Être médecin est déjà un sacerdoce, mais être médecin humanitaire est un don de soi.
Pascal Grellety Bosviel fait partie de ces médecins qui ont consacré leur vie aux autres. Son métier, il l'exerce sur le terrain, quand les conflits menacent ou éclatent. Quand la population est victime de menaces, de terreurs, de maladies, de guerres.
Son service militaire, effectué en tant qu'appelé du contingent en Algérie, lui fait prendre conscience de son engagement : "faire de la médecine de terrain, de la chirurgie de guerre, être auprès des victimes, là où ça se passe."
Ensuite ses missions s'enchaînent et leur liste est longue, très longue : Yémen, Vietnam, Liban, Cambodge... Leur durée variable. Il a travaillé pour de nombreuses instances, mais en particulier pour la Croix Rouge. Il est à l'origine (avec douze autres médecins) de la création de Médecins Sans Frontière, après son passage au Biafra (1968) quand le monde entier a découvert les conditions inhumaines dans lesquelles vivait la population.
À chaque fois, il a été surpris par la présence des enfants murés dans leur silence, le regard vide et comme absents au moment présent, au-delà de l'horreur et de la souffrance. À chaque fois, il a essayé d'entrer en contact avec eux avec des moyens très simples : colorer les murs des orphelinats ou dispensaires pour stimuler leur esprit, apporter des crayons et du papier pour qu'ils puissent s'exprimer en dessinant (s'il te plait dessine-moi la guerre), fabriquer des animaux en origami pour raconter des histoires. Casser le barrage de la langue, éloigner la peur...
Parfois, il a dû revêtir le costume local pour être accepté des habitants ou faire appel à des infirmières pour tenter de soigner des femmes par personne interposée.
Rien n'a été simple, mais il a toujours essayé de tirer des enseignements de ce qu'il a vécu, de briser la distance avec la population, de s'adapter à celle-ci, de prendre conscience de ses coutumes et traditions, de soigner avec les moyens du bord afin que les soignants sur place puissent continuer, après son départ, ce qu'il avait entrepris...
Outre ses multiples qualités humaines, ce french doctor a aussi témoigné par ses dessins. Ce livre, hommage à son parcours, est aussi un remarquable carnet de voyage où sont retranscris une partie de ses notes et dessins. Ses propos sont truffés d'anecdotes car Pascal s'intéresse aussi à la vie des gens qu'il soigne.
"Pour les Indonésiens, la nudité et le koteka (étuis péniens) des Papous sont des obstacles à leur intégration. Pour y remédier, ils font survoler les villages par des avions qui larguent vêtements et soutiens-gorge."
Ce besoin de dessiner était pour lui un exutoire. C'est en dessinant qu'il évacuait ce qu'il avait vécu dans la journée et c'est en dessinant qu'il puisait sa force de continuer.
Ses propos ont été recueillis par la journaliste
Sophie Bocquillon et jamais ils ne comportent de surenchère, ni de faire-valoir, mais sont emplis d'une grande humilité. J'ai été absolument conquise par ce médecin qui a partagé 50 ans de sa vie avec des populations en détresse, tout en restant d'une grande discrétion et d'une grande efficacité.
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