AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 61 notes
5
7 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et si la Covid 19 était sorti de l'imagination d'Etgar Keret ?
Pas impossible tant ce que nous traversons depuis le début du confinement aurait pu trouver sa place sans détonner dans le dernier recueil de nouvelles un peu barrées de l'auteur israélien.
Il aurait peut-être intitulé son récit « A la recherche du masque perdu » ou « Sexe avec gestes barrières » et il nous aurait fait rire et réfléchir sur l'inconscience de soi et la relativité de nos existences.
Les 22 nouvelles qui composent « Incident au fond de la galaxie » font souvent le pari de l'absurde, défient parfois la réalité en duel et pactisent avec l'humour et le fantastique pour damner certaines de nos turpitudes.
« Ne fais pas ça ! » suit par exemple un veuf et son fils qui voient un homme prêt à se suicider du quatrième étage d'un immeuble. le petit veut une glace et voir le désespéré s'envoler comme un super héros tandis que le père fait tout pour le sauver. Il lui parle avec ses tripes et en quelques pages, l'auteur questionne avec force et finesse la capacité à surmonter ou pas la perte d'un être cher.
D'autres nouvelles abordent la solitude de façon plus légère comme « Tod » qui supplie son ami écrivain de lui pondre une histoire qui lui permettrait de coucher avec une fille. Autre question existentielle autour du même thème. Que fait un poisson rouge la nuit pendant que chacun dort seul avec ses rêves ?
Keret, c'est le Schengen de la nouvelle, celui qui efface les frontières terrestres pour laisser passer les âmes à la douane. Il mélange le virtuel et le réel comme un plat de tagliatelles. Il clone Hitler pour assouvir la vengeance des descendants de ses victimes, il menace d'expulser un ange au royaume du barbecue car ce dernier affiche une mine trop triste depuis la mort de Dieu.
Il est important de ne pas lire toutes les histoires d'un trait. Ce n'est pas un recueil pour soiffard. Il m'a fallu laisser un peu de temps passer pour détecter tous les cépages de ces nouvelles. Pas une lecture cul sec pour pilier de comptoir ! Il faut garder les idées claires pour trinquer avec Etgar.
J'ai dû un peu gamberger pour comprendre pourquoi une épave de voiture compactée était devenue une table de salon et pourquoi un amnésique soigné dans un centre de réalité virtuelle pouvait tomber sous le charme d'un hologramme. Ou l'inverse…
Que dire aussi de cette histoire de B.A où une bourgeoise et ses copines trouvent un sens à leur vie en faisant des câlins à des SDF ? Elles découvrent que c'est plus gratifiant qu'un diner mondain de bienfaisance.
Dans la même veine, un homme riche mais trop seul décide de fêter son anniversaire tous les jours en rachetant les anniversaires d'inconnus à prix d'or. L'argent fait son bonheur, la joie égoïste de déchirer des papiers-cadeaux au mépris du pathétique.
Vous pouvez rajouter aussi au menu un couple stérile qui adopte un chien agressif, un dépucelé trop reconnaissant et un homme-canon qui tombe de haut.
Au final, un ensemble que j'ai trouvé inégal mais pas aussi foutraque que mon billet peut le laisser supposer car toutes ces histoires sont des déviations qui nous ramènent avec humour à nos impasses : le deuil, la solitude, la religion et le sens de l'histoire.
Une galaxie facétieuse pour pensées corrosives en orbite.
Commenter  J’apprécie          714

Edgar Keret, excellent écrivain israélien, reconnu notamment pour ses nouvelles au style kafkaïen, avait tenté avec sa compagne Shira Geffen. une première expérience cinématographique particulièrement réussie avec leur long métrage les Méduses, Caméra d'or au festival de Cannes 2007.

Récemment on a eu l'occasion de découvrir sa série L'agent Immobilier avec ces mêmes inclinaisons pour un réalisme poétique qui flirtait assez souvent avec l'absurde.

On retrouve ce même univers dans son tout dernier recueil de nouvelles " Incident au fond de la galaxie » qui vient de sortir aux éditions de l'Olivier.

Ce féru de Kafka n'aime rien de plus qu'inscrire ses écrits dans une veine où le réalisme s'empreint d'une teinte légèrement surréaliste.

Dans ces 22 nouvelles certaines bien axées science-fiction et d'autres plus ancrées dans le réel, Keret défile son style inimitable, entre décalage permanent et gravité sous jacente.

Joliment traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, ces nouvelles, qui sont parfois de profondes réflexions sur le deuil et la solitude sont souvent sensibles et sincères et touchent au coeur!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          291
Oniriques, fantastiques, réalistes, les nouvelles de Keret sont des bijoux d'efficacité, tour à tour hilarantes ou tragiques. Il y est beaucoup question de rêves brisés, d'incompréhension, de solitude, d'absence, de deuil. On s'y démène souvent pour donner du sens à sa propre existence ou pour illuminer celle d'un proche. En vain évidemment. Mais l'échec est toujours teinté d'aigre-doux, enrobé d'une couche d'excentricité et d'une drôlerie inattendue qui mêle le rire aux larmes. Une sorte de farce tragi-comique où la condition humaine n'a jamais semblé aussi désespérante tout en restant férocement drôle.
Lien : https://litterature-a-blog.b..
Commenter  J’apprécie          40
En une profusion de vingt-deux textes souvent très courts, Etgar Keret fait se percuter tragédies existentielles et anecdotique avec une inventivité et un humour grinçant qui dans un premier temps mettent en évidence la dimension absurde -voir complètement déjantée- de ses textes. Mais assez vite, tout en continuant de savourer son sens du burlesque et ses affinités pour l'étrange, le lecteur y décèle aussi l'expression de la mélancolie, voire de la détresse, qui hantent la plupart de ses personnages.

De nombreuses nouvelles évoquent ainsi les stratégies manipulatrices ou les procédés pathétiques que déploient les individus pour s'assurer de l'affection de leurs proches, pour susciter chez l'autre une manifestation de gratitude ou d'intérêt leur donnant, ne serait-ce que pendant un instant, l'illusion de leur propre valeur.

Parmi eux, cette mère qui profite de la déficience mentale de son fils pour le rendre complétement dépendant d'elle, ou cet homme qui demande avec une insistance pitoyable à son ami écrivain de lui écrire un texte qui lui servira d'appât pour attirer les femmes dans son lit. Et dans un monde que fait tourner l'argent, ce dernier devient le moyen de provoquer un attachement dont on préfère ignorer le caractère chimérique. Ainsi ce père divorcé qui accède à tous les désirs de son insupportable et capricieux garçon, ces riches épouses désoeuvrées qui font profiter de leur extravagante charité des quidams choisis au hasard, dans la rue, pour le simple plaisir que leur procure le spectacle de leur reconnaissance, ou cet homme qui achète les anniversaires d'inconnus afin d'être fêté plus souvent qu'à son tour…

Certains aiment comme ils consomment, telle cette jeune fille qui ne s'intéresse qu'aux puceaux, dont elle s'octroie ainsi la primeur, tandis que d'autres s'abîment ou s'oublient dans le vide qu'est devenue leur existence, victimes d'une résignation que l'auteur semble renvoyer à sa nature dérisoire, comme lorsqu'il évoque ce foyer dont les membres, au coeur de chaque nuit, ruminent les concessions faites à leurs rêves, pendant que leur poisson rouge, sorti de son bocal, regarde des dessins animés à la télévision chaussés des pantoufles du chef de maison.

Palliatif à cette déshumanisation croissante des relations humaines qu'entraîne l'expansion de l'économie de marché et qu'elle contribue paradoxalement à accentuer, la technologie, abordée sous l'angle de ses dérives, est au coeur de plusieurs textes, qui empruntent à la fois à l'anticipation et à l'allégorie. Un homme amnésique, piégé dans une pièce sans ouverture où il est censé suivre un traitement pour récupérer ses souvenirs, jouit de la compagnie d'une femme virtuelle qui s'avère finalement plus charnelle qu'il ne le pensait. de jeunes orphelins, enfermés dans un institut, y suivent l'apprentissage conçu pour chacun sur mesure, avec un but bien défini…

Si l'auteur s'attache à décrypter les maux de nos sociétés moderne -la solitude, le poids de la performance…-, il est aussi l'observateur des douleurs indissociables de la condition humaine - deuil, abandon, rupture, traumatismes individuels ou collectifs- et de la manière dont on les surmonte, ou pas. Et sous le ton cocasse, le trait est corrosif, sarcastique, et le propos finalement bien sombre. Dans le monde en perte de repères d'Etgar Keret, Dieu est mort, Trump entame son troisième mandat, et Hitler est ressuscité sous forme de clone. Mais comme semble vouloir le rappeler le titre de l'ouvrage, l'ampleur de l'agitation et de la vanité humaines, pour fascinantes qu'elles soient, n'ont sans doute d'égal que l'insignifiance de notre petite planète dans un univers dont nous ne mesurons pas l'étendue. Et ces extraterrestres qui, après avoir étudié de plus près nos comportements, préfèrent, pour se préserver de notre agressivité et notre orgueil, ne pas entamer de relation, pourraient sans doute en attester.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          30
Voici un livre paru courant mars, deux jours après le début du confinement et la fermeture des librairies indépendantes.
Et qui est donc passé un peu inaperçu.
Ce qui est dommage.

Car ce recueil de nouvelles, genre malheureusement parfois boudé par les lectrices et lecteurs en France, est très bon.
Les 22 nouvelles qui y sont proposées sont excellentes.
Le ton est direct et sans fioriture.
Chaque nouvelle est une surprise. Par le thème ou le ton, parfois cru et incisif.
Et avec parfois des détours vers le surréalisme, que n'aurait sans doute pas reniés Boris Vian dont nous célébrons cette année le centième anniversaire de la naissance.

J'ai notamment beaucoup aimé un échange fictif de courriels (qui n'est pas à proprement parlé une nouvelle du recueil mais qui s'intercale entre les nouvelles) entre le responsable de l'Escape Game « Incident au fond de la galaxie » et un fils qui souhaite y emmener sa mère en fauteuil roulant le jour du souvenir de la Shoah.

Irrésistiblement drôle !

Un très bon moment de lecture et une voix intéressante dans la littérature contemporaine.
Commenter  J’apprécie          20
Merci aux @editionspoints et à @babelio_ Masse Critique pour l'envoi de ce livre.

Il s'agit là d'un recueil de 22 nouvelles, parfois très courtes, mais pleines d'une ironie fantasque. On sourit de la malchance, des drames et même de la mort.
Cependant, bien que le titre fasse penser à de la science-fiction, que nenni ! Il y en a quelques unes, mais nous sommes là surtout dans des tranches de vies tragi-comiques et ça fait du bien.
Quoique, une des nouvelles, Fenêtres, avec quelque chose d'un peu futuriste était angoissante au point que je ne l'ai pas aimée du tout.

Mais ce qui paraît être des nouvelles fantaisistes sont en fait des vrais sujets existentiels, tels que les liens parents-enfants ou encore la peur de l'invisibilité, le besoin d'être généreux, l'égoïsme, la futilité, la judéité, Dieu ou plutôt de la mort de Dieu, l'humanité, la vengeance.
Certaines nouvelles sont restées obscures pour moi, je n'en ai pas compris le sens. Je trouve ça dommage, j'aurais aimé réussir à décoder ce qu'il y avait derrière chaque histoire car j'aime beaucoup la façon qu'a Etgar Keret de traiter ses sujets.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
Commenter  J’apprécie          10
Etgar Keret est à maints égards un écrivain inclassable. Les 23 nouvelles qui composent son dernier recueil puisent leur inspiration dans la vie d'anonymes que l'on devine être les habitants d'Israël, mais qui pourraient vivre à tous les endroits de la “galaxie”. Keret saisit d'abord leur réalité dans ce qu'elle a de plus futile et d'accessoire : un homme au café le matin, la visite d'un musée en famille, un loser fumant son joint sur la plage... Puis, les événements, d'apparence anodine, s'enchaînent avec facilité jusqu'à des dénouements qui flirtent avec le surnaturel et l'étrange, tout en restant parfaitement crédibles : des enfants “surdoués” achetés par d'étranges donateurs, un ange voulant s'échapper du paradis…

Célébré depuis ses précédents ouvrages comme un maître de la nouvelle, Etgar Keret mêle la réalité, le tragique, le comique et l'absurde comme personne. le trait d'union entre toutes ces histoires? Une folle poésie de vie, la douce narration des pantomimes du quotidien où chacun essaie de s'en sortir : des cauchemars de la Shoah à l'échec d'une vie, de la quête d'un papa volatilisé aux tentatives désespérées d'un couple qui ne s'aime plus. Départ immédiat pour un doux cruel ailleurs.
Commenter  J’apprécie          10
"Incident au fond de la galaxie » de Etgar Keret est un recueil de nouvelles que j'ai trouvé distrayant, surprenant, mais aussi émouvant.
Distrayant car il s'agit de nouvelles brèves, écrites simplement, et pleines d'humour. On y rencontre des personnages simples qui font face aux petites difficultés de la vie, qui recherche leur bonheur ou à tout le moins à améliorer leur quotidien.
Surprenant car si les personnages y paraissent ordinaires, petit à petit on découvre chez eux un brin de folie, un décalage par rapport aux normes de nos sociétés. Et parfois les moyens qu'ils utilisent pour s'en sortir sont étonnants.
Mais l'émotion s'installe progressivement, car on comprend vite que certains n'y arriveront pas, alors qu'on s'est pris à y croire avec eux au cours de l'histoire. D'autres vont laisser passer leur chance sous nos yeux et ça peut être poignant car on voit bien que leur avenir est sombre.
Donc un bon moment de lecture et un bouquin que je recommande. En le lisant mes lectures des nouvelles de John Carver me sont revenues en mémoire.
Je dois dire que j'apprécie bien ces recueils de nouvelles brèves car on peut picorer dedans tout en parallèle à une lecture pus longue.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (155) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20250 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}