David Joy vous emmène encore dans les Appalaches, avec un homme ordinaire qui voit son quotidien exploser quand son fils, Ricky, se met en danger ; accro à la poudre blanche, il se met à dos un dealer qui exige le remboursement énorme auprès de Raymond Mathis. Ce dernier n'est pas homme à se plier devant l'ennemi, quel qu'il soit. En face, il y a des Cherokees dans la caricature mais qui ne plaisent pas.
De l'autre côté, il y a de la fumée… car les Appalaches brûlent pendant que la vie de Ricky se consume.
Quand il meurt, son père fomente de se venger et tous les personnages (frère/soeur, flics, ripoux, dealers, etc. ; le tout au sein d'un territoire indien sacré) que nous découvrons au fil des chapitres, courts, vont s'imbriquer et le roman prend une tournure plus noire, plus profonde, plus trouble, plus tourmenté.
David Joy a cette écriture entre scalpel et pétale… d'un côté il découpe la société américain, les travers et ravages de la drogue, du trafic, les corruptions en tout genre, et de l'autre, il décrit ces terres, ces forêts, ces lieux d'habitation avec une poésie délicate.
Cette Amérique désoeuvrée, dévastée par la drogue ou tout simplement par des médicaments prônés par les gouvernements successifs (antidouleurs, etc.), la non-prise en charge du problème, la solitude des parents, injustice, la corruption au sein de la police locale, les personnes dépassées, anéanties, tout ceci amène à une violence sociétale au bord de l'explosion, de l'implosion.
Comme d'habitude chez Joy, l'histoire brute, l'histoire intime produit une série de portraits d'êtres humains outrepassés par les coups de la vie… C'est brut, c'est chirurgical mais c'est tellement bien écrit…
J'en suis ressortie le coeur serré.