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Et si la Covid 19 était sorti de l'imagination d'Etgar Keret ?
Pas impossible tant ce que nous traversons depuis le début du confinement aurait pu trouver sa place sans détonner dans le dernier recueil de nouvelles un peu barrées de l'auteur israélien.
Il aurait peut-être intitulé son récit « A la recherche du masque perdu » ou « Sexe avec gestes barrières » et il nous aurait fait rire et réfléchir sur l'inconscience de soi et la relativité de nos existences.
Les 22 nouvelles qui composent « Incident au fond de la galaxie » font souvent le pari de l'absurde, défient parfois la réalité en duel et pactisent avec l'humour et le fantastique pour damner certaines de nos turpitudes.
« Ne fais pas ça ! » suit par exemple un veuf et son fils qui voient un homme prêt à se suicider du quatrième étage d'un immeuble. le petit veut une glace et voir le désespéré s'envoler comme un super héros tandis que le père fait tout pour le sauver. Il lui parle avec ses tripes et en quelques pages, l'auteur questionne avec force et finesse la capacité à surmonter ou pas la perte d'un être cher.
D'autres nouvelles abordent la solitude de façon plus légère comme « Tod » qui supplie son ami écrivain de lui pondre une histoire qui lui permettrait de coucher avec une fille. Autre question existentielle autour du même thème. Que fait un poisson rouge la nuit pendant que chacun dort seul avec ses rêves ?
Keret, c'est le Schengen de la nouvelle, celui qui efface les frontières terrestres pour laisser passer les âmes à la douane. Il mélange le virtuel et le réel comme un plat de tagliatelles. Il clone Hitler pour assouvir la vengeance des descendants de ses victimes, il menace d'expulser un ange au royaume du barbecue car ce dernier affiche une mine trop triste depuis la mort de Dieu.
Il est important de ne pas lire toutes les histoires d'un trait. Ce n'est pas un recueil pour soiffard. Il m'a fallu laisser un peu de temps passer pour détecter tous les cépages de ces nouvelles. Pas une lecture cul sec pour pilier de comptoir ! Il faut garder les idées claires pour trinquer avec Etgar.
J'ai dû un peu gamberger pour comprendre pourquoi une épave de voiture compactée était devenue une table de salon et pourquoi un amnésique soigné dans un centre de réalité virtuelle pouvait tomber sous le charme d'un hologramme. Ou l'inverse…
Que dire aussi de cette histoire de B.A où une bourgeoise et ses copines trouvent un sens à leur vie en faisant des câlins à des SDF ? Elles découvrent que c'est plus gratifiant qu'un diner mondain de bienfaisance.
Dans la même veine, un homme riche mais trop seul décide de fêter son anniversaire tous les jours en rachetant les anniversaires d'inconnus à prix d'or. L'argent fait son bonheur, la joie égoïste de déchirer des papiers-cadeaux au mépris du pathétique.
Vous pouvez rajouter aussi au menu un couple stérile qui adopte un chien agressif, un dépucelé trop reconnaissant et un homme-canon qui tombe de haut.
Au final, un ensemble que j'ai trouvé inégal mais pas aussi foutraque que mon billet peut le laisser supposer car toutes ces histoires sont des déviations qui nous ramènent avec humour à nos impasses : le deuil, la solitude, la religion et le sens de l'histoire.
Une galaxie facétieuse pour pensées corrosives en orbite.
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Edgar Keret, excellent écrivain israélien, reconnu notamment pour ses nouvelles au style kafkaïen, avait tenté avec sa compagne Shira Geffen. une première expérience cinématographique particulièrement réussie avec leur long métrage les Méduses, Caméra d'or au festival de Cannes 2007.

Récemment on a eu l'occasion de découvrir sa série L'agent Immobilier avec ces mêmes inclinaisons pour un réalisme poétique qui flirtait assez souvent avec l'absurde.

On retrouve ce même univers dans son tout dernier recueil de nouvelles " Incident au fond de la galaxie » qui vient de sortir aux éditions de l'Olivier.

Ce féru de Kafka n'aime rien de plus qu'inscrire ses écrits dans une veine où le réalisme s'empreint d'une teinte légèrement surréaliste.

Dans ces 22 nouvelles certaines bien axées science-fiction et d'autres plus ancrées dans le réel, Keret défile son style inimitable, entre décalage permanent et gravité sous jacente.

Joliment traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, ces nouvelles, qui sont parfois de profondes réflexions sur le deuil et la solitude sont souvent sensibles et sincères et touchent au coeur!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai retrouvé avec plaisir la verve délirante, absurde et truculente de Keret. Un peu déçu par "7 années de bonheur", ce recueil m'a totalement réconcilié avec cet artiste. Que dire ? Les pitchs de ses histoires sont des aphorismes en soi. Trois gamines découvrent que leur père s'est transformé en lapin. Un type cherche à se procurer de l'herbe chez un avocat pour tenter de séduire une femme. Un gamin demande une caisse enregistreuse comme cadeau d'anniversaire... L'ouvrage est rythmé par des échanges de mails entre un client et un patron d'escape room traditionnellement fermé le jour de la Shoa. C'est vraiment délirant, joyeusement décalé. La mise en scène des losers célibataires est présente sans être étouffante. La solitude ramène aux questions existentielles. Que fait-on sur cette planète. Certains écrivent des histoires. D'autres les lisent. Et la boucle est bouclée ? Non Mr Keret, je n'en ai pas fini avec vous, je reviendrais fouler vos contrées délurées, soyez-en assuré !
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Je ne suis pas un grand lecteur de nouvelles. Attention, cela ne veut pas dire que je n'aime pas lire des nouvelles mais juste que je n'en lis pas souvent. Ma dernière lecture d'un recueil de nouvelles doit remonter à environ un an.

En tout cas je suis ravi d'avoir mis le nez dans ce recueil signé Etgar Keret. La nouvelle n'est pas un style facile, il faut réussir à faire passer avec peu de pages des émotions aux lecteurs ou bien des pistes de réflexion. C'est bien évidemment toujours plus difficile que dans des romans de plusieurs centaines de pages dans lesquels le lecteur peut prendre le temps de s'attacher à des personnages et à des environnements.

Exercice de style difficile donc, mais il faut dire que l'auteur maitrise parfaitement ce genre. C'est vraiment réalisé avec brio. Certaines nouvelles sont peut-être très légèrement en dessous des autres (en tout cas de mon ressenti) mais la grande majorité a déclenché chez moi un effet "wahou".

La construction est souvent brillante, Etgar Keret arrive à tourner et retourner une situation dans tous les sens et à pousser le lecteur à réfléchir sur des thèmes comme les nouvelles technologies, la solitude et j'en passe...Je ne veux pas en dire trop pour ne rien dévoiler des 22 nouvelles de ce livre.

C'est un véritable OLNI (objet littéraire non identifié) que je recommande hautement. Vous serez bluffé par ces nouvelles parfois drôle, parfois plus triste, toujours avec une construction parfaite et une profondeur parfois impressionnante.

Une lecture très originale et un vrai petit coup de coeur, j'en redemande !
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J'adore cet auteur inventif, corrosif, actuel et drôle. Un peu déçue par ce recueil néanmoins. Inégal. Quelques pépites Comme "un gramme d'herbe" "Tod" "Demain, la caisse", "BA", "Papas Lapins" "Bon Anniversaire tous les jours". Mais aussi du remplissage, du décousu, des redites. Pas de garde.
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Oniriques, fantastiques, réalistes, les nouvelles de Keret sont des bijoux d'efficacité, tour à tour hilarantes ou tragiques. Il y est beaucoup question de rêves brisés, d'incompréhension, de solitude, d'absence, de deuil. On s'y démène souvent pour donner du sens à sa propre existence ou pour illuminer celle d'un proche. En vain évidemment. Mais l'échec est toujours teinté d'aigre-doux, enrobé d'une couche d'excentricité et d'une drôlerie inattendue qui mêle le rire aux larmes. Une sorte de farce tragi-comique où la condition humaine n'a jamais semblé aussi désespérante tout en restant férocement drôle.
Lien : https://litterature-a-blog.b..
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En une profusion de vingt-deux textes souvent très courts, Etgar Keret fait se percuter tragédies existentielles et anecdotique avec une inventivité et un humour grinçant qui dans un premier temps mettent en évidence la dimension absurde -voir complètement déjantée- de ses textes. Mais assez vite, tout en continuant de savourer son sens du burlesque et ses affinités pour l'étrange, le lecteur y décèle aussi l'expression de la mélancolie, voire de la détresse, qui hantent la plupart de ses personnages.

De nombreuses nouvelles évoquent ainsi les stratégies manipulatrices ou les procédés pathétiques que déploient les individus pour s'assurer de l'affection de leurs proches, pour susciter chez l'autre une manifestation de gratitude ou d'intérêt leur donnant, ne serait-ce que pendant un instant, l'illusion de leur propre valeur.

Parmi eux, cette mère qui profite de la déficience mentale de son fils pour le rendre complétement dépendant d'elle, ou cet homme qui demande avec une insistance pitoyable à son ami écrivain de lui écrire un texte qui lui servira d'appât pour attirer les femmes dans son lit. Et dans un monde que fait tourner l'argent, ce dernier devient le moyen de provoquer un attachement dont on préfère ignorer le caractère chimérique. Ainsi ce père divorcé qui accède à tous les désirs de son insupportable et capricieux garçon, ces riches épouses désoeuvrées qui font profiter de leur extravagante charité des quidams choisis au hasard, dans la rue, pour le simple plaisir que leur procure le spectacle de leur reconnaissance, ou cet homme qui achète les anniversaires d'inconnus afin d'être fêté plus souvent qu'à son tour…

Certains aiment comme ils consomment, telle cette jeune fille qui ne s'intéresse qu'aux puceaux, dont elle s'octroie ainsi la primeur, tandis que d'autres s'abîment ou s'oublient dans le vide qu'est devenue leur existence, victimes d'une résignation que l'auteur semble renvoyer à sa nature dérisoire, comme lorsqu'il évoque ce foyer dont les membres, au coeur de chaque nuit, ruminent les concessions faites à leurs rêves, pendant que leur poisson rouge, sorti de son bocal, regarde des dessins animés à la télévision chaussés des pantoufles du chef de maison.

Palliatif à cette déshumanisation croissante des relations humaines qu'entraîne l'expansion de l'économie de marché et qu'elle contribue paradoxalement à accentuer, la technologie, abordée sous l'angle de ses dérives, est au coeur de plusieurs textes, qui empruntent à la fois à l'anticipation et à l'allégorie. Un homme amnésique, piégé dans une pièce sans ouverture où il est censé suivre un traitement pour récupérer ses souvenirs, jouit de la compagnie d'une femme virtuelle qui s'avère finalement plus charnelle qu'il ne le pensait. de jeunes orphelins, enfermés dans un institut, y suivent l'apprentissage conçu pour chacun sur mesure, avec un but bien défini…

Si l'auteur s'attache à décrypter les maux de nos sociétés moderne -la solitude, le poids de la performance…-, il est aussi l'observateur des douleurs indissociables de la condition humaine - deuil, abandon, rupture, traumatismes individuels ou collectifs- et de la manière dont on les surmonte, ou pas. Et sous le ton cocasse, le trait est corrosif, sarcastique, et le propos finalement bien sombre. Dans le monde en perte de repères d'Etgar Keret, Dieu est mort, Trump entame son troisième mandat, et Hitler est ressuscité sous forme de clone. Mais comme semble vouloir le rappeler le titre de l'ouvrage, l'ampleur de l'agitation et de la vanité humaines, pour fascinantes qu'elles soient, n'ont sans doute d'égal que l'insignifiance de notre petite planète dans un univers dont nous ne mesurons pas l'étendue. Et ces extraterrestres qui, après avoir étudié de plus près nos comportements, préfèrent, pour se préserver de notre agressivité et notre orgueil, ne pas entamer de relation, pourraient sans doute en attester.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Etgar Keret réussit, grâce à une extravagance débridée, à transformer le pathétique en burlesque. On y trouve des papas lapins, un homme-canon, des enfants périmés, un milliardaire qui paie des sommes folles pour s'offrir les marques d'affection que d'autres reçoivent à l'occasion de leur anniversaire...
Il s'en dégage un rire féroce et la conscience tragique de l'expérience humaine.
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Je ne suis pas une habituée de recueils de nouvelles, mais depuis quelques temps je dois bien admettre que j'apprécie beaucoup ce genre de lecture.

C'est le 2ème livre que je lis d'Etgar Keret, et je n'ai pas était déçue. Une lecture très agréable, cynique, touchante, de la poésie, de l'absurde ... Des histoires très réalistes (des fois un peu moins) sur notre société et nos travers.

Un très bon moment de lecture
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Un recueil de nouvelles des plus réjouissant, nourri d'une imagination débridée, ce qui en cette période peut s'avérer un bon antidote à l'angoisse existentielle qui, parfois, s'invite à table. Au gré de ces nouvelles d'une incroyable variété, dont l'abord des plus fantaisistes voile à peine la mélancolie et l'humour noir, vous croiserez un employé de cirque à qui on demande de faire l'homme canon, un amoureux transi qui se lance dans une rocambolesque quête d'herbe pour sa dulcinée, un père face aux caprices de son fils… Enlevées par une écriture vive, originales et féroces, drôles et touchantes, une lecture revigorante.
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