Asiles de fous

Asiles de fous est un peu une "macrofiction", car elle reprend le style, le cynisme et ce regard décalé sur notre société si particulier aux microfictions de Régis Jauffret, cette fois-ci en développant ses personnages. Car l'intrigue pourrait tenir en une phrase : une femme devient folle quand son mari la quitte. Mais le talent de l'auteur nous emmène bien plus loin. le style, d'abord, se déguste à chaque phrase avec des métaphores aussi drôles que percutantes. La narration, elle aussi, participe à nous emmener au fond de la folie et de la méchanceté de ces personnages, en passant subtilement d'un narrateur à l'autre au milieu d'une phrase, d'un paragraphe. Tout cela est maîtrisé car on n'a jamais besoin de se demander qui parle. On en sort lessivé, heureux de se dire que les fous, c'est les autres. Vraiment ?

Alors que j'avais laissé tombé ces Microfictions, j'ai beaucoup aimé ce livre. Là aussi, il y a un gros effort sur le style, sur le rythme. L'écriture est très impressionnante et j'ai été totalement embarqué dans cette histoire. Ce livre me donne très envie de poursuivre ma lecture de son oeuvre.

Tous fous, oui, mais avec talent ! Quel bonheur que cette langue en roue libre mais sans fausse note, jusqu'à la pirouette finale. Délectable !

Quatre personnages, un couple, leur fils et la compagne de celui-ci suffisent pour ce roman. A tour de rôle ils racontent ce qu'ils font, ce qu'ils pensent. L'histoire pourrait arriver à n'importe qui, dans ce monde fou, dans lequel nous vivons.Les ménages seraient selon l'auteur des asiles de fous . Bon divertissement, bonnes descriptions des personnages et des caractères, presque comme du François Mauriac.

Dans ce roman la folie vous guette. Quatre personnages nous livrent leur version des faits, à savoir : la rupture entre David et Gisèle. C'est une rupture inattendue, bien que prévisible, de ces petits couples croyant aller bon train mais qui se laissent asphyxier par le quotidien et sa monotonie. Un couple mal assorti du reste mais ce n'est visible qu'après coup. Les beaux parents de Gisèle, François et Solange, sont une sorte de cliché morbide de "la belle-parentalité". Une mère surprotectrice qui couve et excuse tout à son fils. Et un père qui se contente de suivre le mouvement en zyeutant un tantinet de trop près ce que son fils abandonne lâchement. Car oui, ce n'est pas David qui rompt directement, il est trop lâche pour ça...
L'écriture est fine et pleine de sens dans ce roman qui déstabilise. Une belle satyre de la relation parfois hypocrite d'un couple et de la belle famille. Un premier essai sympa pour lire Régis Jauffret.

Une langue forte, un texte dérangeant jusqu'au malaise, à la fois viscéral et cérébral.

Un "asile de fou" délicieusement cynique et cruel qui met en exergue tous les travers de l 'âme humaine.
Un régal!