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4,41

sur 1182 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Certains livres , une fois fermés, emplissent longtemps vos pensées . Les années passent , leur titre est cité et du fonds de la mémoire surgissent des histoires , des personnages, des paysages . A mes yeux Les cavaliers de Kessel est un de ceux là !
Afghanistan , années 1950 ?, un bouzkatchi royal doit avoir lieu en Octobre pour fêter l'anniversaire du Roi . Allez vous savez bien le bouzkatchi , cette mêlée à cheval où chaque cavalier a comme seul objectif s'emparer de la dépouille du bouc parcourir le tracé prévu et aller le jeter dans un cercle tracé à la chaux . Mais tous les coups sont permis, chevaux et cavaliers sont malmenés autant qu'ils malmènent leurs adversaires.Ah ces cavaliers , ces tchopendoz respectés admirés par tous !quelle prestance !
Tourséne le plus respecté le plus vénérable chef des écuries d'Osman Bay se fait vieux c'est donc à son fils Ouroz qui il confie ,la rage au ventre , le soin de représenter la province de Maïmana au bouzkachi royal et à cette occasion il lui laisse monter Jehol "le cheval fou" son étalon personnel, sa fierté .
Ouroz ne gagnera pas , il repartira de Kaboul blessé et de peur d'affronter la honte et le déshonneur, il préferera rentrer en empruntant l'ancienne route de montagne , devenue impraticable .
C'est avec cet homme dur , orgueilleux méprisant du petit que nous allons cheminer jour après jour Malgré les attentions de Mokkhi le saïs sa jambe cassée le fait de plus en plus souffrir .La présence de Zéré femme nomade qui a ensorcelé Mokkhi l'irrite au plus au point . Zéré et Ouroz se livrent un combat sans merci
Quel voyage! Quels paysages !Bayiam et ses molosses ! Les yeux pleins de lumière de ténèbres au détour des pages nous est dévoilé dans une langue magnifique un pays , des hommes, des paysages des coutumes des modes de vie et de pensée si différentes des nôtres qu'il faut le talent immense de Kessel pour nous embarquer dans cette épopée héroïque .
Magnifique !
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Roman âpre, dans un pays qui l'est tout autant. Pays où sont valorisés l'honneur et la virilité, la force de caractère et la force physique. Pays aussi où les inimitiés comme les amitiés sont éternelles, ou presque.
A travers le jeu du Boskazi, dit aussi Jeu du roi, Kessel nous montre l'Afghanistan de l'intérieur, ses beautés et ses laideurs. de peuples nomades en sédentaires champions de boskazi, le pays et ses dures conditions de vie ont imprimé leurs marques dans le caractère des hommes. Ce roman reste néanmoins un très bel hommage à ce pays méconnu et stigmatisé, à ses hommes qui ne demandent qu'une seule chose : vivre libres chez eux, comme ils l'entendent.
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Joseph Kessel avait cette capacité à décrire admirablement ses personnages et, plus particulièrement, leur état psychologique. Il est facile de décrire l'action, c'est moins évident de le faire pour le non-dit.

Dans Les cavaliers, il prend pour thème de ce roman l'orgueil et la fierté.

L'orgueil mal placé d'Ouroz, le compétiteur, qui n'admet pas ses faiblesses et fait payer les autres lorsqu'il se sent diminué. Toujours à montrer de quoi il est capable et que rien ne l'effraie, pas même la mort. Il juge de haut les autres, se mettant tout seul sur un piédestal.

Toursène, son père, dont l'orgueil tient en sa position de maitre des écuries, ne laisse rien passer ni aux bêtes, ni aux hommes, pas même à ses femmes ou à son unique fils.

Mokkie, le serviteur d'Ouroz, pétri de naïveté tout enfantine, il découvrira l'orgueil de vouloir s'élever au-dessus de sa position en écoutant Zéré la nomade.

Quant à Zéré, seule personnage féminin apparaissant très tardivement, elle est vénale, envieuse, manipulatrice et haineuse, ce qui ne fait pas la part belle aux femmes. L'orgueil qu'elle porte et celui de ne jamais abdiquer face aux brimades subies, méritées ou non.

Dans ce roman, Kessel nous décrit un monde d'hommes violent et rugueux, où la tendresse et l'empathie n'ont pas leur place. La vie ne mérite pas de pause, c'est une course de chevaux incessante pour laquelle il n'y a qu'un vainqueur.

Très beau roman, pour lequel il a été difficile de m'immerger mais, une fois capté, je n'ai pas pu le lâcher.
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Le rapprochement est incongru, mais j'ai pensé plusieurs fois au Seigneur des Anneaux. On retrouve en effet de nombreux éléments de l'épopée de fantasy : un maître et son serviteur entreprennent un long voyage dans des terres sauvages immenses et magnifiques, entre montagnes, lacs et steppes. Ils veillent sur un trésor, un précieux, non un anneau mais un cheval fabuleux qui est un véritable personnage à la volonté propre – comme l'Unique. Les brèves personnes qu'ils rencontrent sont soit des obstacles, essayant de leur voler ce cheval fabuleux, soit des aides provisoires dans ce qui ce s'apparente à une véritable quête. Oui, tout y est, du passage dans des souterrains à des créatures fantastiques mythiques, de la nourriture répétitive aux statues géantes creusées dans la falaise, des chansons célébrant les héros aux personnages viles prêts à toutes les bassesses.
Cependant, nous ne sommes pas dans un monde imaginaire, mais le contexte spatio-temporel est bien ancré dans le réel. le mode de vie des cavaliers des steppes est bouleversé par la colonisation toute proche des Indes par les Anglais, les débuts de la mondialisation de l'économie, la modernisation des modes de vie. Ainsi, les cavaliers se rendent à la capitale en camion et les anciennes routes caravanières sont délaissées, les hôpitaux accueillent des infirmières - alors que les femmes afghanes sont dissimulées aux regards - équipées de thermomètre alors que le cavalier blessé souhaite, comme ses ancêtres, utiliser des onguents et des charmes pour se soigner... J'ai beaucoup aimé ces descriptions toutes en contraste de deux mondes, celui immuable de la tradition, et celui du progrès vu comme une occidentalisation.
Mais surtout, surtout, ce qui m'a frappé, c'est cette plongée, non pas dans les profondeurs, mais dans les abysses de l'âme humaine. La relation entre le noble cavalier et son serviteur est une passionnée et passionnelle, faite à la fois et successivement de respect, de dévouement, de mépris, de jalousie, de haine et d'envie de meurtre. Progressivement, Ouroz perd son humanité, et rejoint le monde animal, n'étant plus décrit que par « son rictus de loup » et l'odeur abjecte de pourriture de sa jambe blessée. Comme un animal, il ne raisonne plus, il ne ressent plus, se contentant de satisfaire des besoins primaires : manger, dormir, jouir des femmes. okkhi, lui, est "le simple qui n'est pas innocent", jeune serviteur qui est progressivement corrompu par l'ambition, la cupidité et l'envie.
Si on ne peut éprouver d'empathie pour eux, j'ai apprécié Toursène, le patriarche et Maître des Chevaux qui refuse d'admettre sa vieillesse qui serait comme une déchéance, et l'Aïeul de tout le monde, barde éternel.
Un grand roman dense et profond, violent et poétique à la fois.
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Il m'aura fallu la lecture de la triple biographie « Les partisans » (Kessel, Druon, Sablon) récemment publiée par Dominique Bona pour que je découvre l'oeuvre romanesque de Joseph Kessel. Bien entendu, je le connaissais en tant que journaliste vedette mais rien encore lu de ses romans … Celui-ci, publié en 1967, quel chef-d'oeuvre !

Cette histoire d'honneur, de fierté, d'orgueil et de mort n'a pas pris une ride : paysages époustouflants, moeurs ancestrales, peuples indomptables et féroces, dépaysement garanti mais surtout, une histoire haletante, magistralement conduite … inoubliable.

La force évocatrice de l'écrivain est d'une puissance inouïe. Les descriptions de combats – essentiellement le sport ancestral afghan, le bouzkachi – et la gloire des champions adulés à l'égal de nos vedettes du ballon rond n'ont d'égales que les plongées dans la psychologie des personnages en proie à des sentiments plus que complexes. On comprend mieux pourquoi Kessel, qui eut toutes les femmes qu'il put désirer, n'eut aucun enfant …

Le principal protagoniste est un anti-héros : Ouroz, le champion absolu de la discipline, ne peut accepter sa défaite lors de son dernier combat, qu'en toute équité il aurait dû remporter. A lui la jouissance et la souffrance de l'orgueil et de la cruauté qui a pour objet les hommes, le destin et sa propre personne. Enfermé dans son désespoir et empêtré dans son respect-haine de son père qui fut le champion révéré des générations précédentes, il s'enferre dans une posture suicidaire qui le conduit aux pires paris. Indissociable de son existence, l'autre héros est le splendide Jehol, à la robe bai cerise, un animal exceptionnel d'adresse, de bravoure, de précision et de résistance.

Sens tragique de l'honneur et de la hiérarchie des clans, soumission absolue de la femme – les talibans n'ont rien inventé – intransigeance inflexible allant jusqu'au refus de l'évidence : les empires qui ont imaginé tour à tour soumettre les Afghans - ou simplement les civiliser - auraient dû lire ce roman et rebrousser chemin.

Cette histoire a été adaptée en 1971 au cinéma avec Omar Sharif dans le rôle principal et John Frankenheimer à la caméra. Mais rien ne remplace les paysages, la poésie et le style foisonnant de l'auteur.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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C'est un roman tout à fait singulier que je referme à l'instant. Je n'avais encore jamais rien lu de pareil. Tout y est découverte pour moi.

Cet Afghanistan, d'abord. Très différent de celui de Khaled Hosseini. C'est l'Afghanistan des steppes, des grands espaces, des montagnes, de la nature âpre et féroce, impitoyable.

Ces traditions aussi. le bouzkachi, les tchhopendoz, cet univers de chevaux, ces jeux violents et durs. Cet ordre, cette hiérarchie, les saïs, les batchas.

Mais surtout, ce qui a été tout à fait inédit pour moi, c'est la psychologie de ces personnages. Car Toursène et Ouroz se laissent totalement et complètement, aveuglement, guider par leur orgueil. Un orgueil à nul autre pareil, blessé par des gestes paraissant anodins, tourmenté par la crainte du jugement de l'autre ou par plus grande réussite de son propre enfant. Orgueil démesuré, intolérant, violent. Fierté brûlante, toxique. Et face à pareils sentiments, les réponses sont démesurées, les réactions excessives, les gestes extrêmes. L'aventure n'en est que plus intense.
Et que dire de la cupidité de Zéré, seule femme de l'histoire. Cupidité qui nourrit tous les rêves d'opulence et tous les désirs meurtriers. Cupidité qui préside à toutes les manipulations.

Alors, j'avoue, je n'ai pas toujours compris les agissements de Ouroz ni même les réactions de Toursène. Pour autant, je me suis totalement laissée emporter par le souffle de l'aventure, par l'épique de cette épopée, par le dépaysement offert par cette nature féroce. Je me suis complètement abandonnée à cette écriture opulente, riche et fastueuse, par cette plume magnifique. Si j'avais pu ressentir de l'empathie pour ces personnages, j'aurais sans aucun doute aligné la 5eme étoile pour juger ce livre. Mais voilà, je ne suis pas parvenue à pénétrer l'âme de ces personnages pourtant charismatiques. C'est peut-être ce qui m'aura manqué pour évoquer un coup de coeur.
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Une épopée grandiose et flamboyante au coeur des steppes au parfum d'absinthe.
La puissance évocatrice est si dense que le lecteur est du voyage. Les volutes de poussière sur les pistes étroites, le tonnerre des sabots, l'air du soir piquant et vif, l'impitoyable incandescence du soleil de midi, les arômes riches et lourds de la graisse de mouton et du riz safrané, le tourbillon des étoffes, des soies chamarrées, l'hypnotique grondement des tambours ....
Et puis L Histoire des cavaliers. Ce peuple dont l'orgueil n'a d'égal que le code de l'honneur.
Durs au mal, fous de chevaux, prêts à tous les risques pour entrer dans la légende.
Enfin le parcours de deux hommes, père et fils, qui doivent apprendre à se comprendre.
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Dans le nord de l'Afghanistan, le sport national est le bouzkachi. Il consiste à décapiter un bouc et à partir de là, plusieurs dizaines de cavaliers se battent pour transporter le cadavre sur un trajet donné et le déposer dans un cercle pour gagner la partie. Un sport où tous les coups sont permis, ou presque. Toursène, ancien champion de la discipline, élève les chevaux pour le maître de la province de Maïmana, au nord du pays. Lorsque le roi décide d'organiser à Kaboul un bouzkachi, il sélectionne les meilleurs chevaux et les meilleurs tchopendoz (cavaliers) au nom de son maître mais confie à son fils, lui-même un champion, son propre cheval, Jehol, un animal d'exception.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu et Ouroz non seulement ne gagne pas l'épreuve du roi, mais se blesse gravement à la jambe. L'homme est touché dans son orgueil et refuse de se faire soigner à l'hôpital de Kaboul (il faut dire que le médecin est une femme qui veut lui mettre un thermomètre dans les fesses). Il s'évade alors avec la complicité de son écuyer, le naïf Mokkhi. Les deux hommes, voulant éviter la seule route commerciale pour rejoindre le nord, vont donc partir à travers les montagnes dans un périple périlleux, une épopée douloureuse.
Car outre la blessure d'Ouroz qui s'infecte, ce dernier provoque Mokkhi, le poussant à la rébellion par la tentation, lui promettant le fameux cheval s'il n'arrivait pas à destination. Une confrontation entre les deux hommes qui sera accentuée par l'arrivée de Zéré, une jeune veuve qui fait découvrir l'amour à l'écuyer et qui, avide de richesses qu'elle n'a jamais connues, le poussera au crime.
Ce livre peut se lire comme une grande aventure humaine, des hommes rudes confrontés à une nature hostile, une relation père-fils particulièrement difficile, un hommage à la culture perse, un hymne aux paysages grandioses…
Mais à ce jour (retour des Talibans au pouvoir) impossible d'occulter un certains détails de ce livre : une culture guerrière et une violence endémique dans la société, des hommes guidés par une fierté, une virilité et un code d'honneur ancestral qui leur fait refuser toute évolution sociétale, une religion qui guide tout geste de la vie quotidienne, un pays morcelé par des clans, eux-mêmes dirigés par des chefs de guerre locaux ayant tout pouvoir sur leurs sujets. Sans oublier bien sûr le traitement avilissant fait aux femmes, cantonnées à n'être que des objets de plaisir, de reproduction et d'esclavage.
Comme si toute cette culture ancestrale expliquait aujourd'hui encore l'actualité tragique de ce pays.
Difficile donc de partager l'admiration, voire la fascination, de l'auteur envers ces guerriers. Admiration qui transpire dans de nombreuses descriptions. Une appréciation donc biaisée par les événements qui ont marqué ce pays depuis de nombreuses années. Une ambiguïté et un malaise qui se développent au fil des pages de ce roman, malgré la beauté de la langue, la force de l'histoire et la forte présence des personnages.
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Tursen enturbanné et aux dents jaunies lève les yeux vers le ciel en regardant presque indifféremment le passage d'un jet dans le ciel bleuté.

Une relation anachronique et répétitive entre une contrée médiévale survolée par les dernières technologies.

Au ras du sol rien n'a changé, La médecine est inexistante, les chameaux et les béliers s'affrontent en combat singulier jusqu'à la mort.

L'esprit est aux jeux, les petits métiers pullulent.

Tout ne tourne autour que de bourrades amicales ou injurieuses et de thés brulants sur fond de paris passionnés récompensés pour les plus chanceux par quelques billets poisseux.

Ce n'est pas le domaine de la délicatesse.

La faune est grossière, hirsute, analphabète, poussiéreuse et peu attachante.

Son unique ambition consistant à se gaver de sensations fortes en regardant ou pratiquant le sport le plus viril qui soit.

Des ruades violentes poussées à leur maximum à coups de cravaches dans des contacts dont les prouesses de plus en plus audacieuses assurent si tout va bien une célébrité durable.

Il ne faut montrer qu'une seule chose: un corps leste tournoyant sous un cheval au galop dans un monde brutal et dominateur loin des buildings et des hypermarchés.

Un royaume dédaigneux envers ces traces laissées dans l'atmosphère l'espace d'un moment par un avion répandant ses trainées blanchâtres presque dans l'anonymat.

Les cavaliers John Frankenheimer 1971.
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Je l'ai lu comme un conte. Magnifique.
On se prend souvent à rêver de rejoindre les montagnes majestueuses de l'Hindou Kouch ainsi que les steppes du Nord.
On suit les aventures ou plutôt les mésaventures d'Ouroz
, fils du glorieux et implacable Toursène .
Ouroz, le cavalier fier, orgueilleux et cruel, est l'homme des défis inutiles, impossibles.
Une écriture splendide, humaine et surnaturelle, sauvage et civilisée sert au mieux ce roman bestial, charnel, profondément humain.
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