Ce Jardin n'est pas clos, il est ouvert sur le vaste monde. Qui ne pourrait en parler mieux que
Paul Valéry ? Il écrit dans la Lettre de Madame Émilie Teste : « Nous allons à la fin où vous aimeriez d'aller si vous étiez ici, à cet antique jardin où tous les gens à pensées, à soucis et à monologues descendent vers le soir, comme l'eau va à la rivière, et se retrouvent nécessairement. Ce sont des savants, des amants, des vieillards, des désabusés et des prêtres ; tous les absents possibles et de tous les genres. » Ils y viennent pour apprendre ? Sans doute. Mais combien plus pour rêver...
Apprendre et rêver s'épaulent ici. Et c'est
Paul Valéry qui nous le suggère encore, dans ce Dialogue de l'Arbre qu'il écrit au soir de sa vie, en 1943, et que le Professeur
Francis Hallé tient, dit-on, pour le plus beau texte qui ait
été écrit à la gloire du végétal. Dialogue où s'entrelacent poésie bucolique, biologie et hautes méditations, et qui culmine dans la fusion qu'en fait le savant Lucrèce : « Ne sens-tu pas se fondre et sa vie et ton voeu, vers le son désiré dont l'onde te soulève ? Ah ! Tityre, une plante est un chant dont le rythme déploie une forme certaine, et dans l'espace expose un mystère du temps. Chaque jour, elle dresse un peu plus haut la charge de ses charpentes torses, et livre par milliers ses feuilles au soleil, chacune délirant à son poste dans l'air, selon ce qui lui vient de brise et qu'elle croit son inspiration singulière et divine […]
La méditation rayonnante m'enivre ».
C'est ce que vous promet l'oeuvre de
Marie-Lydie Joffre,
subtilement réalisée en ce Jardin.
PROFESSEUR THIERRY LAVABRE-BERTRAND,
Directeur du Jardin des Plantes