le supplice de Napoléon, durant ces six années de réclusion à Sainte-Hélène, c'est de ressasser tous les jours les raisons pour lesquelles il a échoué, misérable, sur ce caillou perdu au milieu de l'Atlantique, sous la surveillance vétilleuse et inquiète de Hudson Lowe.
L'auteur arpente pendant neuf jours la maison de Longwood et retrace ces six années où Napoléon dicte d'abord à
Las Cases ses mémoires avant que celui-ci ne quitte l'île dès 1816. Suivront cinq années de déchéance et de mortel ennui, avant que la maladie ne l'emporte en 1821. Roman crépusculaire, fétichiste, où
Jean-Paul Kauffmann discute avec les habitants de l'île, les autorités britanniques, le consul et l'ex consul de France, personnage fantasque, érudit et ombrageux. Il essaie de retrouver les traces ultimes du passage de Napoléon. Mais il y a dans l'exhumation du passé une quête impossible. Car tout a changé, des papiers peints au parquet mangé par les termites. le mobilier original ayant appartenu à Napoléon se trouve aujourd'hui aux Invalides ou dans des collections privées. A quel récit de l'exil se fier ? Celui de
Las Cases, de Bertrand, de Montholon ? La tombe, recouverte par la végétation, est maintenant vide depuis le transfert de la dépouille en 1840.
Restent l'esprit du lieu, un plateau désolé battu par les vents, les tableaux de Napoléon qui annoncent la chute, comme ce tableau représentant un Napoléon blême sur le champ de bataille d'Eylau, en 1807, dans lequel son visage apeuré semble traduire la prescience du déclin à venir.