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Les noms, les coutumes, la complexité des alliances . Tout pourrait concourir à rendre la lecture difficile. En fait non on replonge immédiatement comme si l'on était de ce monde violent et on partage le destin de Béllovèse , comme partie de lui même.
L'écriture de Jean-Philippe Jaworski est riche et elle nous ensorcelle comme son Héros.
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Dans les replis d'une captivité, et d'une confession dans la confession, des vérités jusqu'alors soigneusement tues se font jour dans la grande saga gauloise celtique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/01/21/note-de-lecture-les-grands-arrieres-rois-du-monde-2-2-jean-philippe-jaworski/
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Au vu du précédent tome, des plus captivants, je n'ai pas hésité un seul instant à me lancer une nouvelle fois aux côtés de Bellovèse. L'aventure fut cette fois-ci un peu plus déconcertante. Tout d'abord parce que le délai de parution depuis le précédent opus nécessite dans un premier temps de renouer avec l'intrigue, assez complexe, ainsi que de se remémorer les généalogies des protagonistes du récit, fort nombreux. le lecteur, sollicitant quasiment à chaque page les bribes de sa mémoire, navigue donc à vue au cours de la première partie de cette suite de Chasse royale. Un effort de concentration qui peut être également perturbé par l'emploi réccurent par l'auteur de flash-backs temporels permettant d'approfondir les relations entretenues par Bellovèse avec certains personnages secondaires. Mais une fois ces caractéristiques narratives intégrées, on prend un plaisir grandissant à suivre le fil déroulé par la belle plume de Jean-Philippe Jaworski. Dans une langue à la fois riche, précise et savoureuse, celui-ci nous embarque dans une ambiance tendue, à la frontière de la fantasy et de la mythologie. Chef de guerre celte à la vaillance reconnue, on retrouve un Bellovèse prisonnier, au sens propre comme au sens figuré. Après sa tentative infructueuse de défendre le Haut roi Ambigat, le voilà en effet désormais captif de ses ennemis. Pire encore, au bout du chemin l'attend un jugement qu'il redoute encore plus que la mort : Bellovèse est bel et bien prisonnier de ses doutes et des conséquences de ses actes passés.

Sans en dire plus sur le déroulé de ce troisième tome, bien moins orienté sur l'action guerrière que le précédent, ajoutons que cette suite romanesque monte peu à peu en intensité dramatique et nous laisse sur un final positivement frustrant, puisque porteur de nouveaux développements que l'on devine trépidants. Un dernier volume devrait voir le jour (...)
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Un "tome 2 bis" qui rompt avec la frénésie et la violence du tome 2. Retour au calme, pour un volet qui crée une symétrie avec le tome 1. On y retrouve d'ailleurs de nombreux éléments, dont certains personnages et la frontière brouillée entre le réel et le surnaturel. Un roman marqué par les personnages féminins, très forts, très puissants, qui vont imprimer leur marque sur le destin de Bellovèse.
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Cela fait quelques temps que je voulais m'atteler à la lecture de ce tome je ne sais plus combien de ce cycle. En effet, cette série était prévue comme une trilogie et va finalement être déclinée en 5 tomes si j'ai bien tout suivi. Jean-Philippe Jaworski a écrit plus que ce qu'il pensait au départ pour ce second tome et les contraintes de l'édition étant ce qu'elles sont, le second tome a été divisé en 2 et cela se sent un peu à la lecture de ce second tome. Si vous pouvez, il est préférable d'enchainer la lecture des 2 tomes de Chasse royale pour une meilleure compréhension notamment au niveau des noms. Je trouve d'ailleurs dommage qu'il n'y ait pas une liste des personnages et une carte qui auraient facilité ma lecture de ce tome. Cela donne un peu l'impression de passer à côté de certains aspects du récit à moins de lire avec une encyclopédie à proximité. Néanmoins, ce roman est une excellente lecture comme toujours chez Jean-Philippe Jaworski.

Cette seconde partie est différente de la première dans la mesure où il y a assez peu d'actions mais le climat de tension est commun à la première partie voire encore plus important. Bellovèse est en fâcheuse posture au début de ce tome. La rébellion contre le haut roi Ambigat a causé sa perte et il se retrouve aux mains de ses ennemis. Il se retrouve prisonnier sans savoir ce qui va lui arriver. La situation est loin d'être simple pour Bellovèse mais aussi dans la « politique ». En choisissant le parti de son oncle, Bellovèse s'est fait beaucoup d'ennemis. Bellovèse est le fils de l'ancien haut roi, Sacrovèse qui avait été tué par Ambigat, son beau-frère. Il a donc une place importante dans la noblesse celte. Ses ennemis profitent de sa situation de prisonnier pour lui montrer leur haine. Voici le point de départ du récit de Bellovèse dans ce second tome de la seconde partie.

Le début du roman surprend un peu car il met un peu du temps à avancer et le rythme est assez lent. Bellovèse raconte beaucoup d'événements de son passé et même si ceux-ci sont importants dans le récit, on préférerait en apprendre plus sur le sort réservé à notre héros. Toutefois ses souvenirs sont piquants, et fortement bien racontés et on se laisse très vite porter par eux. le roman est raconté par Bellovèse qui se plait à entremêler ses récits en racontant des moments marquants de son passé. Cela nous permet de bien mieux le connaitre et le comprendre, tout en situant le récit à d'autres moments dans l'histoire celtique. Cela permet aussi de mieux connaitre les personnages entourant Bellovèse, qu'ils soient ou non de sa famille. Jean-Philippe Jaworski nous offre ainsi une belle galerie de personnages tous extrêmement bien construits et met les femmes à l'honneur dans ce tome : Prittuse, la haute-reine Sacrila, la jeune soeur de Bellovèse, la mère de Bellovèse, sa femme, sa belle soeur….autant de caractères différents et de personnages décisifs dans la destinée de notre héros.

Les recherches effectuées par l'auteur sont remarquables, rien n'est laissé au hasard que ce soit au niveau du vocabulaire ou des coutumes celtiques. Cette série est une mine d'informations sur les Celtes et leurs manières de vivre. J'aurai aimé un glossaire qui aurait permis de mieux comprendre certains noms et fait gagner au roman un petit côté didactique. Cependant, cette justesse et cette richesse historiques rendent le roman très immersif. le style de l'auteur est encore une fois parfaitement agréable à lire, fluide et très travaillé, ce qui renforce cette immersion à l'époque celtique.

Cette suite est ainsi d'un très bon niveau optant pour un récit faisant des aller et retours dans la vie de Bellovèse et jouant sur la tension dramatique très présente tout au long du roman. C'est peu dire que j'attends la suite avec impatience pour pouvoir me replonger dans cet univers d'une grande richesse et très crédible.

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Jean-Philippe Jaworski prend son temps avec ce troisième tome des aventures du prince gaulois Bellovèse. le guerrier a été capturé alors qu'il défendait, seul contre tous, le haut-roi Ambigat. Il est emmené vers son jugement vers Aballo où trois hautes reines sont amenées à le juger. Ce tome fait une place très importante aux femmes, épouses, mères, grand-mères et filles et c'est ce qui fait son intérêt. Il dévoile la place des femmes dans le monde hiérarchisé des Celtes, leur influence, leurs activités et leurs pouvoirs et c'est passionnant. Toujours autant documenté et précis, cette troisième partie laisse un peu de côté les hauts faits de guerre et de pouvoir, pour pénétrer dans les logis et laisse se déployer les phénomènes magiques. Certains personnages prennent de l'épaisseur, notamment la soldure de Bellovèse, Drucco et Mapillos le colosse deviennent des personnages secondaires importants. L'un des aspects les plus réussis de ce tome réside dans l'écriture de la nature, des paysages et des milieux naturels. La forêt omniprésente est un personnage entier de ce livre. Enfin, notre héros continue à prendre de la profondeur, il se remet en question, il réfléchit, ses rêves sont autant de pages étranges et prenantes.
Bref, vivement le tome 4. Bellovèse doit trois réparations : sauver une reine, servir sa mère et sacrifier un être cher !
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Je crois que je commence à manquer de superlatifs pour décrire cette saga Rois du monde. Remarquez cela tombe assez bien car je trouve ce troisième tome (qui est en fait le tome 2 du tome 2, vous suivez ?) est un peu en dessous des deux précédents.

Ainsi, la première moitié ne m'aura réservé au final que peu de surprises et il me restera la petite sensation d'avoir lu un compte rendu plutôt qu'une histoire.

Pourtant, les dernières pages ont relancé mon intérêt. Enfin le retour des mystères, enfin nous ne voyons plus où le héros, Bellovèse, se dirige.

Je ne peux m'empêcher de me demander si la sensation de banal que j'ai ressentie au début de ma lecture n'était pas due au découpage forcé de chasse royale en trois tomes ? Peut-être cela serait-il passé plus inaperçu dans un livre de 1000 pages ?

En tout cas, ça reste très bon et, de toute façon, si vous avez lu la première partie, vous n'avez plus le choix, Bellovèse vous appelle auprès de lui !
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Bellovèse est dans de sales draps ! Après sa résistance héroïque à Autricon face aux guerriers ayant choisi de se rebeller contre le haut-roi, le voici tombé, seul, aux mains de ses ennemis. Et ils sont nombreux ! Qui, alors, aura le privilège de prononcer la sentence ? Articnos, le roi des Eduens dont il a sérieusement contrecarré les plans ? Ou le mystérieux gutuater, désormais promu au rang de grand druide ? Mais ne coure-t-il pas aussi tout simplement le risque de périr de la main même de l'un des héros dont il a tué de si nombreux frères une nuit plus tôt ? La situation du jeune guerrier n'est guère reluisante et ne manque pas de lui laisser un goût amer : après avoir réussi à s'extirper de sa condition d'otage et avoir gagné le respect de ses pairs par sa vaillance, le voici redevenu simple prisonnier, dépouillé de toute l'estime et de toutes les possessions qu'il avait pu acquérir jusqu'ici. Il en faut, de la force de caractère, pour garder la tête haute lors d'une épreuve pareille, car c'est bien « dans la défaite bien plus que dans la victoire qu'il convient de déployer de la grandeur pour demeurer fidèle à soi-même. » le récit de Bellovèse reprend donc exactement à l'endroit où on l'avait laissé il y a deux ans, presque comme si aucune interruption n'avait eu lieu ce qui peut, dans un premier temps, déstabiliser le lecteur. Initialement prévue comme une trilogie, « Rois du monde » a en effet du faire l'objet de plusieurs découpages de la part de l'auteur et de l'éditeur, le second tome (« Chasse royale ») se retrouvant scindé en trois tomes distincts dont la dernière partie devrait paraître l'année prochaine.

Une fois les wagons raccrochés, il faut admettre que l'on se remet assez rapidement dans le bain. Comme dans les précédents tomes, le roman est constitué de plusieurs récits enchevêtrés relatés par le vieux Bellovèse qui revient sur les moments clés de son parcours. Seulement il arrive fréquemment que la version plus jeune de lui-même doive à son tour revenir sur tel ou tel événement antérieur, ce qui permet à l'auteur de construire son récit de manière non chronologique et de naviguer entre plusieurs époques de la vie de son héros. Il n'en résulte toutefois aucune confusion pour le lecteur, tout juste une pointe de frustration dans le premier tiers du récit où les réminiscences du personnage paraissent peut-être un peu trop artificielles et où on se préoccupe davantage de connaître le sort qui sera réservé à Bellovèse après sa capture que les détails de son passé. On se laisse malgré tout vite captiver par le récit de sa rencontre avec ses plus proches compagnons ou celui de sa vie auprès de sa femme et ses filles, autant d'éléments qui permettent d'enfin combler une partie des trous de l'histoire du guerrier. Outre l'attrait pour l'intrigue, le plaisir que l'on prend à la lecture de cette deuxième partie tient également à deux choses : la plume de l'auteur et le caractère incroyablement immersif de son récit. Ceux qui ont déjà eu l'occasion de lire du Jean-Philippe Jaworski savent fort bien que l'auteur possède un style élégant, jamais lourd ou pompeux mais au contraire fluide, soigné et presque musical (pour avoir entendu l'auteur déclamer un passage du roman lors des dernières Imaginales, je peux vous dire que le texte envoie aussi bien à l'oral qu'à l'écrit !).

La qualité de l'écriture à elle seule ne suffit cependant pas à transporter le lecteur dans l'époque et l'univers dépeint. Non, pour cela, il faut aussi de la matière, des termes, des notions, des coutumes qui paraîtront dans un premier temps totalement étrangers au lecteur mais qui lui permettront, le temps de sa lecture, de se glisser lentement dans cette autre réalité. L'érudition dont fait preuve l'auteur pour faire revivre de manière la plus exacte possible l'époque dont il est question ici est indéniable et nous permet de mieux appréhender certains concepts clés comme le rapport des Celtes au sacré ou les hiérarchies qui prévalaient entre eux. Cette seconde partie nous en apprend également beaucoup sur la pratique du filage (sujet à propos duquel l'auteur aurait bénéficié des conseils d'une certaine Justine Niogret...), activité exclusivement réservée aux femmes. Et ce sont effectivement les femmes qui sont mises à l'honneur ici. Après avoir évoqué par le menu l'évolution et les détails de sa relation avec son cadet, son oncle ou encore les guerriers constituant ses plus proches compagnons, voici venu pour Bellovèse le temps de revenir sur ses rapports avec la gente féminine. Il y a d'abord Prittuse, la haute-reine répudiée à la réputation de magicienne à multiples facettes et qui tient entre ses mains le sort du jeune homme. Il y a aussi sa mère, qui n'a toujours pas digéré le ralliement de son fils à Ambigat. Et puis il y a Sacrila, sa jeune demi-soeur bien trop sagace pour son âge ; Caturigia, sa belle-soeur aussi froide que sublime ; et enfin sa femme et ses filles à qui il voue une affection sincère malgré le sévère coup porté à son mariage. Autant de personnalités fortes et plus ou moins bienveillantes qui toutes, d'une manière ou d'une autre, ont joué ou seront amenées à jouer un rôle dans le destin de notre héros.

Sans surprise Jean-Philippe Jaworski nous offre avec cette deuxième partie de « Chasse royale » un roman excellent qui séduit aussi bien par la qualité de sa narration que celle de ses personnages ou encore de sa reconstitution de la civilisation celte de l'époque. Reste maintenant à patienter pour découvrir la troisième et dernière partie de ce deuxième tome avant l'arrivée du troisième (et normalement dernier) volume de « Rois du monde » (« La grande jument »).
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Mais qu'on sanctifie tout de suite Jean-Philippe Jaworski ! Ce deuxième tome des rois du mondes est un pur chef-d'oeuvre !

Je dois le dire, par moment, il m'arrivait d'oublier que j'avais un livre devant moi, que je n'étais pas assis à côté d'un grand héros celte me racontant ses exploits guerriers.

Et le plus impressionnant dans tout cela est que j'ai pu suivre le fil de l'histoire malgré le nombre plus que pléthorique de personnages présents dans l'histoire : des rois, des héros, des guerriers, des sorcières, des druides, des reines, en veux-tu ? En voilà, mais je te rajoute quelques divinités celtes et même une chienne en suppléments !

Je me répète, mais c'est clairement de l'excellent ! On pleure avec Bellovèse quand il traverse des moments difficiles, on se bat avec lui quand il affronte des armées à lui tout seul, on a envie de l'encourager quand il est presque à bout.

Une chose pourtant : je déteste cette fin qui me laisse sur ma faim mais je la prends comme un prémisse de ce que je ressentirai quand la série sera terminée. (J'ai mal rien que d'y penser.)

Bref, c'est magnifique, c'est merveilleux, ce n'est peut-être pas divin, mais pas loin !

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CHERCHEZ LES FEMMES...

«Un héros tue ou est tué. Mais se rend-il ? Comment peut-il accepter le joug ? Comment concilier le roi d'aujourd'hui avec le captif d'hier ? J'ai tout fait pour étouffer ce souvenir. Dans leurs éloges, mes bardes font l'ellipse de cette période. Non qu'ils mentent par omission : ils ignorent ce qui m'est réellement arrivé.»

Cependant que nous, lecteurs, allons en savoir bien plus, de la bouche même de son principal protagoniste, au fil de cette magistrale confession nocturne que représente cette saga celte : Rois du monde !

Or ça, reprenons au point de départ...
L'avenir s'annonce des plus sombres pour notre héros, le turon Bellovèse, fils de Sacrovèse et frère aîné de l'indomptable Ségilos, et ce, dès les premiers pas dans la riche forêt de mots et d'histoires de cette Chasse royale - Rois du monde, deuxième branche II. Après avoir affronté à lui seul l'armée des Eduens dans un geste d'une force impressionnante, extra-ordinaire et désespérée - afin de permettre le fuite du Haut Roi, blessé -, c'est grâce à son propre frère et à quelques uns de ses nouveaux ennemis (lisez, vous comprendrez...) qu'il a la vie sauve. N'a-t-il pas contribué à la mort de leur hôte, le roi Orbiotalos dont l'épouse trouverait, en la personne de notre conteur, une victime expiatoire parfaite ? N'est-il pas, pour une large part, à la source de l'échec du complot mené contre le Haut Roi ? Les jours de Bellovèse semblent donc comptés, mais ce serait oublier la puissance de persuasion et l'influence majeure du Gutuater, cet étrange druide répondant au nom de Morigenos, assassin du précédent Grand Druide dont il a pris la place et qui fut déjà à l'origine de la précédente guerre dite des sangliers, et dont la silhouette ne semble pas totalement inconnue à notre guerrier. Lequel a semble-t-il décidé de permettre au jeune turon de survivre encore quelques temps.

Ainsi, le grand Bellovèse, celui qui est revenu vivant de l'île des Gallicènes, qui a affronté tant et tant de braves, qui a tué de ses propres mains neuf assaillants, se retrouve-t-il réduit à presque rien, quelque chose comme l'ombre d'un homme : un simple prisonnier en attente de son jugement. Et celui-ci tarde, et tarde encore. En premier lieu, parce qu'il n'aura pas lieu dans l'enceinte d'Autricon, ancienne capitale des Carnutes (actuelle Chartres), pas plus qu'à Bibracte dans les monts du Morvan, principal oppidum et capitale des Eduens, lieu de résidence du plus grand opposant au Haut-Roi Ambigat, le roi Articnos (son ex-beau frère : la Celtie est une immense famille qui aime à se déchirer violemment et les Atrides de la mythologie grecque n'ont qu'à bien se tenir !). Au fur et à mesure de son avancée, Bellovèse se perd en conjecture sur sa destination finale, autant qu'il se perd (se retrouve ? dans ses souvenirs. Et l'on découvre ainsi comment il rencontra, les uns après les autres et dans des circonstances passablement diverses, les trois hommes qui devinrent ses ambactes (terme à la définition contemporaine exacte mal établie mais que l'on pourrait traduire par écuyer, assistant militaire, esclave, servile ou client, on n'est sûr de rien dans l'état actuel des connaissances). Labrios, son porte pavois, d'abord. Un "étudiant" barde manqué, condamné à ne plus jamais chanter sous peine de briser son tabou, relégué à la mendicité, n'aimant pas se battre et même lâche à ses heures, ne se sentant véritablement à son aise que dans la compagnie des femmes et des enfants, mais au final assez bon compagnon. Drucco, ensuite, son porteur de lance. Un homme terrible, aux tendances facilement sanguinaires - par vice -, excellent guerrier, probablement fidèle à Bellovèse pour autant que son maître peut lui apporter des batailles et du sang, mais un être dont il nous est avoué qu'il est «pernicieux» en ce sens que cette haine violente de la vie (des autres) qu'il porte en lui, il parvient à la transmettre à qui l'entoure... Brogilos, enfin, son vacher. Brogilos aux mille qualificatifs possibles : énorme, grotesque, monstrueux, laid d'une laideur à faire tourner le lait dans le pie des vaches, d'une force colossale mais d'une gentillesse molle, aussi habile avec les animaux qu'il ne comprend et ne sais se faire comprendre des humains, attirant même leur désaprobation, leurs quolibets, leur haine parfois ; Brogilos venu de lui même - et de très loin - pour se mettre au service de Bellovèse parce qu'un rêve lui en a intimé l'impérieux devoir ! Brogilos qui sait passer «de l'autre côté» lorsqu'il dort. Brogilos que notre héros traîne, d'une certaine manière, comme un boulet tant il est contrefait, mais dont il ne sait pourtant se séparer, même lorsque sa vie en dépend (grand bien lui fasse, sans quoi nous n'aurions pas l'espoir d'une "troisième branche" très excitante). Brogilos auquel on s'attache malgré sa disgrâce, malgré ses verrues, ses lupus, son corps boursouflé, sa sidération permanente, son aboulie... Mais qui se fera une puissante et maléfique ennemie dans le cours de ce volume.

Jean-Philippe Jaworski sait soigner ses flash-backs. Dans une certaine mesure, on peut même ajouter qu'il les accumule dans ce volume au calme tout relatif, très peu belliciste et guerrier (surtout si l'on songe à l'épisode précédent), très tourné du côté des femmes, de la féminité. On apprendra ainsi dans quelles circonstances il se maria, comment il découvrit la paternité (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques pages d'un grand bouillonnement poétique et dans lesquelles n'importe quel père aimant sera forcé de se reconnaître un peu), on découvrira - enfin - le nom de celle qui lui mérita de n'être presque pas salué et même carrément bousculé par son propre beau-père, dans la "première branche". On retrouvera aussi cette mère, ancienne reine et femme malheureuse pétrie de détestation pour son Haut Roi de frère ; personnalité au caractère fort et intransigeant qui a refusé tout contact avec ses fils depuis neuf années qu'ils ont trahi la mémoire de leur père en rejoignant le camp d'oncle Ambigat, son meurtrier. On rencontrera l'étrange et étonnante demi-soeur, Sacrila, que l'ancienne reine des Turons a eu du fruit tardif de ses amours avec le si regretté Sumarios, devenu en quelque sorte père par procuration et Mentor. Enfin, on croisera la doucereuse et terrible ancienne Haute-Reine, l'enchanteresse Prittuse, qui n'a de cesse de vouloir se venger d'avoir été conspuée par son ex-époux Ambigat, et qui semble mener la danse, sachant retenir les uns et les autres dans des rets aussi fins et invisibles qu'ils s'avèrent acérés. Prittuse, la magicienne, qui souhaite retenir à elle, sans contrainte apparente, son prisonnier pourtant poursuivi d'une triple infamie et dont le jugement sera aussi perfide que terrible. Prittuse la fileuse, femme déjà bien avancée dans l'âge, à l'apparence fragile et humble, qui tisse une toile dantesque afin d'assouvir sa soif incommensurable de vengeance et de pouvoir.

Infiniment moins belliciste et guerrier que le précédent opus, ce second volet de Chasse Royale fait la part belle aux souvenirs, à l'introspection, à la réflexion, à la magie, à l'onirisme et aux femmes. Il n'est pas, jusque dans le lieu où fini donc par se retrouver, toujours pieds et poings liés, notre fier prince celte, de références à la féminité doublée d'un mysticisme aussi trouble qu'envoûtant, que l'auteur évite. Ainsi nous retrouvons nous, contre toute attente, dans l'étrange cité d'Aballo, dont le nom actuel n'est pas sans rappeler celui d'une certaine île de légende : Avallon... de l'île aux femmes (où Bellovèse a semble-t-il rencontré les étranges Gallicènes) à cette ville de femmes, il n'y avait qu'une boucle, que le romancier a allègrement et pour notre plus grand plaisir, nouée. Ainsi, sans prétendre que cette source soit principale, il est tout à fait possible que Jean-Philippe Jaworski, dont les connaissances et la culture semblent particulièrement larges, solides et éclectiques, ait inséré un peu de ce qui deviendra, plusieurs centaines d'années plus tard, le fond culturel et imaginaire du fameux Cycle Arthurien, dont on sait qu'il a lui-même largement puisé dans des contes remontant à des origines celtes aujourd'hui avérées. Ainsi, notre enchanteresse Prittuse n'est-elle pas sans rappeler une certaine Morgane - femme terrible et de sang royal, aux pouvoirs étendus, certes souvent montrée comme mauvaise par la tradition, surtout depuis la chrétienté, mais dont les origines plus anciennes n'en font pas un être à la mauvaiseté aussi manichéennes qu'il peut sembler aujourd'hui. - Morgane, à l'instar de Prittuse est certes une femme puissante et de pouvoir, mais c'est d'abord une femme libre, intelligente, cultivée. de même, ce personnage équivoque de druide un peu décalé, passant de moment d'une grande sagesse à la plus élémentaire des gamineries en un rien de temps, métamorphe (on le dit capable de se transformer en sanglier), marié, semble-t-il, à une déesse qu'il a perdu, et ayant totalement perdu la raison plusieurs années durant à cause de cette même femme, ne se souvenant même pas de son véritable nom, ce Suobnos/Morigenos n'est pas sans rappeler, par bien des aspects, le célèbre enchanteur Merlin auquel, selon les versions, il arrive des aventures sensiblement identiques. Notre Bellovèse ne serait-il pas d'ailleurs, par certains aspects, une sorte d'avatar antique au grand Roi Arthur Pendragon ? Bien entendu, il ne s'agit surtout pas de lire ce cycle -et plus encore ce volume - à l'aune seulement de la légende arthurienne : ce serait tout à la fois trop facile et terriblement injuste. Mais il semble évident que Jean-Philippe Jaworski a su plonger avec ravissement et altitude - et nous emmener de même - dans toutes ces "branches" pour reprendre le mot, éclatées mais fondamentales, de notre littérature, de notre histoire et surtout de cette proto-histoire encore tellement mal connue, de notre fond commun de contes et de légendes , des coutumes ancestrales mais encore vivaces bien des siècles plus tard (les pages consacrées à l'art du filage, entremêlée d'un zeste excessivement fin, subtil, de magie, sont absolument sidérantes) sans doute plus souvent phantasmé que ce qu'il fut dans sa réalité crue. Il serait aussi injuste de ne pas mentionner ce texte en tout point incroyable qu'est La Razzia des vaches de Cooley, l'un des textes fondateurs de l'imaginaire irlandais et une des sources parmi les plus riches de renseignement sur l'ancien monde celte. Car, à l'instar de cette légende irlandaise, nos personnages de papier sont eux aussi de sacrés pilleurs des troupeaux des autres (presque un sport !), ils n'oublient jamais de trancher la tête de leurs victimes pour s'en approprier la force, les druides y sont plus présents que jamais et les dieux, s'ils existent, n'interviennent pas directement !

Tout l'art de Jean-Philippe Jaworski, dont on ne dira jamais assez combien cet homme est doué, est là : de nous faire croire à ce guerrier celte dont les os se sont mêlés à la terre depuis des lustres - pour autant que le Bellovèse mentionné par Tite-Live ait jamais eu d'existence autre que mythique -, de nous donner pour vraisemblables ces femmes incroyables, ces guerriers intrépides aux moeurs implacables, ces rencontres fortuites avec les pratiques occultes, les sortilèges, tout un monde d'illusions, de divinités tutélaires, d'animaux mystiques, de rêves plongeant dans une certaine réalité, sans qu'il soit besoin d'en faire plus qu'il n'en faut : le fantastique parait étonnamment crédible sous la plume du romancier, car il sait nous transporter sans coup férir jusqu'aux frontières délicates et tellement incertaines entre le rêve et l'envoûtement.

Bien que fort éloigné de ces fameux "page turner" si vilainement nommés dans un français plus que douteux (et souvent aussitôt oubliés que lus), c'est fébrilement qu'on suit les pérégrinations de notre héros, tant dans ses souvenirs que sur la longue route qui le sépare de la vérité sur son sort et sur lui-même. Car nul doute que ce passage - cette épreuve, presque de l'ordre du rite initiatique - imposé par cette Morgane (on peut aussi parfaitement penser à la Circé de l'Iliade, Bellovèse ayant par ailleurs de nombreux traits de l'incroyable Ulysse. Lorsqu'on affirme que les références de l'auteur sont innombrables...) antique qu'est Prittuse aura permis à notre roitelet en devenir d'avancer sur le dur chemin de sa destinée, laquelle s'annonce bien entendu ardente et magistrale. Ce troisième opus n'aura pas été de tout repos, à nous autres, pauvres lecteurs déjà en manque d'une suite, même si l'épreuve fut délicieuse - on retrouve ici la faconde et ce sens inouï du rythme et de la digression qui étaient déjà si présents dans le premier volume de ces Rois du Monde -, il nous faudra désormais attendre afin d'en apprendre un peu plus sur la trépidante destinée de Bellovèse, fils de Sacrovèse, prince Turon.
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