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4,09

sur 801 notes
"La petite femelle" est un roman fort qui retrace la vie de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tuer son amant Félix Bailly. Belle femme, mais critiquer pour sa froideur et sa modernité. le postulat de Philippe Jaenada est de reprendre tout depuis le début - l'enfance de la jeune femme à Malo-les-Bains - et dans les moindres détails. En lisant ce roman, je n'ai pu m'empêcher de penser au "Pull-over rouge"de Gilles Perrault, qui retrace l'histoire de l'affaire Chritian Ranucci, l'un des derniers guillotiné de France. Il faut savoir que la peine de mort a été abolie en 1981, en France.

L'auteur fait part de tout à son lecteur, la précocité de Pauline aussi bien intellectuelle que sexuelle, son indifférence de l'opinion des gens, la froideur de ses parents à son égard, la mort de ses proches, sa jeunesse sous le nazisme, son désir de devenir médecin puis de se spécialiser en pédiatrie, son incapacité ou sa peur d'aimer, etc. C'est dense, foisonnant, intense. le lecteur pénètre réellement l'intimité de cette femme au destin extraordinaire, mais malchanceuse selon Jaenada. D'autres vous demanderont si c'est vraiment de la malchance...

Tous ces faits biographiques s'entrecroisent avec la voix de l'auteur, sa vie et son opinion personnelle. le lecteur suit presque pas à pas l'écriture du roman, comme un ami sincère vous racontant une histoire captivante, assis dans un fauteuil moelleux au coeur d'un salon accueillant et chaleureux. Les apartés de l'auteur sont parfois un peu lassantes car n'ont que peu à voir avec le sujet traité; heureusement l'humour et la dérision sont là. le travail de documentation est titanesque et les recherches ne laissent passer aucun détail. L'auteur a traqué son sujet jusqu'à l'obsession.

Un autre point important est que l'auteur, en essayant de se mettre dans les talons hauts de Pauline Dubuisson, opte indirectement pour une plaidoirie en faveur de la défense de la jeune femme. Sans trouver d'excuses intimes et profondes à tous ses actes, même les pires, Philippe Jaenada n'offre au lecteur qu'une facette et demi de l'histoire. Il influence la façon de voir et de penser à ce drame, et à toutes ses causes profondes. Il tente de la dédouaner, même s'il ne l'excuse pas, un homme est mort tout de même. Mais peut-être est-ce la faute à pas de chance?...

Il est vrai que le procès semble avoir défrayer la chronique à cette époque. Les journalistes faisaient ressortir le graveleux, et le côté mauvaise fille de la jeune femme. Toutes ses qualités sont devenues des défauts, et les vérités semblent avoir été manipulées - ou plutôt oublier - au profit de l'accusation.

Le procès est vraiment le moment le plus marquant du récit. le juge, au lieu de conserver sa neutralité, se met partie prenante de l'accusation, et les avocats de Pauline, soit se désistent, soit lui conseillent de plaider la culpabilité pour être purifier aux yeux de Dieu. Tous sont des hommes de plus de quarante ans, qui voient encore la femme comme une petite chose fragile, qui doit obéissance et respect à son mari. L'auteur a d'ailleurs l'intelligence, même si cela explique l'épaisseur du roman, d'aborder les procès d'autres femmes, jugées dans la même période, et pour des faits presque similaires. La comparaison est intéressante, même si elle n'excuse en rien les gestes, et permet une meilleure compréhension du quotidien de l'après-guerre, et du carcan de la société sur le sexe faible.

Au final, l'auteur ne cherche pas de coupable -car pour sauver Pauline Dubuisson et ses consoeurs, il est bien trop tard - mais plutôt à les comprendre et à rétablir la justesse des faits, grandement manipuler par toutes les parties. La jeune femme apparaît alors comme une victime. Victime de son éducation, victime de la société, victime du temps. Mais il ne faut pas oublier que la véritable victime - qui à l'époque est apparue blanche comme neige - n'est autre que ce beau jeune homme, futur médecin, qui n'aura jamais pu profiter de sa vie. Mais n'est-ce pas, finalement ce qui est également arrivé à Pauline Dubuisson, ou est-ce la faute à pas de chance?...
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Pauline Dubuisson a connu, c'est le moins qu'on puisse dire, une vie plus que mouvementée. Née en 1927, elle est éduquée par son père qui lui inculque des préceptes très masculin (et encore heureux qu'elle ne fut la seule fille d'une fratrie de quatre, sinon cela aurait été certainement pire) pour l'époque : une certaine froideur, la primauté de la maîtrise de soi sur l'excès de sentiments… et la mère dans tout cela ? Une vraie femme modèle : effacée, transparente !

A l'âge de 14 ans, pendant la seconde guerre mondiale, Pauline est instrumentalisée par son père pour l'aider dans son entreprise de BTP, auprès de l'occupant allemand : elle est son porte-parole, son assistante… jusqu'à coucher avec un ou deux officiers allemands.

Absence de mère, omniprésence du père, tondue a la libération, Pauline a déjà engrangé son lot de difficultés. A cela s'ajoute la volonté de devenir médecin à tout prix, vocation testée, malheureusement pour Pauline, pendant la guerre, dans un hôpital tenu par les allemands. A la fin de la guerre, elle rencontrera toutefois Félix Bailly avec lequel elle entretiendra une relation de trois ans jalonnées de plusieurs demandes en mariage de la part de Félix, toutes plus ou moins directement repoussées (et non pas refusées) par Pauline : à l'époque, le fait de se marier signifiait pour une femme l'abandon potentiel de toute velléité professionnelle, ce à quoi Pauline ne peut se résoudre. La distance qu'elle impose alors à Félix aura raison de son amour qu'on pourrait penser presque à sens unique : sous la pression de ses parents qui détestent Pauline, Félix la quittera pour les bras de Monique avec laquelle il entretient un relation platonique pendant un an avant de lui proposer également le mariage, sans jamais totalement oublier Pauline qui l'a déniaisé.

Pauline va connaître d'autres aventures qui l'amèneront à finalement réaliser qu'elle aime Félix. Trop tard ? Peut-être pas à en croire des amis de Félix. Cet espoir qui va naître en Pauline sera un espoir fatal : elle va rejoindre Félix à Paris pour tirer cela au clair et savoir si elle a encore quelque chance avec Félix. A défaut, elle est prête à en finir avec la vie. En mars 1951, elle rejoint Félix chez lui et face à son indifférence menace de se tirer une balle dans le coeur. Félix se jette sur elle pour l'en empêcher, Pauline retourne le pistolet sur Félix et le tue de trois balles avant de tenter de suicider au gaz. Sa tentative avortera, elle sera arrêtée puis jugée pour l'assassinat de Félix qu'elle n'a jamais nié.

Je vous la fait aussi courte (et peut-être entachée de quelques approximations et oublis, Philippe Jaenada me le pardonnera, mais je ne peux pas recopier les 700 pages du livre !) mais juste que possible, le texte de Philippe Jaenada regorge d'une multitude de détails et le propos de ce billet n'est pas de vous narrer toute l'histoire de Pauline mais de vous donner quelques clefs.

Le propose de Philippe Jaenada n'est pas (du mois je le pense) de nous faire croire que Paulien Dubuisson est innocente, il ne faut tout de même pas exagérer, les preuves sont flagrantes. Philippe Jaenada s'intéresse d'abord à la jeunesse de Pauline de façon méticuleuse puis au déroulement de sa relation avec Félix Bailly pour démontrer point par point que si Pauline est loin d'être un ange de vertu, elle n'est ni la machiavélique manipulatrice ni la froide tentatrice que la presse et la justice vont présenter au grand public et qu'elle n'a jamais rien fait pour mériter l'acharnement dont elle l'objet.

Manipulation des faits, exagérations, mensonges, travestissements des témoignages, la justice et la presse (pas toute mais une bonne partie tout de même) ne reculeront devant rien pour humilier Pauline. Il suffit pour s'en rendre compte de se souvenir (comme le fait Philippe Jaenada) que les avocats de la partie civile ont aussi officié dans une affaire assez similaire et n'ont pas requis de la même manière, obtenant même, en étant dans le camp adverse, l'acquittement ! Rien, malheureusement, dans le livre de Philippe Jaenada ne permet de comprendre cette haine, cet acharnement, cette humiliation voulue par les avocats et assenée sans remord ni conscience sur Pauline.

Pauline sera condamnée à la prison à perpétuité, évitant de justesse la condamnation à mort. Elle sortira de prison en 1959 pour bonne conduite, changera de prénom, reprendra ses études de médecine, spécialisation pédiatrie, partira à Essaouira pour faire son internant, loin de Paris, suite à la sortie du film de Clouzot « La vérité » en 1960 qui s'inspire de son procès et de son histoire et qui la remettra sous les feux des projecteurs alors qu'elle cherche l'oubli et la tranquillité. C'est à Essaouira que Pauline finira par mettre fin à sa vie.

Au-delà du destin tragique d'une femme qui a du grandir trop vite, qui a dû lutter avec des armes d'homme dans un monde dirigé par les hommes (son père, l'occupant allemand, un futur mari, ses juges,…), Philippe Jaenada s'est livré à un travail (pour l'auteur) et soumet à un effort (pour le lecteur) de représentation gigantesque que tous les détails de la vie puis du procès de Pauline Dubuisson. A telle enseigne qu'on a l'impression que Philippe Jaenada a suivi lui-même Pauline, se cachant dans son ombre, dans les replis de son cerveau et de son âme, parfois petit diable, parfois petit ange, lucide et honnête, choqué par le traitement qu'elle a subi, fièrement, trop peut-être, presque provocatrice.

Alors certes, le livre fait ses 700 pages bien tassées, alors certes, le style de Philippe Jaenada est empreint souvent de parenthèses (certaines étant parfois imbriquées dans d'autres parenthèses (un peu comme ce que je fais là)), souvent de digressions, souvent de dérision tout autant pour décrédibiliser les attaques perfides et sous la ceinture des avocats ou des journalistes dont l'objectivité reste à trouver que pour lui-même souffler dans tant de noirceur, et ce style peut ne pas plaire à tout le monde, mais c'est un grand et long moment de journalisme autant que d'écriture. Ce n'est pas la moindre des prouesses de Philippe Jaenada que d'avoir réussi à faire de cette vie foisonnante et tragique un récit clair, complet, cohérent et jamais ennuyeux dans lequel le lecteur ne peut pas se perdre. Il suffit d'accepter que Philippe Jaenada nous prenne la main, s'accroupisse à côté de nous comme un père à côté de son fils, tende le doigt vers un point dans la rue qui s'éloigne de nous, de dos, et nous dise « regarde, mon petit, elle c'est Pauline Dubuisson et je vais te raconter son histoire ».

Lien : http://wp.me/p2X8E2-wb
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J'ai aimé le style de l'auteur et le côté très bien documenté.
L'histoire complète de Pauline m'a passionnée et j'éprouvais tantôt de l'empathie tantôt un peu de "revolte".(D'accord elle avait de bonnes circonstances atténuantes, un bagage familial
peu évident mais Félix n'avait que 27 ans)
Mais d'autre part,les digressions sont a mon sens trop longues et pas toujours nécessaires. Je m'en suis parfois lassées. Certaines d'entre elles manquent complètement d'intérêt.
Le côté très noir de cette vie brisée n'est pas évident à parcourir pendant 700 pages....
En bref,j'étais contente de le terminer mais je n'en regrette pas la lecture
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Je n'ai pas du tout aimé, son style aguicheur, m'a empêchée d'apprécier le travail qu'il a fait autour de ce fait divers... Il a une telle empathie pour Pauline Dubuisson qu'il n'a plus un once d'objectivé...Dommage!
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Le 17 mars 1951, l'histoire de Pauline Dubuisson, alors âgée de 24 ans, bascule irrémédiablement. Dans un acte aussi soudain que tragique, elle abat son amant de trois coups de pistolet, scellant ainsi son destin d'une manière inattendue et irréversible. Ce crime passionnel aux contours mystérieux la marquera à jamais, malgré ses tentatives ultérieures pour changer de nom et de pays. L'affaire se révèle être un chapitre feuilletonnesque dont la France s'empare. Libérée après plusieurs années de détention, le poids de ce drame poursuivra Pauline, agissant comme une ombre persistante qui ne peut être complètement éclipsée par le temps ou l'espace. La tragédie, qui aurait pu être reléguée aux annales judiciaires, continue de hanter la conscience de Pauline, rappelant constamment les choix qui ont sculpté le cours de sa vie. A travers ce roman Philippe Jaenada met en lumière la complexité des affaires criminelles et l'impact durable qu'elles peuvent avoir sur celles et ceux qui y sont impliqués. Pauline Dubuisson devient ainsi le symbole d'une destinée brisée, cherchant à échapper à une image qui la tenaille. Il explore son parcours avant et après le drame, , révélant les liens indissolubles qui la rattache à un événement qui a marqué les anneles de fifties. L'affaire Pauline Dubuisson, bien que souvent reléguée aux archives judiciaires, demeure une histoire fascinante et déchirante, mettant en lumière les conséquences profondes des actes impulsifs et des tragédies passionnelles. À travers ce livre, nous plongeons également dans les méandres de la psyché humaine, explorant la manière dont la justice et le destin s'entremêlent pour façonner des vies marquées à jamais par quelques secondes d'erreur tragique.
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Dans ce livre, on parle de l'affaire Dubuisson dont je n'avais pas trop eu echos. J'étais donc curieuse de connaitre son histoire.

Ce livre est très bien écrit. On y découvre Pauline Dubuisson de son enfance à Malo les bains jusqu'à la fin de sa vie.

Cette Pauline ne m'a jamais paru attachante ni sympathique et pourtant l'auteur en parle souvent avec bienveillance et tendresse.
Il la défend énormément .
Je voulais aussi préciser que ce roman est très long et rempli d'innombrables apartés qui m'ont dérangées dans ce livre ( j'en ai même lues en diagonales pour revenir à l'histoire de Pauline).
Plusieurs exemples : un long, très long paragraphe sur la saucisse, le nombre de fois où le mot saucisse peut apparaitre dans un roman ou plusieurs pages sur un accident qu'a eu l'auteur sous alcoolémie et son passage aux urgences pendant l'écriture de ce livre.

Mis à part cela, le livre est très bien et je le recommande.



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Novembre 1953. Pauline Dubuisson est accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette jeune femme dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché dans le lit de l'Occupant, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ? Une tragédie romancée et passionnante.
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Merci à l'auteur de m'avoir fait découvrir cette histoire et plus que cela Pauline Dubuisson, qui ne se résume pas à cette "affaire". Il restitue admirablement l'ambiance de l'époque (des différentes époques en fait puisque le livre s'étend de la Seconde guerre mondiale au début des années 60), s'enflamme pour Pauline et contre les avocats, les journalistes et même parfois la société tout entière, et emporte avec lui le lecteur dans son envie de comprendre.
L'histoire de ce drame est rapportée avec énormément de détails, mais sans lourdeur ni longueur. L'auteur arrive toujours à apporter un peu d'air frais en racontant (une petite partie) de sa vie avec humour ou en critiquant à leur tour d'un ton acerbe et plutôt brillant les critiques de l'époque.
Le tout nous fait réfléchir sur la société du temps qu'on ne peut s'empêcher de comparer avec notre époque.
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Après avoir lu le très bon Sulak je me suis embarqué dans la petite femelle . Autant dans Sulak j'avais apprécié sa désinvolture et son coté iconoclaste, ironique autant dans cet ouvrage j'ai trouvé qu'il en faisait trop peut-être que ce sujet me semble plus chaud car le personnage est ordinaire celui de Sulak pas du tout.
Pour la forme:
Des digressions trop souvent qui n'apportent pas grand chose (peut-être est-ce une façon pour Jaenada de souffler un peu et trouver de l'inspiration pour la suite) mais qui font sourire un petit peu sans plus ,
un style plutôt potache qui ne cadre pas avec l'histoire qui présente une certaine gravité et une atmosphère: la justice ,la police,les enquêtes ,les témoins etc..qui de fait impose le respect même si ce procès a pataugé lamentablement dans le sordide mensonger et l'approximation .
Pour le fond:
Il romance un peu trop des faits qu'il lui est impossible de connaitre (ce qu'il reproche a certains d'ailleurs) . On sent quand même qu'il s'est mis en tête de défendre coûte que coûte cette jeune femme et il y met quand même beaucoup (disons une bonne dose) de mauvaise foi.Par contre j'apprécie sa façon besogneuse ,procédurière,pointilleuse de s'attacher aux faits riens aux faits d'après les documents d'époque d'origine (pièces judiciaires)
En fait ce n'est même pas un roman mais une véritable plaidoirie je n'étais pas préparé à cela et cela m'a saoulé un peu
J'avoue que je n'ai pas complètement (presque) fini le bouquin je vais le faire par respect au travail de recherche de la vérité de Jaenada mais... c'est difficile...
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Mon troisième livre de Philippe Jaenada, après la serpe et Sulak.
Philippe Jaenada ne m'a jamais déçu, il a l'art d'expliquer, de retranscrire des situations, avec en même temps une facilité de digression souvent très drôle.
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