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4,17

sur 1088 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pas d'entrée en matière pour ce roman qui nous plonge dès les premières lignes dans ce foyer oppressant où domine le père. du haut de ses huit ans, Jeanne analyse son environnement et la nature humaine. Elle prend vite conscience de sa différence et s'éloigne au plus vite sans pour autant réussir à s'extraire.
Sans excès, j'oserais dire en douceur, l'auteur nous immerge dans ce corps de petite fille désillusionnée puis de femme, que tout ramène à cette violence. Au delà de celle de son père, elle découvre d'autres formes de brutalité, qui l'ont nourrie et participent à ses souffrances. Elle est inapte au bonheur.
Très belle écriture. Je me suis beaucoup attachée à cette fille indépendante, solitaire rancunière et malheureuse. A lire absolument !
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« Sa préférée », est un premier roman puissant ! Que j'ai lu en une soirée sans pouvoir le lâcher ! On est saisi dès la première page par la violence de ce père rustre, tyrannique, cruel, maltraitant qui terrorise sa femme Claire et ses deux filles, Emma et Jeanne, la narratrice.

La famille vit dans un village Suisse des montagnes Valaisannes où dans les années 70 on est taiseux, on ne s'occupe pas de ce qui se passe chez les autres.
On suit Jeanne depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, sur son parcours de vie jonché par les obstacles inscrits par la violence jusque dans son corps.

Comment se construire sans amour paternel, aux côtés d'une mère aimante mais incapable de se sortir des griffes de son mari, cette mère reléguée au second plan, ne parvient pas à trouver l'énergie de sauver ses filles de la violence. Et pourtant…

Jeanne qui tient tête a son père, est la seule à parvenir à s'extirper de ce quotidien toxique et délétère par les études qui l'éloignent de sa famille. Mais Jeanne devient une femme au coeur en colère et révolté qui a des difficultés à aimer, à trouver l'apaisement. Comment se construire dans un tel contexte.

Ce roman fort en émotions où l'indicible est parfaitement décrit, remarquable. Une autrice Suisse à découvrir qui vient de recevoir le prix du roman Fnac 2022.
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#sapreferée
@sarahjolienfardel
@netgalleyfrance
#audiolib

La narratrice Jeanne grandit dans une vallée Valaisanne, où tout le monde se connaît, ou chacun sait que son père bat sa femme, ses enfants. Mais tout le monde se tait. Une vallée de taiseux, qui ne remue pas la fange, ferme les yeux malgré les rumeurs. Ferme les portes derrière les secrets

Ce roman est d'une violence crue, un cri de désespoir, l'obscénite, l'abject
Comment se construire quand régulièrement on reçoit les coups, on subit le venin des paroles?

"Ce monstre a le pouvoir terroriste de moduler l'air et l'ambiance "

Toujours sur le qui-vive, en vigilance, Jeanne n'a comme solution que fuir ailleurs, continuer des études, loin de cette famille dysonctionnelle, loin des coups, des mots.

"Derrière les mots la haine, la misère, la honte et la peur"

Comment se reconstruire sur un terreau meuble, un marécage sans racine, sans amour, sans savoir en donner, n'être que colère et blessée, meurtrie, traumatisée.

A Lausanne, le lac Leman est son île, sa rédemption, son exil, sa paix, hypnotique et fascinant.
Mais la vie s'acharne et son équilibre précaire s'écroule lorsque la mort mène la danse

Jeanne est marquée à vie, insoumise au père, et tellement fracassée, que son cri n'est que douleur, sa vie n'est qu'horreur et la culpabilité la foudroie pour avoir tourné le dos à sa soeur, sa mère. Pour les avoir laissées au monstre

Un livre d'une détresse immense dont on ne se relève pas, un livre percutant de douleur, un livre qui fait mal, les cicatrices à vif pour la vie. Jeanne ne connaît pas les codes, elle aime mal, elle quitte mal.

"Mon passé que je m'acharne à répudier me saute à la gorge"

Ce livre n'est qu'un tunnel sombre, ou Jeanne s'enfonce chaque jour un peu plus, elle, la fille de son père. Sa détresse nous broie, sa colère bouillonne en nous. Petite fille mal-aimée que l'on aimerait aider, soutenir, qui se bat avec hargne mais les degats sont irréversibles, se relever impossible.

L'auteure nous assène d'une écriture juste, acérée chirurgicale, percutante.
Un roman poignant, une claque, un hurlement.
Un roman bouleversant, terrifiant, le coeur brisé, la larme à l'oeil.
Un livre qui secoue nos émotions laissant les meurtrissures se gangrener.

"La mort fige tout, la mort c'est l'effroi ".

La lectrice Lola Neymark est Jeanne, on ressent ses émotions, sa douleur et c'est d'autant plus troublant et fort, le coeur cabossé on suit la tragédie d'une vie lorsque l'on est mal né, que l'on vit sans rémission.
Terrifiant.
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Outre le prix du roman Fnac, ce premier roman de Sarah Jollien-Fardel a reçu le premier Goncourt des détenus. Lancé par les ministres de la culture et de la justice en mars 2022, le projet est porté par le CNL et l'administration pénitentiaire, sous la direction de l'Académie Goncourt. Je trouve intéressant qu'il ait récompensé un roman sur la reconstruction d'une femme après avoir été persécutée pendant toute son enfance par son père. J'ai en effet que cela produise les mêmes effets bénéfiques que la justice restaurative.
Jeanne a grandi dans un village haut perché des montagnes valaisannes et dans la peur. Son père, alcoolique et violent, battait sa mère et sa soeur. Si toutes deux se résignent, Jeanne lui tient tête. A son tour victime de coups, elle se croit sauvée quand le médecin du village vient la soigner. Il n'en est rien. Elle restera marquée par cette lâcheté et cette désillusion. « D'une manière primaire et simpliste, j'avais décidé que les hommes n'étaient que des amène-douleur. » Avec le soutien de son institutrice, elle fuit, abandonnant sa mère et sa soeur. Même loin de chez elle, elle sursaute au moindre bruit. « Il suffit d'un éclat de voix, d'une bousculade dans la rue, d'une assiette qui se brise, pour que la peur et la haine remontent. »
Grâce au style incisif de Sarah Jollien-Fardel, on sent bien la tension dans la famille ainsi que toutes les émotions qui traversent Jeanne. « Je suis libre et indépendante, maligne, gay, sportive, forte, cultivée. Je suis brillante, paraît-il, mais pulvérisée en dedans, incapable de me relever de cette scène. » En le lisant, j'ai pensé à La vraie vie d'Aline Dieudonné et au film Jusqu'à la garde https://www.youtube.com/watch?v=3y1xokc7FeE
Coup de coeur pour ce roman.
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« Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa soeur, je suis la fille d'un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire : « Fais la paix ».
Je suis la femme sans rémission. »

Ce roman est un cri. Celui de Jeanne, la narratrice, broyée, enfermée qui va hurler l'abject, la violence physique et psychologique d'un père, ce monstre cruel.
Elle hurle ses tourments, sa culpabilité, sa terreur frénétique.
Elle s'époumone face à cette indifférence, ce silence d'un village qui ne veut pas voir, le mutisme de sa mère, la protection de sa soeur à tout prix.
Jeanne va tenter de s'échapper et part en exil à Lausanne : dans le lac Léman, elle tentera de se laver de son passé, se libérer de sa haine, ressurgir, si ce n'est oublier, avancer.
Et nous lecteur nous sommes percutés par sa violence, son cynisme. Nous sommes révoltés par la lâcheté de ces montagnards taiseux, indignés par l'impuissance, et horrifiés de lire cette enfance confisquée.
Cette femme nous touche en plein coeur, nous la suivons page après page, l'accompagnons à s'extirper de cette terre, s'extraire de cette soumission et Sarah Jollien-Fardel parvient à s'emparer de notre attention jusqu'au bout. Car si rabotés sont les mots, si violents sont ces sentiments, si intense est cette atmosphère, il n'en reste pas moins que subsiste un amour infini de Jeanne pour sa mère, pour sa soeur, pour Marine, pour Paul.
Jeanne se dirige vers le chemin de l'apaisement et jusqu'à la dernière page nous espérons !
Alors à votre tour faites connaissance avec l'écriture de Sarah Jollien-Fardel incisive, acerbe et efficace.

« A la place, infuser dans les limbes de mon chaos. Demeurer dans cette destructrice intranquillité. Je ne m'en arracherai pas. »

Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Impossible de lâcher ce livre une fois commencé. C'est court et l'écriture est fluide. On est emporté dans cette famille et dans ses drames. C'est poignant, bouleversant. Les personnages et les émotions sont justes et profond. Il se dégage une telle rage, une telle souffrance de ces lignes, on voudrait aider mais on ne fait rien. Un énorme coup de coeur pour moi. Cette lecture m'a percuté !
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Encore un énième roman plus ou moins autobiographique sur les violences domestiques pourrait-on se dire à la lecture de la 4ème de couverture ! Oui, il s'agit bien de l'histoire d'un père qui violente sa femme et ses filles, au point de pousser l'aînée au suicide, de causer l'éloignement de la narratrice et le silence mutique de la mère. Mais il s'agit plus que cela.
A la manière d'un peintre, Sarah Jollien-Fardel brosse le portrait d'une terre âpre, reculée au fond du Valais, où le consentement par omission aux pires des violences ne se fait pas sans culpabilité, ni traumas dissimulés sous le boisseau. Si elles provoquent des haines irrévocables, elles ne font pas sans attachements du coeur et du sang. Puissant par une prose d'une rare qualité, ce roman frappe autant par l'horreur de l'histoire que par sa manière de la transcender pour en faire un objet littéraire et de réflexion.
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Nous sommes dans les années 1970, le roman se situe entre la région montagneuse et montagnarde du Valais et la ville de Lausanne.
Jeanne, la narratrice vit auprès de sa mère Claire et de sa soeur Emma sous la domination d'un père violent physiquement et psychologiquement, un véritable sale type, chauffeur routier, alcoolique, qui fait régner la terreur chez lui. Il agit en toute impunité dans ce village où tout se sait mais où tout le monde détourne le regard. C'est à l'âge de huit ans que Jeanne, après avoir été battue par son père découvre cet état de fait. Lorsque le bon docteur Fauchère vient la soigner après son tabassage, elle lui raconte ce qui s'est passé, croyant en toute innocence qu'il allait la secourir mais il détourne les yeux et quitte la pièce. Elle comprend alors qu'elle devra quitter cette maison le plus vite possible car aucun secours ne lui viendra de personne.
En prenant ses distances afin de poursuivre ses études, Jeanne essaie désespérément de sortir de cette enfance qui l'a broyée et l'a verrouillée aux sentiments. L'éloignement ne lui apporte malheureusement pas la sérénité car elle sait encore sa mère et sa soeur aux mains de ce monstre et son traumatisme la dévore.
Ce roman est un véritable choc émotionnel , un uppercut qui vous laisse KO. Il parle du traumatisme de l'enfance sous l'emprise d'un père toxique et maltraitant et de l'incapacité, devenu adulte, d'en sortir et d'avancer dans la vie.
L'écriture puissante et percutante nous envoie des images choc qui nous happent .L'auteure nous maintient sous tension du début à la fin du récit. Les personnages habillement construits et la narration addictive font que ce roman vibre en nous encore longtemps après l'avoir refermé.
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« Sa préférée », voilà un titre inquiétant qui laisse planer l'ombre de l'inceste car c'est ainsi que les pères violeurs désignent leur victime d'élection.

Toutefois ce récit autobiographique, premier roman de l'autrice, née dans une famille modeste des montagnes du Valais, en Suisse, n'évoque ce thème qu'incidemment, à propos du destin douloureux de la soeur ainée Emma. L'expérience première de Jeanne, la narratrice, traumatisante à jamais, est celle de la violence du père, déchainée au moindre prétexte et aggravée par l'alcool, celle de la soumission d'une mère aimante mais impuissante à se mettre à l'abri, elle et ses filles, totalement désarmée devant les sévices répétés et les insultes ordurières que le père de famille inflige à ses victimes. le village, le médecin savent, mais se taisent, par conformisme et lâcheté.

Pour Jeanne, le salut viendra de la bienveillance des enseignantes et du soutien discret de sa mère : elle pourra étudier dans un internat religieux, échapper à l'emprise, se préparer à devenir enseignante, connaître le compagnonnage étudiant, le cadre apaisant de Lausanne, grande ville dépaysante et rassurante, la joie de nager dans le lac ; ses amours, son couple stable avec Marine, lui feront naturellement fuir les hommes - comment ne pas le comprendre - tandis que qu'une analyse visera à la libérer des traumatismes ineffaçables vécus dans l'enfance et l'adolescence. Toutefois ce récit serait trop simple s'il était celui d'une rédemption : on n'échappe pas à son passé ni à l'amour des hommes.

Un livre dur, violent, d'une puissante sincérité où l'autrice met son âme à nu, où l'urgence de la souffrance intime dicte chaque mot, où la hantise d'échapper au monstre se conjugue avec la peur fugitive de lui ressembler. Un roman poignant et vrai, à la belle écriture, où rien n'est gratuit et où la recherche de l'amour et de l'âme soeur met à vif une sensibilité blessée à tout jamais.
Une lecture prenante qui ne s'oublie pas.
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Somptueux roman, une claque !

Je tiens avant tout à préciser que je fuis d'ordinaire les histoires de violences intra familiales. Une fuite un peu lâche sans doute, comme ceux qui détournent le visage ? Je ne sais pas. Mais un sujet que je repousse loin de moi d'habitude car je crains que cela m'atteigne trop, me hante. Je tenais à le préciser avant de vous en proposer mon résumé et ma critique.
Je résumerai le livre plus brièvement que l'éditeur. La quatrième de couverture en dévoile beaucoup trop.

Jeanne, la narratrice nous raconte un pan de sa vie, de son enfance dans un petit village perché des montagnes valaisannes, rythmée par les coups de sang d'un père violent, à sa vie de jeune femme, réfugiée à Lausanne, aux bords du lac Léman.

Une enfance donc sous le signe de la violence, dont la mère et la soeur seront les principales victimes.
Notre narratrice tiendra tête, même si elle se fera toute petite, elle aussi la tête rentrée dans les épaules. Mais son caractère ou son instinct de survie la conduiront à trouver une autre voie, faire des études et fuir sa condition,
Mais une telle enfance laisse des traces psychologiques qu'elle n'aura de cesse de combattre...

Mon avis

Même si le sujet du roman me semblait trop dur au départ, j'en ai malgré tout tiré pleins de choses positives. J'ai vécu intensément auprès de Jeanne, au point d'entendre sa voix, telle une amie qui me raconterai son histoire, au point de m'excuser auprès d'elle de devoir lâcher le livre pour revenir à mes impératifs quotidiens et ainsi ne le fermer qu'à deux reprises et le terminer au plus vite. D'autant plus que j'ai crû lors de ma lecture, que le roman était autobiographique. En me renseignant sur l'autrice à l'instant, je m'aperçois que non. Finalement cela ne m'enlève même pas de poids, j'avais déjà digéré ma lecture. La partie sur l'enfance est relativement courte et nous suivons principalement une Jeanne devenue adulte et indépendante. Pour ceux qui craignent comme moi les scènes violentes, je peux dire qu'elles sont présentes, mais racontées avec une certaine pudeur et un recul tout de même qui nous protège. Les mots sont justes. D'habitude, le style de l'auteur me saute aux yeux et me détourne souvent de ce que je suis en train de lire, pour une fois et c'est très rare, je ne m'en suis pas souciée. Alors, je reprends un peu le livre en main pour décrire une écriture à la première personne certes, mais qui ne vous assène pas de coups frontaux.
Un roman avec des points lumineux dont de belles rencontres et de l'amour, auxquels on se raccroche, un roman qui m'a ému, et qui m'a fait comprendre certaines choses, certains comportements. Une histoire que je n'oublierai pas... Une très belle découverte donc que ce magnifique texte, court mais intense, une belle plume, un petit bijou !
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