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4,17

sur 1088 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ecouté sur la plateforme netgalleyfrance, que je remercie !

Dans un village suisse au coeur du Valais, Jeanne, sa grande-soeur et sa mère vivent auprès d'un père et mari alcoolique d'une extrême violence. Dès la première scène, le ton est donné et l'horreur saisit aussitôt. Les coups, les insultes et la cruauté ne nous sont pas épargnés et l'on prend une claque à la lecture de ce roman.

Les gens autour savent très bien ce qu'il se passe - les coups laissant des traces - mais ne parlent pas. Même ce gentil médecin en qui Jeanne avait confiance se tait.

La narratrice revient sur cette enfance misérable et meurtrie, loin de toute innocence. Les souvenirs sont précis, dépeints avec des mots simples qui ciblent le coeur. Dès les premières pages, j'ai eu envie de prendre Jeanne dans mes bras et de la consoler. Impossible de ne pas ressentir de l'empathie.

Comment vivre sa vie d'adulte après une telle enfance ? Comment faire confiance et aimer ? Ce superbe roman, à travers l'expérience de Jeanne, apporte quelques éléments de réponse.

Bien sûr, Jeanne est en colère contre son père, une haine pure bien justifiée. Elle l'est aussi un peu contre sa mère, qui a laissé faire et n'est jamais partie, « Pour aller où ? ». La peur, la honte et plus tard la culpabilité d'abandonner sa mère à cet homme abusif collent à la peau de Jeanne, qui malgré sa nouvelle vie, entourée de gens aimants, ne peut se défaire de ce passé poisseux.

Je lis beaucoup de romans sur les pères toxiques en ce moment. Celui-ci, avec le percutant « vers la violence » de Blandine Rinkel, restent mes préférés. Ils apportent une réflexion aux émotions fortes.

Un texte éprouvant, très juste, à couper le souffle, que Lola Naymark incarne à merveille et qui a plus que mérité le prix Fnac. Coup de coeur total !
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Magnifique roman sur la violence familiale induite par un père cruel, brutal, maltraitant physiquement et psychiquement, toxique au plus haut degré, qui fait sombrer sa femme et ses deux filles.

Jeanne, la narratrice, est la plus jeune fille de ce monstre. Tout au long de ce récit poignant, elle raconte son cheminement et celui de cette famille fracassée vivant dans un village des montagnes valaisannes en Suisse.

C'est magnifiquement bien écrit. L'histoire est percutante, émouvante, bouleversante, tragique. Comment vivre après avoir subi des violences de la part de personnes qui devraient vous protéger, vous sécuriser, vous donner confiance en vous et en l'avenir ? Comment se construire dans le chaos ?

Le sujet n'est pas original mais il est raconté de telle façon qu'on ne peut qu'être en empathie avec les victimes.

C'est un premier roman qui a reçu le prix du roman FNAC 2022 amplement mérité. Un roman court mais dense, incisif, qui se lit d'une traite, en apnée. Un roman qui ne peut pas laisser indifférent.

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Si Jeanne est parvenue, grâce aux études, à fuir le domicile familial et à s'extraire de l'emprise d'un père violent, pervers et manipulateur, sa mère et sa soeur Emma, elles, n'ont pas eu cette chance… Mais peut-on réellement échapper à ses origines et à l'héritage que nous laisse le passé?

Sarah Jollien-Fardel nous raconte l'histoire dramatique de trois femmes, soumises à la violence d'un homme, véritable bourreau au quotidien. Comment se construit-t-on quand la peur, la haine et le dégoût sont si profondément ancrés dans notre chair? Les meurtrissures dont on a souffert peuvent-elles cicatriser un jour? Est-on encore capable de donner de l'amour quand on en a soi-même tant manqué? A travers le personnage de Jeanne, l'auteure ne cesse d'interroger sur ces questions essentielles, sur ce qui nous construit et nous constitue, parfois malgré nous, malgré la conscience et le rejet de ce qui nous accable...

Voilà un texte dur, âpre et bouleversant, qui se lit sous tension mais qui parvient à ménager quelques moments lumineux et plein de grâce malgré tout. Les personnages, principalement féminins, sont bien incarnés, le ton est incroyablement juste, quant à l'écriture, que dire, si ce n'est qu'elle est sublime et étonnamment maîtrisée pour un premier roman! Bref, je me suis pris une sacrée claque avec ce roman qui risque de résonner encore longtemps en moi et c'est sans conteste l'un de mes gros coups de coeur de la rentrée littéraire! Nul doute que cette auteure suisse va faire parler d'elle et merci aux éditions Sabine Wespieser pour la publication de cette jolie pépite!

Lecture qui rentre dans le cadre du challenge Jeux en foli…ttéraire XII organisé par SabiSab28 et CallieTourneLesPages.
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Je referme ce premier roman est la première réflexion qui me vient est celle de frissonner ; oui, alors qu'il fait 30°C, car ce roman est glacial. Et ce n'est pas parce que l'essentiel de l'intrigue se situe dans les Alpes valaisannes. C'est cette langue âpre, ce malaise qui tourne autour de ce que raconte la narratrice, ce manque d'amour, cette haine qu'elle voue à sa famille mais surtout à elle- même. C'est encore ce silence des montagnards taiseux qui condamnent mais jamais ne tendent la main. Une histoire qui fait froid dans le dos et serrer les dents.

« Derrière les mots, la haine, la misère, la honte. Et la peur. Les mots étaient importants. Je devais les écouter tous. Et leur intonation aussi. » Selon Annie Ernaux, « la littérature n'est pas neutre » et les mots permettent de dire une réalité ; celle du commun des mortels, celle de celui qui décide de se confier, ou de raconter. Lorsque Jeanne, la narratrice, se rend compte de la puissance du mot, elle s'en empare comme d'un bouclier. En décidant de devenir institutrice, c'est sa peau qu'elle essaie de sauver.

« - Je sais que c'est mal. Mais j'étais sa préférée.
L'abject et l'obscénité m'étouffent. J'ai mal pour elle, je le hais, lui. Plus encore. Et ma mère, muette, sourde et aveugle, la sainteté dont je la parais et que je vénérais, ma famille plus miséreuse que ce que je pensais. Je voudrais la consoler de sa peine. J'en suis incapable.
Sa préférée. » Emma, la soeur aînée de Jeanne ne possède pas les mêmes capacités intellectuelles. Et c'est comme si cette simplicité d'esprit justifiait qu'on la traite mal depuis l'enfance et que cela continue à l'âge adulte. Un misérabilisme social qui se sert de la naïveté pour excuser les déviances des hommes.

« Je ne me suis jamais habituée à la violence. Pire, ne plus la subir me plonge dans un désespoir caverneux. C'est comme de l'huile bouillante déversées sur mes blessures jamais cicatrisées. Durant des jours, je suis mutique, hébétée, le moral ravagé. » Jeanne tente de se reconstruire ; mais comment oublier toutes ces années, tous ces jours où la violence, souvent inouïe, éclate pour une excuse futile, un objet posé de travers, un regard… Comment pardonner à ceux qui savaient mais non jamais rien dit, jamais aidé ?

Au final, un premier roman rédigé avec un grand talent, des mots et des formulent qui percutent, des passages qui laissent pantois. C'est un récit dur, mais que je recommande vivement.
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Jeanne a grandi dans la peur de la violence de son père : celle qui insulte, celle qui tabasse, celle qui pourrait tuer.
À l'ombre d'une mère qui subi autant qu'elle souffre de voir ses filles maltraitées sans pouvoir y remédier, Jeanne se lance dans de longues études qui l'éloigneront du bourreau qui lui tient lieu de père.
Elle raconte les horreurs vécues, la peur qui habite le corps et l'esprit pour longtemps, la lâcheté de l'entourage. Elle raconte aussi le long apprentissage de la compagnie des autres, la découverte du corps à travers le sport mais aussi la sexualité.
Ce texte n'est pas un catalogue de souffrance, non, il est le récit d'émotions, de pensées, de mécaniques du corps et de l'esprit pour s'affranchir de ce que l'on peut appeler un stress post-traumatique.
La psychologie du personnage de Jeanne est tout en nuances, reflet de ses conflits intérieurs.
Le style de l'autrice est magnifique, il épouse les pensées de Jeanne, il se garde de tout pathos sans pour autant minimiser les dégâts de la maltraitance sur la construction d'une personnalité complexe. Il rend avec sensibilité mais sans atténuation les conflits intérieurs de Jeanne et nous fait partager la souffrance émotionnelle qui s'invite à chaque moment de sa vie.
Très beau récit.
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Un premier roman qui m'a bouleversée. Jeanne vit dans un petit village du Valais des années 1970 sous la coupe d'un père alcoolique, mais surtout tyrannique. Il est très violent et tout est prétexte à battre, insulter et humilier sa femme et ses deux filles Jeanne et Emma. Tout le monde sait, y compris le médecin de famille dont la fillette espère en vain qu'il la secourra. Il n'agira pas plus que les voisins ou les autorités scolaires, tout le monde préférant détourner le regard et laisser la famille se débrouiller. Jeanne, au contraire d'Emma, est intelligente et apprend à prévoir les crises du père pour essayer de les éviter. Dès qu'elle le peut, elle fuit le village, d'abord à l'école normale de Sion, puis en continuant ses études à Lausanne.

Elle tombe amoureuse du Léman et aime y nager, le seul plaisir qu'elle s'accorde. Elle a peur des hommes et de leur brutalité, aussi préfère-t'elle les femmes. Mais elle ne peut sortir de sa culpabilité et des blessures de son enfance massacrée. Elle cherche en vain le chemin de la guérison.

Certaines scènes sont vraiment terribles, on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour Jeanne et sa famille. La jeune fille ne comprend pas tout de suite jusqu'où va l'abjection du père, et lorsqu'elle le fait, le poids de cette violence qu'elle n'a pas vue pèse sur sa vie jusqu'à la détruire à son tour. Elle fait de belles rencontres mais ne peut s'y livrer complètement. Un jour elle frappe à son tour une de ses compagnes, ce qui n'arrange pas le peu d'estime qu'elle a d'elle-même.

Je comprends Jeanne et son dernier adieu à son père ne m'a pas choquée, il ne méritait pas le pardon. Jeanne porte des blessures impossible à guérir malgré l'amour qu'elle reçoit de Marine et de Paul. Sa vie est une descente aux enfers que rien ne semble en mesure d'arrêter et finalement même la douce Marine sera complètement dépassée.

La voix de Lola Naymark m'a accompagnée durant cette lecture, elle excelle à nous transmettre les émotions et la colère de Jeanne, sa révolte contre la lâcheté des voisins qui savaient et se taisaient.

Ce premier roman est une grande réussite et mérite les prix qu'il a reçu, je suivrai avec plaisir cette auteure valaisanne qui nous parle d'un temps pas si lointain mais qu'on espère définitivement révolu. Un grand merci à Audiolib et Netgalley pour leur confiance.

#Sapréférée #NetGalleyFrance !

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Sur un sujet déjà largement abordé, la violence d'un père, ce livre apporte, par un style direct, sans artifice, par une intrigue sans concession, quelque chose de plus.
L'environnement rude du Valais, l'impression continue de froid, le côté irrémédiable du mal instillé en Jeanne, s'ajoutent a la violence des faits. Peu de moments pour respirer, sauf de rares instants de tendresse avec les personnes qui ont partagé sa vie.
Le livre nous laisse sonné.
Je me suis demandé comment l'auteure avait pu se mettre autant dans la peau de Jeanne son personnage sans avoir vécu elle-même cette vie.
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Comme un uppercut, le roman s'ouvre sur une scène terrible, ce moment où la terreur envahit la table du souper. C'est le père qui incarne cette violence, cette peur sourde qui tord le ventre et étreint le coeur.
Elles sont trois à subir, depuis toujours et pour toujours. Sous le regard aveugle des villageois, refoulées dans le silence de voisins, oubliées par la famille.
La narratrice, Jeanne, a le coeur sec et l'âme dure. Elle cherchera un semblant de sécurité et de paix mais ne pourra jamais couper le cordon qui la relie à son enfance massacrée.

Ce roman se lit d'une traite, en retenant sa respiration, en se posant mille questions. le style de l'autrice est sec, percutant, tranchant... le lecteur est très vite KO et mettra du temps à se relever, même une fois la dernière page tournée.
Et au-delà du récit de Jeanne, on ne peut s'empêcher de s'interroger... Sur nos propres lâchetés, sur le poids de l'hérédité sociale, sur ces petits moments qu'on a peut-être ratés ou qu'on n'a pas voulu voir, sur ces drames qu'on avait parfois soupçonnés, ces intuitions qu'on a laissé s'envoler...
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ENORME COUP DE COEUR !

Alors oui,chapeau bas ! !
L'histoire d'une enfance broyée,meurtrie dans un petit village ,haut perchée dans les montagnes Valaisannes.
Jeanne,la narratrice, sa mère et sa soeur attendent jour après jour,le retour du père ,la peur au ventre: suivant son attitude dès son entrée dans la cuisine,elles sauront à quoi s'attendre.Un monstre de violence, un être imbibé d'alcool qui se défoule sur elles. Tout le village sait mais se mure dans le silence,jusqu'au médecin de famille qui ne dira rien lorsqu'un soir ,il viendra soigner Jeanne assommée,par des coups trop violents.Son attitude plus qu 'équivoque ,il s'en expliquera plus tard ,lorsqu'il sera en retraite et demandera pardon à Jeanne.
Magnifique,joli mot oui,mais qui ne colle pas lorsqu'on lit cette histoire ,tant la noirceur qui s'en dégage vous prend aux tripes .
Magnifique, oui,au niveau du style, de l'écriture : écriture au cordeau ,rectiligne,droite,sans fioritures, abrupte ,sans concessions mais pensée ,réfléchie une absolue maîtrise !
Nous pouvons ,je pense,après la lecture de ce roman ,écrire que la littérature a encore ,grâce à des auteures de " cette trempe" de très beaux jours devant elle .
ENCORE UNE FOIS ,CHAPEAU BAS ,Mme SARAH JOLIEN- FARDEL.Et bien sûr je vous invite à lire ce 1er roman.⭐⭐⭐⭐⭐.
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Un coup de coeur pour ce roman.
Bien que traitant du thème des violences intrafamiliales et de l'enfance brisée, malgré la noirceur du roman, ce récit est intense, percutant, avec une sensibilité à fleur de peau.
« Je n'avais pas trente ans, j'étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours ». Voici Jeanne. Son enfance a été détruite par la violence de son père, un tyran alcoolique, violent envers sa femme et ses deux filles, qui attendaient avec frayeur le retour du père chauffeur routier.
Leur maison, dans un village montagneux du Valais, en Suisse, est devenue une prison : aucun chant, aucune joie, aucun répit ne leur est laissé.
Jeanne est continuellement sur ses gardes et sait quand la situation va déraper : le mot de trop, le plat qui ne convient pas, le geste prétexte ...
Jeanne n'attend que la possibilité de fuir, surtout quand elle se rend compte que personne ne lui viendra en aide, pas même le docteur du village qui comprend bien d'où viennent ces blessures. Elle part enfin s'installer à Lausanne en espérant pouvoir passer outre cette enfance.
C'est un roman émouvant soulignant bien la difficulté de la résilience et les séquelles des traumatismes de l'enfance.
Une lecture magnifique!
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