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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pourquoi j'ai tué Pierre,
Parce qu'à 7 ans, il fallait que j'aille à la messe matinale avec mes grands-parents;
Parce qu'à 8 ans, avec mes parents et un couple d'amis baba-cool, on se baignait dans l'eau tout nu et que la nudité, hé, ben, ce n'était pas si grave;
Parce qu'à 9 ans, j'ai rencontré Pierre, un curé gauchiste, très gentil, surtout avec moi, que tout le monde a accepté dans la famille;
Parce qu'à 9 ans, je pars en colonie, tout seul, comme un grand, avec Pierre;
Parce qu'à 12 ans, Pierre me demande de lui masser le ventre pour l'aider à s'endormir et qu'il prend ma main et la pose sur son sexe dur;
Parce qu'à 15 ans, je découvre l'amour avec une femme;
Parce qu'à 16 ans, mes parents se séparent, je quitte l'école et je brise le silence;
Parce qu'à 29 ans, je ne supporte plus d'entrer dans une église;
Parce qu'à 35 ans, je ne vais pas bien du tout et que je décide de tout raconter, à travers cet album...

Avec un sujet aussi difficile, raconté une fois n'est pas coutume par un homme, Olivier Ka a voulu se débarrasser de ses démons, mettre des mots et des dessins sur cet acte de pédophilie dont il a été victime. On est très vite happé par cette ambiance malsaine, on ressent à la fois de l'inquiétude, de la révolte et de la compassion.
Quant aux dessins, ils sont d'une telle intensité ! Les couleurs sont parfois criardes, les traits grossiers et noirs. Cette mise en images et en couleurs, d'une simplicité apparente, a su retranscrire les changements d'époque, les états d'âme, la candeur, la rage, la vulnérabilité.

Pourquoi j'ai tué Pierre, parce que c'était lui ou moi...
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Pourquoi il a tué Pierre.

Il a tué Pierre parce qu'il a 7 ans. Il a tué Pierre parce qu'il a 12 ans, puis 19, puis devient adulte et à travers les différentes étapes de sa vie, le narrateur nous explique pourquoi il a tué Pierre. J'avance dans ma lecture, je veux savoir ! La réponse se précise peu à peu. Je me doute, je comprends, je devine, j'en suis presque sûr comme une évidence mais je refuse d'y croire, alors je continue de tourner les pages. Il a tué Pierre parce qu'il a 35 ans et la vérité nous frappe. C'est émue que je poursuis ma lecture parce que maintenant je sais pourquoi Olivier a tué.

« Je ne triche pas. Je tente de comprendre, de mettre à plat mes sentiments, mes ressentis. Je creuse, je fouille, je vomis tout. Je vais jusqu'au bout. Jusqu'à maintenant… »

Un coup de maître pour le duo Olivier Ka et Alfred. C'est au hasard d'un café littéraire que j'ai rencontré cet auteur, Olivier Ka, écrivain à la plume remarquable mais avant tout un homme sensible, pudique et adorable. Il aborde un sujet difficile avec sérénité, justesse et intelligence. le texte est magnifique et bouleversant. Son approche d'un thème grave, délicat et tabou se fait avec beaucoup de pudeur sans haine ni colère « parce qu'il faut aussi savoir rire de ses propres larmes ». le coup de crayon sobre et instinctif d'Alfred laisse place à l'émotion tandis que la palette d'Henri Meunier vient accentuer, par ses couleurs tantôt vives tantôt sombres, le tragique de cette histoire autobiographique. On referme ce livre troublé et pensif.

« Moi je me sens calme, étonnamment, et serein. Je sais exactement pourquoi je suis là. Je sais précisément ce que je suis venu faire. J'ai le sentiment d'avoir quitté le rêve. Je suis là, et bien là. Avec ses choses assassines à dire. »

Pourquoi j'ai tué Pierre… Une question de survie !

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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C'est en ayant aucune idée de son sujet que j'ai commencé ce roman graphique. Les consignes étaient claires de la part de la personne qui me l'a offerte, ne rien en savoir avant lecture pour que, comme pour elle, la découverte soit totale. Qu'il en soit ainsi.

« Pour Emmanuel, cette promenade au pays des souvenirs et des blessures, parce qu'il faut aussi savoir rire de ses propres larmes. »

En lisant la dédicace de l'auteur, je me suis dit que le sujet n'allait sans doute pas être léger…

Olivier a 7 ans, 8 ans, 9 ans, 10 ans, 12 ans.

Olivier est issu d'une famille plutôt libre, tendance baba cool, on parle de tout, on est tolérant, on n'a pas de tabous. Si ses grands-parents sont extrêmement croyants et pratiquants, ses parents ne le sont pas. Mais ouverts d'esprit, ils comptent un prêtre parmi leurs amis et en sont même plutôt fiers. « Pierre est un curé « de gauche ». Il est cool. Il est drôle. C'est pas un prêtre, c'est un bonhomme. » Olivier est heureux de l'écoute et de la présence rassurante de cet homme qu'il voit comme un « nouveau tonton, un excellent, qui rit, qui chante, qui chatouille. » Avec lui, Olivier se sent important. C'est donc sans hésitation qu'il va le suivre à « Joyeuse Rivière », sa colonie de vacances. Une colonie de vacances, un prêtre, un gamin, pas besoin d'en dire plus…

Olivier a 15 ans, 16 ans, 19 ans, 29 ans, 34 ans.

Une innocence perdue, un enfant marqué à jamais, un adolescent en devenir, un jeune adulte en pleine (dé)construction. Un événement indélébile, marqué à tout jamais, un secret enterré au fond de soi…

Olivier a 35 ans.

Les cauchemars récurrents. le besoin de sortir de soi ce secret, de le vomir, de l'écrire. le soutien d'un Ami, un vrai. Un retour en arrière, un mal nécessaire.

Olivier a tué Pierre…

Sobriété et justesse du propos de la part d'Olivier Ka. Trait, dessins, graphisme et mise en page parfaitement adaptés aux émotions, aux sentiments et aux troubles d'Olivier de la part d'Alfred. Quand on sait ce récit autobiographique et qu'on découvre le travail des deux artistes et amis, on comprend définitivement le sens du mot Ami.

A Olivier Ka et à tous les autres…

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Bande dessinée CHOC !
J'ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque sans savoir de quoi il s'agissait, juste parce que je trouvait l'illustration de la couverture belle et forte. La quatrième de couverture m'a cependant mis la puce à l'oreille : "Pierre est un curé "de gauche". Il est cool. Il est drôle. C'est pas un prêtre, c'est un bonhomme. Moi, c'est comme si j'avais un nouveau tonton. Un excellent, qui rit, qui chante, qui chatouille." Et l'histoire, sous une apparente bonhommie est redoutable et terrible.
L'illustration sert idéalement le sujet. le graphisme évolue au fil de l'histoire, les couleurs sous leur apparente douceur due au grain du papier et à l'aspect vieilli sont, si l'on regarde plus attentivement , en réalité acides et agressives, les dessins rondouillards et enfantins du début sont remplacés par des illustrations plus griffonées, aux traits rageurs, aux aplats brusquement posés dans les moments les plus angoissants, Alfred incorpore même des photos dans le final.
Et quel final ! J'avoue que j'en ai mal dormi, j'ai été totalement bouleversé, terrassé par une telle force. Cette histoire ne peut laisser indemne, ses auteurs ont sorti leurs tripes pour la réaliser, ça se ressent.
C'est puissant, une très grande BD !
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Inutile de prévoir un marque-page pour cette magnifique BD autobiographique, elle se lit d'une seule traite, avec une vive émotion.

Olivier est un enfant intelligent, curieux, en quête de repères et d'affection. 7, 8, 10 ans, ce n'est pas toujours facile pour lui…
« Touche pas ton zizi, sinon tu iras en enfer ! » lui disent ses grands-parents, fervents catholiques.
« Tous à poil ! On va se baigner avec les amis dans la rivière » Ils sont cools, baba cool même, les parents d'Olivier. Il y a toujours plein de monde à la maison, il trouve ça plutôt sympa Olivier.
« Ha ! Voilà notre petit Olivier » lui dit Pierre avec un immense sourire. Pierre c'est un prêtre de gauche trop rigolo qui est devenu l'ami de la famille. C'est chouette, Olivier va partir en colonie avec lui. Mais un jour, Pierre va abuser d'Olivier et les vacances paradisiaques vont se transformer en enfer. Olivier vit dès lors un épouvantable conflit de loyauté envers Pierre qu'il aime et admire et portera seul son lourd secret.
Pierre a un physique d'ogre et de gros nounours à la fois. Toute l'ambiguïté de la situation est là, magnifiquement illustrée par Alfred. Les couleurs sont criardes pour exprimer les émotions dans de gros plans déformés.
Le malaise est palpable, la solitude, les angoisses et les souffrances d'Oliver tracent le long sillon d'une douleur enfouie depuis l'âge de douze ans par Olivier Ka son auteur. A trente-cinq ans, il se libère de cette histoire pesante. « Pourquoi j'ai tué Pierre » est une confession bouleversante jusqu'à la chute finale qui donne toute sa force à ce témoignage digne et poignant.
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Pourquoi j'ai tué Pierre, c'est l'enfance d'Olivier marquée par la présence d'un homme. Ce n'est pas n'importe quel homme, c'est Pierre, un gentil curé, ami de ces parents. Il gagne la confiance d'Olivier jusqu'à cet été où l'innommable se produit…
Pourquoi a-t-il tué Pierre ? Ca ne commence pas quand il le rencontre bien mais bien avant : il y a ces questions autour de la religion, de l'amour libre, pas facile de comprendre tout ça quand on n'a 7, 9, 12 ans… Et puis, Pierre a l'air tellement immense, souriant, c'est sûr, c'est un modèle. Victime de pédophilie, Olivier Ka décide de mettre par écrit son histoire et du dernier acte, quand il rencontre son bourreau afin d'exprimer ce qu'il a ressenti pendant des années. Un face à face qui lui permet de se libérer de ses cauchemars, d'aller de l'avant. Les dessins sont très parlants et collent parfaitement aux souvenirs autobiographiques d'Olivier. Très juste cette couverture où le visage d'un homme apparait dans celui d'un autre, elle résume tout à fait cette impression d'emprise de Pierre sur Olivier.
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La lecture de cette BD sensible, douloureuse et dure ne peut pas laisser indemne.
Une fois la dernière page tournée, les images et les mots continuent de tourner dans la tête et de blesser le coeur.
Le sujet est difficile mais son traitement ici est vraiment intelligent, sans pathos inutile mais aussi sans tabous et sans fausse pudeur.
L'émotion est dans chaque trait, dans chaque ligne. L'implication des deux auteurs est vraie et sensible et donne à l'ensemble de cette BD une émotion comme il m'a rarement été donné dans lire dans la BD française.
Le découpage de l'histoire est tout simplement génial.
L'idée de faire se modifier le dessin est également une idée magistrale.
Bref, une BD magnifique, à lire absolument.
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Oh quelle claque.
J'ai commencé ma lecture sans savoir quel était le sujet. Et petit à petit, j'ai vu arrivé le fond du propos, un peu inquiète : comment cela peut il être raconté sans tombé dans le pathos ou le glauque ?
Mais ce n'est ni l'un ni l'autre, c'est la description d'un exercice de survie : par l'oubli et le dénie tout d'abord. Puis quand ces techniques ne sont plus suffisantes, alors il y a l"exorcisme" : avoir le courage de tout écrire et en plus d'en faire une BD.
Ce n'est pas le genre de récit qu'on peut oublier, ou classer dans les bons souvenirs de lecture. Je ne sais pas si je vais bien dormir ce soir, et il est fort possible que j'y pense souvent.
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L'univers de la BD pour adultes recèle vraiment des trésors de finesse et d'émotion - cet album en est un.
L'auteur est le fils d'un couple très libre d'artistes "soixante-huitards", et le petit-fils de catholiques pratiquants qui l'initient à la religion (toucher son z!z! est censé conduire droit en enfer). Hiatus entre ces deux générations d'adultes, le petit garçon est au milieu et s'accomode comme il peut des enseignements contradictoires reçus ici et là... A douze ans, Olivier vit un événement traumatisant. Vingt années plus tard, toujours très marqué, il décide de retranscrire minutieusement son histoire avec son ami Alfred, dessinateur.
Un traumatisme de l'enfance - je vous laisse découvrir lequel - brillamment traité, avec une grande subtilité. Symbiose totale entre le propos bouleversant et le graphisme très expressif : les vignettes oniriques/éthyliques, certaines représentations mentales, les changements de regard, les tailles variables et disproportionnées des personnages telles qu'elles sont perçues par un enfant, etc. J'aime beaucoup la fin, qui pose des questions au lecteur au lieu de lui apporter des réponses ou un apaisement quelconque. On connaît en effet la victime, mais quid du "coupable" !?
Lien : http://canelkili.canalblog.c..
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En fait, le plus facile serait de juste mettre la note maximale à cet album, sans mettre de commentaires, tellement il est difficile de trouver les mots justes pour décrire les sentiments que libère ce petit chef oeuvre. Mais si Olivier Ka a réussi à trouver les mots justes pour exprimer ses sentiments dans ce récit 100% autobiographique, la moindre des choses, c'est d'essayer de le faire également.

Le récit débute à l'âge de 7 ans : l'ambiance est baba-cool, le ton est joyeux, Pierre est notre ami et Olivier baigne dans ce qu'il interprète comme le meilleur des mondes. On va dès lors suivre les pensées de cet enfant et vivre avec lui ce traumatisme qui vient cueillir son innocence dans un monde qui va lentement se noircir dans le regard d'Olivier. Cette trahison de la part d'un ami sera d'abord enfuie, pour ensuite être exorcisée au-delà de ce qui devait être la fin d'un récit honnête et plein de pudeur, mais qui s'avèrera finalement être l'arme d'un crime salvateur : Pierre est mort !

Le sujet est sensible, le traumatisme est celui d'un enfant de douze ans qui est victime d'abus sexuel lors d'une colonie de vacances, le récit est une forme de psychothérapie, et si le crime est fictif, le lecteur est complice consentant de ce meurtre.

La narration à la première personne est prenante. La pureté d'un enfant a été marquée au fer rouge par un acte de pédophilie, et même si le rouge n'était pas vif, la marque est bien présente dans l'esprit de l'adulte qu'il est devenu. La narration sort des tripes de l'auteur et règles les comptes avec un passé difficile à effacer, avec une éducation partagée entre des valeurs libertines et religieuses et avec un curé à l'esprit ouvert qui incarnait parfaitement ces valeurs inculquées.

Le graphisme est celui d'un ami intime et talentueux du narrateur et cela se ressent. Une complicité et une harmonie entre le dessin et le scénario des plus abouties. de nombreuses trouvailles graphiques qui contribuent à exprimer les sentiments enfuis d'Olivier de façon adéquate et sensible. Un petit chef d'oeuvre où les deux auteurs ne font plus qu'un, le temps d'un album magistral.

On sait maintenant pourquoi et comment Pierre devait mourir, peut-être même que Pierre mourra plus d'une fois ou que plusieurs Pierres mourront. Quoi qu'il en soit, je n'ai qu'un seul conseil : achetez l'arme du crime et tuez Pierre !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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