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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je l'ai dit en d'autres lieux, je n'ai rien compris à l'histoire mais c'est un livre génial.
Génial, parce que l'héroïne elle-même ne comprend rien à ce qui lui arrive, et que Shirley Jackson nous fait partager cette confusion avec art.
Natalie Waite, puisqu'il s'agit d'elle, est une jeune fille qui s'ennuie dans une ambiance familiale pesante. Un père écrivain qui tient à lui voir prendre la relève et dissèque ses pensées les plus intimes. Une mère malheureuse dévouée à son mari, humiliée par lui, et qui regrette chaque instant de sa pauvre vie, surtout le week-end lorsque la maison accueille les "cocktails littéraires" imposés par le maître des lieux . Un frère qui vit là, sans qu'on sache vraiment quoi partager avec lui.
Natalie Waite, donc, s'évade par la pensée. Et dans la première partie du livre, on comprend peu de choses à ses réflexions, sinon qu'elle est prisonnière de ses propres fictions, qu'elle déteste sa vie et qu'un événement particulièrement choquant manque de la briser.
On la retrouve ensuite, partant pour l'Université. Loin des siens, au milieu de filles qui lui sont étrangères et dont le milieu social est bien au-dessus du sien, elle cherche sa place. le désespoir qui l'assaille, comme tout ce qui lui arrive, est en quelque sorte prévu et même orchestré par son père, qui le lui écrit dans ses lettres. Pour endurcir sa fille sans doute, pour la pousser à tisser des relations utiles, c'est lui qui l'a inscrite dans cet univers féminin, exotique et cruel.
Un monde où la première main tendue semble une planche de salut. Ce sera la main de Tony, dans la troisième partie du livre. Mais certaines amitiés vous coupent de tout le reste, et Natalie s'éloigne de plus en plus de la réalité...
Une lecture vraiment captivante, que je me permets de vous recommander si vous n'avez pas tout occulté de votre propre adolescence. Une lecture qui fait mal, toutefois, tant l'autrice est habile à nous plonger dans son univers.
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surprenante. Un père qui ne pense qu'à la littérature et à corriger les moindres fautes de formulation de sa fille ainsi qu'à paraître au mieux en société quitte à oublier sa propre famille, et une mère soumise à son mari et qui ne semble pas avoir de vie propre, de conscience ou même d'envie et qui se plie au bon vouloir de son mari. Comment être normale dans une famille aussi peu intéressante ? C'est ce que va découvrir le lecteur avec la vie de Natalie, au départ, avec ses parents et leurs particularités, puis à l'université avec ses ennuis, ses connaissances, ses troubles et son imagination débordante. On est un peu perdu en lisant les premières lignes par le style très atypique de l'auteure. Cette particularité, on la retrouve dans le comportement de son héroïne. Au milieu de son monde réel, elle recrée un imaginaire foisonnant où la réalité a une part, mais où on ne sait finalement plus où elle se situe. Sa vie a l'Université est rythmée par des rendez-vous avec l'un de ses professeurs et sa femme paranoïaque, folle, jalouse, on ne sait plus vraiment. On ne sait d'ailleurs plus vraiment ce qui est vrai et ce qui est inventé dans ce récit qui, malgré une structure originale et un récit qui l'est tout autant conserve du début à la fin une intensité brute qui nous maintient en éveil et rend ce roman particulièrement savoureux. Une mention spéciale pour cette couverture envoûtante.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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J'aime beaucoup la manière dont l'auteur parvient à donner, par la fiction, une forme d'expression aux moments de pure angoisse - voire de panique - entremêlés de périodes de torpeur que l'on doit affronter, parfois, à la fin de l'adolescence (la formule utilisée en 4e de couverture, « détresse psychique », me semble juste). En ce sens, le roman de Shirley Jackson est pour moi peut-être aussi beau et troublant que L'Attrape-coeurs (paru également en 1951) ou Franny & Zooey de J.D. Salinger.
Dans ce qui me tient lieu de bibliothèque, l'errance se poursuit ainsi : Hangsaman me renvoie également aux pages qui m'ont le plus marqué dans le Maître des illusions, autour de l'amitié. Chez Donna Tartt, je garde l'image du narrateur amené à sous-louer, pendant la fermeture des résidences universitaires, une sorte de grenier non chauffé où il se retrouve seul à Noël, s'abîmant dans la contemplation purement abstraite, solitaire et fiévreuse, d'amitiés qui se dérobent, alors que la neige tombe par les fentes du toit et qu'il perd pied : visions des jumeaux Camilla et Charles, apparitions spectrales de Henri (en y repensant ce soir, ici, je me dis que le Maître des illusions est sans doute un roman sur l'amitié et ses illusions à la fin de l'adolescence, cette soif fusionnelle que Richard, le narrateur, ne sait comment orienter, au point de fantasmer ses amis en individus qu'ils ne sont pas et, lorsque l'illusion se dissipe, de se trouver forcé à affronter de nouveau la solitude qui était la sienne au départ)...
Dans Hangsaman, l'amitié avec Tony entraîne in fine le lecteur vers une balade de l'étrange, la balade de Natalie Waite.
Le décor de cette balade m'évoque alors les sentiers lacustres et boisés où s'égare Julie Rouane, l'héroïne de Nina Allan dans La Fracture, elle-même en proie à ses propres visions.
J'ai adoré Hangsaman. Moins facile d'accès que Nous avons toujours vécu au château (que j'aime tout autant), peut-être plus âpre dans son approche de la folie et de son intrication avec la vie sociale (question de la normalité, de la standardisation, pour dire les choses un peu vite).
Pour quelqu'un qui n'a jamais lu Shirley Jackson, je conseillerais de commencer par Nous avons toujours vécu au château, le recueil La loterie et autres contes noirs, ensuite Hangsaman, La Maison hantée...
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