Toujours assise sur son lit, elle ferma les paupières un instant et écouta le silence. Lorsqu'elle essayait d'ignorer le vacarme du vent dehors, les bruits de la maison prenaient le dessus, s'intensifiant à chaque seconde. Le tic-tac du réveil, régulier et si terriblement assourdissant dans la nuit. Les craquements du bois, auxquels se joignaient à nouveau le hurlement de la tempête dans un capharnaüm de plus en plus insupportable, à lui en faire mal aux oreilles. Elle ouvrit les yeux et essaya de contenir son malaise. C'est alors qu'elle entendit quelque chose... Un vrai bruit. Aucun doute, quelqu'un était debout.
Hulda l'inspectrice et Hulda la mère semblaient être deux femmes différentes ; la première cherchait sans cesse à s'affirmer, la seconde, plus posée, plus naïve, fuyait le conflit. Et cette lâcheté, cette putain de lâcheté qui lui avait couté si cher.
Dans l’esprit d’Einar, l’honneur de sa famille était en jeu. Il portait sur ses épaules le lourd bagage de ses ancêtres qui semblaient le hanter dans chaque pièce de la maison.
(La Martinière, p.21)
Une écriture maîtrisée et un suspense par moments insoutenable. Un polar psychologique comme je les aimes. Le froid, la neige, le blizzard et la nuit d’un hiver islandais. L’inspectrice Hulda a repris son métier après la mort tragique de sa fille. Drame de la vie, solitude dans un coin isolé, personnages bien campés. Excellent roman.
Si seulement il n'avait pas fait basculer l'équilibre de leur foyer ...
Mais ils avaient devant eux un parfait inconnu, situation pour le moins inhabituelle. Personne ne voyageait dans les environs en plein hiver.
Elle menait une guerre incessante contre la misogynie de son administration, et elle ne voulait leur donner aucune munition . Elle en faisait donc toujours plus que les autres, un réflexe qu’elle regrettait amèrement à présent.
Évidemment, les ténèbres hivernales n’arrangeaient rien. C’était la saison la plus froide, la plus sombre. Chaque jour semblait plus sinistre que le précédent et la neige n’avait cessé de tomber durant tout le mois de février. À intervalles réguliers, on apercevait sur la route des voitures abandonnées, et Hulda devait faire preuve d’une prudence accrue pour rejoindre Kópavogur au volant de sa Skoda, malgré les solides pneus cloutés dont le véhicule était équipé.
Pendant quelque temps, elle avait douté de retourner un jour au travail. De sortir à nouveau de la maison, quitter son lit, quitter sa couette. Mais dans la situation actuelle les choix étaient limités : c’était soit rester chez elle avec Jón, soit travailler du matin au soir, malgré ses difficultés à se concentrer.
Hulda Hermannsdóttir ouvrit les yeux.
La fichue torpeur qui l’enveloppait refusait de se dissiper. Elle aurait voulu dormir toute la journée, même ici, au commissariat, sur cette chaise inconfortable. Heureusement, elle avait son propre bureau où elle pouvait s’isoler, se perdre dans ses pensées ou fermer les paupières un instant. Les dossiers s’empilaient ; elle n’était pas parvenue à se replonger dans une seule affaire depuis son retour de congé, deux semaines auparavant.
Snorri, son supérieur, avait bien remarqué son changement d’attitude, mais il se montrait compréhensif. Elle avait tenu à revenir au travail, ne supportant plus de rester enfermée à la maison avec Jón. Même le paysage extraordinaire de la péninsule d’Álftanes, où ils habitaient, n’avait plus d’effet sur elle. Elle n’entendait plus le murmure du ressac, ne distinguait plus les étoiles ou les aurores boréales qui illuminaient le ciel. Et c’est à peine si Jón et elle s’adressaient encore la parole. Elle répondait à ses questions occasionnelles mais avait cessé d’amorcer le moindre échange.
As the coffin was lowered into the ground on that bitterly cold day, Hulda’s tears had melted the snow at her feet and the howling of the wind had echoed the scream inside her.