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3,82

sur 10629 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel petit chef d'oeuvre, j'avoue avoir été assez soufflé par ces 80 puissantes pages !

De la même façon que dans “Le Procès”, on rentre dans le récit avec une rapidité incroyable. La situation initiale est posée dès la première phrase : le héros se réveille transformé en insecte. On se retrouve projeté dans cette histoire, avec une écriture ultra efficace et fluide. de fait, on retrouve très rapidement la marque de fabrique de Kafka : une situation absurde totalement acceptée par les personnages, qui ne pose pas question. le héros, Gregor ne se demande pas pourquoi il a été transformé en insecte, mais comment il va expliquer son retard à son patron.

Puis le récit évolue lentement de cet absurde un peu comique, à une longue descente aux enfers pour le personnage de Gregor. On s'amuse d'abord de découvrir la maladresse de Gregor avec son nouveau corps. Il n'aime que la nourriture avariée, et il finit même par pouvoir grimper au plafond, tel une sorte de Spider-man du début du siècle. Et puis, cet amusement se mue en une certaine pitié qui évolue elle même petit à petit vers une infinie tristesse. Lorsque Gregor regarde sa famille continuer de vivre par l'entrebâillement de la porte, souhaitant de toute son âme leur apporter le moins d'ennuis possible, on a clairement le coeur fendu en deux. Et face à Gregor, on se prend d'abord de sympathie pour cette petite famille, qui profite certes de l'argent ramené par leur fils, mais qui le chérit néanmoins. le personnage de la soeur est sûrement le plus perturbant. Si d'abord elle tente de faire au mieux pour le confort de son frère, elle deviendra finalement celle qui voudra le plus se débarrasser de lui. Et le pire dans cette situation, c'est que finalement on comprend cette famille, qui ne sait que faire de cet insecte géant, et songe finalement au pire.

Ainsi, Kafka réussit à créer en très peu de pages une situation extrêmement riche de sens et d'interprétations. On peut imaginer plein de choses à propos de ce rejet de ce fils transformé en insecte : une allégorie d'un malade et de sa santé qui se détériore petit à petit, ou bien d'un fils qui ne se remettrait pas d'un burn-out… le livre aborde plus globalement le rejet de la personne différente ou devenue inutile, sujet hautement intemporel, qu'on peut aisément continuer de plaquer sur notre époque actuelle.

Simple, puissant, riche de sens, La Métamorphose apparaît clairement comme une oeuvre intemporelle qui, malgré mon appréciation modérée du Procès, me donne clairement envie de continuer la lecture de ce grand auteur.
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Il fait partie des rares livres que j'ai lus plusieurs fois. Je suis certaine de ne pas avoir lu le même livre, tant on peut relier cette métamorphose en insecte et les réactions de l'entourage que cela suscite à divers événements qui nous arrivent, au cours de notre vie.
Cette fois-ci, je me suis demandé : et si Gregor se transformant en scarabée, ainsi que les personnes qui l'entourent, étaient la métaphore de ce qu'il se passe dans notre tête, quand on vit un malheur, une dépression...
A mesure que Gregor s'assombrit, sa soeur s'épanouit. Ne faut-il pas, parfois "gérer" des émotions sombres, tristes, des humeurs mélancoliques ? Ne faut-il pas, parfois, nous débarrasser d'un mauvais souvenir devenu trop encombrant, pour laisser s'épanouir ce que nous avons de beau, de meilleur?
Bien sûr, je pousse le bouchon. Mais je relis rarement mes livres, alors je m'octroie le droit de décaler un peu, beaucoup, mon regard.
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J'ai lu « La Métamorphose » il y a de cela une heure et j'ai encore légèrement mal au dos : je ne sais si j'étais simplement mal assise ou si Kafka m'a implanté une constitution physique de cafard pour la soirée.

Je suis en tout cas certaine que j'aurai toute ma vie, quelque part dans les tréfonds de ma mémoire-bibliothèque, la sensation d'être un abominable insecte, dont pas même sa famille ne veut avoir à supporter la présence dans sa maison.

Qu'est-ce qu'un Humain qui se change en animal repoussant ? Que sont les Humains qui ne se changent pas en animaux repoussants ?

Gregor Samsa est à mon sens l'image du génie et de la révolution (s'il pouvait, ah ! S'il pouvait… il n'irait plus travailler pour ce patron ignoble !) persécutés par les petits esprits que sont, ici, les membres de sa famille. Esprits si étroits, d'ailleurs, qu'alors même que le fils de la maison est changé en insecte, ceux-ci continuent de lire leurs journaux et de vaquer à leurs occupations habituelles, se contentant de l'enfermer dans sa chambre pour n'avoir jamais à le voir. Un si grand mystère derrière une porte de votre maison, je vous souhaite d'avoir envie de l'élucider !

Mais Gregor n'a pas l'air, lui non plus, très pressé de savoir ce qui lui arrive, peut-être parce que c'est le génie ? Peut-être parce qu'en somme, la différence entre son corps animal et son corps de travailleur soumis n'est pas exactement frappante ? Je ne sais pas !

En tout cas, Kafka nous offre une possibilité de réflexion inifinie, « La Métamorphose » est brillamment un chef-d'oeuvre.
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C'est une sacrée lecture, déroutante, qui percute et suscite beaucoup de réflexions et d'analyses possibles.

D'abord, j'adore le style d'écriture, la façon dont toutes les pensées, émotions et ressentis de Gregor, le personnage principal, sont décrits avec une précision méticuleuse qui nous permet d'avoir une excellente compréhension de la situation qu'il vit. C'est d'ailleurs très comique de décrire avec une précision presque mathématique des situations aussi cocasses et absurdes, par exemple lorsque Gregor entreprend de se déplacer (il "évolue"). Mention spéciale à la scène où son père lui donne un coup de pied "véritablement libérateur" pour "l'aider" à regagner sa chambre. le contraste entre ces descriptions quasi scientifiques et l'horreur/l'absurdité de la situation produit un effet comique qui fait mouche !

L'histoire de Gregor est triste. Toutes les responsabilités de la famille pèsent sur ses épaules et c'est trop. le corps de Gregor le lui signifie en se transformant en un genre de grand scarabée, comme si c'était une réaction de défense face à une vie qui ne mérite pas d'être vécue, qui est dénuée de sens. En effet, Gregor travaille comme un forcené pour assurer la subsistance de sa famille et rembourser les dettes de son père. C'est la seule source de revenus pour sa famille composée de ses parents et de sa jeune soeur. Ces responsabilités forcent Gregor à mener une vie dictée par un travail épuisant qu'il n'aime pas en étant exploité par des chefs qu'il méprise.
Sa famille est un poids qu'il doit porter seul. Ses parents et sa soeur ne travaillent pas et se permettent pourtant de lui faire des reproches, par exemple lorsqu'il est en retard pour son travail.
Face à cette situation intenable et injuste, ces relations familiales ineptes et cette vie chargée de contraintes et de responsabilités, le corps de Gregor se métamorphose. Et c'est toute la vie familiale qui en est chamboulée. Chaque membre de la famille est contraint de redevenir actif et de reprendre les choses en mains. Ils trouvent chacun un travail et cette nouvelle dynamique semble les embellir et les transformer positivement. Peut-on considérer que le titre du livre renvoie davantage à la métamorphose de la famille qu'à celle de Gregor ? Les liens familiaux en sont aussi transformés. Gregor est à peine considéré. Son existence est au mieux tolérée. Sa famille se détourne de lui, le rejette, le méprise et éprouve pour lui un grand dégoût. Quelle ingratitude ! Alors même que c'est Gregor qui a tenu cette famille à bout de bras en sacrifiant son temps et sa santé.

J'ai été pris d'empathie et d'affection pour Gregor et sa situation. Il avait le comportement de l'enfant parfait, qui endosse les responsabilités et s'occupe de sa famille. Son histoire est d'une grande tristesse et d'une aussi grande injustice. Elle est marquée par la solitude, l'isolement et le silence. Gregor ne parvient pas à exprimer ce qu'il pense et ressent à sa soeur et ses parents alors qu'il en a tant envie. Sa famille ne cherche pas non plus à dialoguer avec lui et le voit principalement comme une nuisance.

Il existe sûrement une grande quantité d'analyses et d'interprétations possibles de cette nouvelle de Kafka.

L'absurde est au coeur de cette nouvelle. La métamorphose de Gregor et les péripéties qui s'ensuivent sont absurdes. Les personnages sont en plein désarroi face à une situation complètement invraisemblable, qui les dépasse. Ils perdent leurs repères dans un monde qu'ils ne comprennent plus. On peut y voir là une ressemblance avec les oeuvres d'Albert Camus qui sont également marquées par cette thématique de l'absurde.

On peut également avoir de cette nouvelle une lecture politique en y voyant une remise en cause de la société de classes. Chaque personnage est défini par sa position dans un ordre donné, qu'il soit familial ou social, et les relations entre personnages sont grandement influencées par cette hiérarchie. On peut également y voir une critique de la société capitaliste et productiviste, les métiers de commerçants/négociants et celui de banquier sont dépeints comme nocifs, aliénants et vides de sens. En se transformant, on peut penser que c'est toute cette société et son organisation aliénante et étouffante que Gregor envoie balader.

J'y vois vraiment une métaphore du non sens de cette existence dans une société capitaliste, productiviste et autoritaire étouffante. C'est elle qui transforme Gregor en le poussant à bout jusqu'à un point de non retour comme elle pousse à bout des millions de gens tous les jours. C'est une métaphore du burn-out, de l'explosion intérieure et extérieure des gens qui ne peuvent plus vivre ainsi, dans une existence qui n'a pas de sens et sur laquelle on a aucun contrôle. La métamorphose c'est l'expression magnifique de tout ça. Une dégénérescence totale d'une organisation inhumaine qui dysfonctionne complètement. Et c'est bien la démonstration que les maux ont une explication extérieure, c'est la société, la famille, le travail qui poussent Gregor à bout. de même qu'aujourd'hui c'est notamment l'exploitation des gens qui les poussent à bout. Et ces problèmes ne peuvent trouver de solution qu'en agissant sur leur véritable cause : la société, le travail, la famille, etc. Or aujourd'hui on a trop tendance à chercher la solution à l'intérieur de nous alors que le problème vient de l'extérieur. le problème ne vient pas de Gregor mais de ce qui l'entoure. Et ce n'est pas en cherchant des solutions à l'intérieur de lui même qu'il pourra se tirer de sa situation de même qu'il est illusoire de croire qu'on peut guérir les maux de notre société contemporaine en responsabilisant les gens et en les poussant à chercher à se changer eux plutôt que le monde autour qui est pourtant la cause véritable des problèmes. Ce n'est pas en cherchant à l'intérieur de soi une force incertaine, en libérant ses chakras pour devenir la meilleure version de soi-même ou en modifiant sa psychologie pour être dans l'optimisme qu'il sera possible de trouver des solutions au manque de sens et à l'inhumanité du système actuel.
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Cela fait des années que je voulais lire La Métamorphose et je dois dire que je n'ai pas été déçue.
Les interprétations de cette nouvelle ont été multiples et chaque lecture peut y voir une chose différente des autres.
Ce que Kafka montre surtout c'est le changement qui s'opère dans une famille lorsque l'un de ses membres est différent des standards de la société.
Dans le premier chapitre, la métamorphose a déjà eu lieu et le personnage, Gregor n'arrive pas à sortir de son lit. Cet état de fait peut symboliser, la dépression, la maladie qui empêche le personnage de mener une vie normale.
Face à cette situation, les parents prennent en pitié leur fils jusqu'à ce qu'ils le découvrent métamorphosés alors les ennuis commencent.
Le rejet dont Gregor fait l'objet est choquant et montre une facette de la société de l'époque mais aussi la fragilité des liens qui unissent les membres d'une même famille.
Si Gregor reçoit un peu de soutien au départ, l'amour se transforme rapidement en haine. La famille l'isole telle une tare honteuse et parle à coeur ouvert, pensant que dans son état, vu qu'ils ne comprennent plus ce qu'il dit, lui ne comprend pas ce qu'eux disent.
Gregor va aller de déconvenue en déconvenues jusqu'à connaître une fin tragique.
En dehors du rejet dont il fait l'objet, ce qui choque plus encore, c'est le soulagement ressenti par les proches quand vient la fin. le poids qu'ils traînaient n'est plus et bon débarras.
Un classique à avoir lu au moins une fois.
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J'ai écouté la Métamorphose (1912) sur un podcast gratuit de Radio-France (2022)*. La lecture de Micha Lescot est captivante. On imagine facilement la gestuelle de la bestiole et celle de son impitoyable famille. Bien que la narration soit à la troisième personne, c'est bien toujours Gregor Samsa qu'on entend jusqu'à sa mort. La voix posée du comédien et la limpidité du texte donnent à percevoir ou ressentir ce que Gregor lui-même perçoit et ressent. J'ai souri car tous les personnages sont grotesques, très bêtes et certaines situations bien cocasses. J'ai éprouvé bien sûr du dégoût, de l'horreur et puis de la pitié. La fin est d'une rare cruauté. J'ai adoré et j'ai pleuré.

Le texte suivant contient des spoilers.



*Le podcast :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/samedi-fiction/la-metamorphose-de-franz-kafka-3356289
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Ce court roman parle de Gregor, vendeur de tissus, qui se réveille un jour, transformé en insecte .
Une métamorphose qui lui ouvre les yeux sur le vrai visage de ceux pour qui il ne comptait pas ses heures.
Un livre philosophique qui nous permet de nous questionner sur notre existence et sur l'importance que l'on peut donner aux autres.
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Histoire originale d'un voyageur de commerce du début du XXème siècle, qui se réveille transformé en cafard.
Le sujet est très symbolique.
Le personnage principal ne se sent pas aimé à sa juste valeur. Il a l'impression d'être utilisé par sa famille, ses parents et sa soeur, qu'il entretient.

Je ne connaissais pas Kafka est j'ai apprécié cette lecture rapide, que je recommande.
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J'ai trouvé ça très perturbant que la transformation de Gregor soit reçu de manière "presque" normal par son entourage. le fait que l'on s'intéresse plus à la transformation du monde qui l'entoure, plutôt qu'à la sienne, est brillant.
La métamorphose a lieu dès la première ligne du roman, du coup on va directement à l'essentiel : les conséquences de ce changement pour la famille Samsa. L'auteur nous présente une histoire qui semble absurde, mais qui fonctionne.
J'étais investi. Parfois j'étais triste, parfois en colère, bref j'ai apprécié chaque instant de ma lecture.

C'est un classique. C'est court. C'est un grand oui. Allez-y !
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Un classique certes, mais le sentiment de malaise reste présent tout le long du roman. Kafka était un Tchèque de langue allemande et a vécu dans de multiples endroits à Prague.
Si le tourisme de masse essaie (un peu seulement) de profiter du filon Kafka, on ne peut pas ressentir sa présence ou l'atmosphère de ses romans en la visitant.
Par contre, La Métamorphose, comme beaucoup d'autres des romans kafkaïens n'a pas perdu de sa puissance.
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