AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,57

sur 153 notes
5
7 avis
4
19 avis
3
10 avis
2
0 avis
1
1 avis
Âgé de dix-neuf ans, Attila épouse Alma, quitte son emploi de pâtissier pour divers travaux illicites dont le charge son beau-père, Bela. À quarante ans, fatigué de cette vie, il s'en va et passe plusieurs mois dans la Puszta avant de gagner Budapest où il trouvera un emploi dans une usine de foie gras.
Il est attablé à la terrasse d'un café à Budapest lorsque Theodora, riche héritière viennoise de 25 ans, lui demande la permission de s'assoir à ses côtés. Alors que Theodora vit chez lui, Attila se pose beaucoup de questions, le passé historique entre l'Autriche et la Hongrie perturbe sa relation amoureuse pendant quelques temps. À cinquante et un ans, Attila connaît son dernier amour.

Lu dans le cadre du Festival et Prix Horizon 2018 du 2e roman de Marche-en-Famenne (Belgique).
Commenter  J’apprécie          480
Voici une très belle histoire d'amour, un texte à la fois délicat, enlevé et sensible, une plume ciselée et éclatante, alerte et acérée .
Attila Kiss, 51ans,travailleur de nuit Hongrois, revenu de tout,qui n'avait étudié qu'à l'université de la tricherie et du mensonge réfléchit à ses manquements, ses erreurs et mensonges, perdu, dans son immense solitude à trier des poussins dans une usine...
Cet homme sanguin, exigeant, sentimental se sent simpifié......diminué.
Il refuse d'admettre qu'il est vraiment taillé pour la monotonie; il a envie d'échapper au monde de la solitude.
Soudain, il rencontre Thedora Babbenbeg, 25 ans, riche héritiere viennoise.
Une histoire dans l'histoire : une dualité sociale et historique ou la naissance d'un couple, un cheminement amoureux qui emprunte aux chemins de la guerre: conquérir, négocier puis déposer les armes, enfin........
L'auteur disséque le lent apprivoisement , la montée du sentiment amoureux entre deux amants qui pouvaient se percevoir comme des adversaires."Attila s'épuisait dans sa tentative de la haïr ".
L'amour naissant les transcende, les incite à la confiance, leur ouvre l'esprit.
Ils s'abandonnent enfin!
Ils s'apprennent en surmontant leurs passés respectifs et leurs passifs.
Un texte fulgurant d'audace insolente, brûlant, magnifiquement écrit, deuxième oeuvre seulement
après "Buvard" de Julia Kerninon .
Prometteur!
Merci à Marie , libraire à la "Taverne du livre "à Nancy.
Commenter  J’apprécie          330
La rencontre de deux êtres que tout oppose.
Lui la cinquantaine, ayant laissé une vie derrière lui, épouse et enfants compris, égaré entre un travail en usine et sa passion pour la peinture, Hongrois dans l'âme...
Elle, femme-enfant, héritière de famille noble, l'insouciance en étendard, Autrichienne...
Julia Kerninon nous fait rentrer dans l'intimité de ces deux-là, l'amour qui s'impose entre incompréhensions et fulgurances.
Si le sujet m'a cette fois un peu moins touchée, j'ai retrouvé instantanément la plume évocatrice et élégante que j'avais rencontrée dans « Une activité respectable ».
Julia Kerninon parvient avec une grande justesse à traduire les méandres d'une pensée.
Une belle lecture....
Commenter  J’apprécie          320
Attila et Theodora auraient pu ne jamais se rencontrer. Lui est hongrois. Pendant quelque temps, l'échec de ses différentes vies l'a transformé en un peintre en cavale. Il vit aujourd'hui à Budapest. Il ne fuit plus. La nuit, il trie des poussins, le jour, il peint frénétiquement dans son appartement. Elle est Autrichienne. Elle aussi est en fuite. Fille d'un grand compositeur, elle tente de ne pas se faire écraser par un héritage trop lourd à porter. Il est pauvre, elle est riche. Il était seul, elle s'est invitée dans sa vie, comme ça, sans crier gare. Ils s'aiment. Leurs corps trouvent le chemin de l'amour sans détour. Mais Attila est ébranlé par une guerre sans merci qui se joue à l'intérieur de lui. À chaque regard, pendant chaque silence, il rejoue l'affrontement qui a opposé leurs deux pays et vu la chute de l'Empire austro-hongrois. Theodora devient alors Vienne la victorieuse et Attila endosse le rôle d'une Hongrie exsangue et amputée d'une partie de son territoire. Chaque jour, il prend comme une provocation la présence de cette femme dans son lit. Chaque jour, elle trouve les mots pour faire baisser les armes à l'homme qu'elle a choisi comme refuge.

« Tu es entré dans mon lit comme tes ancêtres dans mon pays. Tu m'as conquis, comme les tiens toujours ont plié les miens. Dans les plaines, dans les montagnes, dans les rivières, avec des bottes, avec des sacs, avec des armes brillantes et parfois seulement avec des ordres, vous nous avez toujours pliés.
Un temps vous n'avez vécu que pour ça. Mais comme eux, tu te lasseras, quand tu m'auras épuisé. Tôt ou tard, tu partiras en emportant tout avec toi, le jour où je ne serai plus capable de te satisfaire, et alors il ne me restera que la chaleur précaire des poussins pour pleurer. »

C'est l'histoire d'un amour. L'histoire du dernier amour d'Attila Kiss.
C'est une belle et triste histoire. J'ai adoré l'écriture de Julia Kerninon que je ne connaissais pas. J'y ai trouvé à la fois la précision et la légèreté propres aux grands écrivains.
Chaque personnage est travaillé avec beaucoup de détails permettant de découvrir peu à peu le passé de chacun.
D'après les critiques, « Buvard », le premier opus de l'auteure est également salué comme étant une grande réussite. Il est désormais inscrit sur la liste de mes prochaines lectures.
Commenter  J’apprécie          291
Cristallisation de l'amour dans le coeur d'un guerrier blessé.

Il s'appelle Attila, c'est un homme des plaines et des champs de luzerne de la Hongrie. Il a eu une famille et a tout perdu.
Elle est apparue un jour sur la terrasse ensoleillée d'un café de Budapest. Elle, c'est Theodora, une jeune femme issue d'une riche famille viennoise.
Vienne. L'Autriche est pour Attila, la vieille ennemie de son pays. Une vaindict qui remonte aux origines de l'empire austro-hongrois et des deux guerres mondiales qui ont morcelé le territoire hongrois et divisé son peuple.
Sa rencontre avec Theodora le submerge d'émotions mais une petite voix intérieure lui fait livrer un combat entre la tendresse et la colère, le désir et la haine "l'amour rappelle qu'il y a des frontières et qu'on ne les franchit pas impunément". Une déclaration de guerre et d'amour à cette femme autrichienne qui vient à lui si naturellement et avec confiance, et pourtant Theodora le connait à peine " Je savais exactement quatre choses sur toi, la peinture, les poussins, la solitude et la texture de ta peau, c'était très peu, c'était minuscule, mais l'amour est la forme la plus haute de la curiosité et je suis tombée amoureuse de toi".
Des choses sont cachées, des choses sont dites, qui sont révélées tantôt par leurs pensées, tantôt par le dialogue dans le texte où les mots résonnent d'une voix slave, chaleureuse et empathique.
Theodora est une jeune femme pleine de vie et d'optimisme mais elle a aussi ses abîmes qui ne sont pas celles de la trahison d'un pays mais celles de son existence, des morceaux d'elle qu'Attila va reconquérir et reconstruire pour l'amour de Theodora et son insurrection à lui.
Commenter  J’apprécie          240
Lorsque j'aime un(e) écrivain(e) j'aime découvrir son oeuvre et Julia Kerninon possède une plume, un univers et une manière d'aborder les sujets qui me touchent. Ici une histoire d'amour entre Attila, la cinquantaine et Théodora, la vingtaine. Tout les oppose : l'âge, leur milieu social, le passé et L Histoire, celle de leurs pays respectifs : la Hongrie et l'Autriche avec les annexions, les guerres et les blessures laissées dans les âmes. Une histoire d'amour peu commune mais pourtant tant semblable avec le feu de la rencontre, la découverte du passé de chacun, ses affrontements et.... Mais cela je vous laisse le soin de le découvrir.... A chaque oeuvre, un angle d'attaque original et cela me convient.
Commenter  J’apprécie          220
Souvenez-vous, ça s'appelait Buvard, c'était un premier roman et il a propulsé très vite son auteure sur les devants de la scène littéraire. Comme d'habitude après un tel bouche-à-oreilles, on se pose la question de la suite, on attend au tournant ce fameux second roman. Buvard parlait d'écriture et de vie avec une telle puissance que l'on pouvait se demander si Julia Kerninon n'avait pas déjà tout dit. Alors forcément, quand j'ai vu son nom sur une jolie couverture posée au milieu d'autres sur la table du libraire, j'ai été attirée comme un aimant. J'ai d'abord pensé qu'elle avait fait vite (deux ans à peine entre les deux livres), ensuite j'ai savouré le titre – Attila Kiss, un nom qui résume le propos à lui seul – et puis tout le reste.

L'amour et la guerre. L'amour comme une guerre. Pas très nouveau me direz-vous. Depuis la nuit des temps on utilise un vocabulaire guerrier pour parler d'amour. Conquérir, négocier, déposer les armes… Aimer est souvent un combat. Mais Julia Kerninon choisit de tirer ce fil jusqu'au bout, en explorant les moindres recoins de la mémoire des deux amoureux dont il est ici question, les blessures passées, celles qui les dépassent, celles que d'autres acteurs de conflits antérieurs n'ont fait que creuser.

« Lorsque deux individus se rencontrent et cherchent à entrer en contact jusqu'à se fondre, cela commence toujours comme commence une guerre – par la considération des forces en présence ».

Et les forces en présence ont tout pour s'opposer. Attila a 51 ans, il est hongrois et pauvre. Theodora a 25 ans, elle est autrichienne et héritière d'une riche famille de l'aristocratie viennoise. Les différences d'âge et de culture auraient déjà suffi à créer nombre d'obstacles. L'histoire de l'empire austro-hongrois, inscrite dans le sang de millions de descendants de ses différentes entités ballotées au gré des guerres passées vient compliquer encore la situation. Attila porte en lui toute l'humiliation d'un peuple sacrifié par les Empereurs successifs, passé sous le joug de puissances destructrices (Allemagne, URSS…). le regard qu'il porte sur Theodora ne peut, dans un premier temps se libérer de cette influence.

« Lorsqu'il avait rencontré Theodora, il avait eu peur d'elle et de tout ce qu'elle impliquait, peur de sa force, de son audace, et à présent c'était comme s'il avait enfin trouvé un alibi, c'était presque confortable, il pouvait prétendre que sa première émotion n'avait pas été le vertige inhérent à l'amour, mais une forme de pressentiment atavique, penser que le Hongrois en lui avait reconnu dès le premier instant l'Autrichienne privilégiée qu'elle dissimulait, qu'il n'avait jamais été dupe, mais simplement patient, tenace, stratège, et qu'à présent il l'avait enfin débusquée ».

La naissance du couple que nous conte Julia Kerninon est un cheminement qui emprunte aux mouvements guerriers, un lent apprivoisement entre deux amants qui peuvent se percevoir comme des adversaires. L'amour qui les guide ouvre leur esprit, les incite à la confiance, à l'abandon. Ils s'apprennent. Ils surmontent leurs passés respectifs, voire leurs passifs. Ils s'autorisent enfin à être heureux, dans l'instant présent.

On retrouve dans ce nouveau roman, la plume alerte et acérée qui avait déjà impressionné, mise ici au service d'une dissection convaincante des différentes phases de la montée du sentiment amoureux. Quelques fils conducteurs aussi. le combat qu'un individu doit souvent livrer avec lui-même. le pouvoir cicatrisant de la peinture. L'envie d'échapper au monde qui mène à la solitude.

Il m'a bien plu, moi, cet Attila Kiss. Avec ce livre, l'auteure trouve un prisme original pour traiter d'un thème universel. Et dévoile un peu plus son univers singulier, guidé par une belle ambition littéraire. Si j'étais critique littéraire, je dirais que c'est une jolie confirmation.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          210
Quel beau texte, quelle belle plume que celle de Julia Kerninon. Déjà envoûtée par son 1er roman "Buvard", j'ai aimé retrouvé son écriture.
Une belle histoire entre Attila, hongrois, ayant vécu plus d'une vie et Théodora, autrichienne, la vingtaine.
Se mêle la vie du cinquantenaire, sa première femme, son travail, sa passion et le passé historique entre les deux pays Autriche-Hongrie.
Une histoire d'amour mais surtout une histoire dans l'Histoire. Des compromis, de la musicalité et simplement la vie. Un très beau roman.
Commenter  J’apprécie          100
Après avoir mené une autre vie, un mariage très jeune, un divorce, une vie volage, trois enfants avec Irisz, Attila triste, seul, quitte tout, sa Puszta pour s'établir à Budapest.

Il va peindre pendant un an... Il deviendra ensuite sexteur, trieur de poussins dans une usine de fois gras.

Attila a 51 ans, il est d'origine modeste, il est hongrois marqué par l'histoire de son peuple, les guerres du passé de l'empire austro-hongrois.

Un jour il rencontre Théodora, 25 ans, elle est une riche héritière d'une des plus vieilles lignées autrichiennes. A la tête de la fortune de son père, le plus célèbre des chanteurs d'opéra.

Ce sont deux mondes qui s'opposent, âge, milieu social, laissant les traces du passé historique entre leurs deux peuples et pourtant entre eux va naître une belle histoire d'amour : le dernier amour d'Attila Kiss.

C'est une plume alerte, acérée. L'écriture est très belle, ciselée. Un récit qui reprend l'histoire d'un peuple.

Peut-être pas le bon moment pour moi, car malgré toutes ces qualités, j'avoue être restée en dehors.

Ma note : 7/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
Commenter  J’apprécie          80
A chaque respiration, nous nourrissons des cellules fidèles à leur histoire. Fidèles aux peurs et aux souffrances engrangées soigneusement dans un mille feuilles de morts et de guerres, d'amours et de victoires, de nations et de territoires brûlés.

Il y a mille façons d'aimer, mais toutes les histoires d'amour commencent de la même manière : une flamèche de curiosité, au bout d'une fibre, peut-être reliée à un tonneau de poudre, ou à la porte d'un paradis sur terre.
Pour bien aimer l'autre, il faut oublier le tout auquel il appartient, et découvrir l'entièreté, l'unicité de son être. Il faut oublier de se défendre, et accepter d'ouvrir ses frontières. Fût-ce à l'ennemi juré.

Julia Kerninon signe un texte magistral, embarquant le lecteur à Budapest en 2008, auprès d'un homme, Attila, la cinquantaine, rayant de la carte sa premiere partie de vie, incluant une épouse, une maîtresse, trois filles illegitimes, et un boulot d'escroc à la solde d'un beau-père sans foi ni loi. Nouveau départ : Attila Kiss devient loup solitaire, découvrant le plaisir de la peinture dans l'intimité de son appartement, et le travail arride qui n'est là que pour vous nourrir. Et puis Theodora entre en scène. Et puis Theodora allume la lumière en lui. Mais cette lumière est torche brûlante : son amour est autrichienne, de ce pays écrasant dans l'histoire de sa Hongrie. Les braises des victoires et des échecs ne sont pas éteintes, et la blessure enfle.

"Peut-être, lorsque nous prononçons les mots histoire d'amour, croyons-nous désigner ainsi la qualité romanesque de nos affections, la façon dont nous pouvons les réduire a posteriori à la banalité d'un récit - mais nous oublions alors que l'autre sens du mot histoire signifie archive, mémoire, rappelant que les passions ne sont pas seulement des fables, mais d'abord une succession de guerres gagnées et perdues, de territoires conquis, annexés, puis brûlés, de frontières sans cesse réagencées. En réalité, l'histoire d'un amour repose sur les défaillances et les concessions, les enclaves protégées, les coups d'État, les caresses, les victoires, les amnisties, les biscuits de survie, la température extérieure, les boycotts, les alliances, les revanches, les mutineries, les tempêtes, les ciels dégagés, la mousson, les paysages, les ponts, les fleuves, les collines, les exécutions exemplaires, l'optimisme, les remises de médailles, les guerres de tranchées, les guerres éclairs, les réconciliations, les guerres froides, les bonnes paix et les mauvaises, les défilés victorieux, la chance et la géographie. Lorsque deux individus se rencontrent et cherchent à entrer en contact jusqu'à se fondre, cela commence toujours comme commence une guerre - par la considération des forces en présence.
Ce livre est l'histoire d'un amour - la plus petite de toutes les histoires-l'histoire du dernier amour d'Attila Kiss. Parce que c'est une chose de déposer les arnmes, dans un mouvement de tapage et de dévotion, mais c'en est une autre que d'accepter à partir de cet instant de se vivre comme perpétuellement désarmé."

Je sais déjà que je relirai ce texte (j'ai déjà fait plusieurs fois marche arrière dans ce roman pour en savourer de nouveau les passages). Il y flotte un air de ces grands auteurs des pays de l'est, et la puissance d'un opéra. Il reste toujours un instant de flottement magique après ces lectures qui vous attachent irrémédiablement. Que je puisse flotter indéfiniment auprès d'Attila Kiss et de Theodora.

Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (286) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5263 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}