La Caroline du Nord. Les paysages somptueux des Appalaches. Ses petites villes dont les habitants respectent avec application le second amendement de la Constitution américaine : le droit de porter une arme.
Armes de chasse bien souvent car pour beaucoup de ces habitants le gibier tué permet bien souvent de survivre, l'économie de la région n'étant pas florissante. le braconnage est aussi régulièrement pratiqué.
Alors que la période de chasse n'est pas encore ouverte, Darl Moody se retrouve à l'affût au crépuscule sur les terres d'un de ses voisins, absent pour plusieurs jours, là où il sait avoir une chance de tuer un cerf.
La visibilité n'étant plus très bonne, il abat ce qu'il pense être un sanglier. Or, il va constater avec effroi qu'il vient de tuer un homme qui n'aurait pas dû, lui non plus, se trouver là.
La victime est Carol Brewer dont le frère, Dwayne, a tout de la brute épaisse. Affolé, Darl fait appel à son ami de toujours, Calvin, afin de faire disparaître le corps. Enterrer le corps dans le champ derrière la ferme de Calvin sera le point de basculement de leurs vies :
» Rien ne s'était encore fixé dans son esprit, ce qu'ils avaient fait pendant la nuit semblant aussi irréel et onirique que s'il avait tout imaginé. Il ne s'était pas écoulé assez de temps pour qu'il sache si c'était une chose avec laquelle on pouvait vivre, ou si ça le rongerait. Ils étaient encore trop proches des évènements pour les voir avec une quelconque perspective. (…) Près des boîtes aux lettres, il resta assis avec l'esprit vide, engourdi, ne sachant s'il devait tourner à droite ou à gauche. Il connaissait le chemin pour rentrer chez lui, mais les choses qui avaient toujours été simples ne le seraient plus jamais. »
Effectivement, leurs vies vont être déviées de leurs cours, Dwayne Brewer ayant décidé de venger la mort de son frère.
Dans ce roman, la violence des humains peut sembler résulter de la dureté de la nature qui les entoure. Or, la vie sauvage n'est jamais violente gratuitement, contrairement à l'homme :
» le destin est un truc marrant, songea-t-il, le fait que les choses pouvaient sembler insignifiantes sur le moment, mais finir par être ce qui anéantirait la vie d'un homme. Il y avait tellement de haine dans son coeur, tellement de dégoût, car il n'avait jamais eu les cartes pour remporter une seule main. Il y avait toujours eu deux choix : on pouvait s'allonger et encaisser, ou on pouvait attraper quiconque se trouvait à sa portée et l'étrangler afin de ne pas être le seul à souffrir. Ce choix avait toujours été facile, et sa décision ne fut pas différente à cet instant. «
»
Ce lien entre nous » est un roman au souffle puissant qui nous tient en haleine jusqu'à son point final.