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4,03

sur 614 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quel beau titre onirique pour qualifier ces Fous du Zen, sur un fond de « Everybody's Got A Home But Me », de Roy Hamilton ! C'est l'histoire de ces jeunes adultes marginaux de l'Amérique des années 1950, un peu « artistes », qui ne se retrouvent pas dans l'american way of life du « toujours plus de travail pour avoir une maison avec télé et famille ». Ils partent du constat que les travailleurs ne profitent pas de ce qu'ils ont amassés, tant l'abrutissement du travail les occupe sur le moment et les fatigue pour leur temps libre, les enfermant dans une prison d'obligations et de pensées, parfois dorée, ou parfois même pas.


Ces jeunes rêvent de liberté, même si elle est synonyme de moins de confort et de conformisme. Ils la cherchent d'abord dans leur tête, puis dans leur corps, l'un n'allant pas sans l'autre. Ils pratiquent la méditation pour la première, les voyages ou le vagabondage pour la seconde. Sensible à la poésie japonaise, qu'ils étudient, ils s'instruisent aussi de préceptes bouddhistes qu'ils adaptent et appliquent à leur vie, tentant d'atteindre le Nirvana.


Parfois incompris de leurs familles, souvent admirés des étudiants et des artistes pour leur vie hors norme et leur absence de cadre, ces vagabonds bohèmes préfèrent barouder sur les routes, auto-stoppeurs ou clandestins d'un train de marchandises, cherchant des enseignements dans l'aventure, s'installant chez les uns ou les autres rencontrés au gré de leurs périples ; distillant leur philosophies entre eux, ou à toute cantonade qui veut bien les écouter un instant, entre deux petits boulots alimentaires, ou des nuits d'ivresse et d'orgie destinées à se libérer des conventions.
Plus ou moins méditatifs, plus ou moins actifs, ils pensent parfois à tout plaquer pour s'installer, avoir un chez soi stable et confortable ; Mais toujours cette nostalgie de la solitude disparaît face au couperet des chaînes du conformisme, et à leur recherche d'un sens à la Vie.


***

L'idée et les personnages sont intéressants. Mais ils auraient pu l'être beaucoup plus si l'auteur avait fait l'effort d'initier son lecteur à leur philosophie. Au lieu de ça, nous prenons l'histoire de Ray littéralement en cours de route (sur un train de marchandise), entre deux auto-stop : Il a déjà acquis son style de philosophie et de méditation, qui consiste à dire que de toute façon, tout est « vide ». Ce concept sera survolé, mais jamais vraiment expliqué. Aussi je n'ai jamais pu vraiment intégrer la psychologie du personnage. Son discours et sa quête spirituelle me sont demeurés abstraits, étrangers voire artificiels et, pour le coup, vide… de sens. « Tout est vide », oui, certes. Mais ce vide a fait manqué d'épaisseur à ma lecture, il m'a laissé à la surface, dans un flou plus superficiel qu'artistique.


Je voulais me nourrir de sa spiritualité, ou en tout cas de sa recherche. Je me suis sentie flouée, apercevant où l'on allait, sans jamais pouvoir réellement comprendre en profondeur le propos, ni donc le vivre avec le personnage. Je suis restée à l'extérieur. Et pour un lecteur, ce n'est pas une sensation agréable. Au lieu de pénétrer profondément les pensées ou la méditation du personnage, comme dans d'autres lectures, j'ai eu l'impression que l'auteur m'abandonnait en bord de route, moi aussi ; Mais pas comme s'il voulait que j'apprenne par moi-même, plutôt comme si lui-même ne savait pas décrire l'état de son personnage, et donc peut-être racontait quelque chose qu'il n'avait pas lui-même approché d'assez près. Alors qu'en réalité, il semble avoir baigné dans ce milieu.


Par son récit, Kerouac m'aura au moins fait toucher du doigt l'existence de cette « beat generation » : pauvre mais joyeuse, dont il a fait partie intégrante, et qu'il nous livre à travers : ses questionnements de la société de consommation, son inspiration des grands espaces, sa quête de spiritualité presque chamanique. Tous les prémices de mai 68 sont là, la liberté sexuelle est déjà sous-jacente. L'écriture est fluide et les personnages originaux, attachants malgré tout. Je regrette d'être passée un peu à côté de ce qui aurait pu être une belle aventure. Mais je repartirai quand même bientôt « Sur la route » avec Kerouac, par curiosité et pour être sûre de ce à côté de quoi je suis passée. Bien à vous, beat babéliotes !
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Les clochards célestes m'a réconcilié (un peu) avec Jack Kerouac. Il y a quelques années, j'ai lu Sur la route et j'en avais été extrêmemnt déçu. Quoi ? Toute cette histoire avec un type qui passe son temps à traverser l'immensité des Etats-Unis pour de disputer et se remettre de ses cuites ? Quand l'argent vient à manquer, on retourne chez les siens de la côte est ; quand l'ennui devient trop pesant, on donne rendez-vous à ses amis en Californie. Et on recommence ! Encore et encore !

Les clochards célestes, ce n'est pas la grande révélation non plus, mais il offre quelque chose de plus, une dimension spirituelle qui manquait terriblement dans d'autres romans de Kerouac. D'abord, ses voyages périlleux sur les trains, ses rencontres avec d'autres aventuriers, des clochards comme le petit vieux de sainte Thérèse, oui, mais aussi de jeunes paumés qui cherchent une façon économique de découvrir le monde et des maitres spirituels. Par exemple, Japhy Ryder, le maitre à penser du narrateur. Grand orientaliste, érudit, spécialiste en anthropologie et en mythologie indienne, professeur de chinois et de japonais et, surtout, adepte de bouddhisme zen. Ouf ! La sagesse incarnée ? Surtout qu'il délaisse le monde matériel pour vivre dans une petite cahute.

Ensemble, et parfois avec d'autres amis, ils se promènent en Californie, font des randonnées en montagne jusqu'en Oregon et dans l'état de Washington. « […] le cran, l'endurance, la sueur et maintenant ce chant d'un humanité déboussolée c'était comme de la crème fouettée sur une pièce montée. » (p. 131) Voir Kerouac parler de karma au lieu de beuveries et d'errements était effectivement déboussolant mais agréable. Mais il ne faut pas croire qu'on lit un roman initiatique, trop philosophique et ésotérique, à saveur orientale. On croise des gens ordinaire, comme la jolie Rosie, le menuisier Sean Monahan et d'autres jeunes amis.

Mais on est de la Beat Generation ou on ne l'est pas. Et Kerouac l'est. Entre ses escapades avec Japhy, le narrateur retrouve ses amis, la musique, la danse, les divertissements. Cette vie parfois vide de sens (ou en quête de sens) était constamment entrecoupée de questions parfois existencielles, oui, mais parfois plus simple. La recherche du bonheur ne devrait être réservée à une seule bande de mystiques, d'élus illuminés. Donc, cette fois-ci, j'étais capable de supporter Kerouac. Suis-je en train de peut-être commencer à l'apprécier à sa juste valeur ? À suivre…
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Que les fans de Jack Kerouak me pardonnent deux choses:
-La première, mais là c'est réparé : je n'avais jamais lu de roman de ce grand écrivain ...
-La deuxième, plus difficile à avouer : je me suis demandée assez longtemps si c'était du premier ou du second degré .
C'est d'abord par méconnaissance de ce mouvement littéraire et artistique des années 1950 aux Etats Unis et de ses protagonistes comme Gary Snider.
Je connaissais, bien sur, le mouvement "Beat génération "mais sans le relier au bouddhisme Zen.
D'ailleurs, j'ai eu une certaine difficulté à trouver l'esprit du bouddhisme dans les moeurs sexuelles fort libérées de ces jeunes gens qui refusent toute convention et où l'alcool et la drogue semblent également un principe de base !
On est loin de la sagesse et de la réserve du moine Matthieu Ricard ...

Seul ce besoin de grands espaces, de nature sauvage parait propice à la méditation, à l'évasion mais lors de leurs randonnées dans les montagnes nos lascars partent en espadrilles, sans sac de couchage loin des préceptes de base de tout montagnard !

On peut envier, bien sûr, cette façon de penser et de vivre, détachée des boulets que l'on traine quotidiennement , des contingences matérielles , cette liberté en dehors de toute obligation morale : c'est bien ce qui a entrainé une partie de la génération suivante dans le mouvement hippie mais pour moi cette lecture arrive beaucoup trop tard dans mon cheminement idéologique !
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Je relie Kerouac à ma jeunesse, à ma spiritualité d'alors de catholique libertaire, au stop, aux routes que nous tentions de prendre comme nos héros tutélaire de sur la route ou des clochards céleste en écoutant du Doors.
40 ans plus tard, après un certain nombre de boire et déboire avec retour, de chutes et de rebonds, d'un monde aujourd'hui fonçant tête baissée vers une morale simpliste en lieu et place de toutes pensées humaines complexe, sociale, politique ou - intimité des intimité - spirituel, je garde de ce roman l'image d'un miroir aux alouette.
Il fut libre en son temps, je l'ai lu 20 ans après son écriture et j'y repense 60 ans plus tard. Je connais la biographie de monsieur Kerouac, filialement il me reste le goût amer d'une impasse qu'il fallait visiter.
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"Mais tandis que tous prenaient place ou déambulaient çà et là, je vis qu'il était le seul à ne pas avoir l'air d'un poète __ encore qu'il le fût indiscutablement. Les autres étaient des zazous intellectuels, binoclards, avec de longs cheveux noirs comme Alvah Goldbook, ou de joli poète délicats et pâles comme Ike O'Shay (en complet-veston), ou bien même des Italiens de la Renaissance, à l'allure patricienne et loin-du-siècle, comme Francis Da Pavia (qu'on eût pris pour un jeune prêtre), ou encore de vieux ribauds anarchistes à noeud papillon, tout ébouriffés, comme Rheinhold Cacoethes.Il y avait même quelques gras petits pères tranquilles à lorgnon comme Warren Coughlin. Et tous ces futurs génies poétiques étaient là, attifés de diverses façons avec leurs vestes de velours râpées aux coudes, leur souliers éculés, leurs bouquins émergeant de leurs poches..."
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Après avoir terminé Personnages Secondaires, j'ai eu, en toute logique, envie de me lire un roman de Kerouac encore dans ma PAL : mon choix s'est porté sur Les Clochards Célestes, qu'il a beaucoup apprécié écrire, selon Joyce Johnson justement, mais auquel on a reproché d'être trop consensuel.

Et je suis malheureusement plutôt d'accord avec la critique : l'esprit de liberté, de vagabondage, de vie au jour le jour est certes toujours présent – à quoi s'ajoutent des considérations parfois philosophiques sur la vie, l'amour, la spiritualité… -, mais la folie dans l'écriture a tout bonnement disparu. Elle est bien loin la narration désordonnée, mimant à tambour battant les errances de Sal/Kerouac et de Dean/Cassady, laissant de la place à la spontanéité de l'imagination. Ici, tout semble mûrement pesé, réfléchi, écrit de manière très académique, même lorsque sont décrites des scènes hallucinantes, comme lorsque Ray/Kerouac part en périple montagnard avec deux compères rencontrés à San-Francisco peu de temps auparavant, alors qu'il fait particulièrement froid et qu'ils sont pas forcément bien équipés pour ce genre d'aventures…

Roman que j'ai trouvé très agréable à lire, Les Clochards Célestes reste malgré tout une déception car j'ai eu du mal à ne pas retrouver la saveur habituelle de la plume de Kerouac. Pas que je n'aime pas l'écriture académique, bien au contraire, mais disons que j'ai trouvé ce que je lisais assez commun sans cette touche qui fait, pour moi, la patte de son auteur.
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On m'avait promis l'Everest... j'ai eu le Mont Blanc !
Ne nous plaignons pas, j'aurai pu me retrouver avec le Puy-de-Dôme.
Trêve de plaisanterie, Je n'émettrai pas un avis dithyrambique comme certains autres lecteurs, ces histoires de pérégrinations de vagabonds ne sont pas déplaisantes mais elles sont à replacer dans leur contexte historique. Cela finit néanmoins par donner une lecture agréable mais décalée, au jus de Bouddha et avec un soupçon d'alcool...
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Livre qu'il faut prendre le temps de lire pour savourer les descriptions de paysages et les diverses méditations des protagonistes.

Je le relirai dans quelques années, car je pense qu'avec plus de maturité, on apprécie encore plus ce livre.

Ça ressemble au final fortement à un livre de sagesse bouddhiste, mais qui se déroulerait en plein milieu des USA.

Pour reprendre un des commentaires d'un autre lecteur, on sent très fortement à travers ce roman la naissance du mouvement hippie sur la côte ouest américaine.
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Mon avis est très mitigé.
D'un côté, j'ai adoré les descriptions de Jack Kerouac qui sont à la fois poétiques et particulièrement immersives. Les paysages traversés par Ray étant montagneux pour la plupart, cela donne un effet de fraîcheur alors que l'on a vraiment l'impression de l'accompagner dans ses voyages. D'ailleurs, ce livre donne aussi envie de voyager. de prendre un sac à dos, et de s'essayer au vagabondage.
Mais de l'autre, j'ai attendu en vain que quelque chose se produise. J'ai trouvé certains passages trop longs, et mon manque de connaissances en Bouddhisme a fait que je me suis sentie un peu perdue en lisant certains dialogues, et je n'ai pas vraiment apprécié ces passages.
Peut-être que c'est simplement le style de littérature qui ne me correspond pas.
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