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3,9

sur 397 notes
D'une écriture ciselée et somptueuse Julia Kerninon nous envoûte avec dévotion, celle qu'elle voue à la littérature.
Helen et Franck se retrouvent sur un trottoir de Londres après vingt trois ans de séparation, se sont des octogénaires et c'est le choc.
Mezzo voce Helen devient un volcan en éruption.
Sous une apparence ordinaire et très discrète la passion a couvé trop longtemps et plus rien ne peut l'arrêter, là, à cet instant sur ce morceau de trottoir…
En 1950 Helen et Franck ont douze ans et se rencontrent pour la première fois, liés immédiatement et irrémédiablement par « leur haine sidérale pour leurs parents et leurs activités méprisables, leurs bons mots et leur mauvais coeur. »
La chambre magmatique d'Helen s'auto-alimente par leur milieu social, celui de la diplomatie, où la représentation est dès plus importante et est renforcée par l'indifférence des parents.
Indifférence criminelle, où l'honorabilité est un vernis craquelé de toutes parts.
Indifférence due à son physique ordinaire, elle, la fille de la très belle femme de Monsieur l'Ambassadeur ?
Helen et Franck un couple ? Plutôt un duo dont Helen donnera le tempo, lorsqu'à leur majorité elle exigera l'indépendance en s'installant à Amsterdam dans la maison de sa mère. Elle étudiera, se passionnera pour ses études littéraires, elle écrira et ouvrira sa maison d'édition. Elle organisera le quotidien sans avoir d'emprise sur l'avenir.
Franck se laissera porter longtemps, deviendra un peintre célèbre sans efforts particuliers, parce que les choses arrivent comme cela pour lui. Mais c'est tout de même Helen qui l'a créé.
Franck poursuit sa route avec elle, sans elle, avec d'autres mais « Helen était apparemment la seule nécessaire, celle qui n'avait jamais été remplacée par aucune autre, celle qui n'avait pas à mendier sa présence par téléphone comme le faisaient différentes voix féminines chaque semaine, mais uniquement gravir d'un pas léger son escalier pour frapper à la porte du dernier étage de sa propre maison. »
Le magma, naît de la fusion partielle de l'héritage familiale et de la croûte de leur vie agglomérée, va entretenir la lave.
Lave qui va remplir les cheminées volcaniques jusqu'au cratère.
Pour que l'explosion arrive, il faut plusieurs failles. La première véritable fissure s'appelle Anna et il y en aura d'autres car Franck laisse à Helen le soin des pansements de rupture, trop occupé qu'il est à poursuivre sa vie.
Alors oui, Helen en est là, elle qui a travaillé les mots toute sa vie, qui les a aimés à la folie n'a jamais su les dire. La parole est toujours restée dans l'arrière-gorge comme garde-fou de la bile qui aurait pu tout brûler sur son passage.
Vingt-trois ans sans nouvelles l'un de l'autre, après que la vie a poursuivi sa route implacable, Helen se fait fort d'érupter SA vérité.
La voix d'Helen poursuivra ses lecteurs longtemps après le dernier accord plaqué sur le clavier des émotions.
D'une construction parfaitement maîtrisée, d'un rythme sans relâche, juste quelques dièses et bémols pour que le lecteur reprenne son souffle, Julia Kerninon une fois de plus nous peint une histoire aux dimensions abyssales où les sentiments sont d'une ardeur qui marivaude en permanence avec le précipice.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 26 août 2018.
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Helen, octogénaire, retrouve par hasard son ami, son amour d'enfance, d'adolescence, de femme après 23 ans sans nouvelles... et pourtant, seulement quelques rues les séparent... Ils se retrouvent dans les rues londoniennes mais Helen, au gré de ses souvenirs va nous faire voyager jusqu'à Rome, Amsterdam, Boston, et même un petit village normand... D'un seul souffle, elle se raconte et elle lui raconte leur vie...
Un écriture fluide et des chapitres courts qui donnent au roman un certain rythme ne m'ont pas empêchée de trouver de nombreuses longueurs. Si je n'avais pas tant voulu savoir ce qui avait causé ces 23 années de silence entre eux, eux qui semblaient liés à jamais, j'aurais certainement abandonné ce livre... Malheureusement, cette révélation ne vient pas faire basculer mon avis qui reste très mitigé.
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Livre écrit à la deuxième personne du singulier "TU" ... Helen s'adresse à Frank. Arrivée à la fin de sa vie, elle lui fait le bilan ! Elle lui raconte toutes ses colères, tous ses reproches et surtout tout son amour ... Tout ce qu'elle a fait pour lui par amour ! S'en est-il seulement rendu compte ?
L'idée de départ n'est pas mauvaise mais j'aurais voulu entendre les deux sons de cloches ... Son avis à lui ! Ici, il s'agit d'un monologue et de l'avis d'un seul protagoniste mais quand on fait un tel bilan, c'est facile de cibler toutes les erreurs de l'autre sans que celui-ci n'ait l'occasion de répondre ! Bon moment sans plus.
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Au détour d'une rue, après vingt-trois ans de silence, Helen croise Frank. Là, sur le trottoir sa voix s'élève et retrace leur histoire depuis leur rencontre, en 1950 à Rome, jusqu'à cette dernière journée passée ensemble, en 1995 en Normandie, qui scella leur rupture définitive. de cette puissante et douloureuse déclaration se déroule alors ce lien unique et si intime qui les lia toutes ces années durant, ainsi que la force de l'amour que porte Helen à Frank. Un amour qui l'aura forcé à rester dans l'ombre et à faire de Frank l'artiste peintre de renommée mondiale qu'il est devenu. Un amour dévoué. Sa dévotion, c'est lui. Un homme qui, pourtant, n'aura jamais été capable de l'aimer à sa juste valeur. Au fil de cette confession, c'est à la fois toute la complexité des relations humaines et de l'amour qui est mis en lumière.

Vingt-trois ans plus tard, enfin, Helen s'ouvre et ose parler. Parce qu'Helen, devenue éditrice, elle les lisait les mots, mais n'avait jamais appris à les prononcer. Et là, soudainement, passé le choc des retrouvailles, Helen se jette enfin dans le grand bain et livre sa bouleversante confession.

Julia Kerninon, avec sa plume délicate, intelligente et profonde, dont la puissance d'évocation paraît sans limite, dresse le portrait de deux âmes qui n'auront eu de cesse de se retrouver car incapables de vivre séparément. Mais, lorsque la dévotion de l'un à l'égard de l'autre se fait trop puissante, ne devient-elle pas, de facto, dangereuse ? Au travers de ces deux personnages, Julia Kerninon autopsie le grand amour, interroge les limites du désir et nous livre une histoire sublime et déchirante servie par une écriture fabuleuse.

Ce livre traînait dans ma bibliothèque depuis sa sortie en 2018, je ne sais pas pourquoi je ne l'en ai pas sorti plus tôt : c'est un immense coup de coeur.
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Avec déterminisme, face à Franck, dans une rue de Londres, Helen lui déverse son histoire, leur histoire. À quatre-vingts ans elle libère enfin des mots trop longtemps gardés.
Après vingt-trois ans de rupture de liens d'amitié ou d'amour ? de besoin, de possession ou de dévotion ? cette rencontre improbable est l'occasion rêvée.

Fille et fils de diplomates, c'est après le triste constat qu'ils vouaient tous deux une haine semblable à leur famille respective, que débute à l'âge de douze ans leur relation qui s'avèrera très ambigüe.
Par la voix d'Helen, Julia Kerninon a su donner une réelle profondeur à cette relation qui aurait pu être prometteuse mais qui s'est finalement avérée destructrice.
On pense rapidement qu'Helen fut une victime des agissements désordonnés de Franck mais pas du tout, car dès le début elle lui dit clairement que c'est probablement elle la plus fautive dans leur histoire.
Ils avaient en horreur l'égoïsme et la toxicité de leurs familles et pourtant ils n'ont pu éviter de reproduire un schéma de vie chaotique, pleine d'égocentrisme.

Quelques références littéraires viennent étayer les propos d'Helen et font ressortir son amour des livres et son obsession du travail qui s'y rapporte.

L'écriture est belle, rythmée et addictive avec ses petits paragraphes qui s'enchaînent et il est difficile de les interrompre !
Admirable mais douloureuse confession d'un amour fervent pour lequel on peut ressentir aversion mais également pitié si l'on prend en compte tous les éléments qui l'ont fait naître.
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J'avais bien aimé "buvard" que j'avais trouvé plein de promesses. Je suis bien plus mitigée avec "ma dévotion". le récit est tenu par une seule et même personne Hélène qui retrouve "son meilleur ami" après une longue et douloureuse rupture, au hasard d'un coin de rue et qui va lui dire, en quelque sorte ses quatre vérités, ce qu'elle n'a jamais osé faire auparavant.
Bon, déjà j'ai trouvé la situation plus qu'incongrue, quasiment irréaliste : imaginer un monologue de plus de 200 pages, sur un coin de trottoir, sans être interrompu par l'interlocuteur, mais pourquoi pas, après tout, c'est un roman elle écrit ce qu'elle veut.
L'embêtant, c'est que je n'ai pas cru une seconde à cette histoire, elle m'a semblé très artificielle, très "empoulée", tellement affectée et surfaite. C'est très bien écrit, trop peut-être et pendant un temps j'ai pensé que cet aspect très vernissé allait craquer, que j'allais avoir la véritable histoire. Mais non et jusqu'au bout je ne suis pas arrivée à dépasser cet stade.
Pourtant, ça se lit bien, facilement, le style est fluide, mais les personnages sont quasi caricaturaux :
- lui le peintre génial et maudit, tellement capricieux et antipathique mais tellement beau et attachant,
- elle, si brillante mais si effacée, totalement en admiration devant lui et prête à quasiment tout, incomprise bien sûr et tellement au dessus de la mélée "des autres",
- les parents méchants méchants,
- la maitresse si commune, si inculte, ronde et appétissante et vénale.

Bref, je n'ai absolument pas marché dans cette histoire.
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Depuis l'enfance Helen et Frank sont amis. Une amitié sans faille et sans limite. Helen, sérieuse et raisonnable, veille sur Frank, artiste bohème et libre. Ils vivent ensemble de nombreuses années, jusqu'à ce qu'un terrible événement met fin à leur relation. Jusqu'où la dévotion peut-elle nous mener ? Magnifique portrait de femme qui se perd dans ses propres sentiments.
Lien : http://www.conseilslittéraires..
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Helen rencontre Franck très jeune. Elle prend Franck comme repère, car chez la souffrance qu'elle vit ne peut être dite. Franck peintre cherche des inspirations, Helen dans le milieu littéraire cherche à écrire.
Ils vont vire une histoire d'amour où Helen se sacrifiera pour Franck. Ils vont séparer, se retrouver, se déchirer.
Un roman poignant sur la force de l'amitié, de l'amour et du sacrifice.
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Décidément, l'écriture de Julia Kerninon me parle. Elle participe à m'immerger complètement dans l'histoire, j'ai l'impression de saisir chaque mot, je tourne les pages comme on nage dans le courant, sans effort, en osmose avec l'héroïne, ressentant ses émotions. "Ma dévotion" est pourtant un récit loin de ce que j'écris ou de ce que je vis, mais l'art de l'auteure nous rend les personnages si réels et leurs comportements si compréhensibles que l'on entre dans leur peau. J'ai lu ce roman presque d'une traite, en alerte, et pourtant le drame final m'a saisie, même si après coup on comprend qu'il était inévitable et que la tension avec laquelle on lit ces lignes repose en fait sur cette tragédie qui couve. Julia Kerninon est une auteure qui m'a conquise une fois de plus et je compte bien lire tout ce qu'elle écrit !
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Un joli coup de coeur pour ce roman à l'écriture ciselée. Je ne connaissais pas Julia Kerninon, et j'ai désormais envie de lire tous ses textes ! J'aime infiniment la délicatesse de ses mots : économie du discours, courts chapitres, respirations, chaque mot est posé délicatement, avec un soin infini, comme le pinceau sur la toile au fur et à mesure du récit, pour obtenir une fresque aux couleurs denses et pures. Tout est sobre et raffiné. Après avoir lu le livre, j'ai écouté une interview de l'auteur à la radio, qui disait qu'elle avait voulu écrire un livre sur la peinture. Pari réussi, car son texte forme un vrai tableau où se dessinent par touches des personnages complexes et subtils.
Les phrases sonnent juste, et chacun des personnages fait l'objet d'une analyse psychologique très fine, où chacun nourrit les démons de l'autre : égoïsme et liberté de Franck, dévouement acharné et profonde dépendance d'Helen… L'analyse du sentiment amoureux teinté de masochisme et de manipulation est au coeur du texte : « J'étais devenue ta servante, et comme toutes les servantes, j'ai fini par considérer que mon maître m'appartenait. » On se retrouve embarqués dans une histoire tragique impossible, où deux êtres se côtoient, se cognent, vivent ensemble, se séparent, se retrouvent et s'aiment chacun à leur façon sans jamais ni se parler à coeur ouvert, ni se comprendre.
J'ai adoré le personnage d'Helen qui trouve refuge toute son existence dans les livres et dans l'écriture, et j'y ai parfois trouvé quelques morceaux de moi : « Toute ma vie. du papier. » (p.66)
Cette longue confession d'une femme à l'homme qu'elle aime est poignante, sensible, nourrissante, et appelle une réponse : celle de Franck. Peut-être aurons-nous le plaisir de lire ses propres confidences dans un prochain ouvrage.
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