J’ai parfois l’impression d’être complètement seul. La rébellion existe. La rébellion s’étend. Je la vois comme un raz de marée sur le point de submerger la planète… et, lorsque ce flot se sera retiré, tout ce pour quoi nous avons œuvré pendant ce dernier millénaire aura disparu.
Il ne se jugeait plus vieux. Jamais, de toute sa vie, il ne s’était senti en meilleure forme pour affronter la bataille. Il bénéficiait de l’expérience acquise au cours d’une existence passée à combattre un même ennemi. Il saurait comment s’y prendre. Et si, par suite d’un imprévu, il échouait, nul ne pourrait jamais dire qu’il avait cherché à éviter son dernier combat. Non, il s’avançait à sa rencontre. Ce serait une lutte à outrance.
Ici, tout repose sur la confiance que chacun peut avoir en ses compagnons. Or, avec un Ama qui fourre son nez partout, en qui veux-tu avoir confiance ? Dès qu’il fait son interrogatoire, plus personne n’ose mentir, même si c’est pour couvrir un camarade.
Tout le monde en est atteint. On vit sur les nerfs, dans un climat de suspicion ; et chacun est prêt à rejeter la faute sur autrui. Il faut continuellement marcher sur des œufs.
Il ne fallait pas aborder de tels sujets. On ne devait même pas y penser. Les prêtres savaient lire dans les pensées ; du moins, c’est ce que l’on disait.