Lire Shirley Shirley Jackson, c'est marcher aux frontières du réel, accepter de ne pas savoir où l'on met les pieds, d'être dans une position inconfortable de lecture. Tout en se disant : mais comment fait-elle pour insuiner de manière si subtile et brillante ce malaise en vous ? Si La maison hantée ou Nous avons toujours vécu au château sont du registre fantastique et dans veine gothique, il n'en est rien dans Hangsaman

Nathalie a 17 ans, c'est la fin de l'été et elle vit ses derniers jours dans sa famille avant d'intégrer une université prestigieuse que son père, qui règne en maître sur les membres de la famille, a choisi pour elle. Avec son frère, ils n'ont pas d'autre choix que de subir les déjeuners amicaux de leurs parents et de jouer les enfants modèles. de nature introvertie, Natalie est donc très polie avec les invités. Elle tente de se montrer à la hauteur du monde des adultes qu'elle dissèque dans son esprit. Mais dès les premières pages, la tension est là, et on ne sait pas si l'événement traumatique qu'elle nous raconte s'est vraiment déroulé. Et ce n'est que le début...

Une fois à l'université, sa liberté et son indépendance nouvelle pourraient lui donner l'occasion de s'ouvrir aux autres. Mais rapidement, elle se sent décalée, différente, préférant observer ses congénères féminines. Et surtout se réfugier dans ses ruminations et son imagination féconde. Bientôt elle glisse dans une autre réalité, floue, trouble et inquiétante.

Quelle lecture à la fois éprouvante et jubilatoire ! Shirley Jackson explore habilement l'entrée d'une jeune adolescente dans le monde des adultes et dans celui de sa féminité, d'une manière très originale et immersive. le lecteur vit ses épreuves, ses cauchemars, ses peurs avec intérêt et surprise. 

C'est vraiment un roman étrange, déconcertant, profond, auquel je repense souvent depuis, ce qui pour moi est très bon signe. Une fois le livre refermé, je ne savais si j'avais aimé ou non. Il m'a fallu des semaines avant de m'apercevoir que ce roman m'avait davantage marqué que je ne l'aurais cru. Je pense qu'il ne manquera pas de laisser des traces et des interprétations multiples et changeantes chez son lecteur. C'est un roman que j'aurais plaisir à relire. Je ne serais pas surpris, alors, de le percevoir différemment et de le trouver encore meilleur qu'à sa première lecture

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Quel livre déroutant à lire, à nouveau pioché dans le catalogue des nouveautés Rivages noirs : un Shirley Jackson inédit en France - au titre étrange et exécutoire - dont l'histoire s'inspire d'un fait-divers.

Une fois le livre refermé, je ne sais toujours pas dire ce qui m'a le plus convaincu. Ai-je lu l'un des plus grands livres de fiction écrit sur le refoulement, au sens psychanalytique du terme ? Ou ai-je eu entre les mains un livre prodigieusement en avance sur son époque, qui ne cesse de dénoncer le sort réservé aux femmes depuis leur plus jeune âge au sein des sociétés patriarcales ? Un peu des deux, sans doute.
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Je l'ai dit en d'autres lieux, je n'ai rien compris à l'histoire mais c'est un livre génial.
Génial, parce que l'héroïne elle-même ne comprend rien à ce qui lui arrive, et que Shirley Jackson nous fait partager cette confusion avec art.
Natalie Waite, puisqu'il s'agit d'elle, est une jeune fille qui s'ennuie dans une ambiance familiale pesante. Un père écrivain qui tient à lui voir prendre la relève et dissèque ses pensées les plus intimes. Une mère malheureuse dévouée à son mari, humiliée par lui, et qui regrette chaque instant de sa pauvre vie, surtout le week-end lorsque la maison accueille les "cocktails littéraires" imposés par le maître des lieux . Un frère qui vit là, sans qu'on sache vraiment quoi partager avec lui.
Natalie Waite, donc, s'évade par la pensée. Et dans la première partie du livre, on comprend peu de choses à ses réflexions, sinon qu'elle est prisonnière de ses propres fictions, qu'elle déteste sa vie et qu'un événement particulièrement choquant manque de la briser.
On la retrouve ensuite, partant pour l'Université. Loin des siens, au milieu de filles qui lui sont étrangères et dont le milieu social est bien au-dessus du sien, elle cherche sa place. le désespoir qui l'assaille, comme tout ce qui lui arrive, est en quelque sorte prévu et même orchestré par son père, qui le lui écrit dans ses lettres. Pour endurcir sa fille sans doute, pour la pousser à tisser des relations utiles, c'est lui qui l'a inscrite dans cet univers féminin, exotique et cruel.
Un monde où la première main tendue semble une planche de salut. Ce sera la main de Tony, dans la troisième partie du livre. Mais certaines amitiés vous coupent de tout le reste, et Natalie s'éloigne de plus en plus de la réalité...
Une lecture vraiment captivante, que je me permets de vous recommander si vous n'avez pas tout occulté de votre propre adolescence. Une lecture qui fait mal, toutefois, tant l'autrice est habile à nous plonger dans son univers.
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Dans la famille Waite, je demande le père Arnold Waite, écrivain d'un unique livre, imbu de sa personne, régnant en maître absolu sur son foyer. Il faut voir les lettres qu'il écrit à sa fille à l'université, c'est pompeux et autocentré. Je demande la mère Mrs Waite, créature soumise et geignarde surtout lorsqu'elle a un coup dans le nez. Je demande le frère, Bud sachant passer inaperçu et enfin je demande la fille Nathalie, dix-sept ans en plein questionnement sur ce qu'est la vie. L'entrée à l'université de Nathalie va être le lieu de rencontres, d'expériences qui vont générer une lente montée en tension de la situation de la jeune femme. On sent venir un dénouement qui ne peut être que mélodramatique.
L'auteure explore la difficulté qu'il y a de passer de l'adolescence à l'âge adulte, laisser derrière soi l'enfance pour découvrir les tourments de la féminité rien de moins pour cette jeune fille esseulée. On découvre une histoire étrange où l'on n'a pas l'impression d'avancer tout se délite. le monde est-il si cauchemardesque qu'il semble impossible d'y survivre. Au final ce livre nous laisse avec nos questions sans réponses face aux épreuves qui s'abattent sur Nathalie. On n'en saura pas plus, c'est à nous de décider des réponses qu'on imagine et c'est plus que ce que je peux donner dans ma lecture avant de tomber dans l'agacement.
Il y a trois parties distinctes dans le récit, toutes apportent un éclairage et une émotion particulière, malheureusement on est soumis aux incessantes ruminations de Nathalie qui viennent brouiller intentionnellement le message. Nathalie ne sait absolument pas qui elle est, à ses côtés on est témoin de son esprit profondément dérangé lorsqu'une voix lui parle intérieurement. Seule la troisième partie m'a véritablement touchée mais en dire plus est impossible. Un livre trop dérangeant pour moi, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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C'est un roman d'apprentissage, mais qui s'écarte tellement du genre ! Il se trouve que tout ce qui y est essentiel est non dit, ce qui brouille le récit et qui le rend opaque. le roman s'approche du thème de la folie, sans l'expliciter, en évoquant sans l'évoquer la répulsion de soi, la peur des autres qui conduit à une sorte de haine. Et l'épreuve initiatique, salvatrice, qui permet de sortir d'une impasse mentale, on ne sait si elle est réelle ou rêvée. Un roman troublant.
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Après avoir découvert Shirley Jackson avec ses deux derniers romans, La maison hantée et Nous avons toujours vécu au château, j'étais très enthousiaste de lire un de ses premiers romans, traduit en français 70 ans après sa parution originale.

Hangsaman est un titre mystérieux et l'ouvrage l'est tout autant. À 17 ans, Natalie vit au sein d'un cocon familial étouffant sous le regard d'un père protecteur et dominateur. Pour contrer la morosité ambiante, l'adolescente scénarise des vies parallèles dans sa tête et sur papier. Lorsqu'elle intègre une université pour jeunes filles où elle peine à faire sa place, la frontière entre l'échappatoire imaginaire et le trouble de la personnalité multiple devient de plus en plus poreuse.

Jackson dénonce l'aliénation des femmes, en se moquant des travers de la société patriarcale de son époque. Sa plume peut aujourd'hui paraître surannée, mais elle participe à l'atmosphère rétro. J'ai adoré certains passages, notamment ceux avec la mère de Natalie et ceux avec l'ancienne étudiante et jeune épouse d'un professeur, qui toutes les deux tombées dans le piège du mariage tentent maladroitement de mettre en garde Natalie. Globalement, j'ai aimé la proposition, même si l'évolution de l'intrigue, en particulier dans la dernière partie, m'a semblé moins aboutie que dans les autres romans de l'autrice que j'ai pu lire.
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Natalie a 17 ans et se questionne sur la vie, sur elle-même. Elle vit au sein d'une famille qui paraît dysfonctionnelle: la communication n'est pas leur fort, l'amour encore moins. Nous suivons Natalie à son entrée à l'université, ses états d'âme nous sont contés. Et puis c'est tout. Je m'attendais à une ambiance plus sombre, particulière, à l'image de Soeurs de Daisy Johnson que j'ai beaucoup aimé.
Certains passages de Hangsaman sont très intéressants, mais l'histoire est plate. Je pensais que l'autrice allait jouer avec le lecteur, comme l'indique la 4eme de couverture, pas du tout, selon moi. En bref, une première lecture 2022 très décevante. Je lirai tout de même La maison hantée, qui j'espère me fera ressentir plus d'émotions.
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Critique parue dans le Bifrost n°105

À la vue de la couverture de ce roman inédit en français de Shirley Jackson, difficile de ne pas penser à celle du Bifrost 99, consacré à l'autrice de la Maison hantée. L'auteur en est le même, Miles Hyman, son petit-fils, également auteur d'une version illustrée de la fameuse nouvelle « La Loterie ».

Hangsaman raconte l'histoire de Natalie Waite, dix-sept ans, sur le point de rejoindre l'université et présentée comme ayant un rapport au monde « différent. » Son père, écrivain, autoritaire et peu prolifique, lui impose d'incessants exercices d'écriture. Il y a également son frère et sa mère, constamment inquiète. Celle-ci reste au second plan la majorité du temps. Suite au départ de Nathalie de la maison, nous la suivons dans la découverte de la vie d'étudiante.

Hangsaman est une plongée, tantôt amusante, tantôt effrayante, dans la psyché d'une jeune femme habituée à inventer des mondes. La narration nous livre ses pensées, avec toutes les digressions imaginables, mais également avec tous les non-dits. Il faut s'habituer à bien différencier ce qui se dit entre guillemets ou derrière un tiret, et ce qui est intégré à la narration. Mais l'affaire n'est pas aussi simple, et rien n'est jamais sûr dans ce roman. Un événement traumatique est violemment imposé à Natalie dans le début de l'histoire. Point de départ de ses divergences ? A priori non, mais faut-il se fier à son rapport au temps ? Qu'arrive-t-il réellement à Natalie ? Qui est-elle vraiment ? Est-elle vraiment ? le vrai : tout un programme dans l'esprit de l'étudiante. Où est le réel ? Une question pour elle, mais tout autant pour nous…

La relation fille-père, puis fille-père de substitution est au coeur du roman. Natalie, une fois à l'université fréquente de rares autres jeunes femmes, mais la superficialité reste de mise, jusqu'au dernier tiers. Shirley Jackson croque ainsi avec mordant l'hypocrisie. Celle de la famille, celle des « amis », celle du milieu universitaire. le malaise des faux-semblants, omniprésents dans la majorité des interactions de Natalie, est encore plus déstabilisant quand on le vit au travers d'une des protagonistes. L'enfer des autres, de leurs regards, de leurs opinions, de leurs ricanements mais aussi de leurs envies de parler, de leurs attentions, de leur simple présence.

Shirley Jackson tisse sa toile et nous laisse nous dépêtrer au sein de son labyrinthe, tout en faisant régulièrement miroiter une sortie. Pour autant, Hangsaman n'est pas franchement un roman de genre. Il y a bien des choses étranges qui peuplent ses pages, une ombre entraînante ou un arbre prenant des nouvelles, mais pas assez pour pleinement l'ancrer dans le fantastique. La lecture s'avère exigeante si l'on veut à tout prix comprendre l'enchaînement logique des faits, plaisante si l'on se détache d'aussi basses considérations que la compréhension. Car la plume de Shirley Jackson est riche et peu avare en images savoureuses et descriptions piquantes. À savourer donc, si vous aimez avancer dans le brouillard.
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