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sur 883 notes
Brendan est chauffeur pour Uber, passe sa vie dans les embouteillages, calcule les courses au millimètre près, ou à la milliseconde près, pour grignoter un trajet supplémentaire et tenter de survivre, pour à peine un peu plus que le salaire minimum. Il a fait un mariage de raison, sous l'aile plus ou moins bienveillante de son Église. Son premier enfant est décédé (mort subite du nourrisson) et son épouse a commencé à se sentir punie par Dieu et se tourner de plus en plus vers la religion. Ils ont eu une fille Klara, à qui sa mère a bien fait comprendre qu'elle n'était pas intéressante et n'arriverait jamais à la cheville du petit frère.

Plus le temps passe, plus elle vire à la mégère, intégriste et milite contre l'avortement en compagnie de son amie Teresa, intolérante, agressive, virago, extrémiste etc.

Un jour Brendan croise la route d'Élise, veuve, qui fait partie d'une association qui accompagne les femmes qui finissent par se résoudre à l'avortement. Lorsqu'il arrive devant le centre, une bombe est soudain lâchée, un vigile se tord dans les flammes et meurt dans ses bras. Dans un premier temps il est pris pour le « pyromane » dans la confusion qui suit l'attentat et c'est Élise qui va le sortir de là.

Ces deux-là ne sont pas du même bord, sur le plan social, sur le plan des idées, et encore, car Brendan a pris ses distances par rapport à l'Église, va rarement à la messe. Peu à peu, ils vont se rapprocher mais la tension monte de plus en plus entre pro-life et IVG.

J'ai aimé la relation de complicité qui existe entre Brendan et sa fille Klara qui travaille dans un foyer pour femmes battues : leur amour leur proximité en ce qui concerne la vie en général, la rébellion contre l'intégrisme maternel donne des scènes fort sympathiques…

Douglas Kennedy dénonce aussi le statut on ne peut plus précaire d'Uber, esclavage des temps moderne, les clients qui ne respectent pas le chauffeur, ne lui laisse même pas un pourboire, quand il ne l'insulte pas en ne se gênant pas pour laisser des appréciations infâmes sur l'application.

Il pose un regard sans concession sur les USA et leurs dérives ! sur les actions des intégristes religieux catholiques ou évangélistes, des « pro-life » qui commettent des crimes pour défendre les droits du foetus, qualifiant l'avortement d'infanticide…

J'ai beaucoup aimé, également, le titre de ce livre, « Les hommes ont peur de la lumière » inspiré de Platon :

"On peut aisément pardonner à l'enfant qui a peur de l'obscurité ; la vraie tragédie de la vie, c'est lorsque les hommes ont peur de la lumière."

J'ai beaucoup aimé ce dernier opus de Douglas Kennedy qui flirte avec le thriller, ou le roman noir, et se lit de façon addictive dès qu'on est entré dans l'histoire. C'est un bon roman, du même cru que ceux qui ont valu la notoriété à l'auteur : « La poursuite du bonheur » ou « L'homme qui voulait vivre sa vie ». J'avais moins apprécié les suivants qui m'avaient fait prendre quelques distances avec l'auteur qui surfait un peu trop sur la vague à mon goût.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur
#DouglasKennedy #NetGalleyFrance !

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je retrouve avec joie Douglas Kennedy
que je boudais depuis un bon moment.
Comme John Irving et Jean Paul Dubois,
ce sont des conteurs que j'aime,
mais qui m'ont lassée au fil du temps
Ce dernier Kennedy ne vous lâche pas.
Les gangs anti-avortement
aux pratiques terroristes
sont actifs sur tous les fronts.
Texte prémonitoire : ils ont gagné !
Notre héros est un anti héros
au chomage, licencié après 30 ans
de bons et loyaux services...
Il y a du Ken Loach dans l'air
quand il se recycle en chauffeur UBER.
Il fait des journées à rallonges
pour payer les factures.
Mme ne travaille pas, bénévole
devouée d'une église à tendance intégriste.
Elle se retrouve sous la coupe de Térésa
ardente militante pro-vie,
aux méthodes très musclées.
Son meilleur ami à lui, est un prêtre aux dents longues
qui préférerait être évêque avant ses 45 ans..
Leur fille Klara, assistante sociale ,
s'occupe de femmes battues.
Très féministe et engagée,
elle est en guerre avec sa mère ...
L'Amérique, dans toutes ses contradictions
et ses excès aussi, est décrite subtilement .
Un drame va voir s'opposer ces marionnettes
agitées par le pouvoir de la mafia..
Du suspense, de la cruauté, de l'humanité..
Un rythme tenu à brides abattues
Un grand plaisir de lecture


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Le nouveau roman de Douglas Kennedy arrive à point nommé avec actuellement les différentes mouvances contre la loi sur l'avortement dans plusieurs états et la décision récente des États Unis de révoquer le droit à l'avortement.

Brendan, un homme d'une cinquantaine d'années a perdu son travail et pour gagner sa vie il est devenu chauffeur Uber à Los Angeles . Il livre ses réflexions sur les clients qu'il embarque , un stratagème pour oublier un peu les contraintes de ce boulot et la distance grandissante des relations avec sa femme , Agnieska depuis un drame familial . Pour surmonter le deuil , elle s'est engagée dans le militantisme religieux Pro-life .

Lorsqu'il dépose une de ses clientes , Elise, dans un bâtiment qui héberge un centre d'avortement , il est le témoin d'un attentat contre ce centre . Cet événement va rapprocher Brendan et Elise , retraitée et devenue une bénévole à l'écoute des femmes venant subir un avortement.

On devine assez vite quel est le camp choisi par l'écrivain, les personnages attirant la sympathie sont ceux qui s'occupent de soulager la détresse des femmes ayant choisi d'interrompre leur grossesse.

L'autre bord, si on peut dire, est constitué de personnes engoncées dans leurs principes moraux et religieux , le summum étant représenté par un prêtre, homme au discours lénifiant mais trompeur .

Douglas Kennedy ne fait pas un plaidoyer dans ce roman, il décrit une frange de l'Amérique moyenne avec ses difficultés à vivre aussi bien financièrement que moralement , certaines dérives de mouvements religieux qui confinent à la secte et comme souvent l'impunité de gens possédant le pouvoir par l'argent : du classique en somme mais il est bon de répéter les choses pour ne pas les oublier et se laisser vivre dans une torpeur trop facile en fermant les yeux sur ce qui dérange !

Voilà un bon bout de temps que je m'étais éloignée de cet auteur, ce livre me réconcilie avec lui .
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Douglas KENNEDY. Les hommes ont peur de la lumière.

Un livre coup de poing qui plonge dans la société américaine contemporaine. A Los Angeles, de nos jours, Brendan, le héros de ce récit, ingénieur-électricité, a été licencié. Pour vivre ou plus exactement, pour survivre, il est devenu chauffeur de la société Uber, oui, celle qui exploite à hue et à dia son personnel. Afin de percevoir un minimum vital, il effectue de nombreuses courses, dépassant le quota toléré. Lors d'un transport, sa passagère Elise, professeur retraitée, lui demande de la conduire dans une clinique. Lorsqu'il la dépose, il est témoin d'un attentat envers cette institution qui pratique en toute légalité des avortements. Il était là au mauvais endroit et au mauvais moment… Brendan va prendre conscience de la précarité de son existence. Son épouse appartient au mouvement anti avortement, « Pro-Vie », soutenue par son frère, un prêtre qui aspire à l'épiscopat, fortement imbu de sa personnalité et qui fraie avec les mafieux.

Une course poursuite s'engage entre les différents belligérants. L'intrigue de ce roman actuel dépeint l'obscurantisme de certains hommes et femmes, dans la société américaine où règne le luxe, le tape à l'oeil, l'appât du gain, la mafia, et les armes parlent, pour un oui, pour un non ! Son épouse l'a délaissé.Le couple est au bord de la rupture : plus aucune communication entre eux deux. Brendan a un rapport privilégié avec sa fille Klara, qui elle aussi travaille dans le social. Malheureusement, suite à l'attentat il va entraîner sa fille dans une course poursuite époustouflante. Je vous laisse découvrir l'intrigue de ce roman. Une belle narration qui nous montre l'instabilité des hommes, du pouvoir des grands, de ceux qui ont l'argent et le pouvoir et qui achètent même l'honneur des hommes d'église, eux aussi, avides de pouvoir…. Une bonne étude psychologique de la société actuelle. Bonne journée et bonne lecture.
( 30/04/2024).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Brendan, chauffeur Uber, la cinquantaine, transporte tout un tas de personnes aussi différentes les unes des autres. Un jour, il dépose une femme, Elise, devant une clinique pratiquant des avortements. Un peu plus tard, une bombe explose, tuant une personne sous ses yeux. Ce traumatisme va petit à petit transformer Brendan. Sa femme, une catholique intégriste, s'investit sans compter pour l'association "provie", militant farouchement contre l'avortement. Lui est beaucoup plus partagé sur cette question, ce qui crée quelques tensions entre eux, d'autant plus que leur seule enfant, Klara, très proche de son père, a pris le contre pied de sa mère, affichant clairement ses idées progressistes. Brendan va conduire Elise sur d'autres cliniques pratiquant l'avortement et une amitié sincère va s'installer entre eux. Mais ce ne sera pas sans leur créer de problèmes.

Une Amérique qui se radicalise. Ici on assiste à une guerre sans concession entre pro et anti avortement. Et au milieu, un homme modéré, Brendan, qui balance entre les deux jusqu'au moment où il choisira son camp.
La religion est présente, "Après tout, l'un des moteurs les plus puissants de la foi est le besoin de certitudes dans un univers où tout est incertain", ainsi que la corruption, l'hypocrisie, l'extrémisme, l'impunité des gens très riches qui se croient au dessus de tout et de tout le monde. Douglas Kennedy dresse une peinture sociale de l'Amérique trumpiste, plutôt déprimante, injuste, mais sûrement réaliste et convaincante.
Par contre, l'intrigue policière, trop caricaturale, ne m'a pas convaincu. J'ai trouvé qu'elle manquait de consistance et l'auteur tombe trop souvent dans la facilité. Pour quelqu'un qui lit très peu de polars, ce qui n'est pas mon cas, ce ne sera peut-être pas trop gênant.

Dans l'ensemble, un roman qui se lit très vite, sans aucune difficulté et sans déplaisir, mais qui manque parfois de finesse et de subtilité.
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Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un roman de Douglas Kennedy.
Brendan est un homme qui approche de 60 ans il vit à Los Angeles et est chauffeur Uber. Il a travaillé longtemps dans une grande entreprise mais a été licencié du jour au lendemain. Il a beaucoup de mal à vivre et fait énormément de courses et d'heures. Sa femme, Agnieszka, ne travaille plus. Suite à la perte de leur premier enfant ( mort subite du nourrisson), elle s'est rapprochée d'un mouvement religieux très conservateur. Ce mouvement lutte contre l'avortement. Or, un jour, Brendan conduit une femme dans une clinique pro avortement et ils échappent de peu à un attentat. Il se retrouve malgré lui impliqué dans ces luttes entre pro vie et pro avortement.
Le thème est intéressant et c'est une sorte de critique de la politique américaine de Trump.
Le personnage principal est intéressant mais le suspense un peu artificiel et beaucoup de manichéisme.
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Il est sans doute l'écrivain américain le plus populaire en France. Roman après roman, il explore les fractures invisibles de nos vies, et propose une critique toujours plus affutée de son pays et de ses dérives.



Les hommes ont peur de la lumière , son nouveau livre vient de paraitre dans une traduction de Chloé Royer.



C'est l'histoire d'un quinquagénaire précaire qui ouvre les yeux sur la violence d'une société plus divisée que jamais sur la question de l'avortement.



Un roman noir d'une brulante actualité. Ceux qui croient détenir la lumière condamnent souvent les autres à l'obscurité.


Kennedy s'est documenté comme personne avant de lancer cette puissance charge contre la violence sociale qui gangrène les USA Et qui raconte cette révolte d'un homme humilié par le système qui tente de se libérer de ses chaines


Douglas Kennedy dessine une histoire familiale surprenante, mais aussi une chronique sidérante des Etats-Unis sous le mandat de Donald Trump.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce roman social autant que roman noir, ou réciproquement, Douglas Kennedy nous entraîne dans les bas fond d'un pays qui s'enfonce dans l'obscurantisme, la pauvreté et la violence.
Dans cet opus, le personnage principal est un cinquantenaire qui est devenu chauffeur Uber après son licenciement - il était ingénieur en électricité. S'enfonçant dans la pauvreté d'un système ultra-capitaliste qui broie les gens pour de l'argent, il compte chaque dollar pendant que sa femme, au foyer, dépense toute son énergie et cultive sa haine dans des combats « pro-vie ». Coincé de toute part, c'est la rencontre avec Elise, une femme magnifique, intelligente et compatissante qui va le sauver.
Je n'avais pas lu « de Douglas Kennedy » depuis Les Charmes Discrets de la vie Conjugale », qui m'avait plu d'ailleurs. Mais j'ai été vraiment surprise car l'opus que je viens de terminer est au moins un roman noir - il se passe des choses violentes - qu'un roman social: le système Uber, qui menace de diriger le monde en s'étendant à d'autres activités, est décrit finement, longuement, on sent l'étau se serrer autour de la gorge du chauffeur, on est presque plus pris aux tripes par ça que par ce qu'il se passe ensuite. Quasiment, c'est ça le suspens du début du roman…
Ensuite, l'auteur prend parti dans le conflit « pour ou contre l'avortement », en développant son intrigue. Il faut préciser que le roman a été écrit avant l'abolition des droits des femmes à l'avortement, il prend donc un tour prémonitoire très prononcé et vraiment intéressant. Voire flippant.
En bref, je dirai que j'ai bien aimé ce roman, profondément ancré dans la réalité sociale, qui nous décrit la plongée dans l'obscurantisme, le fanatisme et la violence d'un pays qui, tous les jours, nous donne des leçons de démocratie.
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De Douglas Kennedy, je n'avais lu que "Cul-de-sac", que j'avais adoré. Retrouver cet auteur en Lecture Commune avec ma copinaute Bianca était donc une bonne nouvelle.

Un roman avec une enquête, même si non policière, et qui allait critiquer la société américaine, moi, je suis pour.

En effet, dès les premières pages, l'auteur nous met face à quelques représentants de l'Amérique qui s'épanchent sur la banquette arrière de Brendan, un chauffeur Uber à Los Angeles.

Et boum, dès le début, ça dénonce et ça défonce. La société Uber possède des milliers et des milliers de chauffeurs, de véhicules, mais rien n'est à elle, elle n'a quasi pas de bureaux, mais on sent tout de suite la dictature de la société, ainsi que celle des utilisateurs qui peuvent crucifier les chauffeurs avec des commentaires.

Pourtant, entre le livre et moi, la rencontre n'a pas eu lieu… Brendan m'a fait penser à un mauvais acteur dans un mauvais film, rien ne me semblait réaliste, intéressant, l'auteur balançant des chiffres dans son récit, me faisant décrocher dès le départ.

Même ses clients paraissaient être un panel de ce qu'un chauffeur pourrait croiser dans sa journée, sa semaine, et pourtant, ils manquaient de réalisme, d'étoffe.

Bon, je suis comme un chien, je n'ai pas voulu lâcher l'os de suite et j'ai continué ma lecture. L'explosion de la bombe dans un centre pratiquant l'avortement allait sans doute relancer le récit qui me plombait.

Des gens ont le droit de ne pas être d'accord avec l'avortement, je ne remettrai pas cela en question. Par contre, hurler devant les centres pratiquant l'IVG, poser des bombes, agresser les femmes qui y entrent, le personnel hospitalier, les médecins, là, je m'insurge !

C'est facile de dire à une femme (une fille) qu'elle va assassiner son enfant, qu'elle doit le garder, quoiqu'il lui en coûte, et blablabla, mais lorsqu'il s'agira d'élever cet enfant, les manifestants pro-vie ne seront pas là ! Lorsque la mère (et le père ?) aura du mal à joindre les deux bouts, perdra son job pour cause d'enfant, où seront les pro-vie ? Sûrement pas aux côtés de la pauvre femme et du gosse…

Hélas, si j'ai apprécié le personnage d'Elise qui aide les femmes seules dans les cliniques d'avortement (il faut savoir le faire), j'ai eu du mal avec le reste des personnages, notamment avec Brendan, qui manquait de pep's (pour ne pas dire de couilles) et avec son épouse, catho intégriste au possible, souffrant de déni et le curé, bouffant à la table du diable.

L'auteur dénonce bien des faits de société dans son roman, mais j'avais l'impression qu'il le faisait à la louche, afin d'en mettre le maximum et que ses personnages, tels des mauvais acteurs, jouaient dans un mauvais film.

Ensuite, le tout a tourné en thriller survolté avec affrontement avec un grand méchant monsieur, plein de fric et au-dessus des lois, le tout à la sauce western, version "Règlements de compte à O.K Corral". Heu ?

Le manichéisme était trop présent dans les personnages, tournant à la caricature grotesque. Je suis arrivée au bout de ma lecture péniblement, me demandant ce que j'étais venue faire dans cette galère.

Pour un début avec l'auteur, il ne fut pas prometteur. Je n'y ai pas trouvé la lumière que j'espérais.

Bref, cette fois-ci, c'est moi qui ai décroché de la lecture, même si je suis allée jusqu'au bout (en sautant des passages). Bianca, elle, a apprécié sa lecture, donc, si vous voulez savoir, je vous conseille d'aller lire son avis, bien plus emballant que le mien.

Ou encore mieux, que vous lisiez le roman afin de vous faire votre propre avis dessus. Parce que bon, là, ce n'est que le mien et il n'est pas encourageant…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Après avoir été licencié du jour au lendemain, Brendan, la cinquantaine se retrouve sans emploi. Pour parer au plus pressé et gagner de l'argent rapidement, il décide de travailler pour Uber. Au volant de sa voiture, les clients se succèdent, certains plus odieux que d'autres, dans ce Los Angeles labyrinthique où la richesse la plus insolente côtoie la misère la plus désastreuse. Lorsqu'il prend Élise au hasard d'une course, rien ne lui permet d'anticiper le cataclysme sur le point de bouleverser son existence. Et pourtant… les évènements qu'il va vivre vont obliger cet homme durement touché par la crise, marié et père d'une fille, à reconsidérer ses priorités et à s'interroger sur des questions essentielles.

Grandeur et décadence du pays le plus riche du monde : l'Amérique. Profondément divisés depuis Trump qui a encore exacerbé cette scission après son accession au trône, les États-Unis deviennent désormais l'exemple à ne pas suivre. Après l'image d'Épinal du rêve américain, Douglas Kennedy met en lumière l'autre face de cette Amérique, celle des galères financières, de la perte de son emploi sans préavis et sans assurance chômage ni assurance santé, des petits boulots nécessaires pour subsister et dévoile le système d'exploitation d'UBER. Pour bien connaître les États-Unis après y avoir vécu 6 ans, dont 4 en Californie, je voudrais attirer votre attention sur un point : tout ce que raconte Douglas Kennedy dans « Les hommes ont peur de la lumière » est vrai. Tout ce qui concerne la vie à Los Angeles, le coût de la vie, les « habitudes » des plus riches, l'esclavagisme moderne est vrai.

Hasard de la programmation, le roman paraît à un moment clé de l'histoire du pays : la remise en question du droit des femmes à l'avortement. le parti républicain a compris que pour regagner la Maison-Blanche, il va devoir rallier les fondamentalistes religieux à sa cause. le portait que Douglas Kennedy fait de ces talibans de la pensée, par l'intermédiaire de son personnage de prêtre, Todor, démontre formidablement bien à quel point les suprématistes hommes blancs cherchent à reconquérir le pouvoir, contre la communauté noire évidemment, mais également contre les femmes. Vingt-six états sont en passe d'interdire l'avortement et de renvoyer des milliers de femmes à la condition de poules pondeuses qui n'ont plus aucun droit à disposer de leurs corps. Grossesses non désirées, viols, incestes, peu importe le motif, la réponse au droit à l'avortement reste identique : NON. Même la contraception deviendra illégale dans certains états comme la Louisiane.

Douglas Kennedy décortique le discours puritain, met en lumière ce sursaut chrétien face à un pseudo « relâchement moral » pour démontrer à quel point le dialogue entre deux camps devient tout simplement impossible. L'époque est à la guerre civile des idées face à une diminution drastique de l'éducation, et une augmentation de l'ignorance alimentée par les fake news. Ceux, comme Brendan, notre chauffeur UBER qui pourraient encore alimenter le débat sont trop occupés à survivre au quotidien dans une ville tentaculaire où l'argent fait loi. L'auteur a eu la bonne idée, parce qu'elle est réelle, de lui adjoindre une épouse militante, puritaine, et activiste afin de bien montrer que le fondamentalisme n'est pas seulement une affaire d'hommes, mais que les femmes aussi, par leurs histoires personnelles ou par conviction sont de bonnes armes pour convaincre et enrôler.

Si « Les hommes ont peur de la lumière » est d'abord un thriller haletant, doté d'une vraie intrigue et de jolis rebondissements, il est surtout une photographie très intéressante de l'Amérique d'aujourd'hui : précarité, fractures sociales, ubérisation de la société, lutte des classes, mais aussi remise en cause des droits fondamentaux des femmes à disposer de leurs corps. En 1985, Margaret Atwood imaginait une société dans laquelle certaines femmes seraient cantonnées dans un rôle de reproduction pour pallier une natalité en forte baisse. Il s'agissait alors d'une dystopie. Force est de constater que cette vision pessimiste d'un futur terrifiant se rapproche de plus en plus de notre présent. Douglas Kennedy fait montre de grandes qualités d'observation, mais surtout d'une capacité redoutable à détricoter un schéma de pensée nauséabond et rétrograde. « Les hommes ont peur de la lumière » reflète avec force propos l'ensemble de mes inquiétudes concernant le sort qui va être réservé aux femmes dans les années à venir. Lisez-le !

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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