Bouleversant ! Je n'ai pas d'autres mots. Jamais à l'école on ne m'a demandé de lire ce roman. Et c'est avec grand plaisir que je le finis aujourd'hui. Je disais, il y a peu, que pour moi, un bon livre est un livre qui évoque un sentiment. Ce roman est indéniablement un bon livre. Un trop bon livre, même ! L'un des meilleurs, l'un des plus sensibles, l'un des plus doux et à la fois, l'un des plus cruels … Tout se mélange en moi, parce que ce roman me rapporte à mon enfance, à ma douloureuse première vraie amitié (non pas avec un lion, mais avec un chien accusé de délit de sale gueule). C'est compliqué de rassembler ces esprits après avoir lu ça. Mon âme d'enfant et mon âme d'adulte se battent pour savoir qui fera la critique. L'enfant en mal de son chien bien-aimé ou l'adulte qui constate encore la cruauté
des Hommes. L'enfant pleurerait et crierait à l'injustice. Pourquoi tout donner et tout enlever ? Mais l'enfant ne peut rien faire changer les choses. Peut-être que l'adulte le pourra …
Pour moi, ce court roman est d'abord un hommage à l'Afrique, à ses savanes et ses tribus sauvages qui y vivent encore. L'auteur, par ses descriptions détaillées et passionnées, arrive parfaitement à nous immerger en ces lieux. On voyage, on découvre, on respire discrètement pour ne pas effrayer Nicolas et Cymbeline, ni les animaux sauvages qui paissent aux abords des cours d'eau. C'est doux, presque poétique. Mais la poésie s'arrête lorsque l'humain entre dans la danse. L'humain a des règles que le monde animal ignore. Un lion ignore qu'un Homme désire le tuer pour qu'il puisse épouser une femme … Ce n'est plus la chaîne alimentaire qui le veut, c'est l'Homme. Depuis toujours, les animaux sont les jouets des humains. Humain qui se croit au-dessus de tout … Parce qu'une vie humaine, dans les esprits, vaut bien plus que des dizaines de vies animales. L'Homme a l'habitude de défier les lois de la nature, de repousser les limites du possible … Si on compare l'Homme aux rats, la seule différence qu'on y voit, c'est l'esthétique. Outre cette notion, l'Homme n'est ni plus ni moins qu'un nuisible … Oui, ce roman m'a rappelé pourquoi je préférais rester éloigner
des Hommes … Parce que ce roman est l'illustration parfaite de l'Homme tout-puissant. Vous direz : encore le témoignage d'un BOBO végan. N'en déplaise, je ne suis pas végan, ni BOBO. Je suis juste profondément déçue par ma propre espèce. Ce n'est qu'une fiction ? Certes, mais outre les lions, ce genre d'histoire arrive avec de simples animaux de compagnie. On offre un chien ou un chat à son enfant, il s'y attache forcément, puis on ne lui enlève (toutes les raisons sont bonnes, après tout …) ! L'Homme n'a d'égard que pour sa propre vie. C'est un égoïste né, soit disant doté d'intelligence … Dommage qu'il ne l'utilise pas plus souvent ! Les mentalités doivent changer, doivent évoluer. La vie est importante. Toute vie est importante … Pas seulement les nôtres … Qu'allons nous laisser aux générations à venir ? Une Terre vide des beautés que nous, nous avons pu observer ?
Ce roman, à mon sens, devrait être davantage étudier à l'école. Il est très pédagogique compte tenu de la présence des tribus Masaï. Mais surtout, il éduque quant à notre comportement face à la Nature. Ces notions sont importantes pour la préservation d'une Terre semblable à ce qu'elle est (bien que de nombreuses espèces végétales et animales aient déjà disparu à cause de nous). C'est le roman indispensable. le roman qui touche à coup-sûr et qui fait réfléchir plus d'un enfant sur le comportement à tenir.
Habituellement, je ne suis pas fan des romans où les enfants sont les personnages principaux. Mais la petite Patricia a su réveillé la petite fille qui s'était apaisé au fond de moi. Son histoire était devenu mon histoire. Son histoire avait réveillé ma propre histoire. C'était une joie de la suivre, mais également une déchirure. Parce qu'on le sait qu'un dénouement désastreux va arriver … Il y a toujours un dénouement désastreux … Patricia est une petite fille relativement renfermée, sauf près de ses animaux. Elle les a adopté autant qu'ils l'ont adopté. C'est une belle relation. Une relation que toute personne ayant eu un animal de compagnie peut comprendre. Parce qu'avoir un animal, c'est avoir un ami. Et on peut être sûr que c'est une amitié indéfectible … King, quant à lui, ne parle pas mais n'en reste pas moins un personnage important. La fidélité et l'amour incarnés … Est-ce qu'un lion imprégné réagirait comme lui ? Je ne sais pas, et honnêtement, je m'en moque. J'aime me dire que oui ! J'aime me dire que même un animal sauvage est capable d'amour là où un humain peut échouer. Les parents de Patricia, malheureusement, ne sont que des parents qui pensent bien faire … avec le lot d'erreurs qui va de pair. Dommage que souvent les parents oublient qu'ils ont eux aussi été des enfants …
Vous l'aurez compris, c'est une nature sauvage qui nous est présentée. D'un côté la douceur des paysages, de l'autre la cruauté du règne animal, et un peu plus loin, l'égoïsme de l'Homme. le triste constat du monde, en somme ! Une douceur qui ne prend jamais parti, une cruauté toujours juste, et un égoïsme toujours malfaisant … Les réserves existent, et pourtant, dans ces mêmes réserves certaines tribus commercent avec des braconniers afin de récolter des peaux et des défenses … Les réserves existent, mais c'est encore une utopie de croire qu'elles protègent réellement. Si elles protégeaient véritablement, il serait alors inutile d'extraire les défenses des animaux de façon préventives … Un animal n'est pas un jouet … Autant que le coeur et les sentiments d'un enfant ne le sont pas.