Dans
Les chaînes et le refuge, on suit l'itinéraire de
Wojciech Jaruzelski, fils de la bourgeoisie nobiliaire polonaise, depuis son enfance, son enrôlement dans l'armée polonaise « populaire » en URSS lors de la Seconde Guerre mondiale, et jusqu'à son ascension personnelle au sein de l'État polonais. Publiée au moment où prenait fin la République populaire de Pologne, et malgré sa narration se voulant « critique », cette autobiographie donne l'impression de n'être bien qu'une vaste entreprise visant à permettre à Jaruzelski de s'absoudre – lui-même – de toutes ses actions controversées.
Si ce livre permet tout de même d'apprendre certains éléments de l'histoire polonaise contemporaine, apportant par exemple a posteriori une critique bienvenue mais très facile de la politique antisémite des années 60 menée entre autre par Mieczyslaw Moczar (dont Jaruzelski a bien évidemment profité…) ; ou la présentation d'une chronologie de la contestation sociale ayant donnée naissance à Solidarnosc ; le ton général du témoignage ne peut au final, et malgré tous les efforts contraire de l'auteur, que donner de
Wojciech Jaruzelski l'image d'un serviteur insipide, opportuniste et zélé des classes dominantes à l'épreuve d'événements qui dépassent toujours sa propre personne.