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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ces courtes histoires, vous trouverez :
Une tradition macabre
Une vieille toquée obsédée par la vertu et ses roses
Une jeune fugueuse
Un homme paranoïaque
Un voyage de noces qui pourrait tourner à l'aigre
Une odieuse petite voisine
Un bon samaritain quelque peu inquiétant
Une orpheline peu amène et sibylline
Les pensées macabres d'une épouse heureuse
Un mari trompé
Des fantômes sous la pluie battante
Des vacances prolongées moins agréables qu'espérées

Shirley Jackson distille une angoisse justement dosée dans ses textes. Les tranches de vie qu'elle présente sont courtes, mais impeccablement découpées. Et ses portraits sont précis, parfaitement caractérisés. Son économie de mots pour ménager le suspens et la révélation est magistrale ! Elle propose des critiques sociales assez acerbes et ne se prive pas d'ironiser contre la e moyenne et la bonne société des petites villes. Personne n'est à l'abri de la sauvagerie latente qui ne demande qu'à éclater. Si certains textes flirtent avec le fantastique, ils sont surtout la manifestation littéraire des angoisses intimes des pauvres individus confrontés à l'incertitude et à l'indicible. « Vous vous rendez compte du ridicule de cette conversation ? On croirait entendre des enfants qui se racontent des histoires de fantômes. Nous allons finir par nous convaincre de quelque chose d'horrible. » (p. 61) Évidemment, cette lecture m'a follement rappelé mon cher Stephen King dont les nouvelles savent si bien capter les tourments de l'âme pour en faire de purs objets d'horreur.
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Contes de faits
Attention chef d'oeuvre !
Je ne connaissais ni le livre ni l'auteur. Comme bien souvent, c'est la couverture qui m'a attirée, et l'édition dans la collection « noir » de Rivages a achevé de me convaincre.
Ces nouvelles, publiées en 1949 sont intemporelles et d'une cruauté inouïe.
Rien de fantastique ni de surnaturel (sauf pour « A la maison ») : de simples faits, des observations, des gens ordinaires menant leur vie ordinaire dans de petites villes ordinaires… En surface, tout va bien, tout se déroule « normalement »… Et puis le tableau se fissure, un petit détail, et tout vole en éclats.
C'est brillant.
Noir, noir, noir… mais brillant.

À noter la postface passionnante « Shirley Jackson, la métaphysique de l'angoisse » écrite par Myles Hyman, le petit-fils de l'auteure, qui signe également la couverture hypnotique.
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Je me souviens encore d'une nouvelle de Stephen King, L'Homme Qui Aimait Les Fleurs, que l'on peut lire dans son premier recueil, Danse Macabre (J'ai Lu 1980) où l'on suit un jeune homme arpentant les rues de New York, un bouquet de fleur à la main, à la recherche de sa bien-aimée. Une scène charmante d'un personnage transit d'amour jusqu'à l'instant où tout se disloque. A bien des égards on peut mesurer avec ce récit toute l'influence de la romancière américaine Shirley Jackson dont les romans et autres nouvelles, oscillant entre le gothique et le fantastique, prennent pour cadre des scènes de vie presque banals d'individus que l'on va conduire jusqu'au point de rupture sans employer le moindre élément surnaturelle. Outre Stephen King, ce sont de grands auteurs de la littérature fantastique comme Richard Matheson, Neil Gaiman ou plus récemment la romancière Jamey Bradbury qui évoquent l'oeuvre de Shirley Jackson comme source d'inspiration et plus particulièrement cette capacité de distiller l'horreur dans la névrose, la paranoïa et les fantasmes que génèrent ses personnages se débattant dans leur quotidien d'apparence idyllique qui bascule insidieusement dans un climat de terreur. Parmi les romans rédigés sur ce schéma narratif, deux d'entre eux sont considérée comme des classiques du genre de l'épouvante. Il s'agit de Nous Avons Toujours Habité le Château (Rivages/Noir 2012) et de la Maison Hantée (Rivages/Noir 2016) qui ont bénéficié d'une nouvelle traduction assez récente. Dans ce domaine de réactualisation des textes de la romancière, les éditions Rivages proposent donc un recueil de treize nouvelles parmi lesquelles figure La Loterie qui a contribué à la renommée de Shirley Jackson tant le texte a suscité la polémique lorsqu'il a été publié en 1948 dans la revue The New Yorker.

La Loterie : Tout les habitants se rassemblent sur la place du village. le tirage de la loterie va bientôt débuter. Qui sera l'heureux gagnant ?

La possibilité du mal : Miss Strangeworth aime cultiver ses roses dont elle est très fière et envoyer quelques lettres anonymes bien senties à l'intention de son voisinage.

Louisa, je t'en prie, reviens à la maison : Louisa a été enlevée. S'agit-il d'une fugue ou d'une disparition. Et quelle sera la réaction de sa famille lorsqu'elle reviendra ?

Paranoïa : Mr Beresfort est suivi par un homme coiffé d'un chapeau qui semble surgir de nulle part en bénéficiant de la complicité de tous les new-yorkais.

La lune de miel de Mrs Smith : Mrs Smith vient de se marier. Mais son entourage l'encourage à se méfier de cet homme plutôt grossier dont elle ne sait finalement pas grand-chose.

L'apprenti sorcier : Miss Matt, professeur d'anglais, est au prise avec une petite voisine tout simplement détestable.

Le bon samaritain : Qui est ce brave homme qui vient au secours d'une jeune femme avinée étendue dans la rue ?

Elle a seulement dit oui : La jeune Vicky vient de perdre ses parents. La nouvelle ne semble pas l'ébranler. Il faut dire que la fillette semble disposer de quelques dons inquiétants lui permettant de prédire les sorts funestes qui vont s'abattre sur son entourage.

Quelle idée : Margaret s'aperçoit avec effroi qu'elle ne supporte plus son mari. Elle regarde avec envie le cendrier posé sur la petite table du salon.

Trésors de famille : Une jeune étudiante sème le chaos en volant les effets personnels de ses camarades de chambrée.

La bonne épouse : Mr Benjamin ne supporte pas les infidlités de sa femme qui se retrouve confinée dans sa chambre. Mais pourquoi persiste-t-elle à nier l'évidence ?

A la maison : Ethel Sloane devrait écouter les habitants du village et ne pas emprunter la vieille route des Sanderson.

Les vacanciers : Pour la première fois, les Allison ont décidé de prolonger leur séjour dans leur chalet de vacances. Une bien mauvaise idée.

Si le roman La Maison Hantée a bénéficié de plusieurs adaptations cinématographiques dont la fameuse version de Robert Wise (La Maison du Diable, Metro-Goldwin-Meyer 1963) et d'une production plus récente diffusée par Netflix qui reprend le titre d'origine The Hauting Of Hill House, la nouvelle La Loterie a la particularité d'avoir été adaptée en version BD par Miles Hyman, qui n'est autre que le petit-fils de la romancière. Outre l'une de ses illustrations ornant la couverture du présent recueil, Miles Hyman apporte un éclairage particulièrement intéressant sur l'ensemble de l'oeuvre de Shirley Jackson avec une postface extrêmement complète faisant figure d'essai.

A la différence des abonnés du New Yorker de l'époque, le lecteur d'aujourd'hui, pour un peu qu'il soit coutumier du genre, s'attendra probablement avec La Loterie à un effet de surprise qui pourra en atténuer l'impact. Cependant on peut prendre le pari que la chute de l'histoire aura tout de même de quoi le surprendre voire même de le choquer comme ça été le cas lors de sa parution. Il faut dire que Shirley Jackson s'emploie à instiller l'horreur au détour de scènes anodines, terriblement paisibles qui prennent soudainement une toute autre perspective à la lumière de conclusions abruptes qui vous glacent soudainement d'effroi. Ainsi le cadre bucolique dans lequel évolue Les Vacanciers ainsi que les villageois de la Loterie prend une toute autre apparence lorsque le rideau tombe pour laisser place, derrière ces masques de convenance, à la terrifiante réalité de l'environnement dans laquelle évolue l'ensemble des protagonistes. Il y a bien évidemment ce sentiment de malaise que l'on retrouve tout au long des nouvelles qui restituent les névroses de personnages angoissés qui font écho à l'anxiété dont la romancière semble avoir souffert tout au long de sa vie. Mais des nouvelles comme Paranoïa ou Quelle Idée sont également le reflet du mal-être plus général d'une Amérique puritaine, terrorisée par la menace communiste, tandis que la politique ségrégationniste à l'égard des afro-américains atteint son point culminant.

A l'exception de quelques apparitions étranges que l'on trouve dans A La Maison, le recueil de nouvelles La Loterie et autres contes noirs est donc dépourvu d'éléments surnaturels puisque c'est au détour de la méfiance, du doute et de l'anxiété de ses personnages, tout en captant le climat social anxiogène de son époque, que la romancière parvient à troubler le lecteur qui encaisse doucement, presque l'air de rien, les affres de ces récits aussi effroyables que bouleversants. Un sublime concentré de noirceur.

Shirley Jackson : La Loterie et autres contes noirs (Dark Tales). Editions Rivages/Noir 2019. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabienne Duvignau.

A lire en écoutant : Where The Wild Roses Grow de Nick Cave. Album : Murder Ballads. Mute Records 1996.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, je suis souvent déçue par les recueils de nouvelles. Mais, comme vous le constatez, je m'obstine et là, j'avoue que j'ai bien fait.

"La Loterie", la nouvelle qui donne sont nom au titre de ce recueil est effectivement assez marquante, même si - à mon goût - d'autres sont encore plus succulentes. Certes, "La Loterie" a été à l'origine d'une énorme controverse aux Etats-Unis, mais d'autres sont toutes aussi marquantes tant elles insistent sur le clivage gens de la ville/ et ceux de la campagne jusqu'à ce que le pire advienne...

Le style de Shirley Jackson est terriblement efficace car très bien construit. En effet, l'histoire commence presque toujours de façon anodine. Puis, la tension monte, doucement, et d'infimes indices commencent à nous inquiéter pour nous mener à une chute où le pire est toujours suggéré, non-dit mais glaçant.
Pour Shirley Jackson, pas besoin de convoquer le surnaturel (sauf pour la nouvelle intitulée "A la maison") pour terroriser le lecteur, non...car pour elle le "Mal" se cache dans l'"Autre", ou est tapie au fond de nous-même.

A découvrir sans attendre tant ce recueil est jubilatoire de noirceur!
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En 13 nouvelles superbement calibrées à l'écriture limpide, Shirley Jackson, nous évoque l'étrangeté du quotidien qui dérape.

Sans avoir à appuyer ses effets, en décrivant les faits et en ciselant les dialogues des protagonistes, l'auteure nous décrit des relations humaines défaillantes, des groupements d'individus néfastes, une société hostile.

A la fin du recueil, on en apprend un peu plus sur sa dépression qui a nourrit sa littérature.
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Shirley Jackson met en scène le quotidien le plus banal de petites bourgades américaines. Banal lors des premières lignes, les scènes familiales plongent peu à peu dans l'horreur puissante. L'angoisse naît d'une réflexion, d'une pensée innocente. le lecteur, complice, devine les chutes assez tôt. Mais il garde inconsciemment l'espoir que le pire ne surviendra pas. Et pourtant, il survient à chaque conte. Shirley Jackson ausculte les bassesses, les petitesses des cadres bien établis, à l'apparence tranquille avec maîtrise. C'est dans la retenue et la distance qu'elle atteint une efficacité et une horreur redoutable, parce que si banale et si proche...
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Je n'ai pas l'habitude de lire des nouvelles, mais de temps à temps ce n'est pas désagréable.
Je ne vais rien dévoiler des différentes histoires mais la lecture de ce recueil a été très agréable parfois déroutante, parfois intrigante, voire effrayante .... chaque récit est une petite pépite d'angoisse.
J'avais déjà adoré "Nous avons toujours habité le château" avec "La Loterie et autres contes noirs" je n'ai pas été déçue.
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Difficile de résumer un recueil de nouvelles sans faire de spoilers. Les nouvelles sont relativement courtes, mais glace le sang. Et ce sans recours à aucun élèment classique du genre fantastique, à l'exception de deux fantômes, un peu perdus au milieu du recueil. L'effroi vient du quotidien et n'est la plupart du temps que suggéré. Aucune description un peu gore, le mal est à l'intérieur des personnages.

La Loterie est "l'une des nouvelles les plus célèbres de la littérature américaine du XXème siècle" et a beaucoup choquée lors de sa parution en 1948. Impossible d'imaginer que des américains pouvaient se comporter ainsi ! Pour ma part, je trouve que le titre de la seconde nouvelle du recueil La Possibilité du mal résume à lui seul l'ouvrage.

Cette vieille fille, bien pensante et respectée dans son village, qui envoie des lettres anonymes à ses voisins, parce que " tant que le mal existait dans le monde, à l'insu de tous, elle se faisait un devoir d'alerter la population." Les vagues soupçons qu'elle partage vont ensuite détruire la vie de ses victimes.

Tout au long du recueil Shirley Jackson nous présente des gens ordinaires, américains moyens, ruraux ou citadins, qui tous, à un moment de leur vie vont se trouver en contact avec le mal et la perversion, qu'ils en soient coupables ou victimes. Et la liste est longue : hypocrisie, délation, kleptomanie, paranoïa, schizophrénie...

Défilent ainsi une jeune fugueuse qui reviens chez elle après trois années et ne reçoit pas l'accueil prévu ; un homme qui se sent suivi en rentrant de son travail ; une jeune mariée pour laquelle ses voisins se font du souci ; une fillette infernale qui dérange sa voisine ; un éventreur en puissance ; une jeune médium ; une épouse qui réfléchit soudain à la meilleure façon de tuer son mari ; une épouse séquestrée par son mari ; une étudiante pauvre qui dépouille ses camarades ; un couple de retraités qui décident de rester un peu plus longtemps que d'habitude dans leur maison de vacances...

L'écriture de Shirley Jackson est très sobre, se contente de décrire des faits, mais par là même nous entraîne dans l'angoisse profonde de la conclusion qui n'est que suggérée... le pire cauchemar est toujours celui qui s'ancre dans le quotidien....
A noter une intéressante postface.
Lien : http://dviolante5.canalblog...
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J'avoue avoir une affection particulière pour les écrivains (français ou étrangers) du XIXème et début du XXème siècle. Ainsi qu'une admiration non dissimulée pour les auteurs de nouvelles (exercice qui reste, selon moi, l'un des plus difficiles).

Pourtant, le fait que je les aime, parfois avec excès, ne m'empêche pas d'être critique, avec tout autant d'excès, lorsque j'en découvre de nouveaux/nouvelles.

Forcément.
Après tout, nous ne sommes jamais aussi difficiles que sur ce que l'on estime devoir être parfait.

J'abordais donc la découverte de ce recueil de nouvelles de très bon coeur, mais déjà prête à le faire passer sous le feu nourri de mes comparaisons...

Comparaisons bien vite remisées au fond d'un placard après la lecture de seulement quelques-unes de ses pages.

Si Shirley Jackson est connue pour certains de ses romans d'horreur (genre que je n'aime guère), elle excelle tout bonnement dans le registre de la nouvelle noire (que j'apprécie énormément).

Chacune des nouvelles réunies ici est un petit travail d'orfèvre.

À partir de situations qui paraissent au début banales, l'auteure nous plonge en quelques phrases dans des ambiances angoissantes et glaçantes à souhait, qui finissent, après un nombre limité de pages, en apothéose.
Ici tout peut être sujet aux cauchemars.

Une fête annuelle, un cendrier, une lettre, ou même un simple inconnu croisé dans la rue, le mal peut se cacher et revêt les atours les plus anodins...

La Loterie, Paranoïa, Quelle Idée, Les Vacanciers, voilà quelques-uns des titres qui vous emporteront dans un tourbillon de noirceur absolument jouissif.

Au nombre de treize (hasard ? Vraiment ?), ces nouvelles vont vous happer, vous faire frissonner et vous ravir.

Vous trouverez également, à la fin du livre, un peu plus d'une vingtaine de pages, signées Myles Hyman, qui nous fait un petit résumé passionnant de la vie et de l'oeuvre de l'auteure.

Y compris des extraits des milliers de lettres de menaces, d'insultes, ou de questionnements, qu'elle avait reçues suite à la première publication de la Loterie.

Existe-t-il une meilleure preuve de l'intérêt que mérite Shirley Jackson ?

Alors n'hésitez pas et lisez cet excellent recueil !
Lien : https://annesophiebooks.word..
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Grosse claque ! Quelles nouvelles ! L'auteur maîtrise le genre et sait distiller le malaise (car il y en a souvent) petit à petit par petites touches alors que les décors et personnages semblent être parfaitement ordinaires... le style et les sujets sont modernes (parfois à la limite du fantastique), trop sulfureux sans doute pour l'époque de leur première publication... du coup, ils passent très bien aujourd'hui !
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