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3,38

sur 757 notes
J'avais adoré « Réparer les vivants » il y a quelques années, croisé récemment « Corniche Kennedy » en librairie, pourquoi pas. Plaisir de retrouver cette écriture singulière : extrêmement dense, vive, complexe, qui mêle narration, paroles, pensées et sensations ; texte et didascalies enchevêtrés. On lit en courant et referme le roman essoufflé, sur les mômes de la Plate à Marseille et leur adolescence désoeuvrée mais joyeuse ; le bon flic Opéra dont la caricature exhume l'humanité. Essoufflé ou épuisé ? le texte est à ce point ciselé qu'il exige un effort du lecteur. Qu'en reste-t-il ? Certes un bon moment, des personnages attachants mais une (ou deux ?) intrigue(s) incertaine(s) finalement.
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Un récit vif comme l'eau fraîche, percutant comme un plongeon.

La Corniche Kennedy, tout le monde la connaît à Marseille. Dans le roman, une bande d'ados désoeuvrés s'y retrouvent pour plonger, sautant de plus en plus haut, dans une surenchère de flirts avec le danger. Ils défient les autres, défient le danger, et se défient eux-mêmes. Plonger, c'est exister.
Beauté du décor, beauté des corps. Ces jeunes se jaugent, s'apprivoisent, se cherchent, se trouvent parfois.
Le maire veut interdire ces plongeons, prônant la tolérance zéro au nom de la sécurité. Un policier surveille les “petits cons” à la jumelle, enviant leur jeunesse, leur liberté, leur insouciance.

La plume de Maylis de Kerangal est unique, libérée des conventions d'écriture, mêlant action et sensations, réflexions des personnages et réflexions d'auteure.
Toutefois dans ce court récit on ne retrouve pas l'urgence de Réparer les Vivants, plutôt une ambiance contemplative, solaire et sensuelle. À savourer au soleil.
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Ceci n'est pas une chronique

J'ai eu besoin de faire une pause dans la rentrée littéraire, besoin d'aller vers une de mes valeurs sûres.
J'ai lu Corniche Kennedy. J'en ressort éblouie une fois de plus.
Dorénavant quand on me demandera si je lis de la poésie, je répondrai: seulement Maylis de Kerangal.

Si elle me récitait l'annuaire téléphonique de la Creuse, je trouverais ça passionnant.
Si elle avait écrit la Bible, je serais croyante.
Si elle me parlait de moteur de voiture, j'envisagerais de passer un CAP mécanique.

Quand je lis ses phrases longues comme un jour sans fin, je me retrouve tel un lapin hypnotisé par la lumière des phares.
Quand je lis son catalogue de ponctuations, ses points virgules et ses virgules, je suis telle une enfant bouche bée devant un magicien.

Écris encore Maylis. Sur ce que tu veux. J'achète tout et j'aimerai tout.
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J'ai fait la connaissance de Maylis de Kerangal pas sa naissance d'un pont, qui ne m'avait pas séduite. Pour ne pas rester sur cette seule impression, j'ai lu sa Corniche Kennedy, et le style si particulier qui m'avait laissée indifférente dans le premier livre a pris tout son sens dans celui-ci.

Peut-être la différence est-elle dans le rythme de l'histoire : la naissance du pont est une course folle, tandis que l'histoire de la Corniche est essentiellement statique. Il ne se passe rien pendant longtemps, juste l'expérience hédoniste d'une jeunesse pauvre mais dorée, malgré tout, de sel et de soleil.
Impossible d'échapper à la beauté des corps et du décor.

La fin m'a beaucoup plu, aussi : mes réflexes de lectrice me font attendre un terrible dénouement, la montée de la tension avant la chute finale, mais non, c'est beaucoup plus réaliste et ça m'a plu. Chaque personnage a ses côtés sympathiques et présente un petit quelque chose pas joli-joli, très réaliste ça aussi : Opéra pète les plombs, Eddy trahit et Mario dénonce, les garçons de la bande ne veulent pas de la fille du coin ... C'set touchant de vraisemblance.
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Dans « réparer les vivants », j'avais beaucoup aimé l'écriture très spécifique de Maylis DE KERANGAL : Des phrases longues dans lesquelles les idées se bousculent, pensées des personnages comme de l'auteure elle-même, à bout de souffle, s'affranchissant des règles élémentaires de grammaire ou de ponctuation face à l'urgence d'une situation apparemment insensée pour les acteurs de son drame : le maintien « en vie » d'un jeune garçon en état de mort cérébrale afin de lui prélever ses organes pour sauver d'autres vies.


J'étais donc très curieuse de savoir si l'auteure avait adapté son style à l'histoire, ou bien si c'était son écriture naturelle toutes histoires confondues. A la lecture de « Corniche Kennedy », je mesure à quel point cette plume, à fleur de pensées qui se bousculent, est sa marque de fabrique.


« Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. »


J'ai choisi ce roman car le thème me rappelait l'été à la mer, et qu'il promettait une ambiance bien particulière : A Marseille, entre les calanques et les plages surveillées, il existe des plateformes de roche interdites au public où la baignade est dangereuse. Tous les étés pourtant, les jeunes des banlieues viennent y flirter, y bronzer, y régner. Et s'y baigner : C'est le lieu et le temps des défis, des t'es pas cap à l'emporte-pièce, de l'orgueil et des fanfaronnades. C'est aussi une manière de s'affirmer dans une société de laquelle ils se sentent exclus pour tout un tas de raisons. Alors pas question de céder. Pas question d'abandonner « la Plate » aux autorités : Cet endroit est leur royaume, ces ados y font leur loi, font tourner les autorités en bourriques. La Plate devient une lutte symbolique. A leurs risques et périls.


« Nul ne sait comment cette plateforme ingrate, nue, une paume, est devenue leur carrefour, le point magique d'où ils rassemblent et énoncent le monde, ni comment ils l'ont trouvée, élue entre toutes et s'en sont rendus maîtres ; et nul se sait pourquoi ils y reviennent chaque jour, y dégringolent, haletants, crasseux et assoiffés, l'exubérance de la jeunesse excédant chacun de leur geste, y déboulent comme si chassés de partout, refoulés, blessés, la dernière connerie trophée en travers de la gueule ; mais aussi ça ne veut pas de nous tout ça déclament-il en tournant sur eux-mêmes, bras tendu main ouverte de sorte qu'ils désignent la grosse ville qui turbine, la cité maritime qui brasse et prolifère, ça ne veut pas de nous, ils forcent la scène, hâbleurs et rigolards, enfin se déshabillent, soudain lents et pudiques, dressent leur camp de base, et alors ils s'arrogent tout l'espace. »


*****

C'est bien encore avec sa sensibilité toute personnelle que Maylis de KERANGAL nous fait pénétrer, avec aisance et plaisir, ce royaume adolescent des banlieues. Sa capacité à entrer au plus profond des êtres lui permet de se glisser, en tant que narrateur, alternativement dans la peau de chacun de ses personnages, cadeau délicieux pour une lecture exhaustive de la situation. Elle nous offre encore une narration libérée de toute convention, coulant pourtant tout naturellement de considérations générales du narrateur en observations particulières des personnages, voire en l'expression intime de leurs ressentis très personnels. Elle est d'une justesse incroyable dans ses portraits, nous fait vivre plusieurs vies sans jamais juger ni excuser. Elle décrit la société ou des fragments, qui finissent toujours par former un tout.


Si certains lecteurs ont pu trouver ses phrases interminables, rendant leur lecture ardue, j'ai encore une fois trouvé, au contraire, que l'histoire n'en était que plus intéressante et brillamment racontée : de par les détails auxquels mène chaque circonvolution, de par les différents points de vue qui nous sont offerts sans transition, et nous permettent avec une aisance déconcertante de cerner toute situation en un clin d'oeil, d'englober la scène ou le monde dans lequel nous plonge l'auteure, sans superflu, sans long discours, juste en balayant le présent, le passé, le futur de quelques mots choisis et assemblés, dans un même souffle, une même pensée ; Une même phrase.


Allez, je vais oser : Ce travail de balayage de la narration me rappelle « Mrs Dalloway », de Virginia WOOLF – mais dans un style qui lui est propre. Il ne me semble pas artificiel, c'est plutôt comme si l'auteure pensait vraiment son histoire comme elle l'écrit. Très vite, je me coule dans le rythme de ses phrases gonflées d'informations et je me laisse porter par son histoire, pleine du charme des personnages dont elle sait nous rapprocher et du contexte qu'elle excelle à nous dépeindre par ce biais. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur… J'ai en tous cas adoré cette ambiance.

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Contemplation d’une bande d’adolescents solaires et vulnérables au sommet de la corniche.

Le maire de la ville de Marseille, le tout-puissant et populiste «Jockey», veut appliquer à la lettre la politique de «tolérance zéro» du Ministère de l’Intérieur et prouver son «efficacité politique», en débarrassant la corniche Kennedy des bandes d’adolescents des cités qui y ont établi leur base.

Sur la plate-forme de pierre devenue leur quartier général, la bande d’Eddy, Mario et les autres, vit une aventure quotidienne, grimpant et plongeant du haut des promontoires de la corniche, chutes en forme de défis d’une jeunesse désœuvrée et sans illusions.

La suite sur mon blog ici :
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Entre la quatre voies et la mer, serré sous la corniche Kennedy, il existe un petit coin de falaise. Et c'est là que "les petits cons" vont sauter dans la mer. "Les petits cons" ont entre 13 et 16 ans, ils roulent sur des scooters trafiqués, et traînent en bande sur la Plate, ce rocher plat en surplomb de la mer. La corniche Kennedy, c'est aussi le domaine du commissaire Opéra, chargé d'assurer la tranquillité des lieux et de faire respecter scrupuleusement l'interdiction de sauter de cet endroit bien trop dangereux. "Les petits cons" c'est Eddy, Mario et les autres et Suzanne. Leur royaume c'est le défi. Se défier soit même, se défier l'un l'autre, défier l'autorité.

Maylis de Kerangal met en scène deux mondes qui s'affrontent. Avec son style particulier, percutant, vif, et qui peut heurter le lecteur, elle nous ouvre le monde de ces ados avec leurs doutes et leurs rêves. En parallèle elle dissèque le monde de ce flic avec ses doutes et ses désillusions dans la lutte contre la délinquance, la prostitution, le trafic de drogue. Récits de déshérences.

Si cette lecture est courte, elle n'est en rien superficielle. Toutefois on a du mal à se laisser émouvoir par ce récit qui donne plus l'impression d'être un exercice de style qu'un véhicule pour faire vibrer les émotions du lecteur.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Un commissaire observe depuis les fenêtres de son bureau, une bande d'ados qui passe leur journées sur la corniche du titre. Craignant un drame, car les jeunes s'amuse à se jeter du promontoir rocheux dans l'océan, c'est un bras de fer à distance qui oppose le monde adulte à l'adolescent. de Kerangal, suit au plus près chaque personnage, comme un réalisateur caméra à l'épaule, cela donne beaucoup de rythme à l'ensemble même si la longueur de certaines phrases agace.De Kerangal réussit à opposer les deux mondes qui s'affrontent à distance. Solaire, libre, insconcient pour l'un, terre à terre et respectueux de l'ordre pour l'autre. Un joli moment sous le soleil de Marseille qui me donne envie de suivre cette romancière.
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Je dois avouer que je n'ai pas compris ce que Maylis de Kerangal a voulu aborder dans Corniche Kennedy.

Quels liens entre cette bande de minots qui se regroupent sur cette corniche pour plonger dans la mer Méditerranée, au grand dam du maire de Marseille, et le commissaire Sylvestre Opéra, alcoolique, diabétique et hanté par une affaire passée ? Je suis incapable de le savoir.
A cela s'ajoute une écriture hachée et qui manque de beauté dans l'emploi des mots, cela ne m'a donc pas accroché.

Peut-être faut-il être marseillais pour y voir des allusions et comprendre une certaine ambiance ? Je ne sais pas. En tous les cas, je n'ai pas apprécié. Ce n'est que mon opinion toute personnelle, évidemment.
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J'ai lu ce petit bouquin presque en apnée, en me demandant quel serait celui ou celle qui s'écrabouillerait tout en bas de la corniche après un plongeon de si haut et ... dans le noir...

Où s'arrête le goût du risque chez l'adolescent ? N'est-ce pas justement le propre de l'adolescent de se frotter à la mort pour se sentir vivant...

A faire lire aux adolescents qui se reconnaissent dans cette description.
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