Il y a des livres fondateurs, des livres qui lorsqu'on les découvre, nous font nous demander comment ils avaient pu nous échapper jusqu'alors. Il y a des livres qui nous marquent pour toute une vie.
Charles Juliet a mis quinze ans à écrire la version définitive de ce texte assez court, c'est une leçon de vie et d'écriture qu'il nous livre là.
La deuxième personne du singulier s'applique d'abord à une toute jeune fille, douée pour les études, l'aînée d'une famille de paysans. Sa mère biologique, qu'il n'a pas vraiment connue. Son parcours de jeune fille sacrifiée à sa famille d'abord, comme éducatrice de ses frères et soeurs. Sa sensation d'être à côté de la vraie vie. le premier, le grand amour, qui disparaît en laissant un champ de ruines. Un mariage de raison, les maternités qui s'enchaînent, la dépression, l'enfermement, la mort solitaire.
Le « tu » désigne ensuite l'auteur, sa croissance dans une famille aimante, loin de sa famille biologique et cette mère dont il ne sait rien. L'amour silencieux de sa mère adoptive, de ses frères et soeurs. La « chance de sa vie », l'admission à l'école militaire d'Aix, loin de sa deuxième famille, sa construction de jeune homme et de jeune écrivain malgré la fragilité mentale et la dureté de son parcours.
Un hommage sobre et vibrant à ces deux femmes qui l'ont fait naître au monde, sensible, en
lambeaux, mais debout.
Lisez-le !