C'est peu dire que Darl Moody se fout des dates de la saison de chasse. Peu importe aussi qu'il soit sur le terrain du vieux Coon Coward sans autorisation... Quand il imagine voir ce cerf qu'il traque depuis des mois, il n'hésite pas à tirer.
Malheureusement, ce n'est pas du gros gibier qu'il a abattu, mais Carol Brewer, un simple d'esprit, qui gît dans une mare de sang.
Pour l'aider à cacher son méfait, Darl ne peut faire confiance qu'à son meilleur ami, Calvin. À eux deux, ils vont faire disparaître le corps.
Mais c'est sans compter sur Dwayne, le frère de Carol, un homme violent bien connu dans le secteur, qui ne mettra pas bien longtemps à découvrir ce qui est arrivé.
3 ème livre de l'auteur, et 3 ème coup de coeur pour moi.
Il y a dans ce livre tout ce que j'avais déjà beaucoup aimé dans les précédents titres de l'auteur.
Une histoire d'hommes, belle et cruelle, un récit partagé entre la sérénité de la nature et la violence des sentiments.
Ici, l'auteur s'attache à traiter aussi bien les relations amicales entre Calvin et Darl, que l'amour fraternel qui lie Dwayne à Carol. Par le biais de ses personnages, il s'applique à nous montrer que chez l'homme, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir.
Alors bien sûr, Dwayne est un homme détestable, violent et buté, mais il a aussi une face cachée, beaucoup plus tendre, et on ne peut qu'être bouleversé par l'amour qu'il porte à son frère, et par la réaction qu'il a face à la mort de celui-ci.
Calvin, quant à lui, et même s'il est plutôt un homme bon, va, par amitié, être capable de commettre un acte impardonnable.
L' écriture de
David Joy prend aux tripes. Elle est précise et d'une grande sensibilité, et celà transparaît aussi bien au niveau des dialogues que dans l'analyse des sentiments.
Il parvient merveilleusement à transmettre la fêlure des âmes, les brisures, et ce qu'il y a de plus fragile en chaque homme.
A travers cette histoire de vengeance, il nous raconte aussi ses montagnes, ses paysages, et la rudesse de la vie dans cette région désolée des Appalaches.
Un récit fort et vibrant sur les relations amicales et filiales, sur la culpabilité et la perte. Un univers qui n'est pas sans rappeler celui d'autres auteurs que j'affectionnent particulièrement, comme
David Vann ou encore
Ron Rash, dont
David Joy a d'ailleurs été l'étudiant.