Témoignage d'un homme qui fut un enfant juif pendant la seconde guerre mondiale,
Un Sac de billes commence en 1941, avec une blague de sale gosse d'un goût rétrospectivement douteux : Joseph et son frère, Maurice, voyant deux S.S. descendre la rue, et subodorant qu'ils cherchent à se faire coiffer, s'empressent de se poster devant l'affiche indiquant que le salon de coiffure paternel est juif... Pas manqué, les deux Allemands entrent dans le salon... Ambiance tendue chez les Joffo...
Peu après, les mesures répressives et les rafles vont s'accentuer, le port de l'étoile jaune devient obligatoire. Joseph fait à cette occasion sa première affaire, puisqu'il échange son étoile contre...
un sac de billes !
Mais les parents Joffo n'en sont pas à leur premier pogrom : d'origine russe tous deux, ils ont connu la fuite très jeunes, sept ans pour le père. Alors quand ils décident de fuir Paris, ils gardent la tête froide et envoient Albert et Henri, les deux plus grands en avant. Ils iront s'installer à Menton.
Ce sera ensuite le tour de Maurice et de Joseph, puis des parents.
Maurice et Joseph ont douze et dix ans, et ce sont de petits garçons bien débrouillards. Ils échappent une première fois aux Allemands dans le train grâce à un prêtre.
Joseph Joffo explique en post face que la scène ne s'est pas du tout passée comme dans le film, que le curé les a aidés de lui-même et de son plein gré.
Mais une fois descendus du train, il faut encore passer en zone libre. Ils confieront ce soin à un gamin à peine plus âgé qu'eux, qui leur en demandera deux fois moins cher que les adultes. Et Maurice, qui a décidément oublié d'être bête, remettra leur petite cagnotte à flot en retournant sur ses pas et en faisant passer d'autres personnes...
Une fois en zone libre, leur répit sera de courte durée, et la famille sera pourtant rassemblée une dernière fois. La zone "libre" est occupée par l'armée italienne, qui est loin de mettre autant d'ardeur à la chasse aux Juifs que les Allemands ou les Français de la Gestapo. Mais voilà, l'Italie change de camp, et les Italiens sont remplacés par les Allemands, justement.
Maurice et Joseph vont alors connaître les pires moments de leur fuite : réfugiés dans un premier temps dans une sorte de camp scout, ils seront raflés et parqués à l'hôtel Excelsior de Nice, où ils devront le salut à la chance (celle d'être arrivés après le départ du convoi du vendredi soir, soumis à quota, par exemple) et au culot et à l'ingéniosité décidément sans limites de Maurice...
Le dernier refuge de Jospeh sera à la montagne, chez un libraire antisémite qui idolâtre Pétain, ce qui donnera un cocktail assez détonnant à la Libération.
Un Sac de billes est un témoignage qui peut être lu dès 11/12 ans : c'est l'âge que j'avais la première fois que je l'ai lu, prêté par ma prof de français à l'époque. La lecture de ce livre, agréable et pleine d'aventures, vaut mieux que beaucoup de discours...