C'est au cours de l'année 2000, sur le tournage au Cambodge du film Tomb Raider, qu'
Angelina Jolie prend conscience des problèmes humanitaires. Eh non, tout le monde ne vit pas à Hollywood, dans cet univers d'Oscars, de robes à paillettes et de salaires par film que la plupart des gens ne touchent pas en toute une vie. Bienvenue dans la réalité !
Suite à cette prise de conscience, elle se rapproche du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (à l'ONU, on aime les intitulés interminables), devient “ambassadrice de bonne volonté” auprès dudit HCR en 2001 et s'implique dans plusieurs missions sur le terrain. Cet engagement ne s'est jamais démenti. Depuis bientôt vingt ans qu'il dure, on est loin du caprice de star ou du plan com' pour dorer son image.
Comme son titre l'indique,
Notes from My Travels est une compilation de notes prises au cours de ses voyages, en l'occurrence des missions en Afrique (Tanzanie et Sierra Leone en février-mars 2001), en Asie (Cambodge en juillet 2001, Pakistan en août 2001) et en Amérique du Sud (Équateur en juin 2002). Ce journal de bord mêle emploi du temps de travailleuse humanitaire, constats des réalités du terrain, rencontres, faits, chiffres, explications, anecdotes, introspection, avec tout ce que cela implique de décousu en matière de récit et en même temps de complet. On y découvre, très éloigné de notre train-train confortable, un autre monde fait de guerre civile, de femmes violées, d'orphelins livrés à eux-mêmes, de mutilés à coups de mines antipersonnel, de lutte permanente pour la survie, de difficultés d'accès à la nourriture, à l'eau, à l'éducation, à tout en fait.
Ce qui se dégage de ce carnet de voyage est un regard profondément humain. À travers ses réflexions personnelles et avec humilité, Jolie fait bien passer le choc à la fois culturel, social et économique, ainsi que la leçon de vie qu'elle a reçue. le tout sans verser dans ce mélange d'exotisme, de pittoresque et de condescendance si courants dans les récits de voyage qui voient le “civilisé” découvrir le “bon sauvage” (les Rousseau et autres BHL). On sent chez Jolie le respect sincère qu'elle éprouve envers ces démunis qu'elle a rencontrés, capables de survivre avec rien et d'en remontrer à n'importe qui en matière d'humanité.
Livre à lire, enrichissant, bourré d'infos de première main sur les réalités du monde et du terrain, écrit tout en américain sans sous-titres mais facile d'accès (la syntaxe et le vocabulaire sont bruts de décoffrage, l'idée n'étant pas de donner dans l'esbroufe stylistique). Vous serez servis si vous aimez découvrir des univers inconnus et vous évader hors des problèmes terribles de votre quotidien comme la fermeture des coiffeurs, des stades de foot et des boutiques Apple pendant le confinement du Covid. Plus sombre que la dark fantasy et les dystopies les plus pessimistes, ça s'appelle le monde réel.
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