J'étais entré il y a quelques années dans le monde particulier de
Vahé Khatchadourian par «
Se réveiller démon »… Une vraie découverte. Celle d'un écrivain français d'origine arménienne, né en Syrie…
Les hasards d'un vide grenier, et me voilà en possession de «
Oeil pour oeil ». On est en Libye, dans la banlieue de Tripoli, et le Dr Hermet, fourbu d'une journée bien remplie à l'hôpital, refuse de recevoir en consultation, alors qu'il est de retour à son domicile, une patiente qui se plaint de mal au ventre… Il apprendra le lendemain qu'elle est décédée dans la nuit à l'hôpital.
On sent poindre comme un regret, un vague sentiment de culpabilité…
Les jours qui suivent ne le tranquillisent pas. Il se sent suivi. A la culpabilité se mêle la peur : il est réellement suivi et ne tardera pas longtemps à apprendre qui est son infatigable poursuivant qui le précède ou qui le suit dans tous ses déplacements. Jusqu'au jour où ils entreprendront ensemble, contraints et forcés, une longue marche dans la montagne ; une marche fatale…
Vahé Katcha n'a pas son pareil pour nous faire sentir l'ambiance toute particulière du Moyen Orient : les cafés, les souks… mieux, les montagnes arides, le soleil qui tape fort, les orages …
«
Oeil pour oeil » : une sombre histoire de vengeance sur fond de rancune tenace et de sentiment de culpabilité, de devoir non accompli ; un court roman oppressant, obsédant... Une lutte à la mort entre deux hommes sous le soleil de plomb des montagnes libyennes. Un roman qui sera adapté au cinéma en 1957 par André Cayatte avec Curd Jürgens dans le rôle du Dr Hermet et la participation de Dario Moréno…