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4,19

sur 942 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après un recueil de nouvelles (« Janua vera ») et un premier roman (« Gagner la guerre ») d'une qualité remarquable et unanimement salués aussi bien par la critique que les lecteurs, voilà que Jean-Philippe Jaworski nous revient enfin avec une trilogie de fantasy historique intitulée « Rois du monde ». L'auteur quitte cette fois l'univers du Haut-Royaume pour se consacrer aux peuples celtes peuplant la Gaule antique que l'on découvre à travers l'histoire de Bellovèse, fils de roi dépossédé de son héritage et exilé en compagnie de son frère et de sa mère par son oncle, désormais haut-roi. A travers le récit à la première personne du jeune homme, J.-P. Jaworski brosse le portrait d'une civilisation celtique cohérente et intrigante, résultat de longues et minutieuses recherches sur cette fascinante société dont il est brillamment parvenu à retranscrire la beauté et la complexité. Comme souvent dès qu'il est question des Celtes, la magie vient pointer le bout de son nez, aussi tient-elle évidemment une place de choix dans l'oeuvre de l'auteur, de toute évidence friand de mythologie. Certaines scènes mettant en scène des divinités ou des créatures fantastiques inquiétantes et emplies de mystères valent notamment particulièrement le détour et ne vont pas sans troubler le lecteur, qu'il s'agisse de l'excursion de Bellovèse sur l'île des Vieilles ou encore de sa rencontre avec les terribles créatures hantant les forêts bordant sa demeure.

On peut également saluer le travail réalisé sur le temps de la narration, différentes époques se mêlant et s'entremêlant les unes aux autres au fil du récit. L'auteur n'hésite en effet pas à passer d'un paragraphe ou d'un chapitre à l'autre de l'enfance de Bellovèse à l'automne de sa vie ou bien à certains épisodes intermédiaires, tissant ainsi une trame complexe sans pourtant jamais embrouiller ou perdre le lecteur qui ne peut qu'admirer sa remarquable maîtrise. le talent de l'auteur se manifeste également à travers la beauté de sa plume, déjà à l'origine de nombreux éloges dans « Gagner la guerre », et qui sait encore une fois se faire tour à tour subtile ou incisive, et toujours très évocatrice. Malgré ses nombreuses et indéniables qualités, il faut toutefois préciser que « Même pas mort » reste avant tout un tome d'introduction. le narrateur se concentre ainsi essentiellement sur la genèse de son histoire, à savoir son enfance ainsi que les circonstances entourant la défaite de son père et les manigances de son oncle, des épisodes certes importants et intéressants mais qui traînent parfois légèrement en longueur et qui peuvent entraîner chez le lecteur une certaine frustration. « C'est loin d'être fini, en fait cela vient de commencer ». Ces derniers mots qui clôturent le premier volume sont en ce sens particulièrement révélateurs.

Malgré ce léger détail, « Même pas mort » n'en reste pas moins un excellent roman, captivant et rempli de cette poésie dont seul J.-P. Jaworski a le secret. L'été 2014, date à laquelle devrait normalement paraître le deuxième volume, me semble bien loin...
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«  Même pas mort » ! Dans la bouche d'un Bellovèse, c'est toute la hargne et le défi lancé avec moult morgue à la tête de tous ceux qui n'attendaient que cela !
Dans celle d'un Ambigat qui l'enterrait déjà, c'est la rage, la haine et la colère face à l'invraisemblance de cette survivance dont les dieux ne peuvent être innocents !

L'épopée à laquelle nous convie Jean-Philippe Jaworski est celle de Bellovèse, fils du roi Sacrovèse, dépossédé de l'héritage du trône qui lui revenait de droit par son oncle, Ambigat. C'est au cours d'une célèbre bataille, dont l'issue fut fatale pour Sacrovèse, qu'Ambigat a pris le pouvoir en laissant les fils et la femme de celui-ci, dans une vie, si ce n'est de misère, tout au moins sans aucune mesure avec celle sensée être réservée aux personnes de sang royal. Ces jeunes neveux grandissant, Ambigat les envoie à la guerre pour s'en débarrasser vite et bien. Seulement c'était compter sans le bon vouloir du destin, qui refuse à Bellovèse, blessé à l'agonie, l'entrée du monde des morts.
Tout cela, nous l'apprenons de la bouche de Bellovèse, qui, craignant qu'il ne reste plus rien des aventures de sa vie, une fois la mort venue, entreprend d'en faire le récit à un aventurier, marchand de son métier, qu'il reçoit pour quelques nuits, durant lesquelles va se dévider le fil de sa mémoire...

En effet, comment celui qui a survécu d'entre les morts, est revenu de l'île des vieilles, pourrait-il accepter de tomber dans l'oubli ? Car c'est sans doute cela, qui va sceller le destin de Bellovèse, comme une renaissance, pas forcément de bonne augure, car qu'est-il celui qui porte en lui une part du royaume des morts ? Crainte et défiance plus que confiance et respect.

Ouvrir les « Rois du monde », c'est ouvrir grand les portes du monde Celte, de ses croyances, de ses mythes et de ses codes où l'offense et le déshonneur sont pires que la mort...
Jean-Philippe Jaworski nous embarque avec lui comme un colporteur de mots et d'histoires qui nous prend par la main sur ces champs de bataille, sur les sentiers de ces forêts oniriques où rêve et réalité ne font qu'un, où tout imprévu est un signe des dieux, toute vision incertaine une prémonition qui doivent être suivis et réalisés. Si vous avez déjà été happé par la faconde et le charme d'éloquence d'un conteur, lui au centre, vous accroché à sa voix, les oreilles et les sens en émoi, vous serez conquis par « Même pas mort » et son auteur.

Que dire de plus qui a déjà été dit : la beauté du style de cet écrivain, son érudition qu'il sait nous faire partager sans être pédant (c'est une qualité qui tend tellement à se faire rare que cela serait dommage de ne pas le noter) et cette facilité qu'il a à nous faire accepter sans broncher cette prose truffée de mots de vocabulaire propre à cette époque (en matière d'armement, d'habillement, ...) qui coule et fanfaronne comme une évidence. Je ne vous cache pas que j'ai sorti le dictionnaire et me suis constituée un petit lexique : J'aime les mots et leurs sens, j'en ai découvert ici plus d'un, noms propres ou mots communs, aux sonorités qui donnent un charme fou au récit et façonnent d'autant mieux cet univers de mythes et de légendes qui s'ouvre à nous.

Seul petit bémol, l'auteur a bien failli me perdre un moment : Vers les trois quart du livre, j'ai senti les prémisses d'une lassitude, tout juste reprise à temps par une accélération du récit qui vous revient en pleine face comme un boomerang dont la course nous paraît lente, perdu à l'horizon, mais qui, au final, nous surprend par un retour à l'envoyeur, net et précis !

Quand le rythme de la lecture correspond au rythme du récit, c'est pour moi le signe des grands conteurs ; Alliez à cela un style impeccable et une imagination féconde vous obtenez du grand Jaworski !
D'ailleurs, « C'est loin d'être fini, en fait cela vient de commencer »
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C'est Bellovèse, fils ainé de Sacrovèse qui raconte son histoire. Il cherche à savoir pourquoi il n'est pas mort alors qu'il a été atteint gravement lors d'une attaque...
On s'immerge facile dans l'histoire de Bellovèse jusqu'à son arrivée sur l'île des Vieilles, la suite a manqué de dynamique à mon goût, on retourne dans le passé comme une mise en abymes et on revient au présent de la même façon. Bien aimé quand Bellovèse et son jeune frère s'attache à un vieil vagabond qui leur fait visiter la forêt. Beaucoup de personnages présentés dans ce tome d'introduction, la période n'était pas propice, j'ai eu du mal à m'immerger complètement même si j'ai aimé cet univers de fantasy. de plus, la langue de Jean-Philippe Jaworski est assez agréable à lire avec parfois des mots anciens ou oubliés qui parsèment son texte. Bien tentée pour lire la suite des Rois du monde (retrouve-t-on les mêmes personnages qu'ici ? j'espère)
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Après le coup de coeur de cet été, Gagner la guerre, je repars avec le premier opus de la nouvelle tétralogie de Jean-Philippe JAWORSKI, Même pas mort. Cette fois-ci, l'intrigue s'inscrit non dans un univers imaginaire inspiré de la Renaissance italienne mais bien dans notre monde réel : la période celte, bien avant l'arrivée des Romains en Gaule.

Pour situer le roman : Bellovèse et Segillos sont les fils du Roi des Turons, Sacrovèse. Ce dernier est tué par son propre beau-frère Ambigat qui lui ravit titre et terres. Devenu roi, Ambigat épargne la vie de ses neveux et les exile avec leur mère au royaume biturige. Les années passent : Ambigat rappelle à lui ses neveux et les envoye combattre les Ambrones. C'est au cours de cette bataille que Bellovèse reçoit un coup meurtrier mais ne succombe pas à ses blessures. A peine convalescent et flanqué du barde Albios et du guerrier Sumarios, il part consulter les oracles, les Gallicènes, sur l'île des Vieilles, afin de lever l'interdit qui pèse sur lui.

Si je devais résumer ce nouvel opus de Jean-Philippe JAWORSKI en un seul mot : ce serait "maîtrisé". En effet, bien que les trois parties du texte restent à mon goût assez inégales voire manquent de dynamisme pour la troisième partie (Lîle des jeunes), le style d'écriture fluide, efficace et poétique m'a complètement attaché au roman. A aucun moment, il n'a été question de le lâcher même si certains passages m'ont paru presque incongrus.
Il est vrai : le personnage de Bellovèse a beaucoup de similitudes avec celui de Benvenuto Gesufal de Gagner le guerre. Je les trouve tous les deux arrogants, peu recommandables et scrupuleux ; néanmoins, pour moi, l'assassin professionnel était plus fin et plus vif d'esprit, ne manquant pas non plus de gouaille pour se sortir de situations périlleuses. Cet aspect plus "intellectuel" m'a manqué chez Bellovèse mais fort heureusement, je le retrouve davantage dans le personnage du barde Albios.
Le contexte historique m'a paru également très maîtrisé : malheureusement, je ne connais pas assez la civilisation celte et je serai bien incapable de commenter la prestation de l'auteur sur la crédibilité de l'univers décrit. Seuls les toponymes d'Armorica et de Bibracte m'étaient familiers ; pour le reste, j'étais complètement perdue. En revanche, le fait de ne pas connaître les différents peuples et lieux de l'histoire m'a complètement immergé dans l'histoire, au point d'avoir l'impression d'être plongé dans un vrai univers de fantasy.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce nouveau roman mais j'attendrai que le second tome sorte avant en format poche pour investir. Le recueil de nouvelles Janua Vera saura bien tromper mon impatience.
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Je suis Bellovèse, fils de Sacrovèse, et l'interdit est sur moi car je ne suis pas mort. Une lance m'a traversé le poumon mais je ne suis pas mort. C'est pour réparer cette faute que je me rends sur l'ile des vieilles. Mais pour retourner à la vie moi qui ne suis pas mort, je vais devoir donner en sacrifice mon enfance.

L'histoire se déroule en Gaule, les différentes tribus celtes font et défont des alliances au rythme des guerres. C'est au cours de l'une d'elle que le roi Biturige va tuer le roi Turon, qui était marié à sa soeur. Cette dernière sera exilée avec ses deux enfants : Bellovèse et Segovèse.
C'est Bellovèse qui nous raconte son histoire, à une époque où il est vieillissant et où il a accompli de grandes choses (dont on ne sait encore rien). Il va nous raconter la guerre dans laquelle son oncle l'a envoyé, où il aurait du mourir. Puis de fil en aiguille nous voilà plonger dans son enfance. On y découvre les peuples celtes : valeureux guerriers au code d'honneur exigeant, combattants sanguinaires allant au combat le sourire aux lèvres, hommes superstitieux qui croisent dans les bois où dans leurs rêves des divinités.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Jean-Philippe Jaworski. Un style très littéraire (merci à google pour la traduction des mots celtes et autres vieux français oubliés) mais qui fait la part belle à la poésie. Les phrases s'étirent et planent en douceur pour nous décrire les paysages. On voyage dans les vallons maitrisés et les forêts mystérieuses, on comprend l'importance du code des guerriers, on apprend à vivre au temps des celtes. Certes, parfois, on pourrait regretter que cela donne un rythme lent, très descriptif, avec peu de dialogue. Mais la lecture est agréable même si j'en ressort avec une pointe de frustration à la fin de ce tome 1. C'est un tome plutôt introductif qui nous décrit l'enfance du héros, qui plante le décors et les personnages secondaires gravitant autour de lui. Mais on avait tellement envie d'en savoir plus!!
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Un roman de fantasy à ne pas manquer. le héros Bellovèse nous entraîne dans son monde, dans lequel il est souvent difficile de poser le livre, les pages continuent de se tourner, il est difficile de stopper les aventures de Bellovèse. Un voyage mélangé d'histoire

Le personnage principal est aussi attachant que certains personnages secondaires. L'écriture est très structuré. le déroulé de l'histoire un peu moins, il faut parfois lire quelques pages pour comprendre que ce qui cloche, c'est le temps ! Nous passons parfois d'une époque à une autre avec une coupe franche et il faut faire un petit travail d'attention pour comprendre la démarche de l'auteur.

Un livre écrit avec passion, Tome 2 dans le haut de la pile à lire.
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Ébaubi par Gagner la guerre, enthousiasmé par Janua Vera, c'est logiquement que je vais voir du côté de ce que Jaworski a fait de la Gaule celtique.
Je ne m'attendais pas à être déçu, je ne l'ai pas été. Je crois que ce gars-là est viscéralement incapable de pondre un mauvais livre.
Il n'a pas souhaité – c'est tout à son honneur – réitérer la construction de Gagner la guerre qui était de facture plutôt linéaire et classique, en l'occurrence un récit chronologique à la première personne. Dans Même pas mort, le narrateur, Bellovèse, que l'on devine au crépuscule d'une vie bien remplie, livre ses souvenirs dans le désordre, mu non par la chronologie, mais par les liens logiques entre des évènements parfois éloignés les uns des autres. On va le découvrir jeune homme, puis enfant, puis adolescent... Au réel vont venir se mêler les mythes et légendes celtes, le surnaturel (toujours discret, comme dans les récits du Vieux Royaume), des morts qui ne le sont plus vraiment, des paradoxes temporels, autant de choses qui font de Même pas mort un livre a priori plus exigeant que Gagner la guerre, d'autant que l'auteur ne nous aide pas toujours, par exemple en appelant le frère de Bellovèse par deux noms différents alternativement (Ségovèse ou Sigillos), au milieu d'une pléthore d'autres personnages aux noms à consonance proche. Jaworski fait en sorte de livrer son intrigue au compte-gouttes, et on sent d'ailleurs qu'il voit déjà bien au-delà de ce premier tome, et qu'il a déjà la suite bien en tête, ce qui laisse entrevoir un ensemble très cohérent.
Le style, c'est du Jaworski tel qu'en lui-même, tour à tour incisif, poétique ou étincelant. J'ai trouvé que parfois il en faisait un peu des caisses avec les mots peu usités (j'en ai relevé jusqu'à quatre dans la même phrase dont je ne connaissais pas le sens, alors qu'en matière de lexique je suis loin d'être le dernier de la classe), et qu'à d'autres moments il y allait un peu fort sur les descriptions de paysages, mais d'un autre côté il livre aussi des pages et des pages de pure beauté, tellement évocatrices qu'on s'y voit.
La fin est terrible. Aussi grandiose que dérisoire (ça peut paraître antinomique, mais ça ne l'est pas).
Jaworski ressuscite sous nos yeux une Gaule celtique à la fois historique et documentée, légendaire, mythique et mystique, sur laquelle on en a tant entendu ("nos ancêtres les Gaulois"), mais dont on sait finalement si peu. À ma connaissance, il est le premier à le faire aussi bien.
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Challenge ABC 2016-2017
21/26

C'est assez rare pour être souligné : un roman sur nos ancêtres les Gaulois ! Vous savez les grands blonds héroïques (mais sans la potion magique). Cela dit, ils ont un code de l'honneur et on ne rigole pas avec. Tout comme on ne rigole pas avec les forces divines et les intercesseurs des dieux. Une forêt habitée par des forces primordiales doit être respectée... Mais on ne sait pas s'ils sont blonds et grands.
La force du roman de Jaworski, c'est de multiplier les histoires dans les histoires et de ne jamais se perdre. Ni perdre son lecteur, qui doit néanmoins être attentif ; parce qu'il en apprend beaucoup sur Bélovèse, personnage principal dont la principale caractéristique est de ne pas pouvoir mourir. L'histoire est une intrication subtile de légendes celtes, d'histoire de guerre et d'honneur. le merveilleux n'est jamais loin : les dieux sont ne sont jamais loin des actions des hommes, voire président à leur destinée.
Pour avoir jeté un oeil dans des documentaires sur les Celtes, Jaworski a fait un énorme travail de recherches, tant sur les hommes et leur mode de vie que sur leur environnement et leur maîtrise des techniques comme la métallurgie et l'agriculture. C'est un roman très documenté, qui le rend extrêmement crédible et intéressant.
Je pense donc m'atteler à la suite, dès qu'ils paraîtront en poche.
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Ce premier tome m'a beaucoup plus ,même si j'attendais encore mieux . Car je ne peux m'empêcher de comparer avec "Gagner la guerre" qui avait été un gros coup de coeur. Même pas mort nous happe dès le premier chapitre et l'on retrouve avec plaisir la plume brillante de Jaworski. Toute la première partie est vraiment bien ,le mystère se dévoile au fur et à mesure sur la façon dont Bellovése est arrivé à ne pas mourir...
Et puis il y a toute cette partie sur l'enfance de Bellovèse qui me laisse un peu dubitative . C'est un peu long par moment et j'ai parfois eu du mal à savoir quand il rêvait ou non . Après tout c'est un roman de fantasy alors la barrière est mince entre le rêve et le récit de Bellovése.
Mais la fin m'a clairement raccroché et maintenant j'attends le second tome avec impatience...
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Jean-Philippe JAWORSKI a marqué la Fantasy française dès sa première publication, et confirmé avec la deuxième. Ce n'est donc rien de dire que son nouveau roman était très attendu, d'autant que celui-ci devait délaisser pour la première fois le Vieux Royaume.

Et en effet, cette première branche d'une trilogie intitulée Rois du monde est très différente des précédents écrits de l'auteur, y compris de ceux qui étaient réunis dans le recueil Janua Vera, et dans lequel JAWORSKI s'essayait à divers styles de Fantasy. Si l'on retrouve tout de même son humour dans le titre du roman, le contenu de Même pas mort est on ne peut plus sérieux et s'inspire de l'histoire et de la mythologie celtique. Pour cela il nous conte une histoire de famille et de pouvoir dans une tribu celte, laquelle conduit à la quête initiatique du jeune Bellovèse, fils de Sacrovèse, ce dernier ayant été tué par son frère Ambigat, dépossédant de fait le premier du royaume qui devait lui revenir.

Présenté comme cela, on pourrait craindre que Jean-Philippe JAWORSKI n'ait tout simplement sombré dans une Fantasy éculée. Il n'en est rien, pour au moins trois raisons.

La première est liée à la structure du récit, Bellovèse nous racontant quasiment son histoire à rebours. Plus précisément, il nous raconte sa jeunesse en remontant le temps et en s'arrêtant sur les faits marquants qui l'ont jalonnés ; en s'imbriquant les uns dans les autres, ces faits permettent à l'auteur de développer un récit tout en nuances et d'une grande crédibilité. Il montre aussi qu'il en a une parfaite maîtrise.

On touche aussi ici à la deuxième grande force du roman : son ambiance. Jean-Philippe JAWORSKI intègre littéralement son lecteur parmi les celtes, que ce soit dans les villages, pendant les voyages ou au coeur des batailles. le bestiaire traditionnel de la Fantasy est en outre quasiment absent, et vient uniquement servir la mythologie qui présidait alors au paganisme du peuple celte.

Bien sûr ces deux qualités n'auraient pu émerger sans la présence d'une troisième : l'écriture. Celle-ci est travaillée à l'extrême, ayant sans nul doute nécessité un énorme travail de documentation. Mais JAWORSKI ne se contente pas d'aligner des mots se voulant d'époque ; il sait aussi les agencer et rendre sa prose particulièrement belle, souvent à la limite de la poésie.

Alors bien sûr certains lecteurs pourront regretter la gouaille d'un Don Benvenuto Gesufal. Ce serait cependant faire peu de cas d'une oeuvre certes très différente, mais dotée de non moindres qualités.
Lien : http://philemont.over-blog.n..
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