La prison du comté d'Absaroka accueille pour 2 semaines une nouvelle pensionnaire, envoyée par la prison surchargée du comté voisin. Il s'agit d'une femme qui a abattu son mari de 6 balles dans la tête. Après vérification, le monsieur aurait enfermé les chevaux de sa dame dans l'écurie et y aurait mis le feu. Ceci dit, 6 balles, c'est quand même beaucoup... de toute façon, Mary Barsad, l'épouse en colère, a avoué sans aucune difficulté le meurtre de son mari, y ajoutant même des raisons de croire en la préméditation de cet acte.
Mais pour Walt Longmire, le Shérif du comté d'Absaroka, il y a quelque chose d'étrange dans cette histoire. Il décide donc, sous couvert d'anonymat, avec le chien comme seul compagnon, de se rendre à Absalom, la ville où tout s'est joué, pour en découvrir un peu plus sur ce qu'il s'est passé. C'est aussi, peut-être, pour lui, le moment de renouer avec la ville dans laquelle il a grandi.
Depuis que j'ai découvert "
Little Bird", le premier opus des enquêtes de Walt Longmire, je me suis prise d'une passion immodérée pour cette série. J'aime ce bon vieux Shérif, sorte de paradoxe ambulant, à la fois pataud et excellent tireur, qui a soif de justice mais aime les prisons vides, très empathique mais toujours maladroit dans ses relations avec la gente féminine. J'aime beaucoup son équipe, son microcosme, la nation Cheyenne en tête de file, mais également le vieux Lucian ou la belle Vic. J'aime les endroits qu'il fréquente, son comté d'Absaroka, avec les bighorn mountains juste à côté, le centre ville qui doit avoir un passage dédié entre le bureau du Shérif et le Busi Bee ! J'aime également le froid et la neige tels qu'ils sont décrits. J'aime les contrastes entre les paysages magnifiques et sereins et la violence de certains hommes, qui teinte souvent de rouge la neige immaculée (et qui donc, ne l'est plus !). J'aime les dialogues souvent "édifiants", qui me font beaucoup rire, qui ajoutent une bonne dose d'humour à des histoires pas souvent hilarantes. En parlant d'histoire, j'aime la façon dont
Craig Johnson prend son temps pour poser son intrigue, pour planter le somptueux décor dans lequel elle se déroule, pour évoquer un tant soit peu les tenants et les aboutissants des enquêtes.
Dans
Dark Horse, j'ai eu la joie de retrouver ce cher vieux Walt Longmire, toujours égal à lui-même, dans un exercice dans lequel il ne brille pas vraiment (ou vraiment pas, les deux sont valables !) : l'enquête sous couverture. Il ne brille pas parce que déjà, physiquement, il n'est pas passe partout, d'autre part, parce qu'il a une forte tendance à se comporter, à parler et à interroger comme un Shérif, et puis aussi, il faut bien le dire, parce que c'est dans le patelin de sa jeunesse qu'il essaie de ne pas se faire reconnaitre... Si l'on ajoute à ça le fait qu'il a donné sa destination à son bureau, à ses amis et à sa fille, on imagine bien que le costume dont il tente de s'affubler va craquer de toute part !
Bon, ceci dit, si j'ai eu la joie de retrouver ce charismatique Shérif, de découvrir Absalom, une ville pas vraiment sympathique, dans une histoire qui prend le temps de s'installer, pleine de chevaux et d'un mort pas vraiment sympathique lui non plus (même pour Absalom), je n'ai eu que la moitié de ma dose de l'entourage du Shérif : en effet, l'histoire nous est contée alternativement "aujourd'hui" et "la semaine d'avant", et la "bande à Walt" n'est présente que dans la partie de l'histoire se déroulant à Absaroka !
Mais ne croyez pas pour autant que j'ai boudé mon plaisir : l'absence des "habitués" permet de mettre en avant de nouveaux personnages, tel Hershel le "cow boy" ou Benjamin, le gamin à moitié-Cheyenne (ça, c'est sa bonne moitié, nous dirait Henry !), auquel on a vite fait de s'attacher.
Bref, tout ça pour dire qu'avec
Dark Horse,
Craig Johnson nous propose une nouvelle fois un excellent roman policier sans experts techniques, sans effet sanglants sensationnels outre-mesure, avec une vraie enquête, un vrai méchant, et continue à nous proposer en Walt Longmire le meilleur copain qu'on voudrait tous avoir, bon connaisseur de la nature humaine, un de ceux qui filent leur intuition jusqu'à la dérouler au grand final, pour l'honneur de la justice, celle de la loi, celle des hommes, et celle des bêtes.
Un grand grand merci à Babelio et aux Editions Points pour cette chouette escapade dans le Wyoming !